Texte intégral
Monsieur le Ministre des Affaires étrangères du Koweït,
Monsieur le Premier Ministre d'Irak,
Madame et Messieurs les Ministres des Affaires étrangères,
Monsieur le Secrétaire général adjoint des Nations unies pour les Affaires politiques,
Chers Collègues,
Permettez-moi de remercier le gouvernement koweïtien d'accueillir la troisième "conférence ministérielle élargie des pays voisins de l'Irak". Nous savons quels aléas de l'Histoire et quelle brutalité ont affecté les relations entre ces deux pays. Je veux donc voir dans cet accueil par le Koweït un symbole positif en faveur de ce qui nous réunit tous aujourd'hui : comment sortir de la crise en Irak ?
La situation de l'Irak constitue l'une des crises majeures à laquelle nous devons, collectivement, faire face aujourd'hui. L'Irak, ce pays malmené, souffrant, saignant, est confronté à des défis à la fois politiques, sécuritaires, humanitaires et économiques sans précédents. Cette situation engendre des risques considérables pour le Moyen-Orient, pour les pays de la région élargie et, au-delà, pour la communauté internationale tout entière.
Nul ne peut, dès lors, s'en désintéresser. La prise en charge de ces difficultés requiert la mobilisation de toutes les énergies, sans exception. Une prise en charge collective est indispensable. L'ampleur de la tâche est immense.
Membre permanent du Conseil de sécurité, la France participe au processus élargi des pays voisins de l'Irak depuis le début du cycle. Ceci lui commande de faire tout ce qui est en son pouvoir afin de contribuer au retour de la stabilité en Irak. Une longue amitié avec le peuple irakien comme avec les peuples de la région nous permet, non pas en qualité de "pays voisin" mais comme "pays ami", de tenir un langage empreint de franchise et de réalisme.
En premier lieu, nous pourrons affirmer avec amitié aux Irakiens que c'est d'abord à eux de puiser l'énergie nécessaire pour engager, dans un esprit ouvert, un véritable processus de réconciliation nationale et de définir un partage équitable des pouvoirs comme des ressources, conditions d'un retour à la paix civile. Vous êtes, Chers Amis Irakiens, les premiers responsables de la solution à bâtir. Cependant, bien sûr, vous pouvez compter sur nous pour vous aider à la bâtir.
J'accueille avec beaucoup d'intérêt la tenue en Finlande, le 24 avril, de la deuxième session d'un séminaire de réconciliation nationale initié par des personnalités de "bonne volonté". Pour aller plus loin dans ce processus, et ainsi que je l'ai proposé à Istanbul, le 3 novembre 2007, mon pays se tient lui aussi toujours à votre disposition pour faciliter ce processus de réconciliation nationale et accueillir, si vous l'estimez utile, dans un cadre neutre, loin des pressions du terrain et selon le spectre le plus large, tous les responsables irakiens qui éprouveraient le besoin de renouveler le dialogue politique. Cet exercice pourrait fort bien prendre place dans le cadre de la Présidence française de l'Union européenne. Nous vous y invitons cordialement.
Aux pays de la région, je voudrais rappeler que leur appui est essentiel au retour de la stabilité en Irak. Comme l'a souligné très justement mon ami Staffan de Mistura - que je salue - un jour, les Etats-Unis et les Nations unies partiront d'Irak, mais les voisins, eux, seront toujours là. La géographie s'impose, si la politique se choisit.
Dès lors, il faut que, sans arrière pensée, chacun manifeste une volonté sincère de contribuer au retour de la stabilité irakienne avec toutes les communautés mêlées. Peut-être certains auraient-ils préféré que l'Irak qui a émergé de la dictature de Saddam Hussein présente un visage différent. C'est néanmoins à partir de la réalité qui est là qu'il faut construire la solution. Le maintien du chaos en Irak ne constitue une option raisonnable pour personne.
Les questions de sécurité sont naturellement fondamentales. Je ne saurais trop appeler au rétablissement de la confiance entre voisins. L'expérience internationale montre que des mesures de confiance entre voisins, peuvent contribuer à améliorer la situation (il pourrait s'agir, par exemple, d'élaborer des accords bi ou multilatéraux de lutte contre le terrorisme et le crime organisé, de mettre en oeuvre un échange d'information par le biais de mécanismes de contact, un contrôle des frontières...). Votre groupe de travail "sécurité" a fait des recommandations intéressantes à cet égard. C'est un processus long, certes, mais il nous appartient, regroupés ici de l'engager résolument ...
J'en viens à cette dynamique de dialogue régional qui vous réunit aujourd'hui, vous les pays voisins de l'Irak, et dont je me réjouis vivement. Faire vivre le dialogue constitue le premier pas vers la paix. Vous l'avez entrepris. C'est, de mon point de vue, encourageant.
La France appuie pleinement le processus des pays voisins de l'Irak qui constitue une avancée dans le bon sens. Mais, là encore je vous parle avec toute la franchise de l'amitié, il est à présent impératif que cette dynamique soit suivie d'effets, de décisions concrètes, de mesures tangibles, d'engagements constructifs. Leur mise en oeuvre constituerait un pas décisif vers un retour de la confiance.
Le rétablissement de la "normalité" passe également par la présence de missions diplomatiques en Irak. Une douzaine de pays de l'Union européenne sont présents à Bagdad et représentent, à eux seuls, la moitié des chefs de missions. C'est un geste de confiance de l'Europe en l'avenir de l'Irak, dont il conviendrait qu'il soit le plus largement partagé dans la région. J'appelle nos amis européens aussi bien que nos amis de la région à rétablir des liens réguliers avec l'Irak.
A l'inverse, toute intervention directe ou indirecte d'un pays voisin en Irak ne peut que se solder par un surcroît d'instabilité et de risques pour tous. J'appelle solennellement chacun d'entre vous à faire montre de la plus grande responsabilité.
J'en viens enfin au rôle d'assistance que la communauté internationale et les organisations régionales entendent jouer.
Très favorable au renforcement du rôle d'assistance et de conseil des Nations unies en Irak, je souhaite à cet égard saluer vivement les premiers résultats obtenus sur le terrain par la Mission d'assistance des Nations unies à l'Irak (MANUI), en particulier grâce à l'engagement personnel du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, Staffan de Mistura, dont je salue le courage, l'obstination et l'efficacité. Nous ne pouvons qu'encourager à la poursuite d'une coopération étroite entre la MANUI et le gouvernement irakien.
Pour faciliter le processus des pays voisins, le gouvernement irakien a suggéré qu'un secrétariat permanent soit créé, adossé au ministère irakien des Affaires étrangères. Les Nations unies ont proposé de contribuer à son soutien. C'est une excellente initiative qui donnerait le signal que ce dialogue régional, cette commune recherche d'une sortie de crise en Irak, se pérennise. J'espère qu'elle pourra aboutir, avec l'appui de tous, dans les meilleurs délais. La France se tient prête à soutenir, pratiquement, cette initiative.
Plus globalement, la France et l'Union européenne sont disposées à accompagner le renforcement du rôle des Nations unies en Irak et à appuyer la mise en oeuvre des résolutions, tout particulièrement dans les domaines où elles disposent d'une expertise forte (Etat de droit, Droits de l'Homme, formation, éducation, humanitaire, santé). L'engagement de l'Union européenne à la reconstruction de l'Irak, depuis 2003, a représenté 800 millions d'euros avec, notamment, la promotion de la bonne gouvernance, de la démocratie, l'aide à l'accès aux services de base (éducation, santé, etc.). L'un des objectifs de la Présidence française sera d'améliorer encore l'action de l'Union européenne et de la rendre plus visible, tout ceci, en phase étroite avec l'action des Nations unies.
Pour conclure, je rappellerai que la France s'engage, elle aussi, à titre bilatéral dans les domaines politiques et humanitaires comme en matière de coopération (enseignement, formation, santé...). Nous avons ouvert un bureau d'ambassade à Erbil, que nous transformerons en consulat et envisageons d'en ouvrir un autre dans le sud du pays. Nous envisageons de développer une chaîne de soins médicaux. Un large soutien à un hôpital de Bagdad est prévu. Nous voulons être présents partout en Irak, à chaque fois que les conditions de sécurité le permettent, en utilisant si besoin des relais locaux. Je me rendrai de nouveau en Irak pour bien marquer l'importance que nous attachons à la résolution de cette crise.
Voici comment, Mesdames et Messieurs, Mes Chers Collègues, la France veut, comme tous vos pays, j'en suis certain, participer au retour de l'espoir en Irak, ainsi que dans la région.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 avril 2008
Monsieur le Premier Ministre d'Irak,
Madame et Messieurs les Ministres des Affaires étrangères,
Monsieur le Secrétaire général adjoint des Nations unies pour les Affaires politiques,
Chers Collègues,
Permettez-moi de remercier le gouvernement koweïtien d'accueillir la troisième "conférence ministérielle élargie des pays voisins de l'Irak". Nous savons quels aléas de l'Histoire et quelle brutalité ont affecté les relations entre ces deux pays. Je veux donc voir dans cet accueil par le Koweït un symbole positif en faveur de ce qui nous réunit tous aujourd'hui : comment sortir de la crise en Irak ?
La situation de l'Irak constitue l'une des crises majeures à laquelle nous devons, collectivement, faire face aujourd'hui. L'Irak, ce pays malmené, souffrant, saignant, est confronté à des défis à la fois politiques, sécuritaires, humanitaires et économiques sans précédents. Cette situation engendre des risques considérables pour le Moyen-Orient, pour les pays de la région élargie et, au-delà, pour la communauté internationale tout entière.
Nul ne peut, dès lors, s'en désintéresser. La prise en charge de ces difficultés requiert la mobilisation de toutes les énergies, sans exception. Une prise en charge collective est indispensable. L'ampleur de la tâche est immense.
Membre permanent du Conseil de sécurité, la France participe au processus élargi des pays voisins de l'Irak depuis le début du cycle. Ceci lui commande de faire tout ce qui est en son pouvoir afin de contribuer au retour de la stabilité en Irak. Une longue amitié avec le peuple irakien comme avec les peuples de la région nous permet, non pas en qualité de "pays voisin" mais comme "pays ami", de tenir un langage empreint de franchise et de réalisme.
En premier lieu, nous pourrons affirmer avec amitié aux Irakiens que c'est d'abord à eux de puiser l'énergie nécessaire pour engager, dans un esprit ouvert, un véritable processus de réconciliation nationale et de définir un partage équitable des pouvoirs comme des ressources, conditions d'un retour à la paix civile. Vous êtes, Chers Amis Irakiens, les premiers responsables de la solution à bâtir. Cependant, bien sûr, vous pouvez compter sur nous pour vous aider à la bâtir.
J'accueille avec beaucoup d'intérêt la tenue en Finlande, le 24 avril, de la deuxième session d'un séminaire de réconciliation nationale initié par des personnalités de "bonne volonté". Pour aller plus loin dans ce processus, et ainsi que je l'ai proposé à Istanbul, le 3 novembre 2007, mon pays se tient lui aussi toujours à votre disposition pour faciliter ce processus de réconciliation nationale et accueillir, si vous l'estimez utile, dans un cadre neutre, loin des pressions du terrain et selon le spectre le plus large, tous les responsables irakiens qui éprouveraient le besoin de renouveler le dialogue politique. Cet exercice pourrait fort bien prendre place dans le cadre de la Présidence française de l'Union européenne. Nous vous y invitons cordialement.
Aux pays de la région, je voudrais rappeler que leur appui est essentiel au retour de la stabilité en Irak. Comme l'a souligné très justement mon ami Staffan de Mistura - que je salue - un jour, les Etats-Unis et les Nations unies partiront d'Irak, mais les voisins, eux, seront toujours là. La géographie s'impose, si la politique se choisit.
Dès lors, il faut que, sans arrière pensée, chacun manifeste une volonté sincère de contribuer au retour de la stabilité irakienne avec toutes les communautés mêlées. Peut-être certains auraient-ils préféré que l'Irak qui a émergé de la dictature de Saddam Hussein présente un visage différent. C'est néanmoins à partir de la réalité qui est là qu'il faut construire la solution. Le maintien du chaos en Irak ne constitue une option raisonnable pour personne.
Les questions de sécurité sont naturellement fondamentales. Je ne saurais trop appeler au rétablissement de la confiance entre voisins. L'expérience internationale montre que des mesures de confiance entre voisins, peuvent contribuer à améliorer la situation (il pourrait s'agir, par exemple, d'élaborer des accords bi ou multilatéraux de lutte contre le terrorisme et le crime organisé, de mettre en oeuvre un échange d'information par le biais de mécanismes de contact, un contrôle des frontières...). Votre groupe de travail "sécurité" a fait des recommandations intéressantes à cet égard. C'est un processus long, certes, mais il nous appartient, regroupés ici de l'engager résolument ...
J'en viens à cette dynamique de dialogue régional qui vous réunit aujourd'hui, vous les pays voisins de l'Irak, et dont je me réjouis vivement. Faire vivre le dialogue constitue le premier pas vers la paix. Vous l'avez entrepris. C'est, de mon point de vue, encourageant.
La France appuie pleinement le processus des pays voisins de l'Irak qui constitue une avancée dans le bon sens. Mais, là encore je vous parle avec toute la franchise de l'amitié, il est à présent impératif que cette dynamique soit suivie d'effets, de décisions concrètes, de mesures tangibles, d'engagements constructifs. Leur mise en oeuvre constituerait un pas décisif vers un retour de la confiance.
Le rétablissement de la "normalité" passe également par la présence de missions diplomatiques en Irak. Une douzaine de pays de l'Union européenne sont présents à Bagdad et représentent, à eux seuls, la moitié des chefs de missions. C'est un geste de confiance de l'Europe en l'avenir de l'Irak, dont il conviendrait qu'il soit le plus largement partagé dans la région. J'appelle nos amis européens aussi bien que nos amis de la région à rétablir des liens réguliers avec l'Irak.
A l'inverse, toute intervention directe ou indirecte d'un pays voisin en Irak ne peut que se solder par un surcroît d'instabilité et de risques pour tous. J'appelle solennellement chacun d'entre vous à faire montre de la plus grande responsabilité.
J'en viens enfin au rôle d'assistance que la communauté internationale et les organisations régionales entendent jouer.
Très favorable au renforcement du rôle d'assistance et de conseil des Nations unies en Irak, je souhaite à cet égard saluer vivement les premiers résultats obtenus sur le terrain par la Mission d'assistance des Nations unies à l'Irak (MANUI), en particulier grâce à l'engagement personnel du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, Staffan de Mistura, dont je salue le courage, l'obstination et l'efficacité. Nous ne pouvons qu'encourager à la poursuite d'une coopération étroite entre la MANUI et le gouvernement irakien.
Pour faciliter le processus des pays voisins, le gouvernement irakien a suggéré qu'un secrétariat permanent soit créé, adossé au ministère irakien des Affaires étrangères. Les Nations unies ont proposé de contribuer à son soutien. C'est une excellente initiative qui donnerait le signal que ce dialogue régional, cette commune recherche d'une sortie de crise en Irak, se pérennise. J'espère qu'elle pourra aboutir, avec l'appui de tous, dans les meilleurs délais. La France se tient prête à soutenir, pratiquement, cette initiative.
Plus globalement, la France et l'Union européenne sont disposées à accompagner le renforcement du rôle des Nations unies en Irak et à appuyer la mise en oeuvre des résolutions, tout particulièrement dans les domaines où elles disposent d'une expertise forte (Etat de droit, Droits de l'Homme, formation, éducation, humanitaire, santé). L'engagement de l'Union européenne à la reconstruction de l'Irak, depuis 2003, a représenté 800 millions d'euros avec, notamment, la promotion de la bonne gouvernance, de la démocratie, l'aide à l'accès aux services de base (éducation, santé, etc.). L'un des objectifs de la Présidence française sera d'améliorer encore l'action de l'Union européenne et de la rendre plus visible, tout ceci, en phase étroite avec l'action des Nations unies.
Pour conclure, je rappellerai que la France s'engage, elle aussi, à titre bilatéral dans les domaines politiques et humanitaires comme en matière de coopération (enseignement, formation, santé...). Nous avons ouvert un bureau d'ambassade à Erbil, que nous transformerons en consulat et envisageons d'en ouvrir un autre dans le sud du pays. Nous envisageons de développer une chaîne de soins médicaux. Un large soutien à un hôpital de Bagdad est prévu. Nous voulons être présents partout en Irak, à chaque fois que les conditions de sécurité le permettent, en utilisant si besoin des relais locaux. Je me rendrai de nouveau en Irak pour bien marquer l'importance que nous attachons à la résolution de cette crise.
Voici comment, Mesdames et Messieurs, Mes Chers Collègues, la France veut, comme tous vos pays, j'en suis certain, participer au retour de l'espoir en Irak, ainsi que dans la région.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 avril 2008