Texte intégral
G. Morin - Un mot sur les éleveurs, c'est peut-être de l'argent public qu'il leur faut, ils sont très inquiets. La vache folle d'abord, la fièvre aphteuse, des problèmes d'indemnisation. Il y a certes l'Europe mais il y a aussi la France. Allez-vous pouvoir faire quelque chose pour les soulager ?
- "Vous savez que pour la vache folle on a déjà pris des mesures importantes. Pour la fièvre aphteuse, on a va voir comment l'épidémie se développe ou au contraire est jugulée. Ensuite, on verra au niveau européen."
La France, s'il le faut, fera-t-elle quelque chose seule ?
- "C'est une catastrophe. Quand il y a une catastrophe, il faut bien réagir."
On dit que la taxe sur les produits pétroliers va augmenter la semaine prochaine : hausse du prix de l'essence à la pompe, gasoil et super ?
- "le problème se pose de la façon suivante. Vous vous rappelez qu'il y avait eu fin-août début-septembre des hausses très importantes. Nous avons été amenés à changer le système de taxation pour qu'il y ait un système neutre, c'est-à-dire que quand les prix du pétrole augmentent beaucoup, les taxes baissent ; et quand il y a une baisse de ces prix, la taxe remonte légèrement, afin que ce soit plus léger. La loi a été votée. Il semble, selon les premiers calculs qu'on a faits, que le mécanisme puisse jouer. On est en train d'affiner les choses. De toutes les manières, s'il doit y avoir un réajustement, ce sera faible."
Quelques centimes ?
- "On va voir dans les 15 prochains jours."
Pas la semaine prochaine ?
- "Peut-être la semaine prochaine."
Vous ne donnez pas de chiffres pour l'instant ?
- "Pas encore, non."
La conjoncture : tous les matins on dit que Paris et New-York baissent. Est-ce mondial ?
- "La Bourse est mauvaise. La Bourse américaine est très mauvaise, et cela a un effet sur les Bourses dans tous les pays. En ce qui concerne l'économie française elle-même, elle reste solide, très solide. L'Europe est plus solide que l'Amérique et le Japon en ce moment. Et à l'intérieur de l'Europe, c'est la France qui a la meilleure position. Donc, on a une croissance qui reste solide, une consommation qui reste forte, des investissements qui sont bien orientés, et on va poursuivre la diminution du chômage. Mais c'est vrai qu'on n'est pas à l'abri non plus de ce qui se passe dans le vaste monde."
Ce n'est pas un propos de circonstance, pour rassurer avant une échéance électorale ?
- "Non, pas du tout. Je dis toujours la réalité. J'en discute avec mes homologues allemand, américain etc., c'est vrai que nous sommes solides mais nous ne sommes pas non plus à l'abri de ce qui se passe à l'extérieur."
Néanmoins, le début de l'année 2002 sera compliqué en particulier pour les PME avec l'arrivée de l'euro et des 35 heures. Les 35 heures d'abord : avez-vous le financement du surcoût ?
- "Oui, bien sûr. Le financement doit être opéré. A partir du moment où on a des allégements de charges - ce sont des allégements de charges dont il s'agit -, il faut les compenser."
Vous avez l'argent ?
- "Nous sommes en train de discuter avec le Premier ministre, avec madame Guigou. Les choses seront financées."
Le financement sera-t-il assuré avec l'argent de la Sécurité sociale ou pas ?
- "Non, c'est de l'argent public. Pour ce qui concerne l'euro, nous avons lancé une campagne qui, aujourd'hui, est bien relayée, pour dire aux petites entreprises qu'il faut passer maintenant à l'euro. Pourquoi ? Au 1er janvier, il faut que la comptabilité soit en euros, les chèques devront être libellés en euros, vous ne pourrez plus libeller des chèques en francs. Une entreprise doit donc modifier sa comptabilité, son système informatique, et puis son système de prix. Cela dure en moyenne trois à six mois et il faut tester pour éviter les erreurs. Il faut donc s'y prendre maintenant. Il y a un certain nombre d'entreprises, des toutes petites notamment, qui ont pris un certain retard. Il faut d'urgence qu'elles prennent contact avec leur comptable, leur banquier. Ce n'est pas compliqué à faire mais il faut le faire, sinon elles vont être très handicapées."
Vous les exhortez à aller vite ?
- "Dès maintenant."
Municipales, deuxième tour dimanche. On vous a vu assez serein dimanche dernier avec les résultats du premier tour.
- "On prend les résultats comme ils sont. J'ai eu la chance dans ma commune de passer avec un score de maréchal . Mais je me préoccupe de l'ensemble de la gauche, donc je suis avec les amis."
Est-il vrai que certains vous ont trouvé trop souriant, même trop optimiste avant le premier tour ?
- "Le juge de paix, ce sont les électeurs. Deux ou trois remarques là-dessus. Je vois une certaine évolution du vote. Avant, le vote était un devoir et il y avait une espèce de vote qu'on appelle identitaire, c'est-à-dire que les ouvriers votaient à gauche, les bourgeois votaient à droite. Maintenant, le vote n'est plus tellement considéré comme un devoir mais comme un droit, ce que je crois être une erreur car le vote est à la fois un droit et un devoir. Deuxièmement, il y a une espèce de vote consumériste, c'est-à-dire qu'on change. Il existe aussi un problème de fond : l'abstention. Sur les résultats, je dirai maintenant qu'il faut se battre pour rassembler pour le deuxième tour. Je pense que c'est vers cela qu'il faut consacrer son énergie, après on fera les commentaires. Vous savez que je suis un homme toujours nuancé mais ce qui est quand même très frappant, c'est que la droite ne se préoccupe absolument pas du projet. On n'entend pas un mot sur les projets, mais uniquement sur le fait de savoir comment garder ses places !."
Après ce deuxième tour, les rapports au sein de la gauche plurielle vont-ils changer ? On a vu les Verts pousser, le PC perdre ... Cela va-t-il changer quelque chose ?
- "Au plan national non puisque le Parlement est fait comme il est. Il y aura plus de conseillers Verts dans les villes, mais tout dépend encore une fois des résultats du deuxième tour. Ce n'est pas mécanique. Ce n'est pas parce qu'on a eu tel résultat au premier tour, qu'il va se reporter automatiquement au deuxième tour. Il faut donc maintenant rassembler autour d'un projet pour tous ceux qui sont progressistes. Je pense que si on fait notre travail comme il faut, les résultats seront là."
La préparation de 2002 sera peut-être différente de ce qu'elle aurait pu être avant les municipales ?
"C'est un autre exercice. Il ne faut pas mélanger les échéances. Là, on vote pour les départements et pour les villes. L'année prochaine, ce sera pour les présidentielles et les législatives. Ce sera un autre exercice qui me donnera l'occasion de revenir."
(http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 15 mars 2001)
- "Vous savez que pour la vache folle on a déjà pris des mesures importantes. Pour la fièvre aphteuse, on a va voir comment l'épidémie se développe ou au contraire est jugulée. Ensuite, on verra au niveau européen."
La France, s'il le faut, fera-t-elle quelque chose seule ?
- "C'est une catastrophe. Quand il y a une catastrophe, il faut bien réagir."
On dit que la taxe sur les produits pétroliers va augmenter la semaine prochaine : hausse du prix de l'essence à la pompe, gasoil et super ?
- "le problème se pose de la façon suivante. Vous vous rappelez qu'il y avait eu fin-août début-septembre des hausses très importantes. Nous avons été amenés à changer le système de taxation pour qu'il y ait un système neutre, c'est-à-dire que quand les prix du pétrole augmentent beaucoup, les taxes baissent ; et quand il y a une baisse de ces prix, la taxe remonte légèrement, afin que ce soit plus léger. La loi a été votée. Il semble, selon les premiers calculs qu'on a faits, que le mécanisme puisse jouer. On est en train d'affiner les choses. De toutes les manières, s'il doit y avoir un réajustement, ce sera faible."
Quelques centimes ?
- "On va voir dans les 15 prochains jours."
Pas la semaine prochaine ?
- "Peut-être la semaine prochaine."
Vous ne donnez pas de chiffres pour l'instant ?
- "Pas encore, non."
La conjoncture : tous les matins on dit que Paris et New-York baissent. Est-ce mondial ?
- "La Bourse est mauvaise. La Bourse américaine est très mauvaise, et cela a un effet sur les Bourses dans tous les pays. En ce qui concerne l'économie française elle-même, elle reste solide, très solide. L'Europe est plus solide que l'Amérique et le Japon en ce moment. Et à l'intérieur de l'Europe, c'est la France qui a la meilleure position. Donc, on a une croissance qui reste solide, une consommation qui reste forte, des investissements qui sont bien orientés, et on va poursuivre la diminution du chômage. Mais c'est vrai qu'on n'est pas à l'abri non plus de ce qui se passe dans le vaste monde."
Ce n'est pas un propos de circonstance, pour rassurer avant une échéance électorale ?
- "Non, pas du tout. Je dis toujours la réalité. J'en discute avec mes homologues allemand, américain etc., c'est vrai que nous sommes solides mais nous ne sommes pas non plus à l'abri de ce qui se passe à l'extérieur."
Néanmoins, le début de l'année 2002 sera compliqué en particulier pour les PME avec l'arrivée de l'euro et des 35 heures. Les 35 heures d'abord : avez-vous le financement du surcoût ?
- "Oui, bien sûr. Le financement doit être opéré. A partir du moment où on a des allégements de charges - ce sont des allégements de charges dont il s'agit -, il faut les compenser."
Vous avez l'argent ?
- "Nous sommes en train de discuter avec le Premier ministre, avec madame Guigou. Les choses seront financées."
Le financement sera-t-il assuré avec l'argent de la Sécurité sociale ou pas ?
- "Non, c'est de l'argent public. Pour ce qui concerne l'euro, nous avons lancé une campagne qui, aujourd'hui, est bien relayée, pour dire aux petites entreprises qu'il faut passer maintenant à l'euro. Pourquoi ? Au 1er janvier, il faut que la comptabilité soit en euros, les chèques devront être libellés en euros, vous ne pourrez plus libeller des chèques en francs. Une entreprise doit donc modifier sa comptabilité, son système informatique, et puis son système de prix. Cela dure en moyenne trois à six mois et il faut tester pour éviter les erreurs. Il faut donc s'y prendre maintenant. Il y a un certain nombre d'entreprises, des toutes petites notamment, qui ont pris un certain retard. Il faut d'urgence qu'elles prennent contact avec leur comptable, leur banquier. Ce n'est pas compliqué à faire mais il faut le faire, sinon elles vont être très handicapées."
Vous les exhortez à aller vite ?
- "Dès maintenant."
Municipales, deuxième tour dimanche. On vous a vu assez serein dimanche dernier avec les résultats du premier tour.
- "On prend les résultats comme ils sont. J'ai eu la chance dans ma commune de passer avec un score de maréchal . Mais je me préoccupe de l'ensemble de la gauche, donc je suis avec les amis."
Est-il vrai que certains vous ont trouvé trop souriant, même trop optimiste avant le premier tour ?
- "Le juge de paix, ce sont les électeurs. Deux ou trois remarques là-dessus. Je vois une certaine évolution du vote. Avant, le vote était un devoir et il y avait une espèce de vote qu'on appelle identitaire, c'est-à-dire que les ouvriers votaient à gauche, les bourgeois votaient à droite. Maintenant, le vote n'est plus tellement considéré comme un devoir mais comme un droit, ce que je crois être une erreur car le vote est à la fois un droit et un devoir. Deuxièmement, il y a une espèce de vote consumériste, c'est-à-dire qu'on change. Il existe aussi un problème de fond : l'abstention. Sur les résultats, je dirai maintenant qu'il faut se battre pour rassembler pour le deuxième tour. Je pense que c'est vers cela qu'il faut consacrer son énergie, après on fera les commentaires. Vous savez que je suis un homme toujours nuancé mais ce qui est quand même très frappant, c'est que la droite ne se préoccupe absolument pas du projet. On n'entend pas un mot sur les projets, mais uniquement sur le fait de savoir comment garder ses places !."
Après ce deuxième tour, les rapports au sein de la gauche plurielle vont-ils changer ? On a vu les Verts pousser, le PC perdre ... Cela va-t-il changer quelque chose ?
- "Au plan national non puisque le Parlement est fait comme il est. Il y aura plus de conseillers Verts dans les villes, mais tout dépend encore une fois des résultats du deuxième tour. Ce n'est pas mécanique. Ce n'est pas parce qu'on a eu tel résultat au premier tour, qu'il va se reporter automatiquement au deuxième tour. Il faut donc maintenant rassembler autour d'un projet pour tous ceux qui sont progressistes. Je pense que si on fait notre travail comme il faut, les résultats seront là."
La préparation de 2002 sera peut-être différente de ce qu'elle aurait pu être avant les municipales ?
"C'est un autre exercice. Il ne faut pas mélanger les échéances. Là, on vote pour les départements et pour les villes. L'année prochaine, ce sera pour les présidentielles et les législatives. Ce sera un autre exercice qui me donnera l'occasion de revenir."
(http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 15 mars 2001)