Déclaration de M. Alain Richard, ministre de la défense, en réponse à une question sur la délégation à la France et à la Grande-Bretagne, par le Groupe de contact, la responsabilité de la négociation sur le Kosovo, au Sénat, le 4 mars 1999.

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Madame le sénateur, votre question comportant de nombreux points, je suis obligé de ne retenir que quelques aspects du débat que vous avez ouvert.
Je veux dabord souligner lindispensable complémentarité entre une démarche politique, avec un cadre clair de règlement du conflit, qui est lautonomie substantielle donc le développement dune démocratie respectueuse de lidentité kossovar, et la menace de lemploi de la force puisque nous sommes dans un secteur de lEurope où chacun agit les armes à la main.
En effet, il existe une représentativité de lIdentité européenne de sécurité et de défense en devenir dans ce que nous faisons et dans ce qui a été fait puisque les pays du Groupe de contact ont délégué au Royaume-Uni et à la France la responsabilité de cette négociation. Cest également en partenariat étroit entre notre pays et nos amis doutre-Manche que nous préparons la constitution dune force de garantie du cessez-le-feu, si celui-ci est confirmé.
Le Groupe de contact, dans sa géométrie totale, a un sens. Nous avons besoin du partenariat américain car nombre de pays européens - il faut prendre en compte cette réalité -, ne souhaitent prendre de responsabilité, les armes à la main, pour traiter un conflit, que si les Américains sengagent également. Nous devrons faire évoluer cette réalité. Mais, aujourdhui, elle motive une grande partie de nos amis européens.
La Russie a un rôle déquilibrage important. Je voudrais attirer lattention du Sénat sur le rôle discret mais efficace et positif que jouent les Russes depuis quatre ans dans la solution de la question bosniaque. En effet, les Russes, au côté de la SFOR, jouent un rôle positif en ce qui concerne la pacification de la Bosnie.
Nous avons encore de sérieux problèmes à résoudre pour la deuxième phase de la négociation, car il y a une très forte réticence chez les représentants de lUCK à accepter leur désarmement ; naturellement, le déploiement de la force terrestre, signifiant le retrait des unités militaires serbes, est également fortement contesté du côté de la Yougoslavie.
Je crois que la menace de lemploi de la force fait partie des moyens de traitement dune telle crise. Bien sûr, tout ce qui pourra être fait pour éviter quelle ne soit vraiment employée devra avoir notre priorité. Cependant, il faut en être conscient, devant une crise de ce genre, il faut disposer de lensemble de la gamme des moyens, et ne pas simplement en rester à la diplomatie de la parole.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 10 mars 1999)