Texte intégral
Q - Combien de suppressions de postes allez-vous effectuer dans le cadre de la révision générale des politiques publiques ?
Hervé Morin : Je n'ai pas d'objectif chiffré ni de quotas. Je veux seulement que la réorganisation du ministère permette d'améliorer l'efficacité de l'ensemble de la structure. Quand j'évoque 6.000 personnes - civils et militaires - par an sur une période de six à sept ans, ce n'est que l'application du non-remplacement d'un départ sur deux partant à la retraite qui s'appliquera à tous les ministères. C'est notre participation à l'objectif gouvernemental.
Q - Quand la réforme de la DGA sera-t-elle lancée ?
Hervé Morin : Compte tenu de l'ensemble des modifications réglementaires qui s'imposent, l'objectif de la mise en oeuvre est que nous puissions être opérationnels au début de l'année de 2009.
Q - Quelles sont les grandes lignes de cette réforme ?
Hervé Morin : Fallait-il transformer la DGA en agence - préconisée par la plupart des observateurs au moment de la campagne présidentielle - ou au contraire la rapprocher du ministère ? Nous avons choisi de la transformer en direction générale. Il ne s'agit pas pour nous d'enlever au directeur général de l'armement ses responsabilités. Ce n'est pas le moment d'éloigner du ministère la gestion des programmes d'armement ni de le priver de l'expertise technique indispensable. La problématique, liée notamment à la construction budgétaire et au déroulement des programmes, n'est pas une problématique de structure mais d'efficience du processus. Au-delà de la seule DGA, le déroulement des programmes d'armement sera amélioré, d'abord par la création d'un comité ministériel d'investissement que je présiderai et qui regroupera les instances existantes, dont la compétence est trop partielle. Ce comité permettra au ministre d'assurer un suivi régulier des opérations majeures. Je veux un séquençage du déroulement des programmes afin qu'il y ait des rendez-vous permettant au ministre d'examiner régulièrement les options et les choix proposés afin qu'il ne soit plus mis devant le fait accompli. Une équipe intégrée suivra le programme tout au long de sa vie. Dans cette équipe, un pilote sera identifié entre l'état-major et la DGA, pour chacun des stades du programme : de la préparation au retrait du service, en passant par la conception, la réalisation et la mise en oeuvre et au maintien en condition opérationnelle (MCO).
Q - Avez-vous pris en compte la dérive des coûts des programmes ?
Hervé Morin : Effectivement. Nous devons intégrer dans les programmes non seulement le coût de réalisation mais aussi d'utilisation, de possession et de déconstruction. On ne peut pas continuer dans un système où le MCO n'est pas assez pris en compte. Pour vous donner un ordre de prix - même s'il s'agit de comparer l'équivalent d'une 4L et d'une Ferrari - entre l'hélicoptère Gazelle et le Tigre, le coût de l'heure de vol passe de 800 à 8.000 euros au titre de l'entretien programmé des matériels. On ne peut pas faire abstraction de ces différences de coût au moment du lancement des programmes. Dois-je rappeler que le budget de la Défense a augmenté d'un milliard et demi d'euros entre 2002 et 2007 sur le MCO des matériels. Deuxième idée majeure : je veux que l'on intègre, dans la conduite des programmes, l'idée de stricte suffisance technologique et l'exportabilité du matériel. Ce n'est pas aujourd'hui suffisamment intégré.
Q - Qu'avez-vous finalement arbitré pour le pôle fort à l'exportation que vous souhaitez créer ?
Hervé Morin : J'ai décidé de renforcer le rôle de la DGA dans l'organisation des exportations d'armement et notamment de lui confier l'instruction des dossiers d'autorisation d'exportation jusqu'alors répartis dans deux services différents du ministère. L'état-major des armées et la Délégation aux affaires stratégiques continuent à donner leur avis sur la pertinence de l'exportation de tel ou tel matériel au titre de notre sécurité.
Q - 2008 sera-t-elle une bonne année pour les exportations ?
Hervé Morin : L'année 2008 a très bien commencé avec les contrats avions ravitailleurs aux Émirats arabes unis, en Arabie Saoudite. Il y a toute une série de prospects à travers le monde pour lesquels j'ai le sentiment que les choses se déroulent convenablement. Je m'y investis personnellement beaucoup et ce n'est pas impossible que la France fasse une bonne année et engage le redressement des exportations d'armements.
Q - Allez-vous lancer la réforme des centres d'essais de la DGA ?
Hervé Morin : Sur la restructuration des centres d'essais, certains voulaient en faire des centres de profits pour les transformer en établissements public industriel et commercial (Epic). Mais il y a un certain nombre de centres technologiques qui, en raison de la nature des recherches qu'ils mènent, ne peuvent pas générer des revenus tiers. Ces centres abritent des compétences extrêmement sensibles sur des sujets de recherche de souveraineté nationale. En revanche, le ministère va rapidement mettre en place un rapprochement entre les centres d'essais de la DGA et ceux de l'armée de terre. Chacun continuera à faire son métier mais cela permettra de mutualiser les efforts d'équipement et d'infrastructure.
Q - Au-delà, la Défense va-t-elle définir une politique industrielle ?
Hervé Morin : La France doit donner une impulsion sérieuse pour que soit organisé un marché européen sans créer des situations monopolistiques. Il nous faut aller vers des partenariats industriels à l'échelle européenne qui doivent à terme comprendre des échanges capitalistiques. Il nous faut cependant éviter que les États se retrouvent dans une situation de déséquilibre pour discuter avec les industriels lors de lancements de nouveaux programmes. Il est clair que nous avons besoin d'avoir une réflexion à l'échelle européenne et pas seulement au niveau franco-français. Nous entretenons un dialogue avec les Britanniques, qui représentent l'essentiel de l'industrie d'armement en Europe. Il le faut aussi avec l'Allemagne et l'Italie.
Q - Les industriels attendent le feu vert de l'État pour lancer des opérations de rectification de frontières...
... Je suis un libéral à l'origine. C'est d'abord aux industriels de régler leurs affaires. Que l'État ait un oeil pour éviter les choses contraires à l'intérêt général, c'est évident. source http://www.defense.gouv.fr, le 16 avril 2008
Hervé Morin : Je n'ai pas d'objectif chiffré ni de quotas. Je veux seulement que la réorganisation du ministère permette d'améliorer l'efficacité de l'ensemble de la structure. Quand j'évoque 6.000 personnes - civils et militaires - par an sur une période de six à sept ans, ce n'est que l'application du non-remplacement d'un départ sur deux partant à la retraite qui s'appliquera à tous les ministères. C'est notre participation à l'objectif gouvernemental.
Q - Quand la réforme de la DGA sera-t-elle lancée ?
Hervé Morin : Compte tenu de l'ensemble des modifications réglementaires qui s'imposent, l'objectif de la mise en oeuvre est que nous puissions être opérationnels au début de l'année de 2009.
Q - Quelles sont les grandes lignes de cette réforme ?
Hervé Morin : Fallait-il transformer la DGA en agence - préconisée par la plupart des observateurs au moment de la campagne présidentielle - ou au contraire la rapprocher du ministère ? Nous avons choisi de la transformer en direction générale. Il ne s'agit pas pour nous d'enlever au directeur général de l'armement ses responsabilités. Ce n'est pas le moment d'éloigner du ministère la gestion des programmes d'armement ni de le priver de l'expertise technique indispensable. La problématique, liée notamment à la construction budgétaire et au déroulement des programmes, n'est pas une problématique de structure mais d'efficience du processus. Au-delà de la seule DGA, le déroulement des programmes d'armement sera amélioré, d'abord par la création d'un comité ministériel d'investissement que je présiderai et qui regroupera les instances existantes, dont la compétence est trop partielle. Ce comité permettra au ministre d'assurer un suivi régulier des opérations majeures. Je veux un séquençage du déroulement des programmes afin qu'il y ait des rendez-vous permettant au ministre d'examiner régulièrement les options et les choix proposés afin qu'il ne soit plus mis devant le fait accompli. Une équipe intégrée suivra le programme tout au long de sa vie. Dans cette équipe, un pilote sera identifié entre l'état-major et la DGA, pour chacun des stades du programme : de la préparation au retrait du service, en passant par la conception, la réalisation et la mise en oeuvre et au maintien en condition opérationnelle (MCO).
Q - Avez-vous pris en compte la dérive des coûts des programmes ?
Hervé Morin : Effectivement. Nous devons intégrer dans les programmes non seulement le coût de réalisation mais aussi d'utilisation, de possession et de déconstruction. On ne peut pas continuer dans un système où le MCO n'est pas assez pris en compte. Pour vous donner un ordre de prix - même s'il s'agit de comparer l'équivalent d'une 4L et d'une Ferrari - entre l'hélicoptère Gazelle et le Tigre, le coût de l'heure de vol passe de 800 à 8.000 euros au titre de l'entretien programmé des matériels. On ne peut pas faire abstraction de ces différences de coût au moment du lancement des programmes. Dois-je rappeler que le budget de la Défense a augmenté d'un milliard et demi d'euros entre 2002 et 2007 sur le MCO des matériels. Deuxième idée majeure : je veux que l'on intègre, dans la conduite des programmes, l'idée de stricte suffisance technologique et l'exportabilité du matériel. Ce n'est pas aujourd'hui suffisamment intégré.
Q - Qu'avez-vous finalement arbitré pour le pôle fort à l'exportation que vous souhaitez créer ?
Hervé Morin : J'ai décidé de renforcer le rôle de la DGA dans l'organisation des exportations d'armement et notamment de lui confier l'instruction des dossiers d'autorisation d'exportation jusqu'alors répartis dans deux services différents du ministère. L'état-major des armées et la Délégation aux affaires stratégiques continuent à donner leur avis sur la pertinence de l'exportation de tel ou tel matériel au titre de notre sécurité.
Q - 2008 sera-t-elle une bonne année pour les exportations ?
Hervé Morin : L'année 2008 a très bien commencé avec les contrats avions ravitailleurs aux Émirats arabes unis, en Arabie Saoudite. Il y a toute une série de prospects à travers le monde pour lesquels j'ai le sentiment que les choses se déroulent convenablement. Je m'y investis personnellement beaucoup et ce n'est pas impossible que la France fasse une bonne année et engage le redressement des exportations d'armements.
Q - Allez-vous lancer la réforme des centres d'essais de la DGA ?
Hervé Morin : Sur la restructuration des centres d'essais, certains voulaient en faire des centres de profits pour les transformer en établissements public industriel et commercial (Epic). Mais il y a un certain nombre de centres technologiques qui, en raison de la nature des recherches qu'ils mènent, ne peuvent pas générer des revenus tiers. Ces centres abritent des compétences extrêmement sensibles sur des sujets de recherche de souveraineté nationale. En revanche, le ministère va rapidement mettre en place un rapprochement entre les centres d'essais de la DGA et ceux de l'armée de terre. Chacun continuera à faire son métier mais cela permettra de mutualiser les efforts d'équipement et d'infrastructure.
Q - Au-delà, la Défense va-t-elle définir une politique industrielle ?
Hervé Morin : La France doit donner une impulsion sérieuse pour que soit organisé un marché européen sans créer des situations monopolistiques. Il nous faut aller vers des partenariats industriels à l'échelle européenne qui doivent à terme comprendre des échanges capitalistiques. Il nous faut cependant éviter que les États se retrouvent dans une situation de déséquilibre pour discuter avec les industriels lors de lancements de nouveaux programmes. Il est clair que nous avons besoin d'avoir une réflexion à l'échelle européenne et pas seulement au niveau franco-français. Nous entretenons un dialogue avec les Britanniques, qui représentent l'essentiel de l'industrie d'armement en Europe. Il le faut aussi avec l'Allemagne et l'Italie.
Q - Les industriels attendent le feu vert de l'État pour lancer des opérations de rectification de frontières...
... Je suis un libéral à l'origine. C'est d'abord aux industriels de régler leurs affaires. Que l'État ait un oeil pour éviter les choses contraires à l'intérêt général, c'est évident. source http://www.defense.gouv.fr, le 16 avril 2008