Texte intégral
G. Cahour.- Question d'actualité, d'abord C. Lagarde, je viens de le dire, vous êtes ministre de l'Industrie. Hier, une perquisition a eu lieu chez Auto Plus, le magazine spécialisé dans l'automobile. Perquisition, garde à vue d'un journaliste, de saisies de disques durs, de documents, à la demande de Renault qui avait porté plainte il y a un petit peu plus d'un an pour des questions de photos de sa future Mégane qui ont été diffusées dans la presse, des photos volées. Faut-il aller jusqu'à ce dispositif de perquisition, garde à vue et tout le toutim qui suit derrière pour ce type de question-là ?
D'abord, il y a une procédure judiciaire en cours donc je me garderai bien de commenter une procédure, puisque la justice doit faire son travail et ce n'est pas à un membre du Gouvernement de commenter une action en cours. Sur le principe de la protection des inventions, de la protection des brevets, de la protection des marques, de la protection des dessins et modèles, je mène une action déterminée parce que je crois que c'est un des secteurs dans lesquels la France dispose vraiment d'un atout plus. Donc, il faut être très, très ferme sur la protection de ces inventions, premier point. Deuxième point, la liberté d'information, la liberté de la presse, sont des piliers sacrés, et chaque fois qu'une action s'exerce à l'encontre de ces deux principes-là, il faut aussi être aussi attentif. Donc, on navigue entre ces deux impératifs et j'espère que toute la procédure en cours permettra, un, de faire la lumière, et deux, de respecter ces deux principes.
Oui, parce qu'il y a une nouvelle loi qui a été adoptée sur la protection des sources journalistiques...
Oui, absolument.
...sauf si il y a une menace pour l'intérêt public, mais là on est plutôt dans des intérêts privés ?
Oui, mais en même temps, le capital intellectuel qui est généré par toutes les entreprises de France, et qui permet le dépôt de brevets, le dépôt de marques, le dépôt d'inventions et leur protection, cela relève de l'intérêt collectif. L'économie française repose notamment sur la capacité d'innover, sur la capacité d'inventer de toutes les entreprises et de tous les salariés qui y participent.
On va parler bien évidemment du budget, de la croissance, puisque hier vous avez annoncé une révision à la baisse les prévisions de croissance pour la France...
Non, non, non, non ! Vous me permettez ?
Allez-y tout de suite.
Cela me permet vraiment chez vous de clarifier ce point. Nous avons une prévision de croissance qui n'a pas changé depuis le mois d'avril, c'est le moment où on l'a révisée, qui étaie entre 1,7 et 2 %. Je ne change pas ma prévision de croissance, elle reste entre 1,7 et 2...
Vous étiez plutôt dans le haut de la fourchette ? Jusqu'à présent, c'était plutôt le haut de la fourchette.
C'est pour ça que je dis... Voilà, mais c'est formidable que je puisse le confirmer chez vous, ce que je dis aujourd'hui, c'est que nous serons plus probablement dans le bas de la fourchette compte tenu des facteurs extérieurs auxquels toutes les économies du monde sont confrontées, c'est-à-dire : hausse du baril de pétrole, et taux de l'euro extrêmement élevés par rapport à d'autres monnaies, voilà.
Donc, on reste dans votre fourchette ?
Absolument.
Sauf qu'on était dans le haut de la fourchette et qu'on redescend dans le bas de la fourchette, c'est ça ? On est d'accord ?
Mais non, je ne change pas mes prévisions de croissance, et je pense que nous serons plutôt en 2008 dans le bas de la fourchette que dans le haut de la fourchette.
Il y a quelques jours, la Banque centrale européenne a décidé de relever son taux directeur, ça a des conséquences bien évidemment sur un certain nombre de taux, par exemple, les taux quand on veut emprunter. Est-ce que ça a des conséquences aussi sur les placements que l'on peut avoir, notamment le Livret A ?
Alors, je suis heureuse ce matin de pouvoir vous annoncer que le Livret A, qui est un outil très populaire d'épargne pour de très nombreux Français, le Livret A va passer, à compter du 1er août, au taux de 4 %. Donc l'intérêt servi sur les sommes versées sur le Livret A, à compter du 1er août sera de 4 %.
Donc, c'est-à-dire qu'il passe de 3,5 à 4 %, il est à...Comment avez-vous fait ce calcul, vous l'avez indexé sur l'inflation ?
Alors, c'est un calcul qui résulte d'une moyenne arithmétique entre les taux courts et le taux de l'inflation. On l'a constaté depuis plusieurs mois, l'inflation est en augmentation régulière d'un mois sur l'autre, et je pense que ce sera la cas pendant encore au moins un mois, pour ensuite revenir à des taux inférieurs, très probablement. Mais là, nous devons tenir compte de l'inflation, des taux courts qui sont élevés, et la moyenne arithmétique des deux nous approche de 4 %. Nous avons donc décidé, à compter du 1er août, de porter le taux d'intérêt des Livrets A à 4 %.
On dit souvent que les assurances-vie, c'est le placement vedette en France. Finalement, le Livret A va devenir beaucoup plus intéressant maintenant ?
Le Livret A est un produit très intéressant, privilégié par les Français, un taux de rémunération de 4 % à partir du 1er août, une épargne liquide, disponible, accessible, et puis...
Et plafonnée ?
Alors, plafonnée à 16.300 euros, donc, on atteint un plafond et au-delà on ne peut pas évidemment bénéficier de cet outil très intéressant. Il va devenir très populaire, encore populaire qu'il ne l'est, puisqu'il pourra à compter du 1er janvier être commercialisé par toutes les banques qui le souhaitent. Aujourd'hui...
Parce qu'aujourd'hui, c'est Caisses d'Epargne, Poste et Crédit Mutuel.
Caisses d'épargne, La Banque Postale et le Crédit Mutuel. La loi de modernisation de l'économie qui va être votée dans les tout prochains jours, puisqu'on arrive au bout du débat parlementaire, permettra donc à toutes les banques qui le souhaitent de le commercialiser. Et cela va permettre, un, de le généraliser, deux, de réduire les commissions qui étaient payées aux banques qui commercialisaient l'outil, et trois, ça va garantir le financement du logement social. Vous savez que l'épargne qui était drainée par les Livrets A était centralisée auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations, cela demeure, et on s'assure que tout le logement social continue à être bien financé...
70 % des sommes aujourd'hui sont attribuées au logement social, c'est cela ?
Aujourd'hui, c'est 100 % de la collecte Livret A et un peu moins d 10 % de la collecte du LDD, qui est le Livret de Développement Durable. Si on fait la moyenne arithmétique de la somme des deux, on arrive à un taux centralisation de 70 %, c'est ce qui figurera dans le décret que je prendrai avant la fin de l'année pour que 70 % de la collecte totale sur ces deux Livrets soient bien affectés au logement social. Et puis on a prévu un garde-fou supplémentaire dans la loi, et on dit que, au moins le financement nécessaire aux crédits consentis pour le logement social sera centralisé à la Caisse des Dépôts et Consignations, et sera aussi utilisé pour la Politique de la ville.
Aujourd'hui, beaucoup de Français ont déjà des Livrets A. 45 millions de Français ont des Livrets A, et certains en ont plusieurs, un, deux, voire plus. On a souvent dit qu'il était très difficile de contrôler justement le fait d'avoir plusieurs Livrets A. Aujourd'hui, avec un Livret A à 4 %, ça devient encore plus intéressant. Qu'est-ce qui m'empêche moi d'aller ouvrir encore deux, trois, ou quatre Livrets A lorsque la concurrence le proposera ?
Je suis contente que vous en ayez déjà un et donc que vous serez mieux rémunéré à compter du 1er août. Dorénavant, les banques seront tenues chaque fois qu'elles ouvriront un Livret A pour quelqu'un qui se présente au guichet, elles seront tenues de vérifier auprès du Fichier central tenu par mes services, qui recense l'ensemble des Livrets, s'il existe déjà ou non un Livret au nom du bénéficiaire qui vient solliciter de la banque l'ouverture d'un Livret, et si ce n'est pas le cas...
C'est un nouveau Fichier ?
C'est un Fichier qui préexistait mais qui n'était pas activé, donc que nous allons évidemment activer, et que, deuxièmement, les banques seront obligées de consulter avant l'ouverture d'un Livret.
Donc, plus de fraude possible ?
Plus de fraude possible.
Le budget ; on a parlé des prévisions de croissance avec cette prévision qui tournera plutôt aux environs de 1,7 %, le débat sur le budget 2009-2010 et 2011 a commencé hier, avec plusieurs points importants : 30.000 fonctionnaires en moins, ça fait environ un départ à la retraite sur deux qui ne sera pas remplacé ; des crédits en hausse pour certains ministères, notamment pour le ministère de l'Enseignement, le ministère de la Justice mais aussi pour beaucoup de ministères des crédits en baisse, par exemple pour l'emploi ou l'écologie, on va y revenir. Est-ce que ça c'est une politique de rigueur ?
C'est ce que le président de la République a souhaité, c'est-à-dire, la réforme en profondeur de tous les services qui concourent à l'exercice de la fonction gouvernementale. Je m'explique, aujourd'hui, nous avons tout un mécanisme qui consiste à revoir toutes les politiques publiques, ça s'appelle "la RGPP", et on regarde, ministère par ministère, sous l'autorité du président de la République et du Premier ministre, si les dépenses consacrées à telle ou telle politique sont bonnes, si elles doivent être maintenues en l'état, si elles doivent être réduites, ou si elles doivent être exercées par quelqu'un d'autre. Je vous donne un exemple : dans mon ministère, on va regrouper quatre directions en une. Dans les services décentralisés de mon ministère, on va regrouper six directions régionales ou départementales en une. Cela ça fait partie des économies que l'on doit faire ou que l'on doit obtenir.
Des économies sur quoi, sur le personnel ?
Dans mes effectifs, par exemple, on va avoir une réduction sur la période triennale, chaque année, d'à peu près 2% des effectifs. C'est un peu moins de ce qui se passera dans l'Education nationale en termes de proportions...
Est-ce que dans le cadre des économies pour les ministères, c'est le personnel ou c'est autre chose ?
Ce qui est prévu sur la période triennale et sous l'autorité d'E. Woerth qui mène cet exercice-là en qualité de ministre du Budget et de la Fonction publique - du Budget, des Comptes publics et de la Fonction public -, c'est un exercice qui consiste à véritablement descendre toutes les lignes budgétaires pour réduire au maximum la dépense et surtout pour l'affecter de la façon la plus efficace possible au bénéfice du public.
Donc cela ressemble à une politique de rigueur en ce qui concerne les crédits, la partie "crédits" du budget. Et puis il y a aussi le recettes, et ça c'est plus de votre registre. En matière d'impôts, est-ce que là aussi il faut s'attendre à une politique de rigueur, c'est-à-dire avec des impôts qui ne baisseront pas, voire qui augmenteront ?
En matière d'impôts, il y a beaucoup à dire. Depuis un an que nous sommes en place, nous avons mis énormément de réformes en cours, et je pense dans mon domaine qui est le domaine donc de la fiscalité, nous avons en particulier allégé la fiscalité considérablement sur les heures supplémentaires. C'est une mesure très importante qui a, d'une part, renforcé la valeur travail, qui, d'autre part, permet de remettre de l'argent dans l'économie sous forme d'augmentation du pouvoir d'achat, et qui permet aujourd'hui à six entreprises sur dix d'utiliser le mécanisme, et à peu près à 6 millions de salariés de "toucher" entre guillemets des heures supplémentaires sans impôt. Deuxième mesure à laquelle je pense, qui là aussi a permis une diminution des impôts, c'est le crédit impôt-recherche. C'est une mesure que nous avons mise en place pour soutenir l'effort d'innovation des entreprises et que nous avons triplé depuis le 1er janvier. Et qui commence...
Oui, mais là, vous êtes en train de me parler de ce que vous avez fait depuis un an. Moi, je suis en train de vous poser la question pour 2009. 2009, est-ce que vous allez augmenter les impôts ou arrêter de les baisser ?
Il n'est pas question d'augmenter les impôts, on raisonne à prélèvements obligatoires constants. Mais je suis en train de vous parler de mesures qui sont en train de commencer à produire leurs effets, et dont nos concitoyens vont commencer à sentir les effets dans leur feuille d'impôts 2008 et 2009. Donc, c'est véritablement maintenant que ça produit ses effets, qu'il s'agisse des heures supplémentaires effectuées fin 2007 et toute l'année 2008, ça va être dans la feuille d'impôts 2008, dans la feuille d'impôts 2009, qu'il s'agisse du crédit impôt-recherche, et là on en sentira les effets en 2009 puisque ce sont des dépenses engagées en 2008. Mais vous savez...
Donc, ce sera une demi politique de rigueur : une politique de rigueur sur les crédits pour les ministères, mais pas de politique de rigueur pour les contribuables ?
Vous êtes en train d'essayer de me faire dire que nous pratiquons une politique de rigueur...
Absolument pas.
...et moi, ce que je vous dis, c'est que nous mettons en place une politique de réformes.
Je constate quand même une chose c'est que, depuis ce qui s'est passé en début d'année où vous aviez parlé de "politique de rigueur" et où derrière vous aviez eu quelques remarques qui venaient de l'Elysée, depuis on n'en parle absolument plus. Et même, aujourd'hui, c'est un mot qui est tabou, même si c'est la réalité en ce qui concerne les crédits ?
Je vais vous dire, ce qui est indispensable, c'est de poursuivre avec détermination et avec vigueur tous les champs possibles de la croissance. J'ai deux pilotes automatiques : croissance, emploi. Et il faut que nous mettions notre économie française en position d'attraper les cheveux de la croissance chaque fois qu'elle passera, et de réduire le niveau de chômage, et d'augmenter l'emploi en France. Aujourd'hui, on a véritablement un grand chantier sur l'emploi des seniors, l'emploi des jeunes, où on doit concentrer tous nos efforts. [...]
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 4 août 2008
D'abord, il y a une procédure judiciaire en cours donc je me garderai bien de commenter une procédure, puisque la justice doit faire son travail et ce n'est pas à un membre du Gouvernement de commenter une action en cours. Sur le principe de la protection des inventions, de la protection des brevets, de la protection des marques, de la protection des dessins et modèles, je mène une action déterminée parce que je crois que c'est un des secteurs dans lesquels la France dispose vraiment d'un atout plus. Donc, il faut être très, très ferme sur la protection de ces inventions, premier point. Deuxième point, la liberté d'information, la liberté de la presse, sont des piliers sacrés, et chaque fois qu'une action s'exerce à l'encontre de ces deux principes-là, il faut aussi être aussi attentif. Donc, on navigue entre ces deux impératifs et j'espère que toute la procédure en cours permettra, un, de faire la lumière, et deux, de respecter ces deux principes.
Oui, parce qu'il y a une nouvelle loi qui a été adoptée sur la protection des sources journalistiques...
Oui, absolument.
...sauf si il y a une menace pour l'intérêt public, mais là on est plutôt dans des intérêts privés ?
Oui, mais en même temps, le capital intellectuel qui est généré par toutes les entreprises de France, et qui permet le dépôt de brevets, le dépôt de marques, le dépôt d'inventions et leur protection, cela relève de l'intérêt collectif. L'économie française repose notamment sur la capacité d'innover, sur la capacité d'inventer de toutes les entreprises et de tous les salariés qui y participent.
On va parler bien évidemment du budget, de la croissance, puisque hier vous avez annoncé une révision à la baisse les prévisions de croissance pour la France...
Non, non, non, non ! Vous me permettez ?
Allez-y tout de suite.
Cela me permet vraiment chez vous de clarifier ce point. Nous avons une prévision de croissance qui n'a pas changé depuis le mois d'avril, c'est le moment où on l'a révisée, qui étaie entre 1,7 et 2 %. Je ne change pas ma prévision de croissance, elle reste entre 1,7 et 2...
Vous étiez plutôt dans le haut de la fourchette ? Jusqu'à présent, c'était plutôt le haut de la fourchette.
C'est pour ça que je dis... Voilà, mais c'est formidable que je puisse le confirmer chez vous, ce que je dis aujourd'hui, c'est que nous serons plus probablement dans le bas de la fourchette compte tenu des facteurs extérieurs auxquels toutes les économies du monde sont confrontées, c'est-à-dire : hausse du baril de pétrole, et taux de l'euro extrêmement élevés par rapport à d'autres monnaies, voilà.
Donc, on reste dans votre fourchette ?
Absolument.
Sauf qu'on était dans le haut de la fourchette et qu'on redescend dans le bas de la fourchette, c'est ça ? On est d'accord ?
Mais non, je ne change pas mes prévisions de croissance, et je pense que nous serons plutôt en 2008 dans le bas de la fourchette que dans le haut de la fourchette.
Il y a quelques jours, la Banque centrale européenne a décidé de relever son taux directeur, ça a des conséquences bien évidemment sur un certain nombre de taux, par exemple, les taux quand on veut emprunter. Est-ce que ça a des conséquences aussi sur les placements que l'on peut avoir, notamment le Livret A ?
Alors, je suis heureuse ce matin de pouvoir vous annoncer que le Livret A, qui est un outil très populaire d'épargne pour de très nombreux Français, le Livret A va passer, à compter du 1er août, au taux de 4 %. Donc l'intérêt servi sur les sommes versées sur le Livret A, à compter du 1er août sera de 4 %.
Donc, c'est-à-dire qu'il passe de 3,5 à 4 %, il est à...Comment avez-vous fait ce calcul, vous l'avez indexé sur l'inflation ?
Alors, c'est un calcul qui résulte d'une moyenne arithmétique entre les taux courts et le taux de l'inflation. On l'a constaté depuis plusieurs mois, l'inflation est en augmentation régulière d'un mois sur l'autre, et je pense que ce sera la cas pendant encore au moins un mois, pour ensuite revenir à des taux inférieurs, très probablement. Mais là, nous devons tenir compte de l'inflation, des taux courts qui sont élevés, et la moyenne arithmétique des deux nous approche de 4 %. Nous avons donc décidé, à compter du 1er août, de porter le taux d'intérêt des Livrets A à 4 %.
On dit souvent que les assurances-vie, c'est le placement vedette en France. Finalement, le Livret A va devenir beaucoup plus intéressant maintenant ?
Le Livret A est un produit très intéressant, privilégié par les Français, un taux de rémunération de 4 % à partir du 1er août, une épargne liquide, disponible, accessible, et puis...
Et plafonnée ?
Alors, plafonnée à 16.300 euros, donc, on atteint un plafond et au-delà on ne peut pas évidemment bénéficier de cet outil très intéressant. Il va devenir très populaire, encore populaire qu'il ne l'est, puisqu'il pourra à compter du 1er janvier être commercialisé par toutes les banques qui le souhaitent. Aujourd'hui...
Parce qu'aujourd'hui, c'est Caisses d'Epargne, Poste et Crédit Mutuel.
Caisses d'épargne, La Banque Postale et le Crédit Mutuel. La loi de modernisation de l'économie qui va être votée dans les tout prochains jours, puisqu'on arrive au bout du débat parlementaire, permettra donc à toutes les banques qui le souhaitent de le commercialiser. Et cela va permettre, un, de le généraliser, deux, de réduire les commissions qui étaient payées aux banques qui commercialisaient l'outil, et trois, ça va garantir le financement du logement social. Vous savez que l'épargne qui était drainée par les Livrets A était centralisée auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations, cela demeure, et on s'assure que tout le logement social continue à être bien financé...
70 % des sommes aujourd'hui sont attribuées au logement social, c'est cela ?
Aujourd'hui, c'est 100 % de la collecte Livret A et un peu moins d 10 % de la collecte du LDD, qui est le Livret de Développement Durable. Si on fait la moyenne arithmétique de la somme des deux, on arrive à un taux centralisation de 70 %, c'est ce qui figurera dans le décret que je prendrai avant la fin de l'année pour que 70 % de la collecte totale sur ces deux Livrets soient bien affectés au logement social. Et puis on a prévu un garde-fou supplémentaire dans la loi, et on dit que, au moins le financement nécessaire aux crédits consentis pour le logement social sera centralisé à la Caisse des Dépôts et Consignations, et sera aussi utilisé pour la Politique de la ville.
Aujourd'hui, beaucoup de Français ont déjà des Livrets A. 45 millions de Français ont des Livrets A, et certains en ont plusieurs, un, deux, voire plus. On a souvent dit qu'il était très difficile de contrôler justement le fait d'avoir plusieurs Livrets A. Aujourd'hui, avec un Livret A à 4 %, ça devient encore plus intéressant. Qu'est-ce qui m'empêche moi d'aller ouvrir encore deux, trois, ou quatre Livrets A lorsque la concurrence le proposera ?
Je suis contente que vous en ayez déjà un et donc que vous serez mieux rémunéré à compter du 1er août. Dorénavant, les banques seront tenues chaque fois qu'elles ouvriront un Livret A pour quelqu'un qui se présente au guichet, elles seront tenues de vérifier auprès du Fichier central tenu par mes services, qui recense l'ensemble des Livrets, s'il existe déjà ou non un Livret au nom du bénéficiaire qui vient solliciter de la banque l'ouverture d'un Livret, et si ce n'est pas le cas...
C'est un nouveau Fichier ?
C'est un Fichier qui préexistait mais qui n'était pas activé, donc que nous allons évidemment activer, et que, deuxièmement, les banques seront obligées de consulter avant l'ouverture d'un Livret.
Donc, plus de fraude possible ?
Plus de fraude possible.
Le budget ; on a parlé des prévisions de croissance avec cette prévision qui tournera plutôt aux environs de 1,7 %, le débat sur le budget 2009-2010 et 2011 a commencé hier, avec plusieurs points importants : 30.000 fonctionnaires en moins, ça fait environ un départ à la retraite sur deux qui ne sera pas remplacé ; des crédits en hausse pour certains ministères, notamment pour le ministère de l'Enseignement, le ministère de la Justice mais aussi pour beaucoup de ministères des crédits en baisse, par exemple pour l'emploi ou l'écologie, on va y revenir. Est-ce que ça c'est une politique de rigueur ?
C'est ce que le président de la République a souhaité, c'est-à-dire, la réforme en profondeur de tous les services qui concourent à l'exercice de la fonction gouvernementale. Je m'explique, aujourd'hui, nous avons tout un mécanisme qui consiste à revoir toutes les politiques publiques, ça s'appelle "la RGPP", et on regarde, ministère par ministère, sous l'autorité du président de la République et du Premier ministre, si les dépenses consacrées à telle ou telle politique sont bonnes, si elles doivent être maintenues en l'état, si elles doivent être réduites, ou si elles doivent être exercées par quelqu'un d'autre. Je vous donne un exemple : dans mon ministère, on va regrouper quatre directions en une. Dans les services décentralisés de mon ministère, on va regrouper six directions régionales ou départementales en une. Cela ça fait partie des économies que l'on doit faire ou que l'on doit obtenir.
Des économies sur quoi, sur le personnel ?
Dans mes effectifs, par exemple, on va avoir une réduction sur la période triennale, chaque année, d'à peu près 2% des effectifs. C'est un peu moins de ce qui se passera dans l'Education nationale en termes de proportions...
Est-ce que dans le cadre des économies pour les ministères, c'est le personnel ou c'est autre chose ?
Ce qui est prévu sur la période triennale et sous l'autorité d'E. Woerth qui mène cet exercice-là en qualité de ministre du Budget et de la Fonction publique - du Budget, des Comptes publics et de la Fonction public -, c'est un exercice qui consiste à véritablement descendre toutes les lignes budgétaires pour réduire au maximum la dépense et surtout pour l'affecter de la façon la plus efficace possible au bénéfice du public.
Donc cela ressemble à une politique de rigueur en ce qui concerne les crédits, la partie "crédits" du budget. Et puis il y a aussi le recettes, et ça c'est plus de votre registre. En matière d'impôts, est-ce que là aussi il faut s'attendre à une politique de rigueur, c'est-à-dire avec des impôts qui ne baisseront pas, voire qui augmenteront ?
En matière d'impôts, il y a beaucoup à dire. Depuis un an que nous sommes en place, nous avons mis énormément de réformes en cours, et je pense dans mon domaine qui est le domaine donc de la fiscalité, nous avons en particulier allégé la fiscalité considérablement sur les heures supplémentaires. C'est une mesure très importante qui a, d'une part, renforcé la valeur travail, qui, d'autre part, permet de remettre de l'argent dans l'économie sous forme d'augmentation du pouvoir d'achat, et qui permet aujourd'hui à six entreprises sur dix d'utiliser le mécanisme, et à peu près à 6 millions de salariés de "toucher" entre guillemets des heures supplémentaires sans impôt. Deuxième mesure à laquelle je pense, qui là aussi a permis une diminution des impôts, c'est le crédit impôt-recherche. C'est une mesure que nous avons mise en place pour soutenir l'effort d'innovation des entreprises et que nous avons triplé depuis le 1er janvier. Et qui commence...
Oui, mais là, vous êtes en train de me parler de ce que vous avez fait depuis un an. Moi, je suis en train de vous poser la question pour 2009. 2009, est-ce que vous allez augmenter les impôts ou arrêter de les baisser ?
Il n'est pas question d'augmenter les impôts, on raisonne à prélèvements obligatoires constants. Mais je suis en train de vous parler de mesures qui sont en train de commencer à produire leurs effets, et dont nos concitoyens vont commencer à sentir les effets dans leur feuille d'impôts 2008 et 2009. Donc, c'est véritablement maintenant que ça produit ses effets, qu'il s'agisse des heures supplémentaires effectuées fin 2007 et toute l'année 2008, ça va être dans la feuille d'impôts 2008, dans la feuille d'impôts 2009, qu'il s'agisse du crédit impôt-recherche, et là on en sentira les effets en 2009 puisque ce sont des dépenses engagées en 2008. Mais vous savez...
Donc, ce sera une demi politique de rigueur : une politique de rigueur sur les crédits pour les ministères, mais pas de politique de rigueur pour les contribuables ?
Vous êtes en train d'essayer de me faire dire que nous pratiquons une politique de rigueur...
Absolument pas.
...et moi, ce que je vous dis, c'est que nous mettons en place une politique de réformes.
Je constate quand même une chose c'est que, depuis ce qui s'est passé en début d'année où vous aviez parlé de "politique de rigueur" et où derrière vous aviez eu quelques remarques qui venaient de l'Elysée, depuis on n'en parle absolument plus. Et même, aujourd'hui, c'est un mot qui est tabou, même si c'est la réalité en ce qui concerne les crédits ?
Je vais vous dire, ce qui est indispensable, c'est de poursuivre avec détermination et avec vigueur tous les champs possibles de la croissance. J'ai deux pilotes automatiques : croissance, emploi. Et il faut que nous mettions notre économie française en position d'attraper les cheveux de la croissance chaque fois qu'elle passera, et de réduire le niveau de chômage, et d'augmenter l'emploi en France. Aujourd'hui, on a véritablement un grand chantier sur l'emploi des seniors, l'emploi des jeunes, où on doit concentrer tous nos efforts. [...]
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 4 août 2008