Texte intégral
Q - Les syndicats appellent à manifester jeudi contre la réforme des retraites et le passage à quarante et un ans de cotisation. Que leur répondez-vous ?
R - Pour garantir notre système de retraites, on ne sait pas faire autrement que de passer à 41 ans. L'espérance de vie est aujourd'hui de 81 ans en moyenne, alors qu'elle n'était que de 75 ans en 1982 avec une retraite à 65 ans. On vit de plus en plus longtemps, les Français le savent bien. Donc, il faut travailler un peu plus longtemps.
Q - Mais les salariés constatent que très peu d'entreprises conservent leurs seniors...
R - Le coeur de la discussion avec les syndicats et le patronat, c'est l'emploi des seniors. Depuis 2003, aucun rendez-vous n'a permis d'aboutir. Il faut sortir des déclarations d'intention, ce que nous ferons avec Laurent Wauquiez dès l'automne au Parlement. En 2009, cela devra être appliqué dans les branches et les entreprises. Et si, en 2010, l'emploi des seniors n'a pas avancé, il y aura des sanctions sous forme de cotisations retraites additionnelles pour les employeurs qui ne joueront pas le jeu. Nous avons créé un groupe de travail avec les partenaires sociaux. J'attends qu'ils répondent à plusieurs questions: faut-il préciser le montant des sanctions dès cette année ? Faut-il inciter les entreprises à développer le tutorat des seniors en faveur des jeunes ? Par ailleurs, nous avons déjà commencé à pénaliser les préretraites d'entreprises. Faut-il les taxer davantage ? Nous voulons absolument changer les comportements, supprimer les limites d'âge stupides, comme celles qui frappent les hôtesses de l'air et stewards, et libéraliser le cumul emploi-retraite. Pour encourager les salariés, nous allons renforcer la surcote: si vous travaillez un an de plus, votre retraite augmente de 5%. Pour deux années supplémentaires, la hausse est de 10%.
Q - François Chérèque, le leader de la CFDT, dit que votre réforme est "bâclée". Comment réagissez-vous?
R - Je sais bien que nous ne sommes pas d'accord sur tout. Ce n'est pas pour autant qu'il faut nier les points d'accord. Nous maintenons le dispositif de départ à la retraite avant 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler très jeunes. Cela coûte 2 milliards d'euros par an. C'était une demande syndicale forte. On revalorise les retraites dès septembre et on instaure un mécanisme de garantie du pouvoir d'achat. C'était une demande syndicale. Nous faisons de l'emploi des seniors une priorité, c'était aussi une demande syndicale.
Q - La réforme des retraites tiendra-t-elle compte de la pénibilité du travail ?
R - Cela fait trop longtemps que les discussions sur ce sujet durent. Soit elles aboutissent à un accord, soit, je l'annonce clairement, l'Etat interviendra. Mais les entreprises seront mises à contribution. Je sais que ce dossier n'est pas simple à régler, il semble bloqué depuis trois ans. Mais l'espérance de vie d'un ouvrier est de sept ans inférieure à celle d'un cadre supérieur. On ne peut pas détourner le regard de cette réalité.
Q - La grève de jeudi va toucher la SNCF. Avec le service minimum déjà mis en place, les trains circuleront-ils ?
R - Grâce au service minimum, on aura une information précise en début de semaine. Les lignes prioritaires seront celles qui permettent aux salariés d'aller travailler. D'ores et déjà, le service minimum a permis de réduire de 30% le nombre de préavis déposés à la SNCF par rapport au début de l'an dernier, et de les diviser par trois à la RATP.
Q - Nicolas Sarkozy veut imposer aux maires le service minimum à l'école. Il est intervenu le jour même de la grève des fonctionnaires. Est-ce pour ressouder la majorité ?
R - Nous avons un président de terrain, et pas un président déconnecté de l'actualité. C'était normal qu'il s'exprime ce jour-là. N'oublions pas que le Président avait pris cet engagement pendant la campagne: à l'école, le droit d'accueil est indispensable. Plaçons-nous du côté des familles. Comment font celles qui n'ont pas d'aide à domicile, pas de parent ou d'ami disponible pour garder les enfants ?
Q - Mais certains maires, même UMP, ne sont pas d'accord...
R - Dans une république, on ne peut pas avoir des traitements différents des Français selon la volonté de tel maire. Je suis persuadé que les modalités de mise en oeuvre de cette loi satisferont ces élus qui, par ailleurs, n'en contestent pas le principe.
Q - Dans votre ville de Saint-Quentin, où vous êtes adjoint au maire, les écoles n'étaient pas ouvertes jeudi dernier...
R - C'est parce que nous avons eu une grève de la fonction publique territoriale.
Q - Vous êtes secrétaire général adjoint de l'UMP, que pensez-vous du fonctionnement de votre parti ?
R - Les petites phrases contre mon camp, ce n'est pas mon genre. Le rôle de l'UMP est d'être devant le gouvernement, un laboratoire d'idées. Il doit aussi détecter les nouveaux talents et contribuer à expliquer les réformes qui sont menées. Tout comme les parlementaires doivent jouer un rôle-clé dans les réformes, notamment pour le service avant-vote, c'est-à-dire le fait de tester les réformes avant de les voter. Nous devons aujourd'hui être résolument offensifs, nous sommes les seuls à porter le changement que veulent les Français.
Q - Comment vous organisez-vous entre l'UMP et le ministère ?
R - Je ne suis pas aux 35 heures et je n'ai pas l'intention de m'y mettre ! Depuis que j'ai été nommé à l'UMP, j'ai vu plus de 180 parlementaires et je fais de nombreux déplacements. Ce week-end, je suis à Caen et à Evreux où, comme à chaque fois, je rencontre les élus et les cadres du mouvement avant de tenir une réunion publique avec les militants, auxquels je rappelle que la carte de l'UMP a vocation à être un bulletin de vote permanent, par exemple pour élire les têtes de liste régionales.
Q - Mais pas la direction, comme le réclame Christian Estrosi...
R - Si c'est pour ressembler au PS, un parti où la lutte pour le pouvoir prend le pas sur le débat d'idées, non merci ! Le Parti socialiste a plus de candidats à l'élection du premier secrétaire que d'idées nouvelles, la seule depuis un an a été de proposer un changement de nom !
Q - On dit que vous avez de grandes ambitions...
R - Celles de faire mon travail ! Ce que je fais au ministère et au parti me passionne. J'ai des fourmis dans les jambes et j'adore le terrain.
Q - Certains vous annoncent à Matignon en 2009...
R - Un parcours à la Laurent Fabius ne m'a jamais impressionné, ni fait rêver. Mais j'assume l'ambition de conjuguer le libéral et le social. Je veux être porteur de réformes et les réussir.
Source http://www.u-m-p.org, le 19 mai 2008
R - Pour garantir notre système de retraites, on ne sait pas faire autrement que de passer à 41 ans. L'espérance de vie est aujourd'hui de 81 ans en moyenne, alors qu'elle n'était que de 75 ans en 1982 avec une retraite à 65 ans. On vit de plus en plus longtemps, les Français le savent bien. Donc, il faut travailler un peu plus longtemps.
Q - Mais les salariés constatent que très peu d'entreprises conservent leurs seniors...
R - Le coeur de la discussion avec les syndicats et le patronat, c'est l'emploi des seniors. Depuis 2003, aucun rendez-vous n'a permis d'aboutir. Il faut sortir des déclarations d'intention, ce que nous ferons avec Laurent Wauquiez dès l'automne au Parlement. En 2009, cela devra être appliqué dans les branches et les entreprises. Et si, en 2010, l'emploi des seniors n'a pas avancé, il y aura des sanctions sous forme de cotisations retraites additionnelles pour les employeurs qui ne joueront pas le jeu. Nous avons créé un groupe de travail avec les partenaires sociaux. J'attends qu'ils répondent à plusieurs questions: faut-il préciser le montant des sanctions dès cette année ? Faut-il inciter les entreprises à développer le tutorat des seniors en faveur des jeunes ? Par ailleurs, nous avons déjà commencé à pénaliser les préretraites d'entreprises. Faut-il les taxer davantage ? Nous voulons absolument changer les comportements, supprimer les limites d'âge stupides, comme celles qui frappent les hôtesses de l'air et stewards, et libéraliser le cumul emploi-retraite. Pour encourager les salariés, nous allons renforcer la surcote: si vous travaillez un an de plus, votre retraite augmente de 5%. Pour deux années supplémentaires, la hausse est de 10%.
Q - François Chérèque, le leader de la CFDT, dit que votre réforme est "bâclée". Comment réagissez-vous?
R - Je sais bien que nous ne sommes pas d'accord sur tout. Ce n'est pas pour autant qu'il faut nier les points d'accord. Nous maintenons le dispositif de départ à la retraite avant 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler très jeunes. Cela coûte 2 milliards d'euros par an. C'était une demande syndicale forte. On revalorise les retraites dès septembre et on instaure un mécanisme de garantie du pouvoir d'achat. C'était une demande syndicale. Nous faisons de l'emploi des seniors une priorité, c'était aussi une demande syndicale.
Q - La réforme des retraites tiendra-t-elle compte de la pénibilité du travail ?
R - Cela fait trop longtemps que les discussions sur ce sujet durent. Soit elles aboutissent à un accord, soit, je l'annonce clairement, l'Etat interviendra. Mais les entreprises seront mises à contribution. Je sais que ce dossier n'est pas simple à régler, il semble bloqué depuis trois ans. Mais l'espérance de vie d'un ouvrier est de sept ans inférieure à celle d'un cadre supérieur. On ne peut pas détourner le regard de cette réalité.
Q - La grève de jeudi va toucher la SNCF. Avec le service minimum déjà mis en place, les trains circuleront-ils ?
R - Grâce au service minimum, on aura une information précise en début de semaine. Les lignes prioritaires seront celles qui permettent aux salariés d'aller travailler. D'ores et déjà, le service minimum a permis de réduire de 30% le nombre de préavis déposés à la SNCF par rapport au début de l'an dernier, et de les diviser par trois à la RATP.
Q - Nicolas Sarkozy veut imposer aux maires le service minimum à l'école. Il est intervenu le jour même de la grève des fonctionnaires. Est-ce pour ressouder la majorité ?
R - Nous avons un président de terrain, et pas un président déconnecté de l'actualité. C'était normal qu'il s'exprime ce jour-là. N'oublions pas que le Président avait pris cet engagement pendant la campagne: à l'école, le droit d'accueil est indispensable. Plaçons-nous du côté des familles. Comment font celles qui n'ont pas d'aide à domicile, pas de parent ou d'ami disponible pour garder les enfants ?
Q - Mais certains maires, même UMP, ne sont pas d'accord...
R - Dans une république, on ne peut pas avoir des traitements différents des Français selon la volonté de tel maire. Je suis persuadé que les modalités de mise en oeuvre de cette loi satisferont ces élus qui, par ailleurs, n'en contestent pas le principe.
Q - Dans votre ville de Saint-Quentin, où vous êtes adjoint au maire, les écoles n'étaient pas ouvertes jeudi dernier...
R - C'est parce que nous avons eu une grève de la fonction publique territoriale.
Q - Vous êtes secrétaire général adjoint de l'UMP, que pensez-vous du fonctionnement de votre parti ?
R - Les petites phrases contre mon camp, ce n'est pas mon genre. Le rôle de l'UMP est d'être devant le gouvernement, un laboratoire d'idées. Il doit aussi détecter les nouveaux talents et contribuer à expliquer les réformes qui sont menées. Tout comme les parlementaires doivent jouer un rôle-clé dans les réformes, notamment pour le service avant-vote, c'est-à-dire le fait de tester les réformes avant de les voter. Nous devons aujourd'hui être résolument offensifs, nous sommes les seuls à porter le changement que veulent les Français.
Q - Comment vous organisez-vous entre l'UMP et le ministère ?
R - Je ne suis pas aux 35 heures et je n'ai pas l'intention de m'y mettre ! Depuis que j'ai été nommé à l'UMP, j'ai vu plus de 180 parlementaires et je fais de nombreux déplacements. Ce week-end, je suis à Caen et à Evreux où, comme à chaque fois, je rencontre les élus et les cadres du mouvement avant de tenir une réunion publique avec les militants, auxquels je rappelle que la carte de l'UMP a vocation à être un bulletin de vote permanent, par exemple pour élire les têtes de liste régionales.
Q - Mais pas la direction, comme le réclame Christian Estrosi...
R - Si c'est pour ressembler au PS, un parti où la lutte pour le pouvoir prend le pas sur le débat d'idées, non merci ! Le Parti socialiste a plus de candidats à l'élection du premier secrétaire que d'idées nouvelles, la seule depuis un an a été de proposer un changement de nom !
Q - On dit que vous avez de grandes ambitions...
R - Celles de faire mon travail ! Ce que je fais au ministère et au parti me passionne. J'ai des fourmis dans les jambes et j'adore le terrain.
Q - Certains vous annoncent à Matignon en 2009...
R - Un parcours à la Laurent Fabius ne m'a jamais impressionné, ni fait rêver. Mais j'assume l'ambition de conjuguer le libéral et le social. Je veux être porteur de réformes et les réussir.
Source http://www.u-m-p.org, le 19 mai 2008