Interview de Mme Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, dans "Aujourd'hui en France" le 21 juillet 2008, sur la coopération spatiale européenne, notamment l'exploration du système solaire.

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Média : Aujourd'hui en France

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Q - Pourquoi cette réunion informelle à Kourou ?
R - C'est en effet la première fois qu'est organisée une telle réunion, qui plus est dans un lieu symbolique, puisque Kourou est le port spatial européen. L'Europe est une aventure spatiale qui doit désormais prendre aussi une dimension politique. Il faut qu'on convainque les vingt-sept membres de l'Europe que l'espace peut leur être bénéfique et qu'il faut qu'ils y participent. Notre devise, c'est "objectif Terre", l'espace au service la Terre et du citoyen européen.
Q - Sur quels dossiers allez-vous travailler ?
R - Le climat, le développement économique, la sécurité et l'exploration du système solaire. La Présidence française va proposer la création d'un centre européen de recherche sur le climat. L'idée est d'exploiter l'ensemble des données spatiales, de les standardiser, de les modéliser. Le développement économique sera abordé via Galileo, le GPS européen, et ses applications. Nous avons garanti son financement, nous entrons dans sa phase opérationnelle. Nous allons aussi proposer qu'un système de surveillance de l'espace et de ses débris soit constitué. Actuellement, seules la France et l'Allemagne disposent de radars à cet effet. Il faut mettre en réseau nos compétences, et peut-être construire de nouveaux radars.
Q - Le dossier de l'exploration du système solaire va-t-il aborder la question des vols habités ?
R - Oui. La position de la France, c'est d'accord pour des vols habités, mais pas en solo, ni pour notre pays ni pour l'Europe. Mieux vaut une vaste coopération internationale, comme pour la Station spatiale internationale (ISS) ou Cadarache, le projet Iter va tenter de réaliser une fusion nucléaire contrôlée. L'Europe dispose de technologies clés pour participer à l'aventure des vols habités, comme son cargo de ravitaillement, l'ATV. Pourquoi ne pas envisager une étude de faisabilité sur la transformation de ce vaisseau pour qu'il puisse aussi transporter des passagers humains ?
Q - Les agences spatiales qui collaborent à l'ISS réclament la prolongation de sa mission au-delà de la date prévue de 2015. Y êtes-vous favorable ?
R - Très favorable. Malgré l'arrêt de la navette américaine en 2010, nous aurons encore les capsules russes et l'ATV pour y accéder. L'ISS est désormais équipée de laboratoires de recherche scientifique, il sera intéressant d'exploiter ses capacités plus longtemps, au-delà de 2015. Mais, bien sûr, cela aura un coût..."
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 juillet 2008