Texte intégral
C. Charles.- Les propos de N. Sarkozy, accusant les militaires d'"amateurisme", le communiqué de l'Elysée, est-ce que le président de la République n'est pas allé trop loin ?
Ecoutez, j'étais présent. Donc, il vaut mieux arrêter de raconter n'importe quoi.
Sur ses propos ?
Sur ses propos. Le président de la République n'a jamais tenu ces propos-là. Nous étions quatre lorsqu'il a évoqué, après la visite des familles à Carcassonne, dont je vous rappelle que pour certaines familles...
Il y a des témoins quand même, autres que vous, si vous permettez !
Oui, enfin d'accord, mais on était quatre. Le président de la République a parlé de l'incident. Il n'a jamais visé l'institution. Je me suis rendu moi-même dans toutes les opérations extérieures. Le 3ème RPIMa de Carcassonne est un régiment formidable ; c'est un des grands régiments de l'armée française. Personne n'a oublié, et le président de la République le premier, ce qu'a fait ce régiment, par exemple, au moment de la crise à N'Djamena, comment ils ont, au péril de leurs vies, sorti les ressortissants français de situations difficiles. Personne n'oublie que ce régiment est souvent au front, qu'il est en Afghanistan. Ce qu'a visé le président de la République en disant "tout ça n'est pas responsable" ou "tout ça n'est pas professionnel", c'était l'incident, ce n'était pas l'institution qui était visée. C'était le fait divers en lui-même. Et lorsque vous constatez que 17 personnes - vous parlez vous-même du drame de Carcassonne, vous mesurez bien l'ampleur du drame que cela a pu être et du choc que cela a pu être pour nous tous... Et c'est cela qui était visé et en aucun cas l'institution militaire pour laquelle nous avons toute confiance et dont nous savons à quel point elle est en mesure de répondre à tout ce que nous lui demandons en permanence pour défendre les intérêts de la France à travers le monde.
A propos du Président, il y a le communiqué. "J'entends que les armées en tirent toutes conséquences quant à leur organisation et à leur fonctionnement" : là, l'institution, elle est visée. Ce n'est pas seulement...
Ecoutez, le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Cuche, pour qui j'ai à la fois le plus grand respect et avec qui j'entretenais des relations extrêmement étroites puisque nous avons, ensemble, conduit la réforme du ministère de la Défense, les restructurations, qui les soutient, qui les a portées... Le chef d'état-major lui-même, dès le dimanche soir dans l'avion, et dans son communiqué d'hier, que personne ne lui a dicté, qu'il a écrit tout seul, dit ; "cette affaire révèle un certain nombre de dysfonctionnements". Il y a des dysfonctionnements. Il y a des dysfonctionnements dans la liste de distribution et le contrôle de la restitution des armes et des munitions. Il n'est pas normal qu'un sous-officier de l'armée de terre à Carcassonne, qui n'est pas en opération extérieure, soit détenteur d'un chargeur et de munitions huit à dix jour après un exercice.
Mais c'est grave qu'on ne arrive à cette démission ? C'est une crise qu'on a sous les yeux...
Non, le général Cuche l'a fait parce qu'il a le sens de l'honneur, il a les devoirs liés à son grade, et lorsqu'il est venu dans mon bureau pour m'annoncer qu'il démissionnerait, il a dit c'est ma responsabilité de chef militaire. C'est ma responsabilité en tant que chef d'état-major de l'armée de terre, chargé de l'entraînement, de la formation, de la préparation des forces et de la mise en oeuvre des armes et de leur contrôle. C'est ma responsabilité, je l'assumerai parce que j'estime que c'est moi qui dois tirer les conséquences du dysfonctionnement révélé par cette affaire malheureuse et triste de Carcassonne. Il ne s'agit pas de remettre en cause les unités, il ne s'agit pas de remettre en cause les hommes, il ne s'agit pas de remettre en cause les régiments, qui sont formidables, qui font un boulot extraordinaire tous les jours, il s'agit seulement de tirer les conséquences d'un fait divers sur notamment le contrôle d e la restitution des armes et des munitions.
Est-ce que le malaise entre le Président et l'armée ne va pas au-delà, avec le contexte du Livre blanc, de la réforme de la défense ?
Là, vous vous trompez, vous vous trompez profondément. Les responsables, les chefs d'état-major portent cette réforme, ils la veulent, ils savent que nous en avons besoin, ils savent que nous avons besoin de réorganiser notre outil militaire. Ils savent qu'un outil militaire qui ne se réforme pas, qui ne s'adapte pas est un outil militaire qui risque de ne pas répondre aux crises de demain. Donc cette réforme, tout le monde la veut et tout le monde la souhaite. Il s'agit désormais de la mettre en oeuvre, et nous allons la mettre en oeuvre.
Et le 14 juillet, dans quel état d'esprit va-t-il se passer ?
Il se passera comme une grande fête nationale et une grande fête aussi de l'institution militaire, puisque le 14 juillet, c'est aussi un moment de communion entre l'armée et la Nation.
Vous pensez que N. Sarkozy peut prendre une initiative pour recoller les morceaux, si morceaux il y a à recoller ? On sent que c'est le cas...
Mais ça, ce sont les histoires que vous vous fabriquez ! Vous faites d'un fait divers un amalgame général. La vérité est tout autre, il y a eu un fait divers malheureux qui démontre un certain nombre de dysfonctionnement, le chef d'état-major de l'armée de terre, lui-même constate qu'il y a eu ces dysfonctionnements. J'ai demandé de enquêtes pour que nous puissions vérifier tout cela et prendre des mesures qui s'imposent. Voilà, point à la ligne !
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 2 juillet 2008
Ecoutez, j'étais présent. Donc, il vaut mieux arrêter de raconter n'importe quoi.
Sur ses propos ?
Sur ses propos. Le président de la République n'a jamais tenu ces propos-là. Nous étions quatre lorsqu'il a évoqué, après la visite des familles à Carcassonne, dont je vous rappelle que pour certaines familles...
Il y a des témoins quand même, autres que vous, si vous permettez !
Oui, enfin d'accord, mais on était quatre. Le président de la République a parlé de l'incident. Il n'a jamais visé l'institution. Je me suis rendu moi-même dans toutes les opérations extérieures. Le 3ème RPIMa de Carcassonne est un régiment formidable ; c'est un des grands régiments de l'armée française. Personne n'a oublié, et le président de la République le premier, ce qu'a fait ce régiment, par exemple, au moment de la crise à N'Djamena, comment ils ont, au péril de leurs vies, sorti les ressortissants français de situations difficiles. Personne n'oublie que ce régiment est souvent au front, qu'il est en Afghanistan. Ce qu'a visé le président de la République en disant "tout ça n'est pas responsable" ou "tout ça n'est pas professionnel", c'était l'incident, ce n'était pas l'institution qui était visée. C'était le fait divers en lui-même. Et lorsque vous constatez que 17 personnes - vous parlez vous-même du drame de Carcassonne, vous mesurez bien l'ampleur du drame que cela a pu être et du choc que cela a pu être pour nous tous... Et c'est cela qui était visé et en aucun cas l'institution militaire pour laquelle nous avons toute confiance et dont nous savons à quel point elle est en mesure de répondre à tout ce que nous lui demandons en permanence pour défendre les intérêts de la France à travers le monde.
A propos du Président, il y a le communiqué. "J'entends que les armées en tirent toutes conséquences quant à leur organisation et à leur fonctionnement" : là, l'institution, elle est visée. Ce n'est pas seulement...
Ecoutez, le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Cuche, pour qui j'ai à la fois le plus grand respect et avec qui j'entretenais des relations extrêmement étroites puisque nous avons, ensemble, conduit la réforme du ministère de la Défense, les restructurations, qui les soutient, qui les a portées... Le chef d'état-major lui-même, dès le dimanche soir dans l'avion, et dans son communiqué d'hier, que personne ne lui a dicté, qu'il a écrit tout seul, dit ; "cette affaire révèle un certain nombre de dysfonctionnements". Il y a des dysfonctionnements. Il y a des dysfonctionnements dans la liste de distribution et le contrôle de la restitution des armes et des munitions. Il n'est pas normal qu'un sous-officier de l'armée de terre à Carcassonne, qui n'est pas en opération extérieure, soit détenteur d'un chargeur et de munitions huit à dix jour après un exercice.
Mais c'est grave qu'on ne arrive à cette démission ? C'est une crise qu'on a sous les yeux...
Non, le général Cuche l'a fait parce qu'il a le sens de l'honneur, il a les devoirs liés à son grade, et lorsqu'il est venu dans mon bureau pour m'annoncer qu'il démissionnerait, il a dit c'est ma responsabilité de chef militaire. C'est ma responsabilité en tant que chef d'état-major de l'armée de terre, chargé de l'entraînement, de la formation, de la préparation des forces et de la mise en oeuvre des armes et de leur contrôle. C'est ma responsabilité, je l'assumerai parce que j'estime que c'est moi qui dois tirer les conséquences du dysfonctionnement révélé par cette affaire malheureuse et triste de Carcassonne. Il ne s'agit pas de remettre en cause les unités, il ne s'agit pas de remettre en cause les hommes, il ne s'agit pas de remettre en cause les régiments, qui sont formidables, qui font un boulot extraordinaire tous les jours, il s'agit seulement de tirer les conséquences d'un fait divers sur notamment le contrôle d e la restitution des armes et des munitions.
Est-ce que le malaise entre le Président et l'armée ne va pas au-delà, avec le contexte du Livre blanc, de la réforme de la défense ?
Là, vous vous trompez, vous vous trompez profondément. Les responsables, les chefs d'état-major portent cette réforme, ils la veulent, ils savent que nous en avons besoin, ils savent que nous avons besoin de réorganiser notre outil militaire. Ils savent qu'un outil militaire qui ne se réforme pas, qui ne s'adapte pas est un outil militaire qui risque de ne pas répondre aux crises de demain. Donc cette réforme, tout le monde la veut et tout le monde la souhaite. Il s'agit désormais de la mettre en oeuvre, et nous allons la mettre en oeuvre.
Et le 14 juillet, dans quel état d'esprit va-t-il se passer ?
Il se passera comme une grande fête nationale et une grande fête aussi de l'institution militaire, puisque le 14 juillet, c'est aussi un moment de communion entre l'armée et la Nation.
Vous pensez que N. Sarkozy peut prendre une initiative pour recoller les morceaux, si morceaux il y a à recoller ? On sent que c'est le cas...
Mais ça, ce sont les histoires que vous vous fabriquez ! Vous faites d'un fait divers un amalgame général. La vérité est tout autre, il y a eu un fait divers malheureux qui démontre un certain nombre de dysfonctionnement, le chef d'état-major de l'armée de terre, lui-même constate qu'il y a eu ces dysfonctionnements. J'ai demandé de enquêtes pour que nous puissions vérifier tout cela et prendre des mesures qui s'imposent. Voilà, point à la ligne !
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 2 juillet 2008