Texte intégral
J.-J. Bourdin.- On va regarder très vite l'actualité avec vous. A. Ducasse qui part pour Monaco : faut-il supprimer l'ISF ?
Non, on a besoin d'avoir un impôt, qui est un impôt de solidarité sur la fortune.
J'entends cela parmi certains députés UMP...
Oui, mais moi je donne ma position, et elle est claire. On a fait un bouclier fiscal qui a pour but d'inciter les patrimoines qui sont partis pour l'étranger à revenir en France, investir leur argent dans les PME. Cela, ça me semble bien. Supprimer l'ISF, je pense que c'est une mauvaise idée.
Deuxième chose, "les mères porteuses", le Sénat pourrait... pas légaliser "la mère porteuse", mais entrer dans le processus de légalisation des "mères porteuses" en France. Vous y êtes favorable ou pas ?
Je vais vraiment allumer un joker et je vais expliquer pourquoi. C'est parce que sur toutes ces questions de génétique, de la conception, de ce qu'est la famille, etc., je me méfie quand on le fait par petit bloc séparé. Parce que je crois que c'est vraiment une vision d'ensemble sur ce qu'on considère être bon pour des familles, une vision moderne de la famille, et en même temps, faire attention à ne pas faire n'importe quoi avec la nature. Donc je préfère être prudent sur ce genre de sujet et ne pas réagir à chaud.
Les affections longue durée, faut-il moins rembourser les médicaments dits de "confort", qui accompagnent ces affections longue durée ?
C'est une proposition qui a été faite par le directeur de la Caisse nationale d'assurance maladie, non par R. Bachelot ni par le Gouvernement. L'idée est importante à bien comprendre, c'est de ne pas toucher au remboursement sur les soins de longue durée eux-mêmes mais uniquement sur un certain nombre de médicaments qui sont plus de "confort". Sur une maladie de longue durée, qui représente 9.000 euros de soins par an, cela représenterait 30 euros. Cela fait partie des propositions, il y a 5 milliards d'euros de déficit sur la branche santé, on ne peut pas tout à fait rayer ça d'un trait de plume et dire "on laisse ça à la génération d'après". Il faut faire attention à ne pas faire n'importe quoi. J'ai vécu dans mon entourage proche quelqu'un qui a été soigné sur des soins longue durée, c'est quand même des situations de détresse personnelle qui sont difficiles.
Médicaments dits de "confort", je déteste l'expression, je ne sais pas si vous êtes comme moi...
Oui, moi aussi, je n'aime pas ça parce que je ne sais pas ce qui est de confort quand vous avez le cancer.
Exactement. Faut-il taxer d'autres revenus que ceux du travail pour la Sécurité sociale ?
Bien sûr qu'il faut essayer de diversifier les sources de financement, mais en même temps, il ne faut pas se raconter n'importe quoi. C'est trop facile de faire, un peu à la Besancenot, "il n'y qu'à taxer les revenus des grands patrons ou les revenus des actions". Parce que la réalité, aujourd'hui, elle est comme ça, c'est que si on fait cela, cet argent-là part totalement pour l'extérieur. Donc on est dans une situation de concurrence forte, avec des pays autour, et on est obligés de rester dans une fourchette qui est raisonnable. Je crois surtout que ce qu'il faut que l'on fasse, c'est en matière de santé, et les longues durées en sont le bon exemple, c'est faire attention à ne pas dépenser bêtement l'argent sur un certain nombre de sujets, par exemple sur des points où l'on peut faire des économies, pour pouvoir le réserver sur là où il faut mettre le paquet : Alzheimer, les traitements du cancer, les nouveaux traitements. Et cet équilibre qu'on n'a pas encore trouvé, mais c'est tout le travail en ce moment de R. Bachelot.
Avant de parler emploi, j'ai encore deux ou trois questions. D'abord, parlons emploi, puisque c'est lui-même qui en a parlé. Avez-vous téléphoné à S. Dassault après ses déclarations ?
Non, pourquoi ?
Vous n'avez pas lu ses déclarations, entendu ses déclarations concernant les chômeurs ?
Non, dites-moi...
Eh bien, c'était la semaine dernière...
Ah si, si, si !
Vous avez vu ça...
C'était le cadre des auditions au Sénat.
Oui, "la plupart des chômeurs ne cherche pas d'emploi" ; "Il faut supprimer les allocations chômage à beaucoup"...
Là encore, je vais être très clair : ce n'est pas un discours que je suis. Il y a 500.000 offres d'emplois en France, et ça c'est vrai, qui sont non pourvues, dans des secteurs comme l'informatique, comme le bâtiment, comme le service à la personne. Ce qui est vraiment un gâchis. C'est-à-dire qu'il y a d'un côté, 1,9 million de personnes qui cherchent un job et 500.000 offres qui ne trouvent personne. Mais le problème n'est pas que les 1,9 million soient des fainéants, le problème c'est que parfois ils sont dans des branches où ils ne trouvent pas de job. Et donc, un de mes buts, va être de réformer la formation professionnelle, pour mettre en place des formations commandos, cinq mois, six mois, pour permettre à des gens qui sont dans une impasse de les réorienter en direction de secteurs où ils pourront plus facilement trouver un emploi. Je n'aime pas l'idée "les chômeurs sont des fainéants", par contre je pense qu'on a un travail à faire, pour aider des gens qui sont dans des impasses, à se réorienter pour aller dans des secteurs où ils vont trouver.
Vous êtes impatient ? Moi ? Je vous pose la question, comme ça, au hasard : êtes-vous impatient ?
Non, vous savez, je viens de Haute-Loire, c'est un territoire d'Auvergne. On essaye surtout de pousser le sillon avec opiniâtreté, c'est peut-être plus mon trait de caractère.
Oui, parce que j'ai lu, là, et vous avez entendu la campagne de pub, "Vous êtes "impatients ? Nous aussi". C'est pour cela que je vous pose la question.
J'avais bien compris, je vous avais vu venir...
Alors, "Vous êtes impatients, nous aussi", ça veut dire : on est impatient que les mesures prises, les réformes engagées donnent des résultats. Ce qui veut dire que ces mesures ne rendent pas de résultats pour l'instant ? Pourtant, j'entends dire depuis des mois et des mois que les heures supplémentaires, par exemple, c'est efficace", etc., etc. Je ne comprends plus rien à la communication, je vous le dis sincèrement, de ce Gouvernement.
Je vais essayer d'y mettre un peu de clarté...
Oui, c'est-à-dire que vous expliquez mal les choses, vous, les ministres, parce que...
Peut-être, oui, mais il y a des moments où il faut qu'on fasse nos mea culpa.
Ça sert à quelque chose de dépenser 4 millions d'euros ?
Alors, ça c'est la vraie question que se posent tous les Français quand ils voient cette campagne...
Ben oui !
Ils disent : OK, vous mettez 4 millions d'euros sur la table pour ça, à quoi ça sert ? Le problème, quand on fait un dispositif, pour que ça marche, il faut que tout le monde soit au courant et se l'approprie. Il faut que dans les PME, les chefs d'entreprise sachent qu'ils peuvent faire des heures supplémentaires défiscalisées, que les salariés comprennent que quand ils font cela, il n'y a pas d'impôt dessus, et donc que ça vaut la peine. Sinon, votre dispositif ne servira à rien. Or a une montée en puissance des heures sup', mais on s'aperçoit - je m'en suis encore aperçu la semaine dernière en allant dans une PME du secteur plastique - que tout le monde ne sait pas que les heures sup' existent. Donc c'est pour cela qu'on a besoin de temps en temps de campagnes pour expliquer ce qu'on fait. Et j'ai envie de dire, il ne faut pas avoir d'hypocrisie là-dessus, quand M. Aubry avait fait les 35 heures, elle avait fait une campagne de communication...
Oui, mais ce n'est pas une raison ça...
Non, mais ça veut dire que quand on est vraiment sur des gros projets, où il faut que tout le monde puisse se l'approprier, ce n'est pas illégitime d'essayer de l'expliquer.
Vous faites comme M. Aubry ?
Ça ne me dérange pas.
Ce sont les mêmes méthodes ?
Non, ce ne sont pas les mêmes méthodes, mais sur certains points, elle a pu faire des choses bien.
Bon, d'accord. Donc vous pensez qu'elle est nécessaire cette campagne ?
Oui, je pense qu'elle est nécessaire parce que c'est typique d'une mesure qui ne peut marcher que si les entreprises sont au courant et que les salariés ont compris que c'était utile pour eux et pour le pouvoir d'achat. Je le rappelle parce que, du coup, j'essaye de faire une bonne communication : un salarié au Smic qui fait quatre heures supplémentaires par semaine, gagne l'équivalent d'un 13ème mois sur l'année, maintenant. Parce qu'elles sont totalement défiscalisées, on ne viendra pas vous prendre vos allocations logement, on ne viendra pas vous prendre vos avantages familiaux là-dessus, c'est de l'argent qui reste entièrement dans votre portefeuille, ça vaut la peine.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 25 juin 2008
Non, on a besoin d'avoir un impôt, qui est un impôt de solidarité sur la fortune.
J'entends cela parmi certains députés UMP...
Oui, mais moi je donne ma position, et elle est claire. On a fait un bouclier fiscal qui a pour but d'inciter les patrimoines qui sont partis pour l'étranger à revenir en France, investir leur argent dans les PME. Cela, ça me semble bien. Supprimer l'ISF, je pense que c'est une mauvaise idée.
Deuxième chose, "les mères porteuses", le Sénat pourrait... pas légaliser "la mère porteuse", mais entrer dans le processus de légalisation des "mères porteuses" en France. Vous y êtes favorable ou pas ?
Je vais vraiment allumer un joker et je vais expliquer pourquoi. C'est parce que sur toutes ces questions de génétique, de la conception, de ce qu'est la famille, etc., je me méfie quand on le fait par petit bloc séparé. Parce que je crois que c'est vraiment une vision d'ensemble sur ce qu'on considère être bon pour des familles, une vision moderne de la famille, et en même temps, faire attention à ne pas faire n'importe quoi avec la nature. Donc je préfère être prudent sur ce genre de sujet et ne pas réagir à chaud.
Les affections longue durée, faut-il moins rembourser les médicaments dits de "confort", qui accompagnent ces affections longue durée ?
C'est une proposition qui a été faite par le directeur de la Caisse nationale d'assurance maladie, non par R. Bachelot ni par le Gouvernement. L'idée est importante à bien comprendre, c'est de ne pas toucher au remboursement sur les soins de longue durée eux-mêmes mais uniquement sur un certain nombre de médicaments qui sont plus de "confort". Sur une maladie de longue durée, qui représente 9.000 euros de soins par an, cela représenterait 30 euros. Cela fait partie des propositions, il y a 5 milliards d'euros de déficit sur la branche santé, on ne peut pas tout à fait rayer ça d'un trait de plume et dire "on laisse ça à la génération d'après". Il faut faire attention à ne pas faire n'importe quoi. J'ai vécu dans mon entourage proche quelqu'un qui a été soigné sur des soins longue durée, c'est quand même des situations de détresse personnelle qui sont difficiles.
Médicaments dits de "confort", je déteste l'expression, je ne sais pas si vous êtes comme moi...
Oui, moi aussi, je n'aime pas ça parce que je ne sais pas ce qui est de confort quand vous avez le cancer.
Exactement. Faut-il taxer d'autres revenus que ceux du travail pour la Sécurité sociale ?
Bien sûr qu'il faut essayer de diversifier les sources de financement, mais en même temps, il ne faut pas se raconter n'importe quoi. C'est trop facile de faire, un peu à la Besancenot, "il n'y qu'à taxer les revenus des grands patrons ou les revenus des actions". Parce que la réalité, aujourd'hui, elle est comme ça, c'est que si on fait cela, cet argent-là part totalement pour l'extérieur. Donc on est dans une situation de concurrence forte, avec des pays autour, et on est obligés de rester dans une fourchette qui est raisonnable. Je crois surtout que ce qu'il faut que l'on fasse, c'est en matière de santé, et les longues durées en sont le bon exemple, c'est faire attention à ne pas dépenser bêtement l'argent sur un certain nombre de sujets, par exemple sur des points où l'on peut faire des économies, pour pouvoir le réserver sur là où il faut mettre le paquet : Alzheimer, les traitements du cancer, les nouveaux traitements. Et cet équilibre qu'on n'a pas encore trouvé, mais c'est tout le travail en ce moment de R. Bachelot.
Avant de parler emploi, j'ai encore deux ou trois questions. D'abord, parlons emploi, puisque c'est lui-même qui en a parlé. Avez-vous téléphoné à S. Dassault après ses déclarations ?
Non, pourquoi ?
Vous n'avez pas lu ses déclarations, entendu ses déclarations concernant les chômeurs ?
Non, dites-moi...
Eh bien, c'était la semaine dernière...
Ah si, si, si !
Vous avez vu ça...
C'était le cadre des auditions au Sénat.
Oui, "la plupart des chômeurs ne cherche pas d'emploi" ; "Il faut supprimer les allocations chômage à beaucoup"...
Là encore, je vais être très clair : ce n'est pas un discours que je suis. Il y a 500.000 offres d'emplois en France, et ça c'est vrai, qui sont non pourvues, dans des secteurs comme l'informatique, comme le bâtiment, comme le service à la personne. Ce qui est vraiment un gâchis. C'est-à-dire qu'il y a d'un côté, 1,9 million de personnes qui cherchent un job et 500.000 offres qui ne trouvent personne. Mais le problème n'est pas que les 1,9 million soient des fainéants, le problème c'est que parfois ils sont dans des branches où ils ne trouvent pas de job. Et donc, un de mes buts, va être de réformer la formation professionnelle, pour mettre en place des formations commandos, cinq mois, six mois, pour permettre à des gens qui sont dans une impasse de les réorienter en direction de secteurs où ils pourront plus facilement trouver un emploi. Je n'aime pas l'idée "les chômeurs sont des fainéants", par contre je pense qu'on a un travail à faire, pour aider des gens qui sont dans des impasses, à se réorienter pour aller dans des secteurs où ils vont trouver.
Vous êtes impatient ? Moi ? Je vous pose la question, comme ça, au hasard : êtes-vous impatient ?
Non, vous savez, je viens de Haute-Loire, c'est un territoire d'Auvergne. On essaye surtout de pousser le sillon avec opiniâtreté, c'est peut-être plus mon trait de caractère.
Oui, parce que j'ai lu, là, et vous avez entendu la campagne de pub, "Vous êtes "impatients ? Nous aussi". C'est pour cela que je vous pose la question.
J'avais bien compris, je vous avais vu venir...
Alors, "Vous êtes impatients, nous aussi", ça veut dire : on est impatient que les mesures prises, les réformes engagées donnent des résultats. Ce qui veut dire que ces mesures ne rendent pas de résultats pour l'instant ? Pourtant, j'entends dire depuis des mois et des mois que les heures supplémentaires, par exemple, c'est efficace", etc., etc. Je ne comprends plus rien à la communication, je vous le dis sincèrement, de ce Gouvernement.
Je vais essayer d'y mettre un peu de clarté...
Oui, c'est-à-dire que vous expliquez mal les choses, vous, les ministres, parce que...
Peut-être, oui, mais il y a des moments où il faut qu'on fasse nos mea culpa.
Ça sert à quelque chose de dépenser 4 millions d'euros ?
Alors, ça c'est la vraie question que se posent tous les Français quand ils voient cette campagne...
Ben oui !
Ils disent : OK, vous mettez 4 millions d'euros sur la table pour ça, à quoi ça sert ? Le problème, quand on fait un dispositif, pour que ça marche, il faut que tout le monde soit au courant et se l'approprie. Il faut que dans les PME, les chefs d'entreprise sachent qu'ils peuvent faire des heures supplémentaires défiscalisées, que les salariés comprennent que quand ils font cela, il n'y a pas d'impôt dessus, et donc que ça vaut la peine. Sinon, votre dispositif ne servira à rien. Or a une montée en puissance des heures sup', mais on s'aperçoit - je m'en suis encore aperçu la semaine dernière en allant dans une PME du secteur plastique - que tout le monde ne sait pas que les heures sup' existent. Donc c'est pour cela qu'on a besoin de temps en temps de campagnes pour expliquer ce qu'on fait. Et j'ai envie de dire, il ne faut pas avoir d'hypocrisie là-dessus, quand M. Aubry avait fait les 35 heures, elle avait fait une campagne de communication...
Oui, mais ce n'est pas une raison ça...
Non, mais ça veut dire que quand on est vraiment sur des gros projets, où il faut que tout le monde puisse se l'approprier, ce n'est pas illégitime d'essayer de l'expliquer.
Vous faites comme M. Aubry ?
Ça ne me dérange pas.
Ce sont les mêmes méthodes ?
Non, ce ne sont pas les mêmes méthodes, mais sur certains points, elle a pu faire des choses bien.
Bon, d'accord. Donc vous pensez qu'elle est nécessaire cette campagne ?
Oui, je pense qu'elle est nécessaire parce que c'est typique d'une mesure qui ne peut marcher que si les entreprises sont au courant et que les salariés ont compris que c'était utile pour eux et pour le pouvoir d'achat. Je le rappelle parce que, du coup, j'essaye de faire une bonne communication : un salarié au Smic qui fait quatre heures supplémentaires par semaine, gagne l'équivalent d'un 13ème mois sur l'année, maintenant. Parce qu'elles sont totalement défiscalisées, on ne viendra pas vous prendre vos allocations logement, on ne viendra pas vous prendre vos avantages familiaux là-dessus, c'est de l'argent qui reste entièrement dans votre portefeuille, ça vaut la peine.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 25 juin 2008