Déclaration de M. Alain Joyandet, secrétaire d'Etat à la coopération et à la francophonie, sur le rôle de la société financière Proparco dans l'aide au développement et sur le rôle futur de l'Agence française de développement, à Paris le 19 juin 2008.

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Circonstance : 30eme anniversaire de la société financière Proparco, le 19 juin 2008

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
C'est une grande joie pour moi d'être parmi vous pour fêter les 30 ans de PROPARCO (Promotion et participation pour la Coopération économique) et le succès de son augmentation de capital.
Cette augmentation fait suite au développement réussi de l'activité de PROPARCO, en Afrique essentiellement : ainsi, en Afrique subsaharienne elle a été multipliée par trois en trois ans pour atteindre 330 millions en 2007, tout en présentant, sur dix ans la même profitabilité que le CAC 40.
Ceci démontre que la croissance retrouvée offre de belles opportunités d'affaires en Afrique.
Mais les projets financés par PROPARCO ne sont pas seulement rentables. Ils ont de surcroît un impact majeur en terme économique, social, et environnemental. En 2005 et 2007 les projets que vous avez financés ont permis :
- la création ou le développement de 675 entreprises qui ont généré 107.000 emplois ;
- la fourniture de service de micro-finance à 160.000 personnes ;
- l'accès à la téléphonie pour 29 millions de nouveaux abonnés ;
- l'économie de plus cinq millions de tonnes de CO2 et l'accès à l'énergie moderne à 750.000 ménages.
L'augmentation de capital a permis l'entrée d'institutions financières africaines telle la BMCE (Banque marocaine du Commerce extérieur), la DBSA (Development Bank of Southern Africa) et la BOAD (Banque Ouest africaine de Développement). Ceci est parfaitement en ligne avec la modernisation de la relation franco-africaine que j'appelle de mes voeux. L'Afrique était bénéficiaire de vos interventions, elle est désormais aussi votre partenaire.
Je me félicite également de l'engagement durable d'entreprises et de banques françaises dans PROPARCO à côté de l'Agence française de Développement (AFD). Ceux qui ont cru en l'Afrique des temps difficiles, et ont bâti un partenariat public privé exemplaire avec le gouvernement français, sont aujourd'hui récompensés.
A cet égard, je souhaite voir les entreprises françaises mieux associées au développement de l'Afrique. Face à l'entrée de nouveaux intervenants comme la Chine et l'Inde nos entreprises gardent une vraie compétitivité dans leur secteur d'excellence. Le choix des pays et des secteurs d'intervention de la coopération française devra mieux tenir compte de ce souhait.
Vous me permettrez enfin de saisir l'opportunité de ma première présence dans vos locaux pour vous faire part de ma vision du rôle futur du groupe AFD dans la coopération française. J'ai pu ce matin dire à la presse l'importance que j'accorde à la mise en oeuvre réussie de l'initiative pour la croissance en Afrique annoncée au Cap par le président Sarkozy.
Cette initiative dont l'AFD est le fer de lance reflète la priorité africaine de la coopération française, et l'accent renforcé mis sur l'appui à la croissance économique, qui doit permettre au continent d'atteindre de façon plus autonome les OMD (Objectifs du Millénaire pour le développement).
Au-delà, la capacité financière de l'AFD, et la qualité de ses agents dirigés par Jean-Michel Sévérino, dont l'audience internationale est notre fierté à tous, doit nous permettre de tirer un plus grand parti en terme d'APD de "l'effet de levier" des prêts sur les ressources budgétaires disponibles. Un accroissement d'activité d'un milliard d'euros par an tous instruments confondus, paraît à notre portée. Cet accroissement requérra d'utiliser les instruments non souverains en Afrique notamment, mais aussi de développer l'activité dans les pays émergents. Je me ferai l'avocat de cette option, auprès de Christine Lagarde notamment. Ceci supposera que l'AFD soit autorisée à mobiliser les moyens humains nécessaires.
Pour conclure, je tiens à souligner que le rôle majeur de l'AFD dans la coopération française ne peut se concevoir sans une tutelle toujours amicale, mais plus attentive et exigeante.
Le renforcement de la tutelle se fera grâce à une réforme de la gouvernance l'AFD, jointe à la réorganisation de la DGCID dans le cadre de la RGPP. Toute réforme repose in fine sur les hommes, nous le savons bien. Des échanges accrus de personnels entre l'AFD et ses tutelles faciliteront nos succès, qui demandent l'approfondissement de notre culture commune.
Je vous souhaite une pleine réussite dans votre action pour moins de pauvreté et plus d'influence française dans le monde.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 juin 2008