Texte intégral
Mes Chers Amis,
Comme moi, mes chers amis, vous avez vu le vaste programme de notre séance plénière : « L'agenda du centre-droit pour le XXIe siècle ». Comme moi, peut-être aussi, vous avez éprouvé devant ce titre le sentiment que l'on ressent devant les grands espaces : par où commencer l'exploration d'un territoire aussi immense ? Comment aborder un avenir aussi ouvert ?
Pour ma part, je crois aux vertus de l'Histoire. Il y a un proverbe africain que j'aime beaucoup, et qui dit : « Quand tu ne sais pas où tu vas, n'oublie jamais d'où tu viens ». Avant de formuler quelques pistes pour l'avenir, je voudrais donc esquisser, très brièvement, un bilan du passé.
Lorsque j'observe l'histoire du XXe siècle, je constate qu'elle nous a donné raison. Les pires régimes de cette époque ont toujours commencé par se prévaloir du socialisme ; et nous ne savons que trop - hélas ! - les tragédies que cela a produit. À l'inverse, combien de peuples ont lutté pour conquérir le droit de vivre selon les principes qui furent toujours les nôtres : l'économie de marché, la liberté d'entreprendre, de penser, de s'exprimer. Il n'y a pas si longtemps, l'Europe était coupée en deux ; il n'y a pas si longtemps, nos amis Allemands étaient en quelque sorte privés d'une moitié d'eux-mêmes ; il n'y a pas si longtemps, ceux qui, à l'Est, défendaient nos valeurs étaient durement réprimés. Toutes les alternatives sociales, économiques, politiques que l'on a proposées au libéralisme ont été des faillites. Tous les peuples qui ont eu la possibilité de le faire ont choisi les valeurs qui sont, depuis toujours, celles du centre-droit.
D'ailleurs, je remarque que, dans nos démocraties européennes du moins, lorsque la gauche est dans l'opposition, elle agite le libéralisme comme un épouvantail, mais que, lorsqu'elle est aux affaires, les exigences de la réalité la poussent à gouverner selon nos principes. Mais nos concitoyens finissent par s'apercevoir que l'original vaut toujours mieux que la copie ! C'est pourquoi Nicolas Sarkozy est élu en France ; c'est pourquoi Madame Merkel est élue en Allemagne ; c'est pourquoi Monsieur Berlusconi vient d'être élu en Italie ; c'est pourquoi je forme le voeu que Monsieur Cameron le soit bientôt en Grande-Bretagne, tout comme John McCain aux Etats-Unis.
Je vous l'ai dit : je crois aux leçons du passé. Le XXe siècle a vu le choc des idéologies. Contrairement à ce que l'on dit parfois, je ne crois pas que cela soit fini ; notre adversaire sera simplement différent. En tous les cas, nous sommes sortis vainqueurs de la première épreuve : j'y vois la preuve de la force de nos valeurs, et le signe que, si le passé nous a donné raison, l'avenir nous appartient.
Il nous appartient parce que nous défendons la liberté dans tous les domaines et parce que la liberté, par définition, s'adapte à toutes les situations. Oui, mes chers amis, le libéralisme est un pragmatisme : réaffirmons avec force et clarté nos valeurs, mais n'oublions jamais cette vertu fondamentale. Au moment où nos adversaires sont encore empêtrés dans des relents de lutte des classes, dans des querelles idéologiques sur l'abandon, ou la dissimulation, ou la modification de principes rigides en décalage complet avec les aspirations de notre temps, j'ai la conviction que nous serons demain, comme nous l'avons été hier, en phase avec notre époque.
Nous défendons la libre entreprise et la libre concurrence comme facteurs de prospérité pour les individus et pour les peuples. Or ces principes sont plus que jamais d'actualité à l'heure de la mondialisation économique. Nous avons toujours soutenu et accompagné le capitalisme : qui mieux que nous pourra le soutenir et l'accompagner encore ? D'ailleurs, les citoyens ne s'y sont pas trompés. Je vous l'ai dit il y a un instant : qui, en Europe et ailleurs, ils ont porté ou s'apprêtent à porter le centre-droit aux affaires.
Nous défendons l'esprit d'audace et d'initiative comme moyen de façonner son destin personnel et de s'élever dans la société. Or il me semble que la sphère du particulier prend toujours plus d'importance et que les individus se concentrent toujours davantage sur leur propre épanouissement.
Il est vrai que, dans le même temps, les problèmes qui se posent dans la sphère globale, mondiale, les préoccupent et les touchent directement : c'est ainsi que nous voyons, par exemple, les citoyens français se passionner pour l'avenir de la planète, pour les grandes causes humanitaires en Afrique, pour les droits de l'homme en Asie, pour la sauvegarde de la diversité culturelle en Amérique du Sud ou en Australie. Précisément, mes chers amis, la solidarité n'est-elle pas aussi une valeur historique du centre-droit ? Mettre l'individu au premier plan sans oublier les autres, n'est-ce pas ce que nous avons toujours voulu faire ? Nous savons bien, nous, que chaque être a la charge personnelle de construire son bonheur ; mais nous savons aussi que l'on ne peut pas être heureux tout seul.
Enfin, chers amis, nous défendons par-dessus tout la liberté de croire, de penser et de s'exprimer. Le combat pour ces droits fondamentaux ne s'est pas arrêté avec le XXe siècle, et nous avons encore un grand travail à accomplir pour que nos valeurs s'étendent.
Je parlais tout à l'heure de l'émancipation - à laquelle plusieurs d'entre vous ont participé - de l'Europe de l'Est après la chute de l'URSS. Mais s'il existe aujourd'hui un centre-droit authentique, énergique et puissant partout sur le continent européen, il y a encore de nombreux pays où nos amis doivent mener des batailles idéologiques difficiles, dans lesquelles ils auront besoin de tout notre soutien.
Combien, en effet, de pays où toute forme de liberté est étouffée ! À ceux-là, il nous appartient de dire que l'on n'opprime pas impunément les peuples, et que nous sommes déterminés à présenter un front uni contre les dictatures et à soutenir toute forme d'opposition libérale et démocratique.
Combien de pays où la liberté est amputée ! À ceux-là, il nous appartient de rappeler que le libéralisme est un tout : que la liberté de commercer et de s'enrichir ne peut pas aller sans celle de penser et de s'exprimer ; que la libre concurrence des entreprises doit aller de pair avec la libre concurrence des idées ; que la liberté d'initiative intellectuelle n'est pas moins importante que la liberté d'initiative économique.
Combien de pays, enfin, où le centre-droit existe bel et bien, où il est même fort, mais où il est en butte à d'âpres combats d'arrière-garde, à des oppositions violentes ! Ici, en France, où la détention d'Ingrid Bétancourt nous préoccupe tant, nous pensons immédiatement à l'action courageuse du gouvernement colombien d'Alvaro Uribe contre la guérilla des FARC. C'est un exemple entre cent - hélas ! - et l'on aimerait qu'ils soient moins nombreux.
Ce dernier défi, sans doute le plus difficile que nous posera le XXIe siècle, nous ne pourrons le relever qu'ensemble. Nous pouvons, à la rigueur, élaborer chacun de notre côté un programme économique et social pour notre pays ; mais, pour faire advenir la liberté partout où elle est muselée, pour la soutenir partout où elle est attaquée, nous devons mener une action collective. À ce titre, l'Union Démocratique Internationale a un rôle essentiel à jouer pour fédérer nos énergies ; c'est pourquoi je me réjouis de nous voir tous ici rassemblés aujourd'hui pour mettre en commun nos forces et nos pensées.
Trop longtemps, du moins en France, nous avons rougi de nos valeurs. Nous voyons mieux maintenant que nous avons, au contraire, toute raison d'en être fiers : grâce à elles, nous sommes sortis grandis du passé ; grâce à elles, nous entrons sereins dans l'avenir. Grâce à elles, surtout, nous pouvons encore susciter l'enthousiasme des jeunes générations. Je crois aux idées, mes chers amis, mais je crois par-dessus tout à la ferveur qui soutient ces idées. Gardons cette ferveur intacte, et je vous prédis que ceux qui nous succéderont se réuniront un jour, tout comme nous aujourd'hui, dans tel ou tel pays, dans un palais de la République comme celui-ci, pour réfléchir à l'agenda du centre-droit... pour le XXIIe siècle ! C'est, en tout cas, tout le bonheur que je nous souhaite.
Source http://www.u-m-p.org, le 30 juin 2008
Comme moi, mes chers amis, vous avez vu le vaste programme de notre séance plénière : « L'agenda du centre-droit pour le XXIe siècle ». Comme moi, peut-être aussi, vous avez éprouvé devant ce titre le sentiment que l'on ressent devant les grands espaces : par où commencer l'exploration d'un territoire aussi immense ? Comment aborder un avenir aussi ouvert ?
Pour ma part, je crois aux vertus de l'Histoire. Il y a un proverbe africain que j'aime beaucoup, et qui dit : « Quand tu ne sais pas où tu vas, n'oublie jamais d'où tu viens ». Avant de formuler quelques pistes pour l'avenir, je voudrais donc esquisser, très brièvement, un bilan du passé.
Lorsque j'observe l'histoire du XXe siècle, je constate qu'elle nous a donné raison. Les pires régimes de cette époque ont toujours commencé par se prévaloir du socialisme ; et nous ne savons que trop - hélas ! - les tragédies que cela a produit. À l'inverse, combien de peuples ont lutté pour conquérir le droit de vivre selon les principes qui furent toujours les nôtres : l'économie de marché, la liberté d'entreprendre, de penser, de s'exprimer. Il n'y a pas si longtemps, l'Europe était coupée en deux ; il n'y a pas si longtemps, nos amis Allemands étaient en quelque sorte privés d'une moitié d'eux-mêmes ; il n'y a pas si longtemps, ceux qui, à l'Est, défendaient nos valeurs étaient durement réprimés. Toutes les alternatives sociales, économiques, politiques que l'on a proposées au libéralisme ont été des faillites. Tous les peuples qui ont eu la possibilité de le faire ont choisi les valeurs qui sont, depuis toujours, celles du centre-droit.
D'ailleurs, je remarque que, dans nos démocraties européennes du moins, lorsque la gauche est dans l'opposition, elle agite le libéralisme comme un épouvantail, mais que, lorsqu'elle est aux affaires, les exigences de la réalité la poussent à gouverner selon nos principes. Mais nos concitoyens finissent par s'apercevoir que l'original vaut toujours mieux que la copie ! C'est pourquoi Nicolas Sarkozy est élu en France ; c'est pourquoi Madame Merkel est élue en Allemagne ; c'est pourquoi Monsieur Berlusconi vient d'être élu en Italie ; c'est pourquoi je forme le voeu que Monsieur Cameron le soit bientôt en Grande-Bretagne, tout comme John McCain aux Etats-Unis.
Je vous l'ai dit : je crois aux leçons du passé. Le XXe siècle a vu le choc des idéologies. Contrairement à ce que l'on dit parfois, je ne crois pas que cela soit fini ; notre adversaire sera simplement différent. En tous les cas, nous sommes sortis vainqueurs de la première épreuve : j'y vois la preuve de la force de nos valeurs, et le signe que, si le passé nous a donné raison, l'avenir nous appartient.
Il nous appartient parce que nous défendons la liberté dans tous les domaines et parce que la liberté, par définition, s'adapte à toutes les situations. Oui, mes chers amis, le libéralisme est un pragmatisme : réaffirmons avec force et clarté nos valeurs, mais n'oublions jamais cette vertu fondamentale. Au moment où nos adversaires sont encore empêtrés dans des relents de lutte des classes, dans des querelles idéologiques sur l'abandon, ou la dissimulation, ou la modification de principes rigides en décalage complet avec les aspirations de notre temps, j'ai la conviction que nous serons demain, comme nous l'avons été hier, en phase avec notre époque.
Nous défendons la libre entreprise et la libre concurrence comme facteurs de prospérité pour les individus et pour les peuples. Or ces principes sont plus que jamais d'actualité à l'heure de la mondialisation économique. Nous avons toujours soutenu et accompagné le capitalisme : qui mieux que nous pourra le soutenir et l'accompagner encore ? D'ailleurs, les citoyens ne s'y sont pas trompés. Je vous l'ai dit il y a un instant : qui, en Europe et ailleurs, ils ont porté ou s'apprêtent à porter le centre-droit aux affaires.
Nous défendons l'esprit d'audace et d'initiative comme moyen de façonner son destin personnel et de s'élever dans la société. Or il me semble que la sphère du particulier prend toujours plus d'importance et que les individus se concentrent toujours davantage sur leur propre épanouissement.
Il est vrai que, dans le même temps, les problèmes qui se posent dans la sphère globale, mondiale, les préoccupent et les touchent directement : c'est ainsi que nous voyons, par exemple, les citoyens français se passionner pour l'avenir de la planète, pour les grandes causes humanitaires en Afrique, pour les droits de l'homme en Asie, pour la sauvegarde de la diversité culturelle en Amérique du Sud ou en Australie. Précisément, mes chers amis, la solidarité n'est-elle pas aussi une valeur historique du centre-droit ? Mettre l'individu au premier plan sans oublier les autres, n'est-ce pas ce que nous avons toujours voulu faire ? Nous savons bien, nous, que chaque être a la charge personnelle de construire son bonheur ; mais nous savons aussi que l'on ne peut pas être heureux tout seul.
Enfin, chers amis, nous défendons par-dessus tout la liberté de croire, de penser et de s'exprimer. Le combat pour ces droits fondamentaux ne s'est pas arrêté avec le XXe siècle, et nous avons encore un grand travail à accomplir pour que nos valeurs s'étendent.
Je parlais tout à l'heure de l'émancipation - à laquelle plusieurs d'entre vous ont participé - de l'Europe de l'Est après la chute de l'URSS. Mais s'il existe aujourd'hui un centre-droit authentique, énergique et puissant partout sur le continent européen, il y a encore de nombreux pays où nos amis doivent mener des batailles idéologiques difficiles, dans lesquelles ils auront besoin de tout notre soutien.
Combien, en effet, de pays où toute forme de liberté est étouffée ! À ceux-là, il nous appartient de dire que l'on n'opprime pas impunément les peuples, et que nous sommes déterminés à présenter un front uni contre les dictatures et à soutenir toute forme d'opposition libérale et démocratique.
Combien de pays où la liberté est amputée ! À ceux-là, il nous appartient de rappeler que le libéralisme est un tout : que la liberté de commercer et de s'enrichir ne peut pas aller sans celle de penser et de s'exprimer ; que la libre concurrence des entreprises doit aller de pair avec la libre concurrence des idées ; que la liberté d'initiative intellectuelle n'est pas moins importante que la liberté d'initiative économique.
Combien de pays, enfin, où le centre-droit existe bel et bien, où il est même fort, mais où il est en butte à d'âpres combats d'arrière-garde, à des oppositions violentes ! Ici, en France, où la détention d'Ingrid Bétancourt nous préoccupe tant, nous pensons immédiatement à l'action courageuse du gouvernement colombien d'Alvaro Uribe contre la guérilla des FARC. C'est un exemple entre cent - hélas ! - et l'on aimerait qu'ils soient moins nombreux.
Ce dernier défi, sans doute le plus difficile que nous posera le XXIe siècle, nous ne pourrons le relever qu'ensemble. Nous pouvons, à la rigueur, élaborer chacun de notre côté un programme économique et social pour notre pays ; mais, pour faire advenir la liberté partout où elle est muselée, pour la soutenir partout où elle est attaquée, nous devons mener une action collective. À ce titre, l'Union Démocratique Internationale a un rôle essentiel à jouer pour fédérer nos énergies ; c'est pourquoi je me réjouis de nous voir tous ici rassemblés aujourd'hui pour mettre en commun nos forces et nos pensées.
Trop longtemps, du moins en France, nous avons rougi de nos valeurs. Nous voyons mieux maintenant que nous avons, au contraire, toute raison d'en être fiers : grâce à elles, nous sommes sortis grandis du passé ; grâce à elles, nous entrons sereins dans l'avenir. Grâce à elles, surtout, nous pouvons encore susciter l'enthousiasme des jeunes générations. Je crois aux idées, mes chers amis, mais je crois par-dessus tout à la ferveur qui soutient ces idées. Gardons cette ferveur intacte, et je vous prédis que ceux qui nous succéderont se réuniront un jour, tout comme nous aujourd'hui, dans tel ou tel pays, dans un palais de la République comme celui-ci, pour réfléchir à l'agenda du centre-droit... pour le XXIIe siècle ! C'est, en tout cas, tout le bonheur que je nous souhaite.
Source http://www.u-m-p.org, le 30 juin 2008