Texte intégral
Q - Vous avez reçu, cette nuit, un message de Richard Holbrooke, après son entretien avec Milosevic à Belgrade, quen ressort-il ?
R - Il en ressort quil na pas vraiment avancé à ce stade. Javais eu M. Holbrooke hier matin à Bruxelles où il sétait arrêté pour voir Robin Cook et moi-même avant daller à Belgrade. Nous avions reconfirmé les termes de la démarche et de la mission qui lui avait été confiée par Mme Albright, et les premier éléments ne sont toujours pas positifs.
Q - Il reste à Belgrade et il va revoir aujourdhui Milosevic, le fait-il sur ordre de Washington ? Les Français, les Anglais et les autres ont-ils été consultés ?
R - Je viens de vous le dire : il y a un accord complet entre les différents membres du Groupe de contact sur cette mission, sur son contenu, et à cette minute même, elle nest pas encore achevée.
Q - Alors au nom de lAmérique et de lEurope, M. Holbrooke explique et répète - il va le faire aujourdhui au président Milosevic - la punition et le déluge quil risque sil refuse lAccord de Rambouillet. Or, M. Milosevic dit « non », tranquillement « non ». Il ne cède pas. Jusquà quand peut-il narguer lOTAN dont il na visiblement pas peur ?
R - Je ne pense pas quil nargue et je ne suis pas sûr quil nait pas peur. Je crois simplement quil est enfermé dans un mode de réaction et un mode de pensée qui sont archaïques par rapport à cela. Le point principal est peut-être la menace qui est imminente, mais cest aussi louverture puisque laccord qui est proposé est un accord intelligent, un accord sage et raisonnable. Cest la seule façon de faire cohabiter sans drame les Kossovars et les Serbes. M. Holbrook est donc chargé, comme les autres qui y sont allés, comme dans chaque message ou déclaration, de manier les deux éléments.
Q - On disait : « M. Holbrooke voit Milosevic. Il va lui parler, lui transmet un message fort de la part des Quinze ». Mais en fait est-il en train de négocier ou de renégocier ?
R - Il est en train dessayer de convaincre. Il ne peut pas renégocier puisque nous avons déterminé un accord, quon appelle les Accords de Rambouillet à partir du statut dautonomie substantielle élaboré par le Groupe de contact. On avait accepté de discuter à la marge de ce quon avait appelé les ajustements techniques. Quand on a repris à Paris, on a vu que la délégation serbe, en réalité, voulait remettre en question les bases. Cest pour cela quon a interrompu cette négociation qui navait plus de sens. Si le président Milosevic veut reprendre cette discussion, elle reprendra sur la base de laccord proposé. Elle reprendra dans la minute.
Q - Mais Milosevic refuse la présence de soldats étrangers sur son territoire. Y at-il une alternative ? Est-ce que vous pourriez y renoncer ?
R - Non, on ne peut pas renoncer à une garantie militaire internationale au sol, dans la mesure où sil ny a pas cette garantie, il ny a pas daccord, parce que jamais les Kossovares - et on peut les comprendre - ne seront suffisamment rassurés pour rentrer dans la logique de cet accord et accepter que lUCK soit démilitarisée. Cela forme un tout, il faut une garantie. Il faut une garantie en raison de ce qui se passe depuis des années, et de ce qui se passe encore maintenant et quil faudrait interrompre immédiatement. Lexigence internationale aujourdhui, est celle dun cessez-le-feu.
Q - Cest-à-dire que, vous sentez bien que dun côté, il y a des palabres ou des discussions et, de lautre, lexode, la mort dans la neige de populations civiles.
R - Absolument, sinon on ne sen occuperait pas. Mais il y a une obstination internationale, qui ne se dément pas. Cela fait maintenant un an que le Groupe de contact travaille. Chaque fois que la situation sest aggravée, on a renforcé les pressions, mais on voit bien quon nest pas loin du bout de ce processus.
Q - On vous a peut-être mal entendu ce matin ; vous réclamez de nouveau un cessez-le-feu
?
R - Ce matin, le cessez-le-feu est absolument impératif, urgent. Il faut dabord et avant tout arrêter cette répression, arrêter ses conséquences humanitaires, par ailleurs aussi arrêter les attentats. Il faut arrêter lensemble, tout de suite.
Q - Que proposeraient les Quinze et vous-même ? De reprendre, renouer, ce qui sest fait à Rambouillet ou à Paris ? Ou cest trop tard ?
R - On peut toujours, en repartant de ce que nous appelons les Accords de Rambouillet, discuter un peu à la marge. Ce quon ne peut pas faire est remettre en cause le schéma daccord parce que cest le seul qui concilie, dune certaine façon, la souveraineté de la Yougoslavie, et laspiration légitime des Kossovars à la sécurité et à la plus grande autonomie possible. On peut discuter à la marge, on ne peut pas remettre en cause les bases de laccord proposé.
Q - Si M. Holbrooke nobtient rien, si Milosevic lui répond « non », quand les opérations aériennes commenceront-elles ?
R - Quand nous serons arrivés collectivement à la conclusion quil ne peut rien obtenir de plus. A ce moment-là cette mission prendra fin, et il ne pourra pas sécouler longtemps entre la fin de cette mission et le début des opérations qui auront pour objet premier darrêter cette répression et dempêcher quelle ne prenne une ampleur plus grande.
Q - Cela veut-il dire que les frappes seront dispersées et courtes, ou grandes et se prolongeraient-elle si elles avaient lieu sur plusieurs jours, plusieurs nuits ?
R - Ce ne sont pas des indications qui se donnent à lavance. Ce que je peux dire cest quelles correspondent à un objectif qui est celui dempêcher, de casser la capacité de répression.
Q - Quelles seraient les cibles ?
R - Ce seront des cibles militaires qui visent à empêcher que cette répression ne puisse se poursuivre.
Q - Qui déclencherait les hostilités ?
R - Nous avons décidé que lorsque nous en serons à ce point ultime, le Secrétaire général de lOTAN, M. Solana, à la lumière de lévaluation faite par le Groupe de contact et après consultation des alliés concernés dans lAlliance atlantique, donnera à ce moment le feu vert au Commandant en chef des forces de lOTAN.
Q - Quelles sont les forces militaires françaises qui y participeraient ?
R - Il y a des forces et des avions français qui participeraient à telle ou telle mission.
Q - Le numéro un russe, Evgueni Primakov, rencontre aujourdhui à Washington le président Clinton. Lopposition des Russes suffit-elle à empêcher le recours aux armes ?
R - Au bout du compte si on na pas dautre choix pour atteindre les objectifs de paix, que de passer par la force à un moment donné, il faudra le faire. Je crois que les Russes sont extrêmement embarrassés par cette situation, mais, en même temps, ils partagent cet objectif politique. Ils ont ajouté leur propre pression à celle des autres sur le président Milosevic, à de très nombreuses reprises pour le convaincre daccepter le schéma qui est proposé. Donc, il y a une gêne russe sur le recours ultime éventuel à la force, mais il y a un accord russe complet, sur tout le reste, depuis le début.
Q - Et sil y a une réponse négative de Milosevic, est-ce que dici à la fin de la semaine il ny aura pas des frappes ? Est-ce quon se dit que ce sera plutôt vers vendredi, samedi ?
R - Non, ce nest jamais minuté comme cela parce que cest un élément qui dépend de trop de choses qui peuvent interférer. Il suffit quil y ait une ouverture sérieuse pour renégocier. Vous comprenez bien quon na recours à la force quen dernier recours, précisément, quand on a tout épuisé. Mais, pour le moment, je suis obligé de dire, ce matin, que je ne vois aucune ouverture qui puisse interrompre le cours avancé des événements.
Q - LEurope : Qui va présider la Commission de Bruxelles ? Tony Blair et Schröder ont choisi Romano Prodi, la France : Prodi or not Prodi ?
R - Cela se discutera au Sommet de Berlin qui commence demain. Il sagit pour le Conseil européen de reprendre linitiative, après la démission de la Commission, pour que de ces événements sorte un mieux, pour les institutions européennes, et que lEurope soit plus efficace pour affronter les problèmes quelle a comme lAgenda 2000.
Q - Prodi ou un autre, pour la France ?
R - Plusieurs noms sont possibles. Il ny a rien dimpossible pour la France par rapport aux propositions faites, mais le choix nest pas fait, la procédure nest pas complètement fixée. La présidence allemande na pas encore conclu sur le fait de savoir sil fallait traiter ce problème dès demain à Berlin ou alors un peu après, parce quil y a cette grosse question financière de lAgenda 2000.
Q - A partir de quels critères la France va-t-elle choisir celui qui sera président de la Commission ?
R - Nous voulons un président qui puisse, après ce qui sest passé, conduire une Commission rénovée, sans doute réorganisée, restaurée dans son rôle, peut-être recentrée sur ses vraies tâches, et qui puisse donner une impulsion nouvelle à cet élément-clef des institutions européennes, les autres institutions étant dailleurs appelées à se réformer. Vous savez que la France insiste beaucoup sur la réforme des institutions, surtout que nous allons vers un élargissement au-delà de quinze, vingt pays, peut-être plus après, et la réforme de la Commission en fait partie. Normalement, on devait aborder ces questions après la négociation financière, mais les événements nous amènent à laborder tout de suite, avec cette idée générale : des institutions plus claires, plus efficaces.
Q - Si on vous a bien entendu , la France nest pas forcément pour M. Prodi.
R - Non, je nai pas dit cela. Je dis quil peut y avoir dautres candidats tout à fait aussi remarquables ...
Q - Par exemple le Néerlandais Kock ?
R - Par exemple. Mais M. Prodi est lui aussi un excellent candidat. Jai simplement voulu dire que cette question nétait pas encore conclue, mardi matin. Mais elle peut être traitée mercredi ou jeudi à Berlin, ou un peu après.
Q - Cest-à-dire que cela peut se faire avant les élection européennes du 13 Juin ?
R - Oui, parce que lidée qui domine en Europe maintenant est que le Conseil européen doit reprendre linitiative pour indiquer la ligne politique générale pour lavenir des institutions européennes.
Q - Cest dur dêtre ministre des Affaires étrangères quand on voit le temps quil faut pour faire avancer dun millimètre les affaires par exemple celles du Kossovo alors quil y a tant de gens qui meurent ?
R - On ne compte pas le temps passer. On se dit simplement chaque matin : « quest-ce que je peux faire de plus par rapport à ce que jai fait ? Quest-ce que lon peut tenter encore ? Cest une motivation suffisante pour animer ses journées.
Q - Iriez-vous avec Robin Cook à Belgrade voir Milosevic ?
R - On a laissé cette hypothèse ouverte, dans la mesure où cela serait utile. On pourrait même encore maintenant y aller si on estime que cela ajoute quelque chose aux efforts fait.
Q - Tout de suite, sans protocole, sans attente, vous pourriez y aller ?
R - Il ny a pas de protocole dans tout cela. Cest uniquement le critère dutilité.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 mars 1999)
R - Il en ressort quil na pas vraiment avancé à ce stade. Javais eu M. Holbrooke hier matin à Bruxelles où il sétait arrêté pour voir Robin Cook et moi-même avant daller à Belgrade. Nous avions reconfirmé les termes de la démarche et de la mission qui lui avait été confiée par Mme Albright, et les premier éléments ne sont toujours pas positifs.
Q - Il reste à Belgrade et il va revoir aujourdhui Milosevic, le fait-il sur ordre de Washington ? Les Français, les Anglais et les autres ont-ils été consultés ?
R - Je viens de vous le dire : il y a un accord complet entre les différents membres du Groupe de contact sur cette mission, sur son contenu, et à cette minute même, elle nest pas encore achevée.
Q - Alors au nom de lAmérique et de lEurope, M. Holbrooke explique et répète - il va le faire aujourdhui au président Milosevic - la punition et le déluge quil risque sil refuse lAccord de Rambouillet. Or, M. Milosevic dit « non », tranquillement « non ». Il ne cède pas. Jusquà quand peut-il narguer lOTAN dont il na visiblement pas peur ?
R - Je ne pense pas quil nargue et je ne suis pas sûr quil nait pas peur. Je crois simplement quil est enfermé dans un mode de réaction et un mode de pensée qui sont archaïques par rapport à cela. Le point principal est peut-être la menace qui est imminente, mais cest aussi louverture puisque laccord qui est proposé est un accord intelligent, un accord sage et raisonnable. Cest la seule façon de faire cohabiter sans drame les Kossovars et les Serbes. M. Holbrook est donc chargé, comme les autres qui y sont allés, comme dans chaque message ou déclaration, de manier les deux éléments.
Q - On disait : « M. Holbrooke voit Milosevic. Il va lui parler, lui transmet un message fort de la part des Quinze ». Mais en fait est-il en train de négocier ou de renégocier ?
R - Il est en train dessayer de convaincre. Il ne peut pas renégocier puisque nous avons déterminé un accord, quon appelle les Accords de Rambouillet à partir du statut dautonomie substantielle élaboré par le Groupe de contact. On avait accepté de discuter à la marge de ce quon avait appelé les ajustements techniques. Quand on a repris à Paris, on a vu que la délégation serbe, en réalité, voulait remettre en question les bases. Cest pour cela quon a interrompu cette négociation qui navait plus de sens. Si le président Milosevic veut reprendre cette discussion, elle reprendra sur la base de laccord proposé. Elle reprendra dans la minute.
Q - Mais Milosevic refuse la présence de soldats étrangers sur son territoire. Y at-il une alternative ? Est-ce que vous pourriez y renoncer ?
R - Non, on ne peut pas renoncer à une garantie militaire internationale au sol, dans la mesure où sil ny a pas cette garantie, il ny a pas daccord, parce que jamais les Kossovares - et on peut les comprendre - ne seront suffisamment rassurés pour rentrer dans la logique de cet accord et accepter que lUCK soit démilitarisée. Cela forme un tout, il faut une garantie. Il faut une garantie en raison de ce qui se passe depuis des années, et de ce qui se passe encore maintenant et quil faudrait interrompre immédiatement. Lexigence internationale aujourdhui, est celle dun cessez-le-feu.
Q - Cest-à-dire que, vous sentez bien que dun côté, il y a des palabres ou des discussions et, de lautre, lexode, la mort dans la neige de populations civiles.
R - Absolument, sinon on ne sen occuperait pas. Mais il y a une obstination internationale, qui ne se dément pas. Cela fait maintenant un an que le Groupe de contact travaille. Chaque fois que la situation sest aggravée, on a renforcé les pressions, mais on voit bien quon nest pas loin du bout de ce processus.
Q - On vous a peut-être mal entendu ce matin ; vous réclamez de nouveau un cessez-le-feu
?
R - Ce matin, le cessez-le-feu est absolument impératif, urgent. Il faut dabord et avant tout arrêter cette répression, arrêter ses conséquences humanitaires, par ailleurs aussi arrêter les attentats. Il faut arrêter lensemble, tout de suite.
Q - Que proposeraient les Quinze et vous-même ? De reprendre, renouer, ce qui sest fait à Rambouillet ou à Paris ? Ou cest trop tard ?
R - On peut toujours, en repartant de ce que nous appelons les Accords de Rambouillet, discuter un peu à la marge. Ce quon ne peut pas faire est remettre en cause le schéma daccord parce que cest le seul qui concilie, dune certaine façon, la souveraineté de la Yougoslavie, et laspiration légitime des Kossovars à la sécurité et à la plus grande autonomie possible. On peut discuter à la marge, on ne peut pas remettre en cause les bases de laccord proposé.
Q - Si M. Holbrooke nobtient rien, si Milosevic lui répond « non », quand les opérations aériennes commenceront-elles ?
R - Quand nous serons arrivés collectivement à la conclusion quil ne peut rien obtenir de plus. A ce moment-là cette mission prendra fin, et il ne pourra pas sécouler longtemps entre la fin de cette mission et le début des opérations qui auront pour objet premier darrêter cette répression et dempêcher quelle ne prenne une ampleur plus grande.
Q - Cela veut-il dire que les frappes seront dispersées et courtes, ou grandes et se prolongeraient-elle si elles avaient lieu sur plusieurs jours, plusieurs nuits ?
R - Ce ne sont pas des indications qui se donnent à lavance. Ce que je peux dire cest quelles correspondent à un objectif qui est celui dempêcher, de casser la capacité de répression.
Q - Quelles seraient les cibles ?
R - Ce seront des cibles militaires qui visent à empêcher que cette répression ne puisse se poursuivre.
Q - Qui déclencherait les hostilités ?
R - Nous avons décidé que lorsque nous en serons à ce point ultime, le Secrétaire général de lOTAN, M. Solana, à la lumière de lévaluation faite par le Groupe de contact et après consultation des alliés concernés dans lAlliance atlantique, donnera à ce moment le feu vert au Commandant en chef des forces de lOTAN.
Q - Quelles sont les forces militaires françaises qui y participeraient ?
R - Il y a des forces et des avions français qui participeraient à telle ou telle mission.
Q - Le numéro un russe, Evgueni Primakov, rencontre aujourdhui à Washington le président Clinton. Lopposition des Russes suffit-elle à empêcher le recours aux armes ?
R - Au bout du compte si on na pas dautre choix pour atteindre les objectifs de paix, que de passer par la force à un moment donné, il faudra le faire. Je crois que les Russes sont extrêmement embarrassés par cette situation, mais, en même temps, ils partagent cet objectif politique. Ils ont ajouté leur propre pression à celle des autres sur le président Milosevic, à de très nombreuses reprises pour le convaincre daccepter le schéma qui est proposé. Donc, il y a une gêne russe sur le recours ultime éventuel à la force, mais il y a un accord russe complet, sur tout le reste, depuis le début.
Q - Et sil y a une réponse négative de Milosevic, est-ce que dici à la fin de la semaine il ny aura pas des frappes ? Est-ce quon se dit que ce sera plutôt vers vendredi, samedi ?
R - Non, ce nest jamais minuté comme cela parce que cest un élément qui dépend de trop de choses qui peuvent interférer. Il suffit quil y ait une ouverture sérieuse pour renégocier. Vous comprenez bien quon na recours à la force quen dernier recours, précisément, quand on a tout épuisé. Mais, pour le moment, je suis obligé de dire, ce matin, que je ne vois aucune ouverture qui puisse interrompre le cours avancé des événements.
Q - LEurope : Qui va présider la Commission de Bruxelles ? Tony Blair et Schröder ont choisi Romano Prodi, la France : Prodi or not Prodi ?
R - Cela se discutera au Sommet de Berlin qui commence demain. Il sagit pour le Conseil européen de reprendre linitiative, après la démission de la Commission, pour que de ces événements sorte un mieux, pour les institutions européennes, et que lEurope soit plus efficace pour affronter les problèmes quelle a comme lAgenda 2000.
Q - Prodi ou un autre, pour la France ?
R - Plusieurs noms sont possibles. Il ny a rien dimpossible pour la France par rapport aux propositions faites, mais le choix nest pas fait, la procédure nest pas complètement fixée. La présidence allemande na pas encore conclu sur le fait de savoir sil fallait traiter ce problème dès demain à Berlin ou alors un peu après, parce quil y a cette grosse question financière de lAgenda 2000.
Q - A partir de quels critères la France va-t-elle choisir celui qui sera président de la Commission ?
R - Nous voulons un président qui puisse, après ce qui sest passé, conduire une Commission rénovée, sans doute réorganisée, restaurée dans son rôle, peut-être recentrée sur ses vraies tâches, et qui puisse donner une impulsion nouvelle à cet élément-clef des institutions européennes, les autres institutions étant dailleurs appelées à se réformer. Vous savez que la France insiste beaucoup sur la réforme des institutions, surtout que nous allons vers un élargissement au-delà de quinze, vingt pays, peut-être plus après, et la réforme de la Commission en fait partie. Normalement, on devait aborder ces questions après la négociation financière, mais les événements nous amènent à laborder tout de suite, avec cette idée générale : des institutions plus claires, plus efficaces.
Q - Si on vous a bien entendu , la France nest pas forcément pour M. Prodi.
R - Non, je nai pas dit cela. Je dis quil peut y avoir dautres candidats tout à fait aussi remarquables ...
Q - Par exemple le Néerlandais Kock ?
R - Par exemple. Mais M. Prodi est lui aussi un excellent candidat. Jai simplement voulu dire que cette question nétait pas encore conclue, mardi matin. Mais elle peut être traitée mercredi ou jeudi à Berlin, ou un peu après.
Q - Cest-à-dire que cela peut se faire avant les élection européennes du 13 Juin ?
R - Oui, parce que lidée qui domine en Europe maintenant est que le Conseil européen doit reprendre linitiative pour indiquer la ligne politique générale pour lavenir des institutions européennes.
Q - Cest dur dêtre ministre des Affaires étrangères quand on voit le temps quil faut pour faire avancer dun millimètre les affaires par exemple celles du Kossovo alors quil y a tant de gens qui meurent ?
R - On ne compte pas le temps passer. On se dit simplement chaque matin : « quest-ce que je peux faire de plus par rapport à ce que jai fait ? Quest-ce que lon peut tenter encore ? Cest une motivation suffisante pour animer ses journées.
Q - Iriez-vous avec Robin Cook à Belgrade voir Milosevic ?
R - On a laissé cette hypothèse ouverte, dans la mesure où cela serait utile. On pourrait même encore maintenant y aller si on estime que cela ajoute quelque chose aux efforts fait.
Q - Tout de suite, sans protocole, sans attente, vous pourriez y aller ?
R - Il ny a pas de protocole dans tout cela. Cest uniquement le critère dutilité.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 mars 1999)