Texte intégral
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Mesdames et Messieurs les représentants de la Commission et du Conseil,
Mesdames et Messieurs,
Alors que la Présidence française du Conseil de l'Union européenne vient de commencer et que le Président de la République a présenté au Parlement Européen, le 10 juillet, les grandes priorités de notre présidence, je voudrais redire devant vous toute l'importance que j'attache à un dialogue confiant et régulier avec le Parlement européen.
En effet, c'est avec vous, le coeur démocratique de l'Europe, vous qui avez été élus par les 495 millions de citoyens des 27 Etats membres, que nous accompagnerons, négocierons et soutiendrons les dossiers inscrits dans nos agendas communs.
C'est en concertation avec vous et dans le prolongement de l'excellent travail accompli par la présidence slovène que nous ferons avancer les priorités de la Présidence française dans les domaines de l'éducation et de la formation tout au long de la vie.
Ensemble, nous partageons les mêmes objectifs :
1. faire en sorte que les citoyens européens se réapproprient les enjeux portés par l'Europe et lui accordent leur confiance ;
2. renforcer cette Europe de la connaissance qui, dans un environnement mondialisé, conditionne la prospérité, la compétitivité et la cohésion sociale de notre continent.
En matière d'éducation, les axes majeurs de la Présidence française ont été conçus pour répondre à ce double objectif. Je voudrais à présent vous les présenter.
I. Améliorer l'orientation
La ligne de force qui structure l'ensemble de nos priorités, c'est l'amélioration de l'orientation.
Si l'orientation est centrale, c'est parce qu'elle est l'une des conditions majeures de la réussite de nos élèves. Elle constitue une composante décisive de la qualité et de l'équité des systèmes éducatifs européens.
A ce titre, elle exige la mobilisation de l'ensemble des acteurs de la formation pour proposer à tous les publics en formation des parcours d'apprentissage et des trajectoires professionnelles au meilleur niveau possible.
Dans cette perspective et dans le prolongement de la conférence que nous organiserons à ce sujet à Lyon, les 17 et 18 septembre prochains, nous voulons prendre la mesure des progrès accomplis en ce sens en Europe depuis la résolution du Conseil adoptée en 2004.
Nous voulons faire apparaître des convergences nouvelles et proposer des actions dans le cadre d'une résolution qui, en novembre prochain, sera soumise pour adoption au Conseil Education.
II. Promouvoir la coopération en matière d'enseignement et de formation professionnelle
Dans le cadre de la Présidence française, cette priorité à l'orientation se traduit également par des travaux relatifs à la coopération entre Européens en matière d'enseignement et de formation professionnels. C'est ma deuxième priorité et j'y porterai une attention toute particulière.
En effet, aujourd'hui, il reste encore trop de jeunes sans métiers et trop de métiers sans jeunes. Il faut, en outre, prendre acte de l'émergence de nouveaux métiers sous l'effet des mutations qu'induisent la mondialisation et nos engagements en faveur du développement durable.
Afin d'accompagner ces évolutions, il convient impérativement de disposer d'offres de formation plus lisibles qui favoriseront les échanges, la mobilité et les reprises de formation en cours de carrière.
Nos concitoyens les attendent et c'est dans les domaines de la formation professionnelle que ces dispositifs européens peuvent encore plus faire la différence pour les élèves. Nous devons donc résolument nous inscrire dans un espace de coopération européen renforcé.
Les deux propositions de recommandation sur la mise en place d'un système de crédits d'apprentissage européens pour l'enseignement et la formation professionnels (ECVET - European Credit on Vocational Education and Training) et sur la création d'un cadre d'assurance qualité dans la formation professionnelle constitueront des outils nouveaux pour la mobilité des jeunes et des adultes en Europe.
Car, à l'évidence, dans le paysage très hétérogène et complexe de l'enseignement et de la formation professionnels, il faut faciliter la reconnaissance - et donc la transparence - des certifications et des qualifications.
A ce titre, le dispositif ECVET vient compléter le cadre européen des certifications, mais il s'inscrit, je crois, dans une dynamique plus forte.
En effet, il va permettre aux citoyens européens de poursuivre la construction de leur qualification professionnelle, même s'ils changent de lieu ou de système d'apprentissage, en accumulant des crédits correspondant à leurs acquis. Ce dispositif, une fois mis en place, favorisera la mobilité en Europe des jeunes en formation professionnelle et il aura vocation à s'intégrer dans la proposition faite par la Commission européenne dans le cadre du « Small Business Act » pour l'Europe de renforcer les dispositifs existants en faveur de la mobilité des apprentis, dans le cadre du programme Leonardo da Vinci. Cette proposition de la Commission rejoint d'ailleurs parfaitement celle du Président de la République de mettre en place un « Erasmus des apprentis ».
Quant à la proposition sur l'assurance qualité, elle constitue un complément indispensable à ces outils qui doivent reposer sur la confiance mutuelle.
Ces deux dossiers font l'objet d'un processus de co-décision que nous mènerons en concertation étroite avec votre assemblée ainsi qu'avec la Commission.
Le communiqué qui devrait être adopté lors de la réunion informelle des ministres, à Bordeaux, le 26 novembre, aura pour objectif de faire le bilan du processus de Copenhague qui a abouti à la création de ces outils et a permis des avancées significatives dans la modernisation des systèmes nationaux de formation professionnelle.
Il tracera également les priorités d'une coopération renforcée en matière d'enseignement et de formation professionnelle pour les années 2008-2010.
III. Promouvoir la mobilité
La mobilité des jeunes en Europe est fondamentale : avec l'apprentissage des langues, la mobilité est ce qui rend l'Union européenne la plus attrayante aux yeux des plus jeunes.
Nous voulons faciliter la mobilité des jeunes et de plus de jeunes. Ma collègue, Valérie Pécresse, va en parler pour l'enseignement supérieur. Je voulais vous dire que nous allons étudier les conclusions du groupe d'experts de haut niveau sur la mobilité. Il faut favoriser la mobilité des jeunes lycéens, des jeunes en formation professionnelle et des apprentis. Il faut aussi aider à la mobilité en Europe des enseignants : j'ai proposé un « Erasmus des professeurs » qui permettrait aux enseignants du primaire comme du secondaire d'effectuer une mobilité au sein de l'union Européenne. Je voudrais poser des jalons pendant la Présidence française sur ce projet.
IV. Systèmes éducatifs européens de demain
Enfin, au cours de cette présidence, je souhaite que nous réfléchissions ensemble aux contours des systèmes éducatifs européens de demain.
C'est le sens des conclusions sur « l'école du XXIe siècle » que nous devrions soumettre à l'adoption du Conseil en novembre prochain.
Cette approche prospective s'enrichira des propositions issues de chacun de quatre autres thèmes clefs auxquels nous consacrerons une conférence spécialisée :
- la gouvernance et les performances des établissements scolaires ;
- l'inclusion sociale et l'intégration des élèves handicapés, dans la continuité des initiatives de la présidence portugaise ;
- l'apprentissage des sciences qui joue un rôle crucial pour la compétitivité, l'attractivité et la prospérité de nos économies dans un environnement toujours plus mondialisé ;
- le multilinguisme.
La réflexion sur l'avenir de nos systèmes éducatifs se nourrira également des perspectives ouvertes par trois nouveaux projets :
- l'année européenne de la créativité et de l'innovation qui, à l'issue d'un processus de co-décision, devrait être lancée en 2009 ;
- l'éducation aux médias qui figure déjà à l'ordre du jour du Conseil et fait l'objet d'un rapport d'initiative de votre commission parlementaire ;
- le programme « Comenius Regio » qui débutera également en 2009. Grâce à lui, deux régions européennes partenaires pourront monter et promouvoir des activités d'apprentissage et des stages de formation communs, des conférences, des cours d'été, des échanges et des activités de sensibilisation.
Je tiens ici à saluer cette initiative prometteuse qui, dès la première année, pourrait permettre d'impliquer 450 régions partenaires dans toute l'Europe.
Enfin, avec la présidence slovène qui nous précède et les présidences tchèque et suédoise qui nous succèderont, la Présidence française s'efforcera de faire progresser la coopération en Europe en matière d'éducation et de formation après 2010.
Plus que jamais, il s'agit de donner à l'éducation et à la formation leur juste place dans la construction d'une Europe économiquement dynamique, socialement juste et porteuse d'avenir pour ses citoyens et pour le reste du monde. Nos concitoyens attendent, sur ce terrain là aussi, des projets concrets : il ne faut pas les décevoir.
Je vous remercie et suis à votre écoute pour engager avec vous un dialogue constructif.
Source http://www.ue2008.fr, le 4 août 2008