Interview de M. Jean-Louis Borloo, porte parole de l'UDF, à RTL le 26 mars 2001, sur son caractère et sa vie privée.

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Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

En deux soirées électorales, Jean-Louis Borloo, le maire de Valenciennes est devenu une petite star des plateaux de télévision. Il a ce brin de distance avec la politique, ce petit air marrant, et ce ton plutôt sincère : ce qui fait que ça passe et que les médias en redemandent.
Quand vous, vous ouvrez la gueule douze ans seulement après...
- Vous l'avez ouvert avant...
Assez peu, à part des coups de colère. Mais sinon, non. Enfin, je me tais depuis douze ans. En gros, je bosse depuis douze ans. Donc, probablement ce que vous dites à un moment donné, vous le ressentez tellement que ça doit se voir, quoi. Voilà, je crois que c'est aussi simple que ça.
Vous avez un petit peu une gueule d'homme politique "troisième type", quoi.
Je vous remercie, ça veut dire quoi ? E.T., E.T. politique, une BD ambulante. Notez...
Le fait de parler autrement que Rocard avait lancé...
Oui, oui, mais enfin ça, c'est des effets de mode. La façon de parler, ce n'est pas très important.
Quoique
Attendez, moi je ne suis pas intermittent du spectacle.
Et c'est ça le paradoxe avec vous, c'est ce côté avocat d'affaires, Paris, un peu mondain, disons-le, et puis en fait homme de terrain à Valenciennes, plebiscité.
J'ai beaucoup écouté tous les débats dimanche sur les maires-ministres, le double mandat : c'est pas ça que les gens fonctionnaient, c'est l'arrogance.
Est-ce que c'est pour ça par exemple que Delanoë est passé ?
Bien entendu. Bien entendu.
C'est pour ça que Séguin n'est pas passé ?
Séguin, c'est pas de l'arrogance : c'est de l'idée qu'il se fait de lui-même. Ce type vaut mieux que l'image qu'il donne, mais l'image qu'il donne, il faut que je lui dise qu'elle est vraiment pas bonne.
Ca fait un bout de temps que vous lui dites : en juin dernier, il va se prendre une tôle terrible.
J'ai dit, en juin dernier, dès lors qu'il serait désigné, il serait sur le tobogan de la mort, précisément. L'idée que je suis plus costaud, même si c'est vrai, que les autre n'est pas un argument. Et deuxièmement, il fallait jouer une primaire avec son copain. C'est quand même son copain, Tiberi. Les Français ne sont pas...
Parlez-moi de vous.
Moi, j'ai un intérêt assez limité, à part ma mère qui va être ravie.
On dit par exemple que vous êtes fêtard, répondez à ça !
Oui, c'est vrai. Moi je ne peux pas, quand ma journée se termine : ma journée affectueuse commence. Je ne sais pas comment vous dire : j'ai besoin tous les soirs de faire une petite fête.
Tous les soirs ?
On peut faire la fête à deux, on peut faire la fête à trois. Mais il y aura une bougie : j'ai besoin d'un Bordeaux, je prends un petit whisky quand je rentre, glace, sec'.
Et ça peut aller jusqu'au petit matin et ne plus compter l'heure et voir la nuit avancer ?
Ca m'est arrivé, ça m'arrive, ça m'arrive encore. C'est pas vieux, la semaine dernière, j'ai tout d'un coup entendu les oiseaux, je peux vous dire qu'en ce moment à Paris, c'était à Paris, vers 5 heures, 5 heures 5, 5 heures 10".
Vous pouvez redémarrer le lendemain matin et faire un plateau de télé le soir et recommencer avec la petite bougie le lendemain soir ?
Oui, oui.
Pas mal la santé !
C'est mon équilibre : moi, je me recharge à l'affection.
Avocat de Tapie, vous le vivez comme une casserole ou...
Pas du tout, pas du tout. On ne peut pas juger Bernard sur des valeurs morales liées à l'argent. Tapie, c'est une star.
Et vous, vous aimeriez être un jour une star ?
Honnêtement, je n'ai quasiment pas de talent, donc la question ne se pose pas.
Ca c'est un vrai truc de faux modeste !
Mais non, mais attendez, il y a des types qui sont capables. Moi, j'étais chez un copain avant hier. Tout d'un coup il y a deux personnes qui se mettent au piano. Je suis béat d'admiration. Je suis infoutu de vous tenir un pinceau. Infoutu. J'ai une oreille. J'adore chanter : je chante comme une casserole.
Dernière question : Bayrou, président de la république, vous vous voyez où, vous ?
A mon avis, c'est jouable.
Vous passez la question : vous vous voyez où, vous ?
Ah, je me vois où ?
S'il est président de la République un jour ?
Au meilleur endroit possible.
C'est pas ministre alors ?
Non, mais attendez, vous vous rendez pas compte de ce que c'est !
Dites-moi, dites-moi où : la question est simple !
Il faut des nerfs d'acier, il faut faire une vie. Il faut consacrer complètement sa vie. Moi je continuerai, quoi qu'il arrive, à aller en montagne et aller en mer.

(Source http://www.udf.org, le 26 mars 2001)