Déclaration de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur la détention de Mme Ingrid Bétancourt, otage de la guérilla colombienne, et sa libération, au Sénat le 8 juillet 2008.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Visite au Sénat, le 8 juillet 2008, de Mme Ingrid Bétancourt après sa libération, le 2

Texte intégral

Chère Ingrid Betancourt,
Mes chers collègues,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
C'est avec une immense joie et une émotion toute particulière que nous vous avons le très grand plaisir, Madame, de vous accueillir aujourd'hui au Sénat, quelques jours après votre libération.
Nous avons reçu à plusieurs reprises, pendant les très longues années qui viennent de s'écouler, vos enfants et votre famille. A chaque fois, nous avons rêvé pour eux du moment où vous pourriez de nouveau être parmi eux. Ce jour tant attendu vient d'arriver. Nous en sommes émus et fiers.
Alors que votre longue traversée de la nuit vient, enfin, après plus de six années, six longues années, de s'achever, et que vous retrouvez vos proches, vos amis, vos deux pays et, j'oserais même dire, la civilisation, je tiens d'abord, chère Ingrid Betancourt, à vous réaffirmer notre admiration pour votre courage hors du commun et votre ténacité si remarquable.
Ceux qui sont ici savent que je salue souvent le courage des femmes, y compris en politique, mais le vôtre est bien sûr particulièrement exemplaire. Il inspire, sachez le, le respect et l'admiration de tous et bien sûr de chaque sénateur de la République française.
C'est peu dire que les souffrances et les humiliations ne vous ont pas été épargnées. Nous avons tous été très inquiets, surtout ces derniers temps, pour votre sort et pour votre état de santé. Je ne rappellerai pas ici les conditions dans lesquelles se sont déroulées, durant votre interminable détention et les six dernières années de votre vie. Comment imaginer pareille violence, encore qu'en matière de cruauté humaine, la réalité l'emporte souvent sur l'imagination. Notre histoire du siècle passé, malheureusement, en témoigne.
Vous voilà donc aujourd'hui avec nous, au Sénat de la République française. Vous êtes ici chez vous, d'autant plus que vous êtes en quelque sorte entourée de vos collègues sénatrices et sénateurs français.
Le Sénat français - et notamment son groupe d'amitié présidé par notre collègue le Président Roland du Luart - n'a pas cessé de se préoccuper de votre situation, multipliant les questions parlementaires et saisissant toutes les occasions et tous les contacts, pour ajouter sa pierre au formidable élan de solidarité national et international qui s'est développé au fil des années pour obtenir votre libération. Je suis sûr que vous en mesurez aujourd'hui pleinement l'intensité et la force.
Même les grilles du Jardin du Luxembourg ont été, si j'ose dire, mises à contribution... alors qu'elles avaient toujours été strictement réservées à des expositions photographiques. Mais il est des règles qu'il faut savoir écarter et c'est, bien sûr, immédiatement que j'ai donné mon accord à l'affichage de votre portrait sur ces grilles. Un premier portrait fut affiché en février 2006 avant d'être changé, en décembre dernier, lorsque les nouvelles vous concernant se sont encore aggravées.
Votre famille était déjà avec nous en ces occasions. Elle a été, vous le savez, admirable dans l'épreuve et je suis heureux de saluer sa présence à vos côtés.
Mais il restait un dernier changement à apporter à votre photographie, celui qui nous réunit aujourd'hui. Nous l'attendions tous. Il tient en cinq lettres seulement : « L.I.B.R.E » ; c'est peu mais tellement en même temps.
Permettez-moi, chère Ingrid Betancourt, de terminer en exprimant, en mon nom et en celui de tous mes collègues, à tous ceux qui ont oeuvré inlassablement à votre libération, la profonde gratitude du Sénat de la République française. Vous savez l'énergie et les initiatives que n'ont cessé de prendre les autorités françaises pour vous soutenir. Et nous saluons bien entendu l'action décisive des autorités colombiennes et du Président URIBE. Cette libération prouve que lorsque toutes les forces nationales et internationales se rassemblent, il est possible de déplacer des montagnes !
Votre libération restera à cet égard exemplaire. Elle démontre qu'il ne faut jamais baisser les bras, qu'il faut au contraire garder espoir et confiance. Je pense à cet instant -comme vous, je le sais- à tous les otages qui restent encore aujourd'hui retenus en Colombie ou ailleurs dans le monde.
Très chère Ingrid, soyez assurée qu'une place particulière vous sera toujours réservée parmi nous.
Vive la liberté ! Vive la Colombie ! Vive la France !
Source http://www.senat.fr, le 9 juillet 2008