Déclaration de M. Alain Joyandet, secrétaire d'Etat à la coopération et à la francophonie, sur le rôle des entreprises dans le développement, à Paris le 1er juillet 2008.

Prononcé le 1er juillet 2008

Intervenant(s) : 

Circonstance : Remise du rapport du PNUD, à Paris le 1er juillet 2008

Texte intégral

Monsieur le Directeur général de l'AFD,
Monsieur le Directeur du bureau des partenariats du PNUD,
Mesdames et Messieurs,
C'est très sincèrement que je vous dis mon plaisir d'être associé au lancement du premier rapport de l'initiative "entreprendre au service de tous", et ceci pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, l'initiative est le premier aboutissement de la demande faite par la Commission du secteur privé et du développement du PNUD, soutenue par l'ancien Secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, de conduire une recherche pour savoir précisément comment les entreprises peuvent agir au service des pauvres, et quels sont les obstacles à lever. Or, vous le savez, je souhaite réorienter l'aide française vers le soutien au développement économique, avec la conviction que ce n'est pas renoncer aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), bien au contraire. C'est donner aux pays, notamment africains, la possibilité d'avancer vers l'atteinte des OMD de façon plus autonome et durable. C'est donner aux hommes et aux femmes plus de chances d'accéder à ce qui demeure la première dignité, et le fondement d'une vie citoyenne : un travail.
En second lieu, l'initiative est le fruit d'un partenariat entre bailleurs de fonds, grandes fondations, associations et universités de plusieurs pays. L'idée elle-même du rapport est née, selon ce qu'on m'a dit, d'une rencontre entre mon directeur de cabinet, qui travaillait alors à l'AFD, du directeur des alliances pour le développement mondial de l'USAID, Dan Runde (qui a depuis rejoint la Société financière internationale), et du directeur des partenariats innovants du PNUD, Bruce Jenks. Cette façon de travailler ensemble est à saluer : nous savons tous que le temps où l'on pouvait penser que le développement est l'affaire d'une seule coopération bilatérale est désormais révolu. Je compte de même associer à la définition des politiques françaises de coopération des personnes venues de tous horizons : entrepreneurs, membres d'ONG, et chercheurs.
Je salue au passage la contribution de l'AFD à ce travail. Je sais disposer à travers elle d'un opérateur de grande qualité, dirigé par Jean-Michel Severino dont j'apprécie vivement tout ce qu'il accomplit au service de la politique française de coopération. Ensuite, le rapport présenté est le fruit de cinquante études de cas d'entreprises dans les pays les plus variés. Cette approche concrète ne peut que satisfaire l'entrepreneur et l'élu de terrain que je suis.
Enfin, le rapport établit la contribution de chaque projet à un ou plusieurs OMD. Les OMD sont notre cadre de référence, et l'impact de toute action de développement doit être mesuré. Cette méthode, que j'ai eu à apprécier dans l'analyse de l'activité de l'AFD, doit être généralisée.
Vous venez d'échanger sur le contenu du rapport, et je me limiterai donc à quelques commentaires sur les contraintes identifiées pour faire des pauvres des consommateurs et des producteurs, et les réponses qui peuvent être apportées par la Coopération française, en complément de l'action des entreprises.
Le rapport identifie cinq obstacles principaux : le manque d'information des entreprises sur les marchés des biens et services consommables par les pauvres, l'inefficacité du cadre réglementaire, l'inadéquation des infrastructures, le manque de connaissance des consommateurs pauvres sur l'usage ou la fabrication des produits, et l'accès restreint des pauvres au crédit et aux assurances. Je vois là de précieuses indications pour nos futures actions.
La Coopération française peut contribuer à diffuser d'un continent à l'autre, aux côtés du PNUD, les histoires d'entreprises réussies. Elle doit continuer à appuyer l'amélioration de la gouvernance économique, comme elle l'a fait à travers son action en faveur de la mise en place de l'Organisation pour l'Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique (OHADA). Elle doit mettre un accent particulier sur le développement des infrastructures, en utilisant des incitations financières en faveur de l'offre de services aux pauvres, en matière d'accès à l'eau, à l'électricité et aux communications.
La coopération française a également une expertise reconnue en matière de formation professionnelle, y inclus dans le secteur informel. Je compte donner un nouvel élan à nos interventions dans ce secteur insuffisamment pris en compte. Nous avons aussi de beaux succès à notre actif en matière de micro finance. Nous devons nous efforcer de capitaliser sur ces expériences réussies, avec un souci de professionnalisation de ce secteur très exigeant en termes de compétence bancaire et de qualité de régulation. Enfin, vous savez que le développement de l'assurance santé pour les pauvres est un des nouveaux axes majeurs de notre action, avec le fort soutien de Bernard Kouchner. Nombre de ces actions sont de la compétence de l'AFD. Je suis sur qu'elle continuera à les mener avec l'engagement et l'efficacité qui sont les siennes.
Mettre la croissance économique au service de la réduction de la pauvreté est un des grands défis de la globalisation, et ceci pas seulement dans les pays du sud. Puissent se généraliser les travaux, qui, comme ce rapport, nous ouvrent des pistes concrètes.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 juillet 2008