Texte intégral
Journal du Dimanche : Quels commentaires vous inspire la lecture de notre sondage ?
Hervé Morin : J'observe que les Français portent un regard chaleureux et reconnaissant sur leur armée et les militaires. Nos compatriotes savent quels services immenses nos soldats rendent à la France. Ils savent qu'au-delà des notions d'ordre et de rigueur, il y a l'autre visage de l'engagement, celui de la générosité et du don de soi C'est pourquoi les Français gardent une certaine nostalgie du service national. Ils ressentent le besoin de cohésion sociale. Le service national avait deux vertus. Celle du brassage culturel et social qui prouve que l'armée est aussi le creuset de la République. Et celle de donner à nos jeunes compatriotes un certain nombre de repères ou de valeurs, et de leur offrir des formations et des qualifications. En ce qui concerne les menaces qui pèsent sur le pays. Les Français ont l'esprit clair et font le même constat que le Livre blanc. Nous vivons dans un monde globalisé, instable, incertain. Les dangers qui pèsent sur ce monde sont les risques de prolifération nucléaire et la menace terroriste, qui rend paradoxalement le coeur de nos villes plus vulnérable aujourd'hui qu'au moment de la guerre froide. Pour faire face à ces nouvelles menaces, il est nécessaire de moderniser notre défense nationale, et les Français le savent. Mais ils nous demandent, et ils ont raison, de ne pas desservir les territoires qui ont vécu et se sont développés autour de nos unités militaires. La réforme que je présenterai répond à ce double objectif.
JDD : Quand présenterez-vous la nouvelle carte militaire ?
H.M : Avant la fin du mois de juillet. Nous avons retardé son annonce parce que le président de la République a demandé au gouvernement de réfléchir à des mesures supplémentaires de relance économique: il s'agit de compensations immobilières et économiques pour redynamiser les territoires. Le Premier ministre a fixé l'enveloppe à 320millions. Nous avons une double exigence. D'abord engager la réforme sans tarder. Ensuite mettre en place, dès cet été, les plans de mutation. Les militaires sont en droit de savoir ce qui les attend pour eux-mêmes et pour leurs familles.
JDD : L'armée traverse une période difficile. Y a-t-il une crise de confiance ?
H.M : Je me rends chaque semaine dans une unité militaire. J'y rencontre des hommes et des femmes certes dans l'attente de connaître le redéploiement territorial de nos forces. Mais je 'vois aussi des soldats fiers de ce qu'ils font, impatients de savoir quelle sera leur prochaine mission, quand ils partiront en opérations extérieures, avec quel nouveau matériel.
JDD : Les propos de Nicolas Sarkozy sur l'amateurisme des militaires ont laissé des traces...
H.M : J'étais présent à ses cotés. Le président de la République a clairement dénoncé ce qui s'est passé à Carcassonne. C'est quand même un miracle s'il n'y a pas eu de morts! C'est cela dont il parlait, et non des armées en général. Il s'agit de dysfonctionnements inacceptables: l'irrespect des règles et des procédures sur la distribution et la restitution des munitions au sein du groupement des commandos parachutistes du 3' RPIMa.
JDD : Regrettez-vous son absence ce soir à la garden-party de la Défense ?
H.M : Avec l'Union pour la Méditerranée, le président de la République vient de lancer une initiative diplomatique capitale. Plus de quarante chefs d'Etat et de gouvernement sont présents à Paris. Vous pouvez tout de même comprendre que son agenda soit extrêmement chargé.
JDD : Où en es~ l'enquête sur le groupe d'officier, baptisé Surcouf, qui a critiqué les conclusions du Livre blanc ?
H.M : Une enquête administrative de la DPSD est en cours, comme à chaque fois qu'il se passe au sein du ministère quelque chose qui pourrait être contraire au statut militaire. Les choses sont claires: les militaires ont le droit d'expression mais celui-ci est encadré par l'obligation de loyauté et le devoir de réserve. Et cela doit être apprécié en fonction des responsabilités et du niveau hiérarchique des hommes concernés. Je trouve que l'on a la mémoire courte. Rappelez-vous la contestation qui avait accompagné l'annonce de la professionnalisation de l'armée - c'est par dizaines que les militaires critiquaient cette décision - ou encore quand le général de Gaulle a réduit de moitié les effectifs de l'armée de terre tout en lançant résolument notre défense dans la dissuasion."Surcouf", ce n'est pas l'affaire du siècle...
source http://www.defense.gouv.fr, le 30 juillet 2008
Hervé Morin : J'observe que les Français portent un regard chaleureux et reconnaissant sur leur armée et les militaires. Nos compatriotes savent quels services immenses nos soldats rendent à la France. Ils savent qu'au-delà des notions d'ordre et de rigueur, il y a l'autre visage de l'engagement, celui de la générosité et du don de soi C'est pourquoi les Français gardent une certaine nostalgie du service national. Ils ressentent le besoin de cohésion sociale. Le service national avait deux vertus. Celle du brassage culturel et social qui prouve que l'armée est aussi le creuset de la République. Et celle de donner à nos jeunes compatriotes un certain nombre de repères ou de valeurs, et de leur offrir des formations et des qualifications. En ce qui concerne les menaces qui pèsent sur le pays. Les Français ont l'esprit clair et font le même constat que le Livre blanc. Nous vivons dans un monde globalisé, instable, incertain. Les dangers qui pèsent sur ce monde sont les risques de prolifération nucléaire et la menace terroriste, qui rend paradoxalement le coeur de nos villes plus vulnérable aujourd'hui qu'au moment de la guerre froide. Pour faire face à ces nouvelles menaces, il est nécessaire de moderniser notre défense nationale, et les Français le savent. Mais ils nous demandent, et ils ont raison, de ne pas desservir les territoires qui ont vécu et se sont développés autour de nos unités militaires. La réforme que je présenterai répond à ce double objectif.
JDD : Quand présenterez-vous la nouvelle carte militaire ?
H.M : Avant la fin du mois de juillet. Nous avons retardé son annonce parce que le président de la République a demandé au gouvernement de réfléchir à des mesures supplémentaires de relance économique: il s'agit de compensations immobilières et économiques pour redynamiser les territoires. Le Premier ministre a fixé l'enveloppe à 320millions. Nous avons une double exigence. D'abord engager la réforme sans tarder. Ensuite mettre en place, dès cet été, les plans de mutation. Les militaires sont en droit de savoir ce qui les attend pour eux-mêmes et pour leurs familles.
JDD : L'armée traverse une période difficile. Y a-t-il une crise de confiance ?
H.M : Je me rends chaque semaine dans une unité militaire. J'y rencontre des hommes et des femmes certes dans l'attente de connaître le redéploiement territorial de nos forces. Mais je 'vois aussi des soldats fiers de ce qu'ils font, impatients de savoir quelle sera leur prochaine mission, quand ils partiront en opérations extérieures, avec quel nouveau matériel.
JDD : Les propos de Nicolas Sarkozy sur l'amateurisme des militaires ont laissé des traces...
H.M : J'étais présent à ses cotés. Le président de la République a clairement dénoncé ce qui s'est passé à Carcassonne. C'est quand même un miracle s'il n'y a pas eu de morts! C'est cela dont il parlait, et non des armées en général. Il s'agit de dysfonctionnements inacceptables: l'irrespect des règles et des procédures sur la distribution et la restitution des munitions au sein du groupement des commandos parachutistes du 3' RPIMa.
JDD : Regrettez-vous son absence ce soir à la garden-party de la Défense ?
H.M : Avec l'Union pour la Méditerranée, le président de la République vient de lancer une initiative diplomatique capitale. Plus de quarante chefs d'Etat et de gouvernement sont présents à Paris. Vous pouvez tout de même comprendre que son agenda soit extrêmement chargé.
JDD : Où en es~ l'enquête sur le groupe d'officier, baptisé Surcouf, qui a critiqué les conclusions du Livre blanc ?
H.M : Une enquête administrative de la DPSD est en cours, comme à chaque fois qu'il se passe au sein du ministère quelque chose qui pourrait être contraire au statut militaire. Les choses sont claires: les militaires ont le droit d'expression mais celui-ci est encadré par l'obligation de loyauté et le devoir de réserve. Et cela doit être apprécié en fonction des responsabilités et du niveau hiérarchique des hommes concernés. Je trouve que l'on a la mémoire courte. Rappelez-vous la contestation qui avait accompagné l'annonce de la professionnalisation de l'armée - c'est par dizaines que les militaires critiquaient cette décision - ou encore quand le général de Gaulle a réduit de moitié les effectifs de l'armée de terre tout en lançant résolument notre défense dans la dissuasion."Surcouf", ce n'est pas l'affaire du siècle...
source http://www.defense.gouv.fr, le 30 juillet 2008