Texte intégral
A. Soubiran La "Question du jour" sur France Info s'adresse à vous ce matin. Avant d'en revenir à la motion de censure examinée cet après-midi à l'Assemblée, votre réaction au lendemain du passage calamiteux de la flamme olympique à Paris. 3.000 policiers mobilisés, malgré tout un spectacle qu'on peut qualifier d'affligeant ?
R.- Je suis triste pour le mouvement sportif, triste de voir une population, des personnes hostiles à des athlètes que nous avons tous adorés, qui voulaient participer à une fête. L'olympisme, c'est une certaine idée de l'homme, une certaine idée du bonheur aussi, de partager des moments collectifs.
Q.- Les autorités françaises ont-elles prises les bonnes décisions avec cette mobilisation policière ?
R.- Il fallait bien assurer la sécurité du système, dès lors qu'on savait qu'il y avait des manifestants.
Q.- Le Gouvernement affronte sa première motion de censure à l'Assemblée cet après-midi ; une motion de censure déposée par la gauche contre la politique d'alignement atlantiste, après notamment les déclarations de N. Sarkozy au dernier sommet de l'OTAN à Bucarest. C'est une remise en cause de la politique menée en matière de défense ?
R.- Que veut faire le président de la République ? Il veut faire quelque chose que la France doit faire depuis au moins dix ans. Il y a eu un premier pas qui s'est appelé "les accords de Saint-Malo" en 1998, c'est-à-dire, faire en sorte qu'on fasse émerger une Europe de la défense. On a des intérêts en commun, on a un projet en commun, on a un destin en commun. Ce destin-là, européen, doit reposer aussi sur la capacité d'avoir des moyens de défense communs. Et nous n'aurons des moyens de défense en commun au sein de l'Europe, que si la France joue aussi une nouvelle donne. Et cette nouvelle donne c'est quoi ? C'est de considérer que l'Europe de la défense ne se fait pas contre l'Alliance atlantique. Que l'Europe de la défense est complémentaire à l'Alliance atlantique. Et donc, la démarche qui a été la nôtre, cette démarche qui a été constamment pour la France, grosso modo, de donner le sentiment à nos partenaires que c'était l'Europe de la défense contre l'Alliance, cette démarche-là ne peut pas marcher, pour une raison simple, c'est que, nos partenaires européens sont attachés à l'Alliance atlantique. Et donc, ce que nous essayons de faire, c'est une démarche très simple, c'est de dire : nous participons à la rénovation de l'Alliance atlantique pour que l'Europe soit plus présente dans l'Alliance atlantique, dont nous sommes, dont nous faisons partie, et puis-je vous le rappeler, depuis 1949.
Q.- Oui, c'est sur le commandement.
R.- Oui, mais, sur le commandement intégré, quand... je vais vous poser la question : c'est quoi être au sein du commandement intégré de l'OTAN ?
Q.- Prendre des décisions.
R.- C'est prendre des décisions, mais ces décisions nous le prenons déjà avec nos partenaires au sein de l'Alliance atlantique. Nous faisons partie de toutes les opérations militaires de l'OTAN depuis 1995 ; nous avons des généraux français qui commandent des opérations de l'Alliance atlantique, comme celle de la KFOR au Kosovo. Donc...
Q.- La défense de l'Europe, oui, vous diront les socialistes, mais pourquoi un tel attachement aux côtés des Etats-Unis, renforcé par la décision d'envoyer des troupes supplémentaires en Afghanistan ?
R.- Mais l'Alliance atlantique, ça n'est pas la mise sous tutelle de nos forces. L'Alliance atlantique de 2007 ou de 2008, pardon, ça n'est pas l'Alliance atlantique du Pacte de Varsovie, c'est fini la période où l'Alliance atlantique et l'OTAN considéraient que chaque régiment était affecté à telle ou telle zone, que chacun devait être sous l'autorité d'un commandement unique. Tout ça n'existe plus.
Q.- On a tout de même l'impression depuis l'arrivée de N. Sarkozy au pouvoir qu'il y a une main tendu du côté des Etats-Unis. Encore une fois, avec l'Afghanistan.
R.- C'est parce que, si vous n'avez pas une démarche constructive au sein de l'Alliance atlantique avec nos amis américains... Je n'ai aucun souci de considérer que j'ai des... je partage un certain nombre de valeurs avec les Américains. Nous avons le même fondement philosophique, c'est-à-dire : les droits de l'homme, les libertés, l'idée de la démocratie, tout cela nous le partageons avec les Américains. Nous avons à faire cette démarche, parce que, si nous ne faisons pas cette démarche en montrant que les choses ne se font pas contre l'Alliance, donc contre aussi les Américains, nous ne ferons pas avancer l'Europe de la défense. Et nous allons faire avancer l'Europe de la défense comme jamais nous ne l'aurons fait avancer ces dernières années, parce que nous avons cette démarche constructive. Et l'Europe de la défense qui avance, c'est l'Europe de la défense, c'est l'Europe qui est capable de prendre en main sa propre sécurité sur son continent au lieu de la confier aux Américains. Je me permets de vous signaler que dans les Balkans, en Yougoslavie, ce sont les Américains qui ont assuré la stabilité de la zone. On est en Europe, à une heure et demie de la capitale française, eh bien ce sont les Américains qui ont assuré les choses. Nous voulons l'Europe de la défense pourquoi ? Nous voulons l'Europe de la défense aussi pour créer une industrie européenne capable de concurrencer l'industrie américaine. Nous voulons l'Europe de la défense pourquoi ? Parce que nous souhaitons que l'Europe puisse prendre en main un certain nombre de crises, par exemple en Afrique. Nous avons plus vocation que les Américains, que l'Alliance atlantique à faire en sorte de créer les conditions de la stabilité en Afrique, parce que nous y avons des responsabilités historiques. Voilà pourquoi nous voulons faire l'Europe, et l'Europe ne se fait pas contre l'Alliance sinon ça ne marche pas.
Q.- Parlons de l'Afghanistan, 700 soldats supplémentaires. Pourquoi ne pas avoir organisé un vote l'Assemblée ?
R.- Parce que la Constitution ne le prévoit pas. Et que, je me permets de vous signaler que la révision constitutionnelle le prévoira. Que ces 700 hommes ont fait l'objet d'un débat, si je puis dire, comme il y a eu des débats sous l'empire...
Q.- Un débat, après l'annonce de l'envoi...
R.- Oui, comme à chaque fois. Quand en 2001 L. Jospin et J. Chirac ont décidé d'envoyer des hommes en Afghanistan, il y a eu un débat après la décision de l'envoi, de la même façon, parce que la Constitution est ainsi faite.
Q.- Constitution qui va donc changer. Autre sujet aujourd'hui, la réforme de la carte militaire. Vous réunissez aujourd'hui à Paris les chefs de régiments et d'unités militaires pour annoncer un certain nombre de fermetures d'ici à 2012. Je vous propose d'écouter cet habitant de la Meuse. Un auditeur de la Meuse : "Monsieur le ministre, il faut que la nation reconnaisse la dette qu'elle doit au département de la Meuse. Donc, en laissant les régiments en place pour éviter l'étranglement économique de notre région."] Alors, vous allez laisser des régiments en place, ou plus exactement, combien allez-vous en supprimer ?
R.- Nous maintenons l'effort de défense. Oui, c'est important de le dire, nous faisons partie des quatre grandes puissances militaires au monde, avec les Etats-Unis, la Russie et le Royaume-Uni. Nous maintenons cet effort de défense mais nous avons deux choses à faire. La première, faire en sorte qu'on tire les conséquences sur notre organisation de la professionnalisation. On a professionnalisé, il faut désormais modifier en profondeur l'organisation du ministère, ce qu'on appelle "le soutien et l'administration générale", pour faire en sorte qu'on ait un système plus efficace et moins coûteux. Et nous avons à le faire pour une deuxième raison, c'est que tout en maintenant l'effort de défense, nous avons besoin d'équiper nos forces, et les moyens que nous donne la nation à l'heure actuelle ne nous suffisent pas pour pouvoir équiper nos forces.
Q.- Alors, concrètement, comment cela va-t-il se traduire ?
R.- Donc, je termine, je dis à votre interlocuteur ou à votre auditeur : bien entendu que tout cela n'est pas oublié ; bien entendu qu'on sait ce qu'a payé l'Est de la France durant le XXème siècle. Mais c'est cela qui devrait aussi lui permettre de réfléchir. C'est parce qu'un outil de défense qui ne s'adapte pas, c'est un outil qui risque de ne pas remplir ce pour quoi il est fait. Et il est fait pour quoi ? Il est fait pour assurer la sécurité du pays, la souveraineté du pays, la défense de nos intérêts stratégiques. Et cela, nous avons payé dans l'histoire, et notamment au XXème siècle, le fait que notre défense ne se soit pas adaptée au nouveau contexte géostratégique. Il y a eu la Ligne Maginot, et puis un homme qui s'appelait le général de Gaulle qui, dans les années 1930 a écrit "Le fil de l'épée", qui expliquait qu'on était en train d'écrire la guerre d'avant. Eh bien, un outil de défense, c'est un outil qui doit s'adapter en permanence parce que c'est cela que nous demandent les Français. Et bien entendu...
Q.- Alors, cette adaptation ?
R.- ...cette adaptation, je vais vous donner un exemple : si on considère que la prolifération nucléaire c'est un risque majeur, et si on considère - je crois que nous pouvons tous partager que nous risquons peu d'être envahis dans les 15 ans qui viennent - on voit bien que, on n'a pas forcément besoin des mêmes équipements militaires. Eh bien cela nous oblige à adapter notre outil de défense. Je sais que cela a des conséquences territoriales. Nous allons faire en sorte d'accompagner tout cela, de veiller là où on peut faire le choix de l'aménagement du territoire sans obérer nos moyens militaires, nous le ferons. Mais j'ai une obligation devant les Français, et le président de la République plus encore, c'est de faire en sorte de maintenir un outil de défense qui soit capable d'assurer la sécurité du pays sur 15 ans ou sur 20 ans.
Q.- Enfin une dernière question. Une équipe du GIGN est partie pour Djibouti hier, pour épauler éventuellement, après la prise d'otages du voilier de luxe, "Le Ponant", au large de La Somalie. Avez-vous des nouvelles ?
R.- Les seules nouvelles que nous avons c'est que, selon l'armateur, les informations qui nous ont été communiquées nous indiquent que l'équipage se porterait bien. Nous travaillons.
Q.- Des négociations sont en cours ?
R.- Je ne veux rien vous dire pour une raison très simple, c'est que nous travaillons avec un seul objectif et une seule idée en tête : assurer la sécurité de nos compatriotes qui sont pris en otages.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 8 avril 2008
R.- Je suis triste pour le mouvement sportif, triste de voir une population, des personnes hostiles à des athlètes que nous avons tous adorés, qui voulaient participer à une fête. L'olympisme, c'est une certaine idée de l'homme, une certaine idée du bonheur aussi, de partager des moments collectifs.
Q.- Les autorités françaises ont-elles prises les bonnes décisions avec cette mobilisation policière ?
R.- Il fallait bien assurer la sécurité du système, dès lors qu'on savait qu'il y avait des manifestants.
Q.- Le Gouvernement affronte sa première motion de censure à l'Assemblée cet après-midi ; une motion de censure déposée par la gauche contre la politique d'alignement atlantiste, après notamment les déclarations de N. Sarkozy au dernier sommet de l'OTAN à Bucarest. C'est une remise en cause de la politique menée en matière de défense ?
R.- Que veut faire le président de la République ? Il veut faire quelque chose que la France doit faire depuis au moins dix ans. Il y a eu un premier pas qui s'est appelé "les accords de Saint-Malo" en 1998, c'est-à-dire, faire en sorte qu'on fasse émerger une Europe de la défense. On a des intérêts en commun, on a un projet en commun, on a un destin en commun. Ce destin-là, européen, doit reposer aussi sur la capacité d'avoir des moyens de défense communs. Et nous n'aurons des moyens de défense en commun au sein de l'Europe, que si la France joue aussi une nouvelle donne. Et cette nouvelle donne c'est quoi ? C'est de considérer que l'Europe de la défense ne se fait pas contre l'Alliance atlantique. Que l'Europe de la défense est complémentaire à l'Alliance atlantique. Et donc, la démarche qui a été la nôtre, cette démarche qui a été constamment pour la France, grosso modo, de donner le sentiment à nos partenaires que c'était l'Europe de la défense contre l'Alliance, cette démarche-là ne peut pas marcher, pour une raison simple, c'est que, nos partenaires européens sont attachés à l'Alliance atlantique. Et donc, ce que nous essayons de faire, c'est une démarche très simple, c'est de dire : nous participons à la rénovation de l'Alliance atlantique pour que l'Europe soit plus présente dans l'Alliance atlantique, dont nous sommes, dont nous faisons partie, et puis-je vous le rappeler, depuis 1949.
Q.- Oui, c'est sur le commandement.
R.- Oui, mais, sur le commandement intégré, quand... je vais vous poser la question : c'est quoi être au sein du commandement intégré de l'OTAN ?
Q.- Prendre des décisions.
R.- C'est prendre des décisions, mais ces décisions nous le prenons déjà avec nos partenaires au sein de l'Alliance atlantique. Nous faisons partie de toutes les opérations militaires de l'OTAN depuis 1995 ; nous avons des généraux français qui commandent des opérations de l'Alliance atlantique, comme celle de la KFOR au Kosovo. Donc...
Q.- La défense de l'Europe, oui, vous diront les socialistes, mais pourquoi un tel attachement aux côtés des Etats-Unis, renforcé par la décision d'envoyer des troupes supplémentaires en Afghanistan ?
R.- Mais l'Alliance atlantique, ça n'est pas la mise sous tutelle de nos forces. L'Alliance atlantique de 2007 ou de 2008, pardon, ça n'est pas l'Alliance atlantique du Pacte de Varsovie, c'est fini la période où l'Alliance atlantique et l'OTAN considéraient que chaque régiment était affecté à telle ou telle zone, que chacun devait être sous l'autorité d'un commandement unique. Tout ça n'existe plus.
Q.- On a tout de même l'impression depuis l'arrivée de N. Sarkozy au pouvoir qu'il y a une main tendu du côté des Etats-Unis. Encore une fois, avec l'Afghanistan.
R.- C'est parce que, si vous n'avez pas une démarche constructive au sein de l'Alliance atlantique avec nos amis américains... Je n'ai aucun souci de considérer que j'ai des... je partage un certain nombre de valeurs avec les Américains. Nous avons le même fondement philosophique, c'est-à-dire : les droits de l'homme, les libertés, l'idée de la démocratie, tout cela nous le partageons avec les Américains. Nous avons à faire cette démarche, parce que, si nous ne faisons pas cette démarche en montrant que les choses ne se font pas contre l'Alliance, donc contre aussi les Américains, nous ne ferons pas avancer l'Europe de la défense. Et nous allons faire avancer l'Europe de la défense comme jamais nous ne l'aurons fait avancer ces dernières années, parce que nous avons cette démarche constructive. Et l'Europe de la défense qui avance, c'est l'Europe de la défense, c'est l'Europe qui est capable de prendre en main sa propre sécurité sur son continent au lieu de la confier aux Américains. Je me permets de vous signaler que dans les Balkans, en Yougoslavie, ce sont les Américains qui ont assuré la stabilité de la zone. On est en Europe, à une heure et demie de la capitale française, eh bien ce sont les Américains qui ont assuré les choses. Nous voulons l'Europe de la défense pourquoi ? Nous voulons l'Europe de la défense aussi pour créer une industrie européenne capable de concurrencer l'industrie américaine. Nous voulons l'Europe de la défense pourquoi ? Parce que nous souhaitons que l'Europe puisse prendre en main un certain nombre de crises, par exemple en Afrique. Nous avons plus vocation que les Américains, que l'Alliance atlantique à faire en sorte de créer les conditions de la stabilité en Afrique, parce que nous y avons des responsabilités historiques. Voilà pourquoi nous voulons faire l'Europe, et l'Europe ne se fait pas contre l'Alliance sinon ça ne marche pas.
Q.- Parlons de l'Afghanistan, 700 soldats supplémentaires. Pourquoi ne pas avoir organisé un vote l'Assemblée ?
R.- Parce que la Constitution ne le prévoit pas. Et que, je me permets de vous signaler que la révision constitutionnelle le prévoira. Que ces 700 hommes ont fait l'objet d'un débat, si je puis dire, comme il y a eu des débats sous l'empire...
Q.- Un débat, après l'annonce de l'envoi...
R.- Oui, comme à chaque fois. Quand en 2001 L. Jospin et J. Chirac ont décidé d'envoyer des hommes en Afghanistan, il y a eu un débat après la décision de l'envoi, de la même façon, parce que la Constitution est ainsi faite.
Q.- Constitution qui va donc changer. Autre sujet aujourd'hui, la réforme de la carte militaire. Vous réunissez aujourd'hui à Paris les chefs de régiments et d'unités militaires pour annoncer un certain nombre de fermetures d'ici à 2012. Je vous propose d'écouter cet habitant de la Meuse. Un auditeur de la Meuse : "Monsieur le ministre, il faut que la nation reconnaisse la dette qu'elle doit au département de la Meuse. Donc, en laissant les régiments en place pour éviter l'étranglement économique de notre région."] Alors, vous allez laisser des régiments en place, ou plus exactement, combien allez-vous en supprimer ?
R.- Nous maintenons l'effort de défense. Oui, c'est important de le dire, nous faisons partie des quatre grandes puissances militaires au monde, avec les Etats-Unis, la Russie et le Royaume-Uni. Nous maintenons cet effort de défense mais nous avons deux choses à faire. La première, faire en sorte qu'on tire les conséquences sur notre organisation de la professionnalisation. On a professionnalisé, il faut désormais modifier en profondeur l'organisation du ministère, ce qu'on appelle "le soutien et l'administration générale", pour faire en sorte qu'on ait un système plus efficace et moins coûteux. Et nous avons à le faire pour une deuxième raison, c'est que tout en maintenant l'effort de défense, nous avons besoin d'équiper nos forces, et les moyens que nous donne la nation à l'heure actuelle ne nous suffisent pas pour pouvoir équiper nos forces.
Q.- Alors, concrètement, comment cela va-t-il se traduire ?
R.- Donc, je termine, je dis à votre interlocuteur ou à votre auditeur : bien entendu que tout cela n'est pas oublié ; bien entendu qu'on sait ce qu'a payé l'Est de la France durant le XXème siècle. Mais c'est cela qui devrait aussi lui permettre de réfléchir. C'est parce qu'un outil de défense qui ne s'adapte pas, c'est un outil qui risque de ne pas remplir ce pour quoi il est fait. Et il est fait pour quoi ? Il est fait pour assurer la sécurité du pays, la souveraineté du pays, la défense de nos intérêts stratégiques. Et cela, nous avons payé dans l'histoire, et notamment au XXème siècle, le fait que notre défense ne se soit pas adaptée au nouveau contexte géostratégique. Il y a eu la Ligne Maginot, et puis un homme qui s'appelait le général de Gaulle qui, dans les années 1930 a écrit "Le fil de l'épée", qui expliquait qu'on était en train d'écrire la guerre d'avant. Eh bien, un outil de défense, c'est un outil qui doit s'adapter en permanence parce que c'est cela que nous demandent les Français. Et bien entendu...
Q.- Alors, cette adaptation ?
R.- ...cette adaptation, je vais vous donner un exemple : si on considère que la prolifération nucléaire c'est un risque majeur, et si on considère - je crois que nous pouvons tous partager que nous risquons peu d'être envahis dans les 15 ans qui viennent - on voit bien que, on n'a pas forcément besoin des mêmes équipements militaires. Eh bien cela nous oblige à adapter notre outil de défense. Je sais que cela a des conséquences territoriales. Nous allons faire en sorte d'accompagner tout cela, de veiller là où on peut faire le choix de l'aménagement du territoire sans obérer nos moyens militaires, nous le ferons. Mais j'ai une obligation devant les Français, et le président de la République plus encore, c'est de faire en sorte de maintenir un outil de défense qui soit capable d'assurer la sécurité du pays sur 15 ans ou sur 20 ans.
Q.- Enfin une dernière question. Une équipe du GIGN est partie pour Djibouti hier, pour épauler éventuellement, après la prise d'otages du voilier de luxe, "Le Ponant", au large de La Somalie. Avez-vous des nouvelles ?
R.- Les seules nouvelles que nous avons c'est que, selon l'armateur, les informations qui nous ont été communiquées nous indiquent que l'équipage se porterait bien. Nous travaillons.
Q.- Des négociations sont en cours ?
R.- Je ne veux rien vous dire pour une raison très simple, c'est que nous travaillons avec un seul objectif et une seule idée en tête : assurer la sécurité de nos compatriotes qui sont pris en otages.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 8 avril 2008