Texte intégral
CONSEIL AFFAIRES GENERALES
POINT DE PRESSE DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES,
M. HUBERT VEDRINE
(Bruxelles, 22 juillet 1997)
Sur le programme de la présidence, vous avez eu mon intervention. Il y a eu un tour de table où chacun s'est exprimé en quelques minutes. Vous avez pu suivre puisque le débat était public. On a parlé du Congo qui a été mis à l'ordre du jour à notre demande ; donc, je peux vous dire un mot si vous n'êtes pas au courant. Vous savez que la France ne veut pas être engagée directement dans cette affaire mais il faut faire le maximum d'efforts politiques, diplomatiques aussi bien directement qu'en mobilisant d'autres Européens pour aider à la constitution d'une force euro-africaine de stabilisation, de prévention du conflit, afin de seconder les efforts menés d'une part par le président Bongo qui est très actif avec les présidents de la région et d'autre part, par l'ambassadeur Sahnoun ; c'est dans le cadre de l'ONU qu'il faut trouver un montage pour aider en termes financiers et logistiques la constitution de cette force. C'est très important pour nous, parce que cela préfigure un type d'action d'avenir, parce que c'est une force interafricaine. Il faut vraiment les aider, les consolider. Le processus en terme de légalité internationale est parfaitement convenable (OUA, ONU). D'autre part, l'urgence est grande puisqu'il s'agit de consolider cette stabilisation relative qui a été obtenue par les efforts antérieurs. Quand on voit ce qui s'est passé dans l'ensemble des Etats de la région de cette zone de l'Afrique centrale, il est certain que consolider le Congo-Brazzaville, c'est une façon d'essayer de calmer ce phénomène de contagion, de prise ou de reprise du pouvoir par la force. Pour toutes ces raisons et parce que les financements bilatéraux envisagés ne sont pas suffisants pour le moment, il semble que l'Union européenne soit dans sa vocation, si elle intervient de façon utile et concrète dans une opération de ce type. Elle a déjà lancé différents appels aux parties congolaises (la dernière fois c'était le 11 juillet) pour que les parties congolaises s'engagent dans un règlement politique. Donc, il est parfaitement logique qu'elle-même agisse, non pas en allant mener une opération militaire ou de défense mais une opération de prévention de crise, de stabilisation. Donc, nous avons présenté cette demande au Conseil et nous avons obtenu un accord de principe. Cela doit être maintenant mis en oeuvre. Il faut voir quels seront les financements disponibles, notamment au titre de la PESC. Le COREPER va suivre cela. Cela ne se déclenchera qu'après une confirmation par le Secrétaire général des Nations unies, la semaine prochaine. L'idée générale, c'est de réunir des financements bilatéraux de certains pays européens, voire même de certains pays africains, encore que c'est plutôt sous la forme de détachement et d'autre part, ce serait donc un mixage.
Q - (Sur l'élargissement)
R - Il y a deux choses différentes. "Nouvelle CIG", je n'ai pas mis le mot exact dans mon intervention. Le raisonnement est clair. Nous ne raisonnons pas en termes techniques. Ce qui est parfaitement clair pour nous, c'est que l'on ne peut pas aller à un nouvel élargissement si l'on n'a pas obtenu les réformes institutionnelles que nous voulions obtenir à Amsterdam et que l'on n'a pas obtenues. Il faut les trouver avant l'élargissement. Je ne peux pas dire la forme exacte ni la date exacte, mais l'idée politique est très claire. On ne peut pas passer à l'élargissement sans avoir réglé ces questions. A partir de maintenant, nous allons dire constamment, à toute occasion, "ce problème se pose", "il n'a pas été réglé". Nous allons le rappeler de façon obsessionnelle à ceux qui font semblant de penser que le problème a été réglé et qu'il ne se pose pas, ou pas encore. Donc, nous disons "Luxembourg" parce que c'est le prochain Conseil européen. Nous ne voudrions pas qu'il y ait quelques Conseils qui commencent à être occupés uniquement par la question de l'élargissement, sous l'angle du financement de l'élargissement, de la négociation, des conséquences sur la PAC, des fonds structurels, etc... et qu'on escamote les questions institutionnelles.
Q - Donc, vous voulez un vrai règlement dès le premier élargissement ?
R - Nous considérons que nous ne pouvons pas passer à un nouvel élargissement, en clair, à plus de 15, sans avoir amélioré, les institutions.
Q - Mais est-ce que la pondération et un commissaire par pays suffiraient ?
R - Je ne vais pas rentrer dans le détail parce que je ne vais pas me lier à "un commissaire par pays". Nous disons, il faut reprendre la question de la Commission et celle de la pondération. Il faut reprendre la discussion pour aboutir à des solutions qui permettent à l'Europe de fonctionner ensuite. Ce qui ne serait pas le cas si on élargissait sur les bases actuelles.
Q - (Sur la majorité qualifiée)
R - La majorité qualifiée, ca fait partie du sujet. Mais je ne suis pas en train de débattre avec les autres, nous ne sommes pas dans une CIG. Nous n'allons pas passer à seize demain matin.
Q - (Sur la réforme des institutions)
R - Il faut négocier avec les pays membres. Il est normal que ce soit les pays membres de l'UE qui prennent les dispositions en ce qui concerne la réforme de leurs institutions. D'ailleurs, ce qui est important pour nous, dans Amsterdam, à défaut d'avoir obtenu un consensus suffisant sur une réforme de la Commission, ce n'est pas forcément celle que la France proposait, mais enfin une réforme substantielle ou une réforme de la pondération. Ce n'est pas forcément non plus au détail près ce qu'on proposait, c'est un compromis après tout entre les Quinze. Faute d'avoir obtenu cela, on a obtenu qu'il soit acté qu'on ne passait pas, c'est notre analyse, à plus de quinze, sans avoir réformé sur ces deux points. Donc, on ne passe pas à plus de quinze, je ne vais pas vous donner un calendrier, ce n'est pas l'automne prochain ou au printemps prochain. Le problème se posera vraiment avant de passer à plus de quinze. Quand cela sera, je n'en sais rien. Je n'ai aucune idée du moment où le problème se posera concrètement. Notre rôle à partir de maintenant, c'est de ne pas faire oublier cela. Donc à chaque occasion, à chaque rencontre, nous rappellerons les différents aspects du sujet puisque l'on va vers une période où l'Europe à nouveau a sur la table toute une série de grands problèmes qui sont complètement interactifs (l'élargissement, l'agenda, les institutions...). C'est important pour nous. Nous voulons bien que l'Europe s'élargisse, naturellement, nous ne voulons pas qu'elle se dissolve. Nous allons rappeler cela systématiquement.La Commission était chargée de faire un travail, d'ailleurs tout à fait considérable. Il mérite d'être lu, c'est un travail très approfondi. Cela dit, ce travail se conclut par des avis. La Commission transmet un avis au Conseil européen. Aujourd'hui, je n'ai pas à parler à la place du Conseil européen, surtout qu'il faut que tout le monde ait lu les avis de la Commission, que les différents pays en aient parlé. On ne peut pas s'en tenir à des réactions précipitées à partir d'annonces de quelques éléments mis en exergue. Donc, le processus, c'est que les uns et les autres prennent connaissance, réfléchissent, travaillent, discutent, et en fin d'année, le Conseil européen décidera sur la base des propositions de la Commission. Ce sera peut-être ce que la Commission a proposé, ce sera peut-être un peu différent, puisque le Conseil peut décider un peu différemment. Cela, c'est pour la liste des pays dont la Commission a parlé sur un angle un peu technique, en disant : ce sont les pays qui remplissent les conditions, qui sont les plus proches des conditions, qui permettent d'entamer une négociation... Le Conseil peut avoir un avis un peu différent et d'autre part, il doit se préoccuper des autres. Il doit garder une vision d'ensemble, de l'ensemble des pays candidats et là, vous connaissez les positions françaises. Il faut garder à l'esprit qu'ils continuent à inscrire, je ne veux pas parler en langage technocratique, leurs perspectives d'avenir dans le cadre d'un rapprochement avec l'UE. C'est cela qui est important pour nous.
Q - M. Chirac s'était prononcé pour l'ouverture de négociation avec tous les pays.
R - Pas exactement. L'idée du président de la République, c'est l'idée d'une conférence qui permet de réunir l'ensemble des candidats sur la même ligne de départ. Ensuite, il est évident qu'on ne peut pas ouvrir des négociations avec tout le monde. Donc, il faut distinguer les deux. Avec qui ouvre-t-on les négociations ? Alors là, il y a l'avis de la Commission, encore une fois, très important, mais le Conseil peut tout à fait décider que c'est un peu différent sur tel ou tel point. Je ne sais pas ce qu'il décidera, je n'ai pas d'arrière-pensées quand je dis cela, mais c'est pour bien rappeler le rôle de chacun. Donc, il ne s'agit pas de négocier simultanément avec tout le monde. D'ailleurs, beaucoup de pays candidats (candidats, je dis cela pour des raisons un peu politiques et de principe) ne seraient pas en mesure de négocier demain matin. Pour arriver à l'état où l'on peut négocier, c'est compliqué. Donc, il faut avoir une occasion de se rassembler, de se parler avec tous les pays déjà membres et les pays candidats qui veulent être membres un jour. C'est une première chose. Est-ce qu'il ne peut pas y avoir simplement l'UE à quinze qui commence à négocier l'an prochain avec quatre, cinq, six pays pré-sélectionnés et puis on oublie les autres. Ce n'est pas tolérable. Ce serait une bêtise politique et économique.
Q - Mais aujourd'hui, il y a tout de même trois pays simplement qui...
R - C'est un peu tôt. Je ne crois pas que tout le monde ait lu attentivement le travail de la Commission. Nous ne sommes que fin juillet, il n'y a pas de décision à prendre avant fin décembre. Il n'y a pas de raison de tout bâcler en quatre jours.C'est une situation objectivement compliquée, on le voit bien. Il faut combiner deux choses différentes. Il faut solidifier la relation entre l'UE et l'ensemble des pays candidats. C'est une façon intelligente pour l'UE de faire de la politique étrangère. Il faut qu'elle s'occupe de ses voisins, des pays proches, de ses partenaires, il faut qu'elle s'en occupe le plus intelligemment possible. Oublions les procédures détaillées, il faut que toutes les relations politiques et économiques de l'UE contribuent à aider les pays voisins à évoluer dans le bon sens, à consolider leur économie, leur démocratie quand le problème se pose. C'est l'idée générale, toute simple. Pour nous, c'est la conférence. A l'intérieur de cela, il y a des pays candidats qui sont vraiment prêts à entamer des négociations, parce que techniquement ils sont prêts. D'autres ne le sont pas, ils le seront plus tard. Leur cas se traitera au fur et à mesure.
Q - (inaudible)
R - Le projet de la Commission, quand on regarde la conclusion, est plus prudent sur la pré-sélection des pays. C'est au conditionnel : "il pourrait ...... être en mesure de....., si rien ne change".Enfin, c'est une formulation assez prudente. En revanche, sur la présentation de la conférence, ce n'est pas tout à fait notre idée. Il faudra qu'on en discute. Il y a le mot conférence qui est présenté d'une façon qui n'est pas tout à fait la nôtre et qui crée un risque de confusion avec les négociations proprement dites. Pour nous ce n'est pas une "négociation" au sens d'une négociation de l'adhésion.
Q - Vous avez été assez prudent sur la réforme de la PAC parce qu'a priori, ce n'est pas une mauvaise réforme pour la France.
R - Vous savez, on ne peut pas conclure aussi vite. Il y a une façon d'aborder la question (cohésion, fonds structurels, réforme de la PAC...) que nous devons regarder de très près. On ne pourra pas accepter non plus que nous soyons les seuls à perdre. Nous verrons, nous ne sommes pas pressés. Nous aurons l'occasion d'en parler longuement. Il faut regarder l'ensemble et garder notre cap, c'est-à-dire que rien de tout cela n'affaiblisse l'Europe. Ensuite, il faut bien gérer la question de l'élargissement. Il faut que les élargissements soient réussis. Dans le passé, il y a eu des élargissements qui ont été bien préparés et qui, du coup, ont plutôt consolidé l'Europe. Il y a eu des élargissements qui ont été mal préparés ou mal négociés, donc qui ont laissé derrière eux des bombes à retardement. Je ne pense à rien de précis mais chacun peut avoir son idée. Ce que je veux dire par là, c'est que lorsque nous disons qu'il faut réussir les élargissements, ce n'est pas une tactique, ce n'est pas une clause de style. C'est vraiment important que les élargissement futurs soient parfaitement négociés, pour que la situation soit gérable ensuite. Que l'Europe soit en état de marche, tout simplement. Comme je le dis souvent ces derniers jours, les pays candidats n'ont pas envie d'entrer dans une Europe qui ne marcherait plus. Cela n'aurait pas d'intérêt pour eux.
La question agricole sera traitée le moment venu. M. Le Pensec est ministre de l'Agriculture. Donc, il est prudent parce que dans le passé, beaucoup de propositions étaient apparemment extrêmement raisonnables et rationnelles, et en fait, extrêmement mauvaises pour nous. Mais elles sont devenues acceptables après de dures négociations. On a connu des situations de ce type.
Q - (Sur l'Agenda 2000)
R - Je sais que vous êtes critique, vous êtes idéaliste et impatient sur l'avenir de l'Europe. Dans les conditions où se trouve la Commission, elle a fait un très bon travail. Vous ne pouvez pas attendre de la Commission qu'elle puisse s'abstraire de façon complètement théorique de la réalité politique et des contraintes dans lesquelles elle agit. Elle est aussi la résultante de la position des quinze pays. Une Commission a forcément une capacité d'entraînement jusqu'à un certain point. Une capacité à expliquer, à éclairer la façon dont les problèmes vont se présenter, mais ce n'est pas facile, c'est moins facile qu'avant ; plus on est nombreux, moins c'est facile. La conjoncture économique n'est pas très porteuse en Europe. Donc, je trouve que ce que j'ai lu à droite et à gauche m'a paru un peu sévère.
Q - On a l'impression que la Commission prépare le XXIème siècle avec des "primes à la vache"...
R - Ecoutez, je ne connais aucun pays du monde qui prépare le XXIème siècle en oubliant les réalités concrètes à partir desquelles vivent les gens. Vous croyez que les Chinois et les Américains, les Russes, les Brésiliens, n'ont pas des soucis qui soient l'équivalent chez eux de la "prime à la vache" ? Regardez la politique intérieure de chaque pays, vous verrez qu'elle est dominée partout par des questions de ce type. Vous pensez que les Etats-Unis par exemple ne se préoccupent pas des emplois aéronautiques en pensant au XXIème siècle ?
Q - (Sur Boeing)
R - Aujourd'hui, on n'a pas de raison d'en parler je crois. De toute façon, la situation est très claire, nous soutenons à fond ce que fait la Commission.
Q - Avez-vous reçu une lettre de Bill Clinton ?
R - Je n'ai rien reçu. Demandez plutôt à la Commission.
Q - S'il y a des représailles ?
R - On n'en est pas là. Pour le moment, la Commission instruit ce dossier sur une base parfaitement claire, il n'y a aucune agressivité artificielle. Les Etats-Unis font des déclarations en fait pour intimider. Je n'ai pas le sentiment que cela porte ses fruits. Si les Etats-Unis prennent la responsabilité de porter cette affaire sur un autre plan, on verra comment réagiront les Européens. Tout ce qu'il faut souligner, c'est qu'il s'agit une compétence absolument normale et reconnue de l'UE, et que l'UE réagit.
Q - (Sur le pôle économique européen évoqué par le chancelier Kohl dans le domaine aéronautique)
R - C'est forcément intéressant parce que cela vient du chancelier Kohl. C'est doublement intéressant par rapport à l'angle sous lequel il le présente. Pour la concurrence mondiale, c'est à considérer.
Q - (Sur les visites effectuées par le ministre à l'étranger)
R - Je vais passer une journée au Maroc et une journée en Tunisie. Il n'y a pas d'objectif particulier. Ce sont des visites de prise de contact après ma nomination puisque j'ai rencontré beaucoup d'homologues européens ou occidentaux. J'ai eu l'occasion d'aller à Alger pour ce forum méditerranéen : il m'a paru naturel de continuer cette prise de contact par des visites au Maghreb. Et à d'autres moments de l'année, mais qui ne sont pas encore fixés, j'irai au Proche-Orient et également en Afrique. C'est une démarche naturelle qui n'est pas liée à tel ou tel problème.
Q - (Sur le Proche-Orient)
R - Il faut inlassablement redonner corps au processus de paix qui est, en réalité, arrêté. Nous le disons à tout le monde : que ce soit aux Arabes, aux Israéliens, aux Américains, aux autres Européens, on le dit constamment dans toutes les enceintes. Ce n'est pas un problème d'invention de position nouvelle. C'est un corps d'analyse qui est à la fois logique et en même temps qui ne bouge pas car nous n'avons pas plus que les autres des moyens d'imposer cela. Donc nous nous situons dans le domaine de la persuasion et de la persévérance./.
(Source : http://www.diplomatie.gouv.fr/actu/bulletin.asp, le 22 juillet 2002)
CONSEIL AFFAIRES GENERALES
ENTRETIEN DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES,
M. HUBERT VEDRINE, AVEC "RFO"
Q - Monsieur le Ministre, est-ce qu'aujourd'hui, on a abordé le problème de l'Afrique, est-ce que vous avez fait des propositions particulières ?
R - Oui, nous avons demandé que soit mis à l'ordre du jour la question du Congo-Brazzaville. Le président du Conseil, M. Poos, en a parlé effectivement, en pensant que l'UE avait une occasion utile et concrète dans le cadre de l'appel déjà lancé par l'UE aux parties en présence au Congo-Brazzaville d'accepter une trêve et de revenir sur le terrain de la négociation politique. Il pensait que l'UE avait là un moyen, en soutenant financièrement par une contribution, de déterminer, une fois que le Secrétaire général des Nations unies aura confirmé son accord sur l'ensemble de ce montage, l'organisation d'une force interafricaine. Nous avons obtenu un accord de principe. Je m'en réjouis ; c'est une bonne démarche de la part de l'Europe et je crois que c'est très utile pour le Congo et pour l'ensemble de la région. Maintenant, il faut naturellement que ce soit confirmé au niveau de l'ONU. Il faut que tout cela s'inscrive dans un cadre sans ambiguïté. C'est une demande particulière de la France mais nous venions en relais en quelque sorte des efforts de médiation animés maintenant depuis plusieurs semaines par le président Bongo et par l'ambassadeur Sahnoun. Nous avons été immédiatement soutenus par les pays membres, à commencer par la Belgique. La Commission a également été très positive à ce sujet. Donc nous avons cet accord de principe ; il faudra dans les jours qui viennent le concrétiser.
Q - (Sur la concertation avec les Belges et l'avenir des relations de la France avec l'Afrique)
R - C'est un peu tôt. Sur l'Afrique, le gouvernement Lionel Jospin entreprend une vision d'ensemble sur les différents volets et ce sera indiqué le moment venu. Quelques éléments cependant : il s'agit d'avoir une approche générale sur l'ensemble de l'Afrique et que l'on définisse ce que sera notre politique dans l'ensemble de l'Afrique dans les années qui viennent. Donc, il faut laisser un tout petit peu de temps pour ajuster les différents volets de cette approche. Quant à la concertation avec nos amis belges, elle est tout à fait naturelle puisque nous parlons de la situation africaine avec de très nombreux partenaires. Nous en parlons avec nos homologues britanniques, espagnols, italiens, égyptiens .... C'est un sujet de conversation qui vient naturellement./.
(Source : http://www.diplomatie.gouv.fr/actu/bulletin.asp, le 22 juillet 2002)
POINT DE PRESSE DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES,
M. HUBERT VEDRINE
(Bruxelles, 22 juillet 1997)
Sur le programme de la présidence, vous avez eu mon intervention. Il y a eu un tour de table où chacun s'est exprimé en quelques minutes. Vous avez pu suivre puisque le débat était public. On a parlé du Congo qui a été mis à l'ordre du jour à notre demande ; donc, je peux vous dire un mot si vous n'êtes pas au courant. Vous savez que la France ne veut pas être engagée directement dans cette affaire mais il faut faire le maximum d'efforts politiques, diplomatiques aussi bien directement qu'en mobilisant d'autres Européens pour aider à la constitution d'une force euro-africaine de stabilisation, de prévention du conflit, afin de seconder les efforts menés d'une part par le président Bongo qui est très actif avec les présidents de la région et d'autre part, par l'ambassadeur Sahnoun ; c'est dans le cadre de l'ONU qu'il faut trouver un montage pour aider en termes financiers et logistiques la constitution de cette force. C'est très important pour nous, parce que cela préfigure un type d'action d'avenir, parce que c'est une force interafricaine. Il faut vraiment les aider, les consolider. Le processus en terme de légalité internationale est parfaitement convenable (OUA, ONU). D'autre part, l'urgence est grande puisqu'il s'agit de consolider cette stabilisation relative qui a été obtenue par les efforts antérieurs. Quand on voit ce qui s'est passé dans l'ensemble des Etats de la région de cette zone de l'Afrique centrale, il est certain que consolider le Congo-Brazzaville, c'est une façon d'essayer de calmer ce phénomène de contagion, de prise ou de reprise du pouvoir par la force. Pour toutes ces raisons et parce que les financements bilatéraux envisagés ne sont pas suffisants pour le moment, il semble que l'Union européenne soit dans sa vocation, si elle intervient de façon utile et concrète dans une opération de ce type. Elle a déjà lancé différents appels aux parties congolaises (la dernière fois c'était le 11 juillet) pour que les parties congolaises s'engagent dans un règlement politique. Donc, il est parfaitement logique qu'elle-même agisse, non pas en allant mener une opération militaire ou de défense mais une opération de prévention de crise, de stabilisation. Donc, nous avons présenté cette demande au Conseil et nous avons obtenu un accord de principe. Cela doit être maintenant mis en oeuvre. Il faut voir quels seront les financements disponibles, notamment au titre de la PESC. Le COREPER va suivre cela. Cela ne se déclenchera qu'après une confirmation par le Secrétaire général des Nations unies, la semaine prochaine. L'idée générale, c'est de réunir des financements bilatéraux de certains pays européens, voire même de certains pays africains, encore que c'est plutôt sous la forme de détachement et d'autre part, ce serait donc un mixage.
Q - (Sur l'élargissement)
R - Il y a deux choses différentes. "Nouvelle CIG", je n'ai pas mis le mot exact dans mon intervention. Le raisonnement est clair. Nous ne raisonnons pas en termes techniques. Ce qui est parfaitement clair pour nous, c'est que l'on ne peut pas aller à un nouvel élargissement si l'on n'a pas obtenu les réformes institutionnelles que nous voulions obtenir à Amsterdam et que l'on n'a pas obtenues. Il faut les trouver avant l'élargissement. Je ne peux pas dire la forme exacte ni la date exacte, mais l'idée politique est très claire. On ne peut pas passer à l'élargissement sans avoir réglé ces questions. A partir de maintenant, nous allons dire constamment, à toute occasion, "ce problème se pose", "il n'a pas été réglé". Nous allons le rappeler de façon obsessionnelle à ceux qui font semblant de penser que le problème a été réglé et qu'il ne se pose pas, ou pas encore. Donc, nous disons "Luxembourg" parce que c'est le prochain Conseil européen. Nous ne voudrions pas qu'il y ait quelques Conseils qui commencent à être occupés uniquement par la question de l'élargissement, sous l'angle du financement de l'élargissement, de la négociation, des conséquences sur la PAC, des fonds structurels, etc... et qu'on escamote les questions institutionnelles.
Q - Donc, vous voulez un vrai règlement dès le premier élargissement ?
R - Nous considérons que nous ne pouvons pas passer à un nouvel élargissement, en clair, à plus de 15, sans avoir amélioré, les institutions.
Q - Mais est-ce que la pondération et un commissaire par pays suffiraient ?
R - Je ne vais pas rentrer dans le détail parce que je ne vais pas me lier à "un commissaire par pays". Nous disons, il faut reprendre la question de la Commission et celle de la pondération. Il faut reprendre la discussion pour aboutir à des solutions qui permettent à l'Europe de fonctionner ensuite. Ce qui ne serait pas le cas si on élargissait sur les bases actuelles.
Q - (Sur la majorité qualifiée)
R - La majorité qualifiée, ca fait partie du sujet. Mais je ne suis pas en train de débattre avec les autres, nous ne sommes pas dans une CIG. Nous n'allons pas passer à seize demain matin.
Q - (Sur la réforme des institutions)
R - Il faut négocier avec les pays membres. Il est normal que ce soit les pays membres de l'UE qui prennent les dispositions en ce qui concerne la réforme de leurs institutions. D'ailleurs, ce qui est important pour nous, dans Amsterdam, à défaut d'avoir obtenu un consensus suffisant sur une réforme de la Commission, ce n'est pas forcément celle que la France proposait, mais enfin une réforme substantielle ou une réforme de la pondération. Ce n'est pas forcément non plus au détail près ce qu'on proposait, c'est un compromis après tout entre les Quinze. Faute d'avoir obtenu cela, on a obtenu qu'il soit acté qu'on ne passait pas, c'est notre analyse, à plus de quinze, sans avoir réformé sur ces deux points. Donc, on ne passe pas à plus de quinze, je ne vais pas vous donner un calendrier, ce n'est pas l'automne prochain ou au printemps prochain. Le problème se posera vraiment avant de passer à plus de quinze. Quand cela sera, je n'en sais rien. Je n'ai aucune idée du moment où le problème se posera concrètement. Notre rôle à partir de maintenant, c'est de ne pas faire oublier cela. Donc à chaque occasion, à chaque rencontre, nous rappellerons les différents aspects du sujet puisque l'on va vers une période où l'Europe à nouveau a sur la table toute une série de grands problèmes qui sont complètement interactifs (l'élargissement, l'agenda, les institutions...). C'est important pour nous. Nous voulons bien que l'Europe s'élargisse, naturellement, nous ne voulons pas qu'elle se dissolve. Nous allons rappeler cela systématiquement.La Commission était chargée de faire un travail, d'ailleurs tout à fait considérable. Il mérite d'être lu, c'est un travail très approfondi. Cela dit, ce travail se conclut par des avis. La Commission transmet un avis au Conseil européen. Aujourd'hui, je n'ai pas à parler à la place du Conseil européen, surtout qu'il faut que tout le monde ait lu les avis de la Commission, que les différents pays en aient parlé. On ne peut pas s'en tenir à des réactions précipitées à partir d'annonces de quelques éléments mis en exergue. Donc, le processus, c'est que les uns et les autres prennent connaissance, réfléchissent, travaillent, discutent, et en fin d'année, le Conseil européen décidera sur la base des propositions de la Commission. Ce sera peut-être ce que la Commission a proposé, ce sera peut-être un peu différent, puisque le Conseil peut décider un peu différemment. Cela, c'est pour la liste des pays dont la Commission a parlé sur un angle un peu technique, en disant : ce sont les pays qui remplissent les conditions, qui sont les plus proches des conditions, qui permettent d'entamer une négociation... Le Conseil peut avoir un avis un peu différent et d'autre part, il doit se préoccuper des autres. Il doit garder une vision d'ensemble, de l'ensemble des pays candidats et là, vous connaissez les positions françaises. Il faut garder à l'esprit qu'ils continuent à inscrire, je ne veux pas parler en langage technocratique, leurs perspectives d'avenir dans le cadre d'un rapprochement avec l'UE. C'est cela qui est important pour nous.
Q - M. Chirac s'était prononcé pour l'ouverture de négociation avec tous les pays.
R - Pas exactement. L'idée du président de la République, c'est l'idée d'une conférence qui permet de réunir l'ensemble des candidats sur la même ligne de départ. Ensuite, il est évident qu'on ne peut pas ouvrir des négociations avec tout le monde. Donc, il faut distinguer les deux. Avec qui ouvre-t-on les négociations ? Alors là, il y a l'avis de la Commission, encore une fois, très important, mais le Conseil peut tout à fait décider que c'est un peu différent sur tel ou tel point. Je ne sais pas ce qu'il décidera, je n'ai pas d'arrière-pensées quand je dis cela, mais c'est pour bien rappeler le rôle de chacun. Donc, il ne s'agit pas de négocier simultanément avec tout le monde. D'ailleurs, beaucoup de pays candidats (candidats, je dis cela pour des raisons un peu politiques et de principe) ne seraient pas en mesure de négocier demain matin. Pour arriver à l'état où l'on peut négocier, c'est compliqué. Donc, il faut avoir une occasion de se rassembler, de se parler avec tous les pays déjà membres et les pays candidats qui veulent être membres un jour. C'est une première chose. Est-ce qu'il ne peut pas y avoir simplement l'UE à quinze qui commence à négocier l'an prochain avec quatre, cinq, six pays pré-sélectionnés et puis on oublie les autres. Ce n'est pas tolérable. Ce serait une bêtise politique et économique.
Q - Mais aujourd'hui, il y a tout de même trois pays simplement qui...
R - C'est un peu tôt. Je ne crois pas que tout le monde ait lu attentivement le travail de la Commission. Nous ne sommes que fin juillet, il n'y a pas de décision à prendre avant fin décembre. Il n'y a pas de raison de tout bâcler en quatre jours.C'est une situation objectivement compliquée, on le voit bien. Il faut combiner deux choses différentes. Il faut solidifier la relation entre l'UE et l'ensemble des pays candidats. C'est une façon intelligente pour l'UE de faire de la politique étrangère. Il faut qu'elle s'occupe de ses voisins, des pays proches, de ses partenaires, il faut qu'elle s'en occupe le plus intelligemment possible. Oublions les procédures détaillées, il faut que toutes les relations politiques et économiques de l'UE contribuent à aider les pays voisins à évoluer dans le bon sens, à consolider leur économie, leur démocratie quand le problème se pose. C'est l'idée générale, toute simple. Pour nous, c'est la conférence. A l'intérieur de cela, il y a des pays candidats qui sont vraiment prêts à entamer des négociations, parce que techniquement ils sont prêts. D'autres ne le sont pas, ils le seront plus tard. Leur cas se traitera au fur et à mesure.
Q - (inaudible)
R - Le projet de la Commission, quand on regarde la conclusion, est plus prudent sur la pré-sélection des pays. C'est au conditionnel : "il pourrait ...... être en mesure de....., si rien ne change".Enfin, c'est une formulation assez prudente. En revanche, sur la présentation de la conférence, ce n'est pas tout à fait notre idée. Il faudra qu'on en discute. Il y a le mot conférence qui est présenté d'une façon qui n'est pas tout à fait la nôtre et qui crée un risque de confusion avec les négociations proprement dites. Pour nous ce n'est pas une "négociation" au sens d'une négociation de l'adhésion.
Q - Vous avez été assez prudent sur la réforme de la PAC parce qu'a priori, ce n'est pas une mauvaise réforme pour la France.
R - Vous savez, on ne peut pas conclure aussi vite. Il y a une façon d'aborder la question (cohésion, fonds structurels, réforme de la PAC...) que nous devons regarder de très près. On ne pourra pas accepter non plus que nous soyons les seuls à perdre. Nous verrons, nous ne sommes pas pressés. Nous aurons l'occasion d'en parler longuement. Il faut regarder l'ensemble et garder notre cap, c'est-à-dire que rien de tout cela n'affaiblisse l'Europe. Ensuite, il faut bien gérer la question de l'élargissement. Il faut que les élargissements soient réussis. Dans le passé, il y a eu des élargissements qui ont été bien préparés et qui, du coup, ont plutôt consolidé l'Europe. Il y a eu des élargissements qui ont été mal préparés ou mal négociés, donc qui ont laissé derrière eux des bombes à retardement. Je ne pense à rien de précis mais chacun peut avoir son idée. Ce que je veux dire par là, c'est que lorsque nous disons qu'il faut réussir les élargissements, ce n'est pas une tactique, ce n'est pas une clause de style. C'est vraiment important que les élargissement futurs soient parfaitement négociés, pour que la situation soit gérable ensuite. Que l'Europe soit en état de marche, tout simplement. Comme je le dis souvent ces derniers jours, les pays candidats n'ont pas envie d'entrer dans une Europe qui ne marcherait plus. Cela n'aurait pas d'intérêt pour eux.
La question agricole sera traitée le moment venu. M. Le Pensec est ministre de l'Agriculture. Donc, il est prudent parce que dans le passé, beaucoup de propositions étaient apparemment extrêmement raisonnables et rationnelles, et en fait, extrêmement mauvaises pour nous. Mais elles sont devenues acceptables après de dures négociations. On a connu des situations de ce type.
Q - (Sur l'Agenda 2000)
R - Je sais que vous êtes critique, vous êtes idéaliste et impatient sur l'avenir de l'Europe. Dans les conditions où se trouve la Commission, elle a fait un très bon travail. Vous ne pouvez pas attendre de la Commission qu'elle puisse s'abstraire de façon complètement théorique de la réalité politique et des contraintes dans lesquelles elle agit. Elle est aussi la résultante de la position des quinze pays. Une Commission a forcément une capacité d'entraînement jusqu'à un certain point. Une capacité à expliquer, à éclairer la façon dont les problèmes vont se présenter, mais ce n'est pas facile, c'est moins facile qu'avant ; plus on est nombreux, moins c'est facile. La conjoncture économique n'est pas très porteuse en Europe. Donc, je trouve que ce que j'ai lu à droite et à gauche m'a paru un peu sévère.
Q - On a l'impression que la Commission prépare le XXIème siècle avec des "primes à la vache"...
R - Ecoutez, je ne connais aucun pays du monde qui prépare le XXIème siècle en oubliant les réalités concrètes à partir desquelles vivent les gens. Vous croyez que les Chinois et les Américains, les Russes, les Brésiliens, n'ont pas des soucis qui soient l'équivalent chez eux de la "prime à la vache" ? Regardez la politique intérieure de chaque pays, vous verrez qu'elle est dominée partout par des questions de ce type. Vous pensez que les Etats-Unis par exemple ne se préoccupent pas des emplois aéronautiques en pensant au XXIème siècle ?
Q - (Sur Boeing)
R - Aujourd'hui, on n'a pas de raison d'en parler je crois. De toute façon, la situation est très claire, nous soutenons à fond ce que fait la Commission.
Q - Avez-vous reçu une lettre de Bill Clinton ?
R - Je n'ai rien reçu. Demandez plutôt à la Commission.
Q - S'il y a des représailles ?
R - On n'en est pas là. Pour le moment, la Commission instruit ce dossier sur une base parfaitement claire, il n'y a aucune agressivité artificielle. Les Etats-Unis font des déclarations en fait pour intimider. Je n'ai pas le sentiment que cela porte ses fruits. Si les Etats-Unis prennent la responsabilité de porter cette affaire sur un autre plan, on verra comment réagiront les Européens. Tout ce qu'il faut souligner, c'est qu'il s'agit une compétence absolument normale et reconnue de l'UE, et que l'UE réagit.
Q - (Sur le pôle économique européen évoqué par le chancelier Kohl dans le domaine aéronautique)
R - C'est forcément intéressant parce que cela vient du chancelier Kohl. C'est doublement intéressant par rapport à l'angle sous lequel il le présente. Pour la concurrence mondiale, c'est à considérer.
Q - (Sur les visites effectuées par le ministre à l'étranger)
R - Je vais passer une journée au Maroc et une journée en Tunisie. Il n'y a pas d'objectif particulier. Ce sont des visites de prise de contact après ma nomination puisque j'ai rencontré beaucoup d'homologues européens ou occidentaux. J'ai eu l'occasion d'aller à Alger pour ce forum méditerranéen : il m'a paru naturel de continuer cette prise de contact par des visites au Maghreb. Et à d'autres moments de l'année, mais qui ne sont pas encore fixés, j'irai au Proche-Orient et également en Afrique. C'est une démarche naturelle qui n'est pas liée à tel ou tel problème.
Q - (Sur le Proche-Orient)
R - Il faut inlassablement redonner corps au processus de paix qui est, en réalité, arrêté. Nous le disons à tout le monde : que ce soit aux Arabes, aux Israéliens, aux Américains, aux autres Européens, on le dit constamment dans toutes les enceintes. Ce n'est pas un problème d'invention de position nouvelle. C'est un corps d'analyse qui est à la fois logique et en même temps qui ne bouge pas car nous n'avons pas plus que les autres des moyens d'imposer cela. Donc nous nous situons dans le domaine de la persuasion et de la persévérance./.
(Source : http://www.diplomatie.gouv.fr/actu/bulletin.asp, le 22 juillet 2002)
CONSEIL AFFAIRES GENERALES
ENTRETIEN DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES,
M. HUBERT VEDRINE, AVEC "RFO"
Q - Monsieur le Ministre, est-ce qu'aujourd'hui, on a abordé le problème de l'Afrique, est-ce que vous avez fait des propositions particulières ?
R - Oui, nous avons demandé que soit mis à l'ordre du jour la question du Congo-Brazzaville. Le président du Conseil, M. Poos, en a parlé effectivement, en pensant que l'UE avait une occasion utile et concrète dans le cadre de l'appel déjà lancé par l'UE aux parties en présence au Congo-Brazzaville d'accepter une trêve et de revenir sur le terrain de la négociation politique. Il pensait que l'UE avait là un moyen, en soutenant financièrement par une contribution, de déterminer, une fois que le Secrétaire général des Nations unies aura confirmé son accord sur l'ensemble de ce montage, l'organisation d'une force interafricaine. Nous avons obtenu un accord de principe. Je m'en réjouis ; c'est une bonne démarche de la part de l'Europe et je crois que c'est très utile pour le Congo et pour l'ensemble de la région. Maintenant, il faut naturellement que ce soit confirmé au niveau de l'ONU. Il faut que tout cela s'inscrive dans un cadre sans ambiguïté. C'est une demande particulière de la France mais nous venions en relais en quelque sorte des efforts de médiation animés maintenant depuis plusieurs semaines par le président Bongo et par l'ambassadeur Sahnoun. Nous avons été immédiatement soutenus par les pays membres, à commencer par la Belgique. La Commission a également été très positive à ce sujet. Donc nous avons cet accord de principe ; il faudra dans les jours qui viennent le concrétiser.
Q - (Sur la concertation avec les Belges et l'avenir des relations de la France avec l'Afrique)
R - C'est un peu tôt. Sur l'Afrique, le gouvernement Lionel Jospin entreprend une vision d'ensemble sur les différents volets et ce sera indiqué le moment venu. Quelques éléments cependant : il s'agit d'avoir une approche générale sur l'ensemble de l'Afrique et que l'on définisse ce que sera notre politique dans l'ensemble de l'Afrique dans les années qui viennent. Donc, il faut laisser un tout petit peu de temps pour ajuster les différents volets de cette approche. Quant à la concertation avec nos amis belges, elle est tout à fait naturelle puisque nous parlons de la situation africaine avec de très nombreux partenaires. Nous en parlons avec nos homologues britanniques, espagnols, italiens, égyptiens .... C'est un sujet de conversation qui vient naturellement./.
(Source : http://www.diplomatie.gouv.fr/actu/bulletin.asp, le 22 juillet 2002)