Texte intégral
B. Duquesne.- L. Chatel, bonjour et merci d'avoir choisi Europe pour votre première déclaration comme tout nouveau porte-parole du Gouvernement de M. Fillon. Porte-parole et Secrétaire d'Etat à l'Industrie, à la Consommation, maire aussi de Chaumont. Le cumul ne vous fait pas peur, ça fait beaucoup de choses en même temps ?
R.- J'ai été élu maire de Chaumont dimanche, j'ai passé l'écharpe, j'étais déjà membre du Gouvernement. Et le président de la République a souhaité me confier, avec le Premier ministre, à la fois, la responsabilité de l'Industrie, qui est un sujet important pour l'économie française, et puis en même temps le rôle de porte-parole du Gouvernement. Alors j'étais un petit peu préparé.
Q.- C'est une récompense pour cette belle élection à Chaumont ?
R.- Non, je n'interprète pas... Je crois qu'on ne nomme pas un Gouvernement en attribuant des récompenses. Je crois que...
Q.- C'est ce que dit J. Dray, il dit c'est beaucoup de récompenses ou des lots de consolation, en parlant de N. Morano, par exemple, qui a été battue, elle, à Toul.
R.- Je crois que c'est un mauvais procès. La réponse, l'interprétation du réajustement de l'organisation du Gouvernement qui a été faite hier, c'est de mieux prendre en compte les attentes de nos concitoyens. Nos concitoyens ont des attentes fortes, ils veulent par exemple qu'il y ait un emploi pour chacun. On s'est engagés à la fin de la législature sur le plein emploi. Le fait d'avoir clairement au sein du ministère de l'Economie dorénavant un secrétaire d'Etat à l'Emploi, oui, c'est un message fort pour que la politique de l'emploi soit plus efficace.
Q.- Alors, le secrétariat d'Etat à l'Emploi est occupé par L. Wauquiez, auquel vous succédez. On va parler de l'emploi et on va parler bien sûr de l'industrie. Mais sur cette fonction de porte-parole du Gouvernement, c'est quelque chose qu'on appréhende quand on doit prendre cette fonction-là ? Vous en avez parlé avec N. Sarkozy, vous savez un petit peu comment rentrer dans l'habit ?
R.- Oui, d'abord, c'est une fonction que je connais un petit peu puisque j'ai été pendant trois ans porte-parole de l'UMP. Ensuite, je crois que le président de la République et le Premier ministre souhaitent qu'on fasse peut-être davantage de pédagogie, qu'on explique mieux la politique du Gouvernement. C'est aussi...
Q.- Il y avait un déficit de ce point de vue-là ?
R.- Non, mais disons qu'on peut toujours s'améliorer, et je crois qu'aujourd'hui, c'est sans doute un des enseignements du scrutin municipale, c'est que les Français à la fois souhaitent que l'on continue les réformes, mais en même temps, ils n'en voient pas encore les résultats, et c'est le rôle du Gouvernement de sans doute mieux les expliquer, les mettre en perspective, les mettre en cohérence. Et c'est dans ce cadre-là qu'il a souhaité revoir l'organisation de la communication du Gouvernement.
Q.- Ça, vous allez le faire tout à l'heure pour la première fois après ce premier Conseil des ministres au cours duquel le chef de l'Etat dira un petit peu sa lecture des municipales. Ce compte-rendu, vous allez le faire non pas à Marigny, mais côté rue de l'Elysée, dans le studio de télévision mis en place par D. Martinon. Ça veut dire quoi ? Que vous allez être le porte-parole du Gouvernement et un peu de l'Elysée aussi ?
R.- Non, je suis le Porte-parole du Gouvernement, en même temps, il n'est pas anormal que le compte-rendu du Conseil des ministres se passe à l'Elysée, là où a lieu le Conseil des ministres. Il avait lieu jusqu'à présent à l'Hôtel de Marigny...
Q.- Juste à côté, on traversait la rue...
R.-... Il y a en même temps un studio qui a été aménagé dans les locaux de l'Elysée, rue de l'Elysée, donc ce n'est pas aberrant que le compte-rendu du Conseil des ministres ait lieu dans ces murs.
Q.- Alors, J. Dray, que je citais tout à l'heure, s'étonnait de ce remaniement, disant qu'en fait, le Gouvernement n'avait pas tiré les leçons des municipales, n'avait pas reçu le message. Et il y a un sondage qui sort de l'Institut BVA pour Les Echos et BFM, qui dit que 63 % des Français jugent mauvaise la politique du Gouvernement. Donc, comment on corrige et qu'est-ce qu'on corrige ?
Oui alors, il y a deux jours, j'ai lu un sondage qui indiquait que deux Français sur trois souhaitaient la poursuite des réformes, et qu'ils faisaient massivement confiance au Gouvernement. Donc, chacun peut interpréter d'une manière ou d'une autre. Ce que nous croyons c'est que, aujourd'hui, les Français ont des attentes très précises dans leur vie quotidienne. Et la réorganisation du Gouvernement d'hier c'est cela, c'est répondre d'abord à la vie quotidienne des Français, traiter des sujets de famille. C'est vrai que ce n'était pas suffisamment bien perçu dans l'organisation du Gouvernement, on aura dorénavant un Secrétaire d'Etat à la famille, N. Morano, qui va gérer ces questions. Je suis l'élu d'un département rural, la Haute-Marne, eh bien l'aménagement du territoire n'était peut-être pas une donnée suffisamment prise en compte dans l'organisation de la politique du Gouvernement, ça le sera dorénavant. Donc, la réorganisation d'hier, c'est d'abord cela. C'est les problèmes de la vie quotidienne, c'est y répondre, parce que c'est aussi le message du scrutin de dimanche.
Q.- Et ce sont des dossiers lourds, parce que maintenant vous avez l'Industrie. L'Industrie, c'est un domaine dans lequel s'est beaucoup engagé N. Sarkozy ces derniers mois, on l'a vu à Gandrange, on l'a vu à Toul aussi, avec les ouvriers de chez Michelin, faire quelquefois des promesses. Comment va-t-on éviter que des usines ou des emplois comme ceux-là soient supprimés ?
R.- D'abord, il y a un message fort : en identifiant plus clairement la fonction de l'industrie au sein du Gouvernement, c'est de dire l'industrie ce n'est pas fini ; l'industrie ce n'est pas foutu, et la France, qui est un grand pays industriel doit capitaliser sur ces métiers formidables, qui ont fait notre histoire, et qui font aussi aujourd'hui la ressource de nos territoires, et qui créent de la valeur ajoutée, de l'emploi sur l'ensemble de nos territoires. Alors, qu'est-ce qui permet de développer notre industrie ? Eh bien, cet après-midi, par exemple, j'irai visiter à Chartres une entreprise qui a su pleinement profiter du système de crédit-impôt recherche. Vous savez que nous avons mis en place à la fin de l'année dernière un dispositif qui est le plus percutant dans les pays de l'OCDE, et qui permet à une PME d'investir, d'innover, avec des dispositions fiscales qui sont très intéressantes et qui vont permettre à la France d'être plus compétitive dans le domaine industriel.
Q.- On sait qu'on est aussi dans un contexte national très, très compliqué, très orageux, si je puis dire, avec, on le voit, le dollar qui s'effondre, même si la FED aujourd'hui augmente encore ou diminue encore ses taux... Vous dites : on continue les réformes. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on va vers un plan de rigueur, on va vers de l'austérité ? Est-ce comme cela qu'il faut qualifier les choses aujourd'hui ?
R.- On continue les réformes parce que c'est nécessaire à notre pays. On ne fait pas des réformes pour le principe, on fait des réformes parce que nous avons fait suffisamment le constat pendant la campagne présidentielle, il y a an, que notre pays avait décroché en termes de compétitivité. Si aujourd'hui il y a un problème de pouvoir d'achat dans notre pays, c'est indéniablement parce que notre pays ne crée pas assez de valeurs, ne crée plus assez de richesses par rapport aux concurrents qui sont autour de nous. Donc, ces réformes sont nécessaires parce que, pour redistribuer du pouvoir d'achat, pour créer davantage d'emplois, eh bien, oui, il faut faire des réformes que tous les grands pays développés autour de nous ont réalisées. Et si il y a des pays comme l'Espagne, l'Allemagne, comme tous les Pays Nordique l'ont réalisée, j'ai la faiblesse de penser que la France aussi peut le réaliser.
Q.- Mais derrière ce mot de "réforme", est-ce qu'il n'y a pas, effectivement, comme le soupçonne l'opposition, un plan de rigueur qui s'annonce ?
R.- Non, mais attendez, il y a eu des fantasmes depuis un certain nombre de mois...
Q.- Ne faut-il pas dire les choses ? Si c'est le cas, ne faut-il pas dire aux Français : la situation est grave, il faut qu'on se remonte les manches.
R.- Si vous voulez que je vous dise que les réformes vont continuer, la réponse est oui. Le plan de rigueur, il n'y a que M. J. Dray ou M. Fabius, qui avaient déjà vu un plan B pour le référendum européen ; qui avaient déjà vu une TVA augmenter à la fin des élections législatives. Tout cela est pur fantasme. Par contre, oui, le Gouvernement, et le président de la République l'annoncera, ce matin au Conseil des ministres, va continuer la politique qui a été validée par les Français en juin dernier. Le contrat de confiance entre le président de la République, la majorité à l'Assemblée nationale et les Français n'est pas rompu, il existe toujours, il va durer cinq ans. Les Français ont donné un mandat très clair. Rappelez-vous, plus de 85 % de participation, un scrutin très clair, un vote très net, en faveur d'une nouvelle politique en France parce que notre pays en a besoin.
Q.- Il y a quand même un message qui est envoyé aussi au Gouvernement par ces municipales ? F. Hollande dit que le Gouvernement est sourd et qu'il ne l'entend pas.
R.- Non, d'abord le Gouvernement n'est pas sourd, sinon il ne tiendrait pas compte. Et les messages qui ont été envoyés hier, notamment en répondant à des questions précises de leur vie quotidienne, sont importants. En même temps, il ne faut pas sur-intrépeter les résultats de dimanche dernier. Dimanche dernier c'est quoi ? C'est le mouvement inverse de 2001 moins le vote sanction des ministres qui avaient eu lieu à l'époque. Donc ne sur-interprétons pas ces résultats.
Q.- Donc, on attend ?
R.- ...On n'a pas un très bon cru, mais ce n'est pas la Bérézina qui avait été tant annoncée par les uns et par les autres.
Q.- Sur le pouvoir d'achat, F. Hollande toujours, demande à la suite du bureau national du PS d'hier soir, un rendez-vous d'urgence avec F. Fillon pour en parler.
R.- Mais M. Hollande a des vieilles recettes et ce sont les vieux maux du PS. Il nous explique depuis des mois qu'il faut à nouveau augmenter le Smic alors qu'on sait bien dans notre pays que qui a augmenté le plus le Smic ces dernières années, c'est la majorité qui est actuellement aux responsabilités. Et on sait bien que le problème n'est pas là. Le problème est que, globalement, le travail rapporte plus dans notre pays et qu'on libère la croissance. C'est ça la vraie réponse en matière de pouvoir d'achat. J'observe que ce Gouvernement, depuis le mois d'août dernier, a pris plus de 30 mesures dans le domaine du pouvoir d'achat. Alors, sans doute que les Français aujourd'hui n'en voient pas encore la réalisation concrète...
Q.- Et dont certaines proposées par la commission Attali, c'est ça ?
R.-... et le résultat concret sur leur feuille de paye. Mais tout ça prend aussi du temps. Ce Gouvernement est installé depuis dix mois, nous avons cinq ans devant nous, et l'objectif c'est effectivement de réformer ce pays pour que chacun des Français puisse en bénéficier.
Q.- Mais ça veut dire qu'on va passer à la vitesse supérieure, qu'on va continuer sur le chemin des réformes, et notamment en allant puiser dans ces propositions de la commission Attali, comme J. Attali le proposait dans Le Monde hier soir, en disant : allons-y, réformons et faisons-le à froid tout de suite tant qu'il est encore tant ?
R.- Sur la commission Attali, nous avons décidé d'une méthode de travail avec le Parlement. Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, J.-F. Copé, a débattu de cela avec le Premier ministre, et les députés vont travailler sur un certain nombre de secteurs qui doivent faire l'objet de réformes dans notre pays et vont voir comment cela peut être adapté progressivement dans la loi. Mais tout cela en travail étroit entre les députés et le Gouvernement.
Q.- Mais pas de débats à l'Assemblée nationale comme le réclame F. Hollande ? Il n'est pas question qu'on débatte...
R.- Des débats à l'Assemblée nationale, il y en a tous les jours...
Q.-...de façon solennelle au niveau national de la situation économique du pays et des façons d'en sortir ?
R.-... Moi, je suis très preneur des propositions nouvelles du PS sur ces questions, parce que je vois beaucoup se profiler un combat interne au PS, et un jeu d'appareil. Je ne vois pas beaucoup de réponses aux problèmes de la vie quotidiennes des Français.
Q.- Une chose encore sur la composition de ce Gouvernement : on voit que vous récupérez donc l'Industrie, on voit que L. Wauquiez, lui, récupère l'Emploi. On se dit : bon ce sont deux secteurs qui étaient attribués jusqu'à présent à Mme Lagarde. Est-ce que ça veut dire qu'il y a un petit désamour autour de la ministre de l'Economie ?
R.- C'est l'inverse. Ils restent dans le domaine de Mme C. Lagarde qui est ministre de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi. Simplement, elle se voit attribuer deux secrétaires d'Etat supplémentaires, pour sans doute...
Q.- Pas pour lui prendre son travail, si je puis dire ?
R.- Non. Si vous voulez, nous, je veux dire à Bercy, on travaille en équipe. Nous avons d'ailleurs des équipes, des cabinets qui sont totalement organisés de manière concomitante entre C. Lagarde, H. Novelli et moi-même. A.-M. Idrac et L. Wauquiez vont nous rejoindre aujourd'hui, et dès ce midi, nous allons nous mettre au travail, nous allons nous réunir pour voir comment nous allons organiser le travail.
Q.- Et puis, un petit mot sur monsieur Bockel qui passe de la Coopération aux Anciens combattants, c'est une promotion ?
R.- Ecoutez, c'est à lui qu'il faut le demander. Je crois que c'est important que J.-M. Bockel reste au sein du Gouvernement, parce que c'est un vrai signe d'ouverture, c'est quelqu'un qui a, depuis longtemps, mené un combat de modernisation de sa propre formation politique, et s'il est aujourd'hui au sein de notre gouvernement, c'est sans doute qu'il n'a pas trouvé au sein du Parti socialiste la modernité de l'expression politique.
Q.- Vous appréhendez ce premier compte-rendu du Conseil des ministres, tout à l'heure ?
R.- Oh, on a toujours un petit pincement au coeur. Maintenant, j'ai un peu d'expérience en la matière.
Q.- Vous en avez parlé avec N. Sarkozy ? Il vous a donné des conseils pour parler et bien traduire sa politique ?
R.- Non. Ecoutez, il m'a fait confiance, et en même temps, il me faudra être à la hauteur de la confiance qu'il m'a donnée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 19 mars 2008
R.- J'ai été élu maire de Chaumont dimanche, j'ai passé l'écharpe, j'étais déjà membre du Gouvernement. Et le président de la République a souhaité me confier, avec le Premier ministre, à la fois, la responsabilité de l'Industrie, qui est un sujet important pour l'économie française, et puis en même temps le rôle de porte-parole du Gouvernement. Alors j'étais un petit peu préparé.
Q.- C'est une récompense pour cette belle élection à Chaumont ?
R.- Non, je n'interprète pas... Je crois qu'on ne nomme pas un Gouvernement en attribuant des récompenses. Je crois que...
Q.- C'est ce que dit J. Dray, il dit c'est beaucoup de récompenses ou des lots de consolation, en parlant de N. Morano, par exemple, qui a été battue, elle, à Toul.
R.- Je crois que c'est un mauvais procès. La réponse, l'interprétation du réajustement de l'organisation du Gouvernement qui a été faite hier, c'est de mieux prendre en compte les attentes de nos concitoyens. Nos concitoyens ont des attentes fortes, ils veulent par exemple qu'il y ait un emploi pour chacun. On s'est engagés à la fin de la législature sur le plein emploi. Le fait d'avoir clairement au sein du ministère de l'Economie dorénavant un secrétaire d'Etat à l'Emploi, oui, c'est un message fort pour que la politique de l'emploi soit plus efficace.
Q.- Alors, le secrétariat d'Etat à l'Emploi est occupé par L. Wauquiez, auquel vous succédez. On va parler de l'emploi et on va parler bien sûr de l'industrie. Mais sur cette fonction de porte-parole du Gouvernement, c'est quelque chose qu'on appréhende quand on doit prendre cette fonction-là ? Vous en avez parlé avec N. Sarkozy, vous savez un petit peu comment rentrer dans l'habit ?
R.- Oui, d'abord, c'est une fonction que je connais un petit peu puisque j'ai été pendant trois ans porte-parole de l'UMP. Ensuite, je crois que le président de la République et le Premier ministre souhaitent qu'on fasse peut-être davantage de pédagogie, qu'on explique mieux la politique du Gouvernement. C'est aussi...
Q.- Il y avait un déficit de ce point de vue-là ?
R.- Non, mais disons qu'on peut toujours s'améliorer, et je crois qu'aujourd'hui, c'est sans doute un des enseignements du scrutin municipale, c'est que les Français à la fois souhaitent que l'on continue les réformes, mais en même temps, ils n'en voient pas encore les résultats, et c'est le rôle du Gouvernement de sans doute mieux les expliquer, les mettre en perspective, les mettre en cohérence. Et c'est dans ce cadre-là qu'il a souhaité revoir l'organisation de la communication du Gouvernement.
Q.- Ça, vous allez le faire tout à l'heure pour la première fois après ce premier Conseil des ministres au cours duquel le chef de l'Etat dira un petit peu sa lecture des municipales. Ce compte-rendu, vous allez le faire non pas à Marigny, mais côté rue de l'Elysée, dans le studio de télévision mis en place par D. Martinon. Ça veut dire quoi ? Que vous allez être le porte-parole du Gouvernement et un peu de l'Elysée aussi ?
R.- Non, je suis le Porte-parole du Gouvernement, en même temps, il n'est pas anormal que le compte-rendu du Conseil des ministres se passe à l'Elysée, là où a lieu le Conseil des ministres. Il avait lieu jusqu'à présent à l'Hôtel de Marigny...
Q.- Juste à côté, on traversait la rue...
R.-... Il y a en même temps un studio qui a été aménagé dans les locaux de l'Elysée, rue de l'Elysée, donc ce n'est pas aberrant que le compte-rendu du Conseil des ministres ait lieu dans ces murs.
Q.- Alors, J. Dray, que je citais tout à l'heure, s'étonnait de ce remaniement, disant qu'en fait, le Gouvernement n'avait pas tiré les leçons des municipales, n'avait pas reçu le message. Et il y a un sondage qui sort de l'Institut BVA pour Les Echos et BFM, qui dit que 63 % des Français jugent mauvaise la politique du Gouvernement. Donc, comment on corrige et qu'est-ce qu'on corrige ?
Oui alors, il y a deux jours, j'ai lu un sondage qui indiquait que deux Français sur trois souhaitaient la poursuite des réformes, et qu'ils faisaient massivement confiance au Gouvernement. Donc, chacun peut interpréter d'une manière ou d'une autre. Ce que nous croyons c'est que, aujourd'hui, les Français ont des attentes très précises dans leur vie quotidienne. Et la réorganisation du Gouvernement d'hier c'est cela, c'est répondre d'abord à la vie quotidienne des Français, traiter des sujets de famille. C'est vrai que ce n'était pas suffisamment bien perçu dans l'organisation du Gouvernement, on aura dorénavant un Secrétaire d'Etat à la famille, N. Morano, qui va gérer ces questions. Je suis l'élu d'un département rural, la Haute-Marne, eh bien l'aménagement du territoire n'était peut-être pas une donnée suffisamment prise en compte dans l'organisation de la politique du Gouvernement, ça le sera dorénavant. Donc, la réorganisation d'hier, c'est d'abord cela. C'est les problèmes de la vie quotidienne, c'est y répondre, parce que c'est aussi le message du scrutin de dimanche.
Q.- Et ce sont des dossiers lourds, parce que maintenant vous avez l'Industrie. L'Industrie, c'est un domaine dans lequel s'est beaucoup engagé N. Sarkozy ces derniers mois, on l'a vu à Gandrange, on l'a vu à Toul aussi, avec les ouvriers de chez Michelin, faire quelquefois des promesses. Comment va-t-on éviter que des usines ou des emplois comme ceux-là soient supprimés ?
R.- D'abord, il y a un message fort : en identifiant plus clairement la fonction de l'industrie au sein du Gouvernement, c'est de dire l'industrie ce n'est pas fini ; l'industrie ce n'est pas foutu, et la France, qui est un grand pays industriel doit capitaliser sur ces métiers formidables, qui ont fait notre histoire, et qui font aussi aujourd'hui la ressource de nos territoires, et qui créent de la valeur ajoutée, de l'emploi sur l'ensemble de nos territoires. Alors, qu'est-ce qui permet de développer notre industrie ? Eh bien, cet après-midi, par exemple, j'irai visiter à Chartres une entreprise qui a su pleinement profiter du système de crédit-impôt recherche. Vous savez que nous avons mis en place à la fin de l'année dernière un dispositif qui est le plus percutant dans les pays de l'OCDE, et qui permet à une PME d'investir, d'innover, avec des dispositions fiscales qui sont très intéressantes et qui vont permettre à la France d'être plus compétitive dans le domaine industriel.
Q.- On sait qu'on est aussi dans un contexte national très, très compliqué, très orageux, si je puis dire, avec, on le voit, le dollar qui s'effondre, même si la FED aujourd'hui augmente encore ou diminue encore ses taux... Vous dites : on continue les réformes. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on va vers un plan de rigueur, on va vers de l'austérité ? Est-ce comme cela qu'il faut qualifier les choses aujourd'hui ?
R.- On continue les réformes parce que c'est nécessaire à notre pays. On ne fait pas des réformes pour le principe, on fait des réformes parce que nous avons fait suffisamment le constat pendant la campagne présidentielle, il y a an, que notre pays avait décroché en termes de compétitivité. Si aujourd'hui il y a un problème de pouvoir d'achat dans notre pays, c'est indéniablement parce que notre pays ne crée pas assez de valeurs, ne crée plus assez de richesses par rapport aux concurrents qui sont autour de nous. Donc, ces réformes sont nécessaires parce que, pour redistribuer du pouvoir d'achat, pour créer davantage d'emplois, eh bien, oui, il faut faire des réformes que tous les grands pays développés autour de nous ont réalisées. Et si il y a des pays comme l'Espagne, l'Allemagne, comme tous les Pays Nordique l'ont réalisée, j'ai la faiblesse de penser que la France aussi peut le réaliser.
Q.- Mais derrière ce mot de "réforme", est-ce qu'il n'y a pas, effectivement, comme le soupçonne l'opposition, un plan de rigueur qui s'annonce ?
R.- Non, mais attendez, il y a eu des fantasmes depuis un certain nombre de mois...
Q.- Ne faut-il pas dire les choses ? Si c'est le cas, ne faut-il pas dire aux Français : la situation est grave, il faut qu'on se remonte les manches.
R.- Si vous voulez que je vous dise que les réformes vont continuer, la réponse est oui. Le plan de rigueur, il n'y a que M. J. Dray ou M. Fabius, qui avaient déjà vu un plan B pour le référendum européen ; qui avaient déjà vu une TVA augmenter à la fin des élections législatives. Tout cela est pur fantasme. Par contre, oui, le Gouvernement, et le président de la République l'annoncera, ce matin au Conseil des ministres, va continuer la politique qui a été validée par les Français en juin dernier. Le contrat de confiance entre le président de la République, la majorité à l'Assemblée nationale et les Français n'est pas rompu, il existe toujours, il va durer cinq ans. Les Français ont donné un mandat très clair. Rappelez-vous, plus de 85 % de participation, un scrutin très clair, un vote très net, en faveur d'une nouvelle politique en France parce que notre pays en a besoin.
Q.- Il y a quand même un message qui est envoyé aussi au Gouvernement par ces municipales ? F. Hollande dit que le Gouvernement est sourd et qu'il ne l'entend pas.
R.- Non, d'abord le Gouvernement n'est pas sourd, sinon il ne tiendrait pas compte. Et les messages qui ont été envoyés hier, notamment en répondant à des questions précises de leur vie quotidienne, sont importants. En même temps, il ne faut pas sur-intrépeter les résultats de dimanche dernier. Dimanche dernier c'est quoi ? C'est le mouvement inverse de 2001 moins le vote sanction des ministres qui avaient eu lieu à l'époque. Donc ne sur-interprétons pas ces résultats.
Q.- Donc, on attend ?
R.- ...On n'a pas un très bon cru, mais ce n'est pas la Bérézina qui avait été tant annoncée par les uns et par les autres.
Q.- Sur le pouvoir d'achat, F. Hollande toujours, demande à la suite du bureau national du PS d'hier soir, un rendez-vous d'urgence avec F. Fillon pour en parler.
R.- Mais M. Hollande a des vieilles recettes et ce sont les vieux maux du PS. Il nous explique depuis des mois qu'il faut à nouveau augmenter le Smic alors qu'on sait bien dans notre pays que qui a augmenté le plus le Smic ces dernières années, c'est la majorité qui est actuellement aux responsabilités. Et on sait bien que le problème n'est pas là. Le problème est que, globalement, le travail rapporte plus dans notre pays et qu'on libère la croissance. C'est ça la vraie réponse en matière de pouvoir d'achat. J'observe que ce Gouvernement, depuis le mois d'août dernier, a pris plus de 30 mesures dans le domaine du pouvoir d'achat. Alors, sans doute que les Français aujourd'hui n'en voient pas encore la réalisation concrète...
Q.- Et dont certaines proposées par la commission Attali, c'est ça ?
R.-... et le résultat concret sur leur feuille de paye. Mais tout ça prend aussi du temps. Ce Gouvernement est installé depuis dix mois, nous avons cinq ans devant nous, et l'objectif c'est effectivement de réformer ce pays pour que chacun des Français puisse en bénéficier.
Q.- Mais ça veut dire qu'on va passer à la vitesse supérieure, qu'on va continuer sur le chemin des réformes, et notamment en allant puiser dans ces propositions de la commission Attali, comme J. Attali le proposait dans Le Monde hier soir, en disant : allons-y, réformons et faisons-le à froid tout de suite tant qu'il est encore tant ?
R.- Sur la commission Attali, nous avons décidé d'une méthode de travail avec le Parlement. Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, J.-F. Copé, a débattu de cela avec le Premier ministre, et les députés vont travailler sur un certain nombre de secteurs qui doivent faire l'objet de réformes dans notre pays et vont voir comment cela peut être adapté progressivement dans la loi. Mais tout cela en travail étroit entre les députés et le Gouvernement.
Q.- Mais pas de débats à l'Assemblée nationale comme le réclame F. Hollande ? Il n'est pas question qu'on débatte...
R.- Des débats à l'Assemblée nationale, il y en a tous les jours...
Q.-...de façon solennelle au niveau national de la situation économique du pays et des façons d'en sortir ?
R.-... Moi, je suis très preneur des propositions nouvelles du PS sur ces questions, parce que je vois beaucoup se profiler un combat interne au PS, et un jeu d'appareil. Je ne vois pas beaucoup de réponses aux problèmes de la vie quotidiennes des Français.
Q.- Une chose encore sur la composition de ce Gouvernement : on voit que vous récupérez donc l'Industrie, on voit que L. Wauquiez, lui, récupère l'Emploi. On se dit : bon ce sont deux secteurs qui étaient attribués jusqu'à présent à Mme Lagarde. Est-ce que ça veut dire qu'il y a un petit désamour autour de la ministre de l'Economie ?
R.- C'est l'inverse. Ils restent dans le domaine de Mme C. Lagarde qui est ministre de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi. Simplement, elle se voit attribuer deux secrétaires d'Etat supplémentaires, pour sans doute...
Q.- Pas pour lui prendre son travail, si je puis dire ?
R.- Non. Si vous voulez, nous, je veux dire à Bercy, on travaille en équipe. Nous avons d'ailleurs des équipes, des cabinets qui sont totalement organisés de manière concomitante entre C. Lagarde, H. Novelli et moi-même. A.-M. Idrac et L. Wauquiez vont nous rejoindre aujourd'hui, et dès ce midi, nous allons nous mettre au travail, nous allons nous réunir pour voir comment nous allons organiser le travail.
Q.- Et puis, un petit mot sur monsieur Bockel qui passe de la Coopération aux Anciens combattants, c'est une promotion ?
R.- Ecoutez, c'est à lui qu'il faut le demander. Je crois que c'est important que J.-M. Bockel reste au sein du Gouvernement, parce que c'est un vrai signe d'ouverture, c'est quelqu'un qui a, depuis longtemps, mené un combat de modernisation de sa propre formation politique, et s'il est aujourd'hui au sein de notre gouvernement, c'est sans doute qu'il n'a pas trouvé au sein du Parti socialiste la modernité de l'expression politique.
Q.- Vous appréhendez ce premier compte-rendu du Conseil des ministres, tout à l'heure ?
R.- Oh, on a toujours un petit pincement au coeur. Maintenant, j'ai un peu d'expérience en la matière.
Q.- Vous en avez parlé avec N. Sarkozy ? Il vous a donné des conseils pour parler et bien traduire sa politique ?
R.- Non. Ecoutez, il m'a fait confiance, et en même temps, il me faudra être à la hauteur de la confiance qu'il m'a donnée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 19 mars 2008