Texte intégral
Bonjour Messieurs, Mesdames,
Je voudrais dire deux mots sur la réunion que nous venons d'avoir dans le cadre du sommet entre les pays de l'Union européenne, de l'Amérique latine et des Caraïbes. D'abord pour remercier nos hôtes péruviens pour la qualité de leur accueil, vous dire que les relations entre l'Amérique latine et l'Europe sont absolument essentielles pour aborder les questions les plus stratégiques pour l'avenir du monde : la question de la mondialisation ; quelles règles nous voulons en matière d'échanges économiques ; est-ce que nous voulons introduire l'idée d'une mondialisation plus éthique, plus humaine ? Comment lutter contre le réchauffement climatique ? Ce sont des sujets sur lesquels le dialogue qui s'est noué entre l'Union européenne et l'Amérique latine est un dialogue fructueux, un des dialogues les plus intenses qui soit entre deux grandes régions du monde, notamment sur la question du réchauffement climatique.
Pour répondre aux défis qui nous concernent tous, nous avons besoin d'une Europe volontaire et forte et nous essayons de la construire. Mais nous avons aussi besoin que d'autres régions, et notamment l'Amérique latine et les Caraïbes, des régions si dynamiques, si légitimement désireuses de prendre toute leur part dans la gouvernance mondiale, se mobilisent. Et c'est tout l'enjeu du sommet qui s'est tenu aujourd'hui.
Les pays d'Amérique latine et des Caraïbes ont connu des évolutions remarquables. Ils ont massivement fait le choix de la démocratie. Ils ont un poids démographique et économique grandissant : 600 millions d'habitants, des taux de croissance souvent très élevés, les plus grandes réserves de pétrole après le Moyen-Orient, des richesses minières considérables, des capacités agricoles et surtout une très grande richesse en capital humain.
La France qui avec l'Espagne et le Brésil est à l'origine de ce processus, qui a été lancé il y a neuf ans, a vocation à jouer un rôle déterminant dans le renforcement du partenariat entre l'Europe et l'Amérique latine et les Caraïbes. Par son rôle en Europe, bien sûr, à la veille de la présidence française, mais aussi, permettez-moi de le souligner, par sa place privilégiée sur le continent américain, la France est aussi, par ses territoires d'Outre-mer, un pays américain. Elle y entretient des relations d'amitié très anciennes, que renouvelle en permanence le dynamisme de ses entreprises.
Dans la plupart des pays, nous sommes premiers investisseurs étrangers, notre réseau culturel est extrêmement dense. Nous avons 34 lycées, 302 Alliances françaises. Les départements français d'Amérique offrent un relais pour la coopération régionale. Aujourd'hui, à Lima, je suis venu, au nom du président de la République française et du Gouvernement, porter plusieurs messages à nos partenaires latino-américains.
Je leur ai dit que les grands pays du continent avaient vocation à prendre toute leur part dans la gouvernance du monde. Vous savez que c'est une idée que le président de la République défend avec énergie. Nous voulons que le G8 se transforme en G13, parce que nous ne voulons pas que l'on continue à discuter des grandes affaires du monde en ignorant à la fois la Chine, l'Inde et l'Amérique latine, et l'Afrique. Je leur ai dit aussi que nous voulions que dans les grandes institutions financières internationales, les pays d'Amérique latine aient toute leur place.
Je leur ai également indiqué que nous devions nous mobiliser ensemble face aux défis globaux, d'abord celui de la lutte contre le changement climatique, parce que c'est l'urgence absolue. Il faut unir les efforts des Européens et des Latino-américains, avec un objectif stratégique, arriver à un accord pour la Conférence de Copenhague en 2009.
Ensuite, celui de la cohésion sociale, qui est pour nous indissociable du développement. Pour être durable, la prospérité doit être partagée. C'est d'ailleurs dans cet esprit que je suis allé ce matin visiter un centre du Samu social, à Huycan, centre du Samu social qui, comme vous le savez, est inspiré par une idée française.
Nous avons décidé de renforcer notre coopération avec les pays d'Amérique Latine, notamment sur cette question du réchauffement climatique. Et je voudrais insister sur le fait que, l'Amérique latine c'est la seule région du monde avec laquelle l'Europe entretient depuis maintenant longtemps et de façon régulière, un dialogue stratégique sur cette question du réchauffement climatique.
Nous avons évoqué la question de l'intégration régionale, parce que c'est dans la nature même de l'Union européenne que de vouloir continuer à promouvoir cet objectif qu'elle a débord fait sienne, et qui a été pour elle gage de prospérité et de stabilité. Et puis celui enfin que représente la crise alimentaire, en développant deux idées simples.
D'abord, nous devons répondre collectivement à l'urgence de la situation, c'est la raison pour laquelle nous avons nous-mêmes augmenté notre aide d'urgence, l'Union européenne a fait de même, et nous avons invité tous ceux qui peuvent le faire à aller dans le même sens. Mais à moyen terme, et c'est sans doute cela le plus important, nous voulons une action coordonnée des pays et des grandes institutions régionales et internationales pour mettre le développement de l'agriculture vivrière au coeur des politiques d'aide. Et la décision finale qui sera adoptée dans un instant reflète nos engagements communs sur ces sujets.
Enfin, j'ai rencontré plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement du continent, ainsi que le président de la Banque interaméricaine de développement pour parler de la sécurité alimentaire, pour parler du sort d'Ingrid Bétancourt, pour parler des relations entre les pays andins et du rôle que la France peut jouer pour apaiser les tensions qui sont nées notamment entre la Colombie et le Venezuela et l'Equateur. Et enfin, pour assurer la promotion des projets économiques français.
Voilà, Mesdames et Messieurs les raisons de ma présence aujourd'hui à Lima. Je suis prêt maintenant à répondre aux questions que vous voudrez me poser.
Question Elizabeth Pineau, Agence Reuter : Vous avez rencontré, je crois le président vénézuelien, Hugo Chavez, sur qui la France avait beaucoup misé pour oeuvrer dans le dossier des otages en Colombie. Aujourd'hui, monsieur Chavez est soupçonné d'avoir "aidé" les propres ravisseurs d'I. Betancourt. Et dans ce contexte, est-ce que la France peut toujours le considérer comme un interlocuteur privilégié ?
R - D'abord, la France parle avec tout le monde. Et en particulier, la France parle avec tous les chefs d'Etat, légitimes, c'est-à-dire, les chefs d'Etat qui ont été élus, les chefs d'Etat qui sont reconnus par la communauté internationale, et à ma connaissance, si le président Chavez est présent aujourd'hui à Lima, c'est qu'il est reconnu par la communauté internationale. Ensuite, la France, je le dis très directement, ne négligera aucune piste pour essayer de renouer les fils du dialogue avec les FARC sur la question de la libération d'I. Betancourt, aucune piste ! Je l'ai dit au président Chavez comme je l'ai dit au président URIBE comme je l'ai dit au président du Pérou et à tous mes interlocuteurs. Il s'agit là, pour nous d'une question humanitaire qui demande une mobilisation de tous, qui demande à chacun de faire abstraction de ses intérêts, il s'agit de sauver la vie d'une femme qui est sans doute en train de mourir. C'est un sujet qui doit dépasser les querelles régionales, les querelles politiques qui, naturellement, ont leur raison d'être et que par ailleurs, nous comprenons et nous respectons. Nous ne baisserons jamais les bras tant qu'il y aura de l'espoir, nous n'abandonnerons pas I. Betancourt.
Rémi Sulmont, RTL : Est-ce que depuis l'échec de la mission humanitaire envoyée par le président de la République et la France en Colombie il y a eu un changement de méthode sur le dossier
R - Je n'ai pas d'autre chose à vous dire. Toutes les pistes sont explorées. Toutes les propositions qui nous sont faites sont regardées. Tous les interlocuteurs, pour nous, sont des interlocuteurs valables, parce qu'il s'agit d'une petite flamme qui brille dans la nuit et nous ne voulons pas que cette flamme s'éteigne.
Ludovic Fau, France Inter : Monsieur le Premier ministre, l'absence de Nicolas Sarkozy à ce sommet a déçu les dirigeants d'Amérique latine, est-ce qu'à un mois de demi de la présidence française de l'Union européenne, ce n'est pas une erreur diplomatique et est-ce que vous-même vous ne considérez pas que vous avez plutôt pour tâche de mener la politique gouvernementale en France plutôt que de remplacer Nicolas Sarkozy à l'autre bout du monde ?
R - D'abord, ce n'est pas très aimable pour moi de dire que l'absence de Nicolas Sarkozy a déçu, même si je comprends, naturellement, ce que vous voulez dire. Il y a en France un président de la République et un chef de Gouvernement, il y avait d'ailleurs ici des Présidents et des chefs de gouvernement, nous l'avons souvent dit avec le président de la République, nous nous remplaçons. Quand le président de la République ne peut pas être présent, c'est moi qui le remplace et le Gouvernement français qui est présent, c'est l'état français qui est présent. Je crois que le président de la République a montré ces derniers mois qu'il avait une activité internationale très intense. Cette activité internationale va se renforcer avec la Présidence française de l'Union européenne ; nous avons décidé de nous partager les rôles et c'est comme ça que nous fonctionnerons, y compris pendant la Présidence française de l'Union européenne.
Question d'un journaliste de langue espagnole, à propos de la libération d'Ingrid Bétancourt.
R - Non, bien entendu, aucune nouvelle. Si j'en avais une, je serais très heureux de vous l'annoncer. Malheureusement, il n'y a pas aujourd'hui de nouvelles informations en tout cas, qui soient confirmées et qui méritent d'être débattues devant vous.
Question d'une journaliste de langue espagnole, à propos de la présidence du conseil de l'Union européenne : est-ce que dans ce cadre, la France aurait un point particulier de son programme qui concerne l'Amérique latine ?
R - Bien sûr, toute la politique qui est conduite aujourd'hui par l'Union européenne vis-à-vis de l'Amérique latine va se renforcer, va se poursuivre sous la présidence française. Le président de la République lui-même aura l'occasion de venir sur le continent américain lors du sommet entre l'Union européenne et le Brésil en décembre 2009. Le président de la République a indiqué au président Caldéron qu'il viendrait au Mexique au début de l'année 2009 et l'ensemble des sujets que j'ai évoqués tout à l'heure, c'est-à-dire la lutte contre le réchauffement climatique, la question de la sécurité alimentaire, les questions de développement d'une manière générale et ce que j'appelais tout à l'heure "la mondialisation éthique", c'est-à-dire les conditions dans lesquelles la globalisation des marchés doit s'effectuer, seront au coeur des préoccupations de la présidence française de l'Union européenne, dans la continuité de ce qui a été fait depuis plusieurs mois. Et la volonté de la France, c'est de faire de l'Amérique latine un partenaire privilégié de l'Union européenne.
Voilà, merci beaucoup mesdames et messieurs.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 21 mai 2008
Je voudrais dire deux mots sur la réunion que nous venons d'avoir dans le cadre du sommet entre les pays de l'Union européenne, de l'Amérique latine et des Caraïbes. D'abord pour remercier nos hôtes péruviens pour la qualité de leur accueil, vous dire que les relations entre l'Amérique latine et l'Europe sont absolument essentielles pour aborder les questions les plus stratégiques pour l'avenir du monde : la question de la mondialisation ; quelles règles nous voulons en matière d'échanges économiques ; est-ce que nous voulons introduire l'idée d'une mondialisation plus éthique, plus humaine ? Comment lutter contre le réchauffement climatique ? Ce sont des sujets sur lesquels le dialogue qui s'est noué entre l'Union européenne et l'Amérique latine est un dialogue fructueux, un des dialogues les plus intenses qui soit entre deux grandes régions du monde, notamment sur la question du réchauffement climatique.
Pour répondre aux défis qui nous concernent tous, nous avons besoin d'une Europe volontaire et forte et nous essayons de la construire. Mais nous avons aussi besoin que d'autres régions, et notamment l'Amérique latine et les Caraïbes, des régions si dynamiques, si légitimement désireuses de prendre toute leur part dans la gouvernance mondiale, se mobilisent. Et c'est tout l'enjeu du sommet qui s'est tenu aujourd'hui.
Les pays d'Amérique latine et des Caraïbes ont connu des évolutions remarquables. Ils ont massivement fait le choix de la démocratie. Ils ont un poids démographique et économique grandissant : 600 millions d'habitants, des taux de croissance souvent très élevés, les plus grandes réserves de pétrole après le Moyen-Orient, des richesses minières considérables, des capacités agricoles et surtout une très grande richesse en capital humain.
La France qui avec l'Espagne et le Brésil est à l'origine de ce processus, qui a été lancé il y a neuf ans, a vocation à jouer un rôle déterminant dans le renforcement du partenariat entre l'Europe et l'Amérique latine et les Caraïbes. Par son rôle en Europe, bien sûr, à la veille de la présidence française, mais aussi, permettez-moi de le souligner, par sa place privilégiée sur le continent américain, la France est aussi, par ses territoires d'Outre-mer, un pays américain. Elle y entretient des relations d'amitié très anciennes, que renouvelle en permanence le dynamisme de ses entreprises.
Dans la plupart des pays, nous sommes premiers investisseurs étrangers, notre réseau culturel est extrêmement dense. Nous avons 34 lycées, 302 Alliances françaises. Les départements français d'Amérique offrent un relais pour la coopération régionale. Aujourd'hui, à Lima, je suis venu, au nom du président de la République française et du Gouvernement, porter plusieurs messages à nos partenaires latino-américains.
Je leur ai dit que les grands pays du continent avaient vocation à prendre toute leur part dans la gouvernance du monde. Vous savez que c'est une idée que le président de la République défend avec énergie. Nous voulons que le G8 se transforme en G13, parce que nous ne voulons pas que l'on continue à discuter des grandes affaires du monde en ignorant à la fois la Chine, l'Inde et l'Amérique latine, et l'Afrique. Je leur ai dit aussi que nous voulions que dans les grandes institutions financières internationales, les pays d'Amérique latine aient toute leur place.
Je leur ai également indiqué que nous devions nous mobiliser ensemble face aux défis globaux, d'abord celui de la lutte contre le changement climatique, parce que c'est l'urgence absolue. Il faut unir les efforts des Européens et des Latino-américains, avec un objectif stratégique, arriver à un accord pour la Conférence de Copenhague en 2009.
Ensuite, celui de la cohésion sociale, qui est pour nous indissociable du développement. Pour être durable, la prospérité doit être partagée. C'est d'ailleurs dans cet esprit que je suis allé ce matin visiter un centre du Samu social, à Huycan, centre du Samu social qui, comme vous le savez, est inspiré par une idée française.
Nous avons décidé de renforcer notre coopération avec les pays d'Amérique Latine, notamment sur cette question du réchauffement climatique. Et je voudrais insister sur le fait que, l'Amérique latine c'est la seule région du monde avec laquelle l'Europe entretient depuis maintenant longtemps et de façon régulière, un dialogue stratégique sur cette question du réchauffement climatique.
Nous avons évoqué la question de l'intégration régionale, parce que c'est dans la nature même de l'Union européenne que de vouloir continuer à promouvoir cet objectif qu'elle a débord fait sienne, et qui a été pour elle gage de prospérité et de stabilité. Et puis celui enfin que représente la crise alimentaire, en développant deux idées simples.
D'abord, nous devons répondre collectivement à l'urgence de la situation, c'est la raison pour laquelle nous avons nous-mêmes augmenté notre aide d'urgence, l'Union européenne a fait de même, et nous avons invité tous ceux qui peuvent le faire à aller dans le même sens. Mais à moyen terme, et c'est sans doute cela le plus important, nous voulons une action coordonnée des pays et des grandes institutions régionales et internationales pour mettre le développement de l'agriculture vivrière au coeur des politiques d'aide. Et la décision finale qui sera adoptée dans un instant reflète nos engagements communs sur ces sujets.
Enfin, j'ai rencontré plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement du continent, ainsi que le président de la Banque interaméricaine de développement pour parler de la sécurité alimentaire, pour parler du sort d'Ingrid Bétancourt, pour parler des relations entre les pays andins et du rôle que la France peut jouer pour apaiser les tensions qui sont nées notamment entre la Colombie et le Venezuela et l'Equateur. Et enfin, pour assurer la promotion des projets économiques français.
Voilà, Mesdames et Messieurs les raisons de ma présence aujourd'hui à Lima. Je suis prêt maintenant à répondre aux questions que vous voudrez me poser.
Question Elizabeth Pineau, Agence Reuter : Vous avez rencontré, je crois le président vénézuelien, Hugo Chavez, sur qui la France avait beaucoup misé pour oeuvrer dans le dossier des otages en Colombie. Aujourd'hui, monsieur Chavez est soupçonné d'avoir "aidé" les propres ravisseurs d'I. Betancourt. Et dans ce contexte, est-ce que la France peut toujours le considérer comme un interlocuteur privilégié ?
R - D'abord, la France parle avec tout le monde. Et en particulier, la France parle avec tous les chefs d'Etat, légitimes, c'est-à-dire, les chefs d'Etat qui ont été élus, les chefs d'Etat qui sont reconnus par la communauté internationale, et à ma connaissance, si le président Chavez est présent aujourd'hui à Lima, c'est qu'il est reconnu par la communauté internationale. Ensuite, la France, je le dis très directement, ne négligera aucune piste pour essayer de renouer les fils du dialogue avec les FARC sur la question de la libération d'I. Betancourt, aucune piste ! Je l'ai dit au président Chavez comme je l'ai dit au président URIBE comme je l'ai dit au président du Pérou et à tous mes interlocuteurs. Il s'agit là, pour nous d'une question humanitaire qui demande une mobilisation de tous, qui demande à chacun de faire abstraction de ses intérêts, il s'agit de sauver la vie d'une femme qui est sans doute en train de mourir. C'est un sujet qui doit dépasser les querelles régionales, les querelles politiques qui, naturellement, ont leur raison d'être et que par ailleurs, nous comprenons et nous respectons. Nous ne baisserons jamais les bras tant qu'il y aura de l'espoir, nous n'abandonnerons pas I. Betancourt.
Rémi Sulmont, RTL : Est-ce que depuis l'échec de la mission humanitaire envoyée par le président de la République et la France en Colombie il y a eu un changement de méthode sur le dossier
R - Je n'ai pas d'autre chose à vous dire. Toutes les pistes sont explorées. Toutes les propositions qui nous sont faites sont regardées. Tous les interlocuteurs, pour nous, sont des interlocuteurs valables, parce qu'il s'agit d'une petite flamme qui brille dans la nuit et nous ne voulons pas que cette flamme s'éteigne.
Ludovic Fau, France Inter : Monsieur le Premier ministre, l'absence de Nicolas Sarkozy à ce sommet a déçu les dirigeants d'Amérique latine, est-ce qu'à un mois de demi de la présidence française de l'Union européenne, ce n'est pas une erreur diplomatique et est-ce que vous-même vous ne considérez pas que vous avez plutôt pour tâche de mener la politique gouvernementale en France plutôt que de remplacer Nicolas Sarkozy à l'autre bout du monde ?
R - D'abord, ce n'est pas très aimable pour moi de dire que l'absence de Nicolas Sarkozy a déçu, même si je comprends, naturellement, ce que vous voulez dire. Il y a en France un président de la République et un chef de Gouvernement, il y avait d'ailleurs ici des Présidents et des chefs de gouvernement, nous l'avons souvent dit avec le président de la République, nous nous remplaçons. Quand le président de la République ne peut pas être présent, c'est moi qui le remplace et le Gouvernement français qui est présent, c'est l'état français qui est présent. Je crois que le président de la République a montré ces derniers mois qu'il avait une activité internationale très intense. Cette activité internationale va se renforcer avec la Présidence française de l'Union européenne ; nous avons décidé de nous partager les rôles et c'est comme ça que nous fonctionnerons, y compris pendant la Présidence française de l'Union européenne.
Question d'un journaliste de langue espagnole, à propos de la libération d'Ingrid Bétancourt.
R - Non, bien entendu, aucune nouvelle. Si j'en avais une, je serais très heureux de vous l'annoncer. Malheureusement, il n'y a pas aujourd'hui de nouvelles informations en tout cas, qui soient confirmées et qui méritent d'être débattues devant vous.
Question d'une journaliste de langue espagnole, à propos de la présidence du conseil de l'Union européenne : est-ce que dans ce cadre, la France aurait un point particulier de son programme qui concerne l'Amérique latine ?
R - Bien sûr, toute la politique qui est conduite aujourd'hui par l'Union européenne vis-à-vis de l'Amérique latine va se renforcer, va se poursuivre sous la présidence française. Le président de la République lui-même aura l'occasion de venir sur le continent américain lors du sommet entre l'Union européenne et le Brésil en décembre 2009. Le président de la République a indiqué au président Caldéron qu'il viendrait au Mexique au début de l'année 2009 et l'ensemble des sujets que j'ai évoqués tout à l'heure, c'est-à-dire la lutte contre le réchauffement climatique, la question de la sécurité alimentaire, les questions de développement d'une manière générale et ce que j'appelais tout à l'heure "la mondialisation éthique", c'est-à-dire les conditions dans lesquelles la globalisation des marchés doit s'effectuer, seront au coeur des préoccupations de la présidence française de l'Union européenne, dans la continuité de ce qui a été fait depuis plusieurs mois. Et la volonté de la France, c'est de faire de l'Amérique latine un partenaire privilégié de l'Union européenne.
Voilà, merci beaucoup mesdames et messieurs.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 21 mai 2008