Déclaration de M. Hervé Morin, ministre de la défense, en réponse à une question sur le Livre blanc sur la défense, au Sénat le 29 mai 2008.

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Circonstance : Questions d'actualité au Sénat, le 29 mai 2008

Texte intégral

Monsieur le Sénateur,
Compte tenu de l'ensemble des sujets que vous avez abordés, il me sera difficile de répondre en deux minutes et demie !
Je rappellerai néanmoins quelques éléments, qu'au demeurant vous connaissez certainement puisque vous avez été membre de la commission du Livre blanc et que vous avez participé à l'ensemble de ses travaux.
J'évoquerai tout d'abord la nouvelle stratégie de défense du pays en vous rappelant - mais je sais que vous souscrivez à cette analyse - que les vulnérabilités de notre pays, les risques et les menaces qu'il doit affronter ne sont pas ceux qu'ils étaient à l'époque du Pacte de Varsovie.
Je citerai l'exemple de la vulnérabilité des systèmes informatiques, puisque nous savons que les cyberattaques constituent l'une des menaces futures pour nos sociétés extrêmement complexes : il est bien évident que nous ne pouvons répondre à des attaques de ce genre par le déploiement de blindés et des tirs d'artillerie et que notre système doit évoluer de façon que nous soyons en mesure d'assurer la sécurité de notre pays face à ce type de risque !
Nous savons par ailleurs qu'aujourd'hui l'essentiel des risques de déstabilisation du monde se répartissent sur un arc de crise qui va de la Mauritanie au golfe d'Aden.
Pour y faire face, nous avons besoin de moyens de projection, nous avons besoin de moyens d'intervention, nous avons besoin de réactivité.
En revanche, nous courons moins le risque d'une invasion. Il nous faut donc faire évoluer nos moyens de défense, c'est-à-dire mener à leur terme les programmes de l'A400M et du NH 90, et nous doter de capacités de reconnaissance et d'observation, ce qui passe par le développement de moyens satellitaires.
Bref, nous avons besoin de faire évoluer notre outil de défense : s'il n'évolue pas, s'il ne s'adapte pas, il risque de ne pas pouvoir répondre face à une crise future. Nous l'avons vécu, Monsieur le Sénateur, il n'y a pas si longtemps, lors de la guerre du Golfe, en 1991, et nous avons constaté que notre outil de défense n'était pas adapté à une crise de ce type.
Vous me demandez également, Monsieur le Sénateur, si le Livre blanc fera l'objet d'un débat au Parlement : oui, après son adoption en Conseil des ministres.
Je me permets de rappeler que j'ai été entendu la semaine dernière par votre commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées sur les grandes lignes du Livre blanc, document qui est désormais soumis à la concertation et à la réflexion du Parlement.
Quant à la carte militaire et à la réorganisation de l'ensemble de nos implantations, je suis en train de rencontrer tous les élus, département par département, pour examiner avec eux les conséquences des décisions de fermeture et les compensations que nous pourrons trouver.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 juin 2008