Texte intégral
Mesdames et messieurs les députés,
Madame la déléguée,
Mesdames et messieurs,
1. Chaque fois, que je vais sur le terrain, et ce fut plusieurs fois par semaine ces trois dernières années, je vois des jeunes, dehors, désuvrés, qui semblent attendre on ne sait quoi.
Chaque fois, que je fais des visites dans des lieux éducatifs, que ce soit à l'Auto-école à Saint-Denis, dans un garage associatif à Evry, ou dans une école de la chambre de commerce, je suis frappé par la souffrance exprimée par ces jeunes, lorsqu'ils relatent leur parcours, de même que je suis frappé par leur extrême fierté d'avoir pu trouver leur voie et d'être enfin reconnus.
Chaque fois, qu'on évoque la violence des jeunes dans les quartiers, le souvenir de ces adolescents me revient à l'esprit, et je me dis qu'il y a un lien, tout simplement logique, entre la rupture éducative et la violence, entre la violence qu'ils expriment et aussi celle qu'ils provoquent parfois.
2. Mesdames et messieurs, ce serait bien, ce serait juste, qu'il n'y ait pas trop d'autres fois.
Ce serait juste que nous parvenions enfin à réduire les souffrances, et les violences qui en sont la conséquence, en organisant ensemble une réponse simple, efficace et rapide pour donner à tous les jeunes, malgré les échecs scolaires, les moyens de continuer leur parcours éducatif selon d'autres voies.
Il s'agit de penser l'éducation comme un chemin continu, et d'éviter à tous prix les ruptures génératrices de désordres psychologiques et sociaux.
Cette continuité éducative tout le monde la souhaite, tout le monde y a droit.
C'est celle à laquelle les enfants des familles plus aisées accèdent presque automatiquement.
C'est une source de sécurité pour les familles, pour les jeunes, pour les institutions qui en ont la charge, pour la société tout entière.
Cette continuité éducative, je n'ai pas dit scolaire entendez-moi bien, est en quelque sorte la seule garantie contre l'angoisse, contre la souffrance et contre toute forme de violences.
3. C'est pourquoi, à la suite du rapport que m'a remis Marie Choquet, au mois de novembre dernier, j'ai tenu à ce que Claude Brévan, déléguée interministérielle à la ville, coordonne un groupe de travail pour proposer des solutions concrètes à mettre en uvre.
Je la remercie de sa célérité, de même que je remercie chaleureusement mes amis députés et maires qui ont accepté d'animer cette action.
Ils savent que ce ne sont pas des dispositifs nationaux homogènes, traitant d'en haut la question, qui parviendront à réduire le nombre des 65 000 adolescents en rupture éducative, mais que ce sont des réponses adaptées en fonction de leur parcours particulier et du contexte local.
Jean-Pierre Blazy et Pierre Cohen, mais aussi Annette Peulvast Bergeal, Michel Pajon, Maurice Charrier et Yves Durand, sont tous au contact direct de ces jeunes. Ils les connaissent, ils connaissent la politique de la ville; ils nous ouvrent les portes de leurs villes pour que nous y cherchions avec eux, directement, les meilleures stratégies pour que les enfants des quartiers n'aient jamais le sentiment d'être laissés en souffrance.
4. Je suis particulièrement impatient des résultats de vos travaux pratiques, mesdames et messieurs. Vous avez compris que j'attends beaucoup du groupe de travail que j'installe aujourd'hui. Vous n'êtes pas dans mon esprit un énième comité de façade préparant des manuvres dilatoires, mais bien un groupe combatif et déterminé à rassembler tous ceux qui comptent sur le terrain pour répondre au défi d'une jeunesse en désarroi.
Que ce soient nos amis de l'éducation nationale, je salue ici Sonia Heinrich, présidente de la mission de lutte contre la violence et dont je connais le sincère désir de coopérer, mais aussi ceux de la PJJ, de la jeunesse et des sports, de la culture, nos partenaires des contrats éducatifs locaux, ceux de l'emploi et des missions locales, de la délégation à l'insertion des jeunes, j'espère n'en oublier aucun, nous refusons de capituler devant l'ampleur de la tâche ; tout au contraire, nous affirmons notre volonté de nous y atteler ensemble.
C'est une démarche identique que nous adoptons, quand, avec Elisabeth Guigou, nous travaillons à ce que la baisse du chômage ne laisse pas sur place les plus fragiles, et que nous recherchons pour eux les voies d'une plus grande autonomie, garante de leur insertion dans la société.
Plus précisément, ce que j'attends de vous c'est deux choses. Certes, d'abord poursuivre la réflexion dans la lutte contre les processus de déscolarisation, mais surtout, et dans le même temps, d'aller mettre cette réflexion à l'épreuve des situations de terrain pour organiser le suivi éducatif de ces jeunes.
Il s'agit d'identifier les obstacles, de réunir les acteurs et de trouver les meilleures méthodes pratiques d'intervention.
Faut-il, par exemple, mettre en place des cellules de veille éducative dans les missions locales ? Elles pourraient avoir une fonction d'alerte, de veille et de suivi ? Faut-il imaginer, quand c'est nécessaire, des structures nouvelles ? Lesquelles ?
Je pense, par exemple, à des écoles de l'internet qui ont le mérite de requérir des compétences très diverses, de la technique la plus précise aux disciplines créatives et artistiques ? Elles pourraient donner aux jeunes de nos quartiers le sentiment de pouvoir enfin accéder comme les autres aux métiers nouveaux dont ils entendent parler partout.
J'écouterai toutes vos propositions et je vous assure d'en tenir le plus grand compte.
Mesdames et messieurs, c'est à ce devoir de veille éducative que je vous demande d'apporter toute votre expertise. De la réussite de votre mission dépend celle de milliers de jeunes dont nous avons la responsabilité collective. Je vous remercie à l'avance de votre générosité et de votre engagement.
(Source http://www.ville.gouv.fr, le 5 février 2001)
Madame la déléguée,
Mesdames et messieurs,
1. Chaque fois, que je vais sur le terrain, et ce fut plusieurs fois par semaine ces trois dernières années, je vois des jeunes, dehors, désuvrés, qui semblent attendre on ne sait quoi.
Chaque fois, que je fais des visites dans des lieux éducatifs, que ce soit à l'Auto-école à Saint-Denis, dans un garage associatif à Evry, ou dans une école de la chambre de commerce, je suis frappé par la souffrance exprimée par ces jeunes, lorsqu'ils relatent leur parcours, de même que je suis frappé par leur extrême fierté d'avoir pu trouver leur voie et d'être enfin reconnus.
Chaque fois, qu'on évoque la violence des jeunes dans les quartiers, le souvenir de ces adolescents me revient à l'esprit, et je me dis qu'il y a un lien, tout simplement logique, entre la rupture éducative et la violence, entre la violence qu'ils expriment et aussi celle qu'ils provoquent parfois.
2. Mesdames et messieurs, ce serait bien, ce serait juste, qu'il n'y ait pas trop d'autres fois.
Ce serait juste que nous parvenions enfin à réduire les souffrances, et les violences qui en sont la conséquence, en organisant ensemble une réponse simple, efficace et rapide pour donner à tous les jeunes, malgré les échecs scolaires, les moyens de continuer leur parcours éducatif selon d'autres voies.
Il s'agit de penser l'éducation comme un chemin continu, et d'éviter à tous prix les ruptures génératrices de désordres psychologiques et sociaux.
Cette continuité éducative tout le monde la souhaite, tout le monde y a droit.
C'est celle à laquelle les enfants des familles plus aisées accèdent presque automatiquement.
C'est une source de sécurité pour les familles, pour les jeunes, pour les institutions qui en ont la charge, pour la société tout entière.
Cette continuité éducative, je n'ai pas dit scolaire entendez-moi bien, est en quelque sorte la seule garantie contre l'angoisse, contre la souffrance et contre toute forme de violences.
3. C'est pourquoi, à la suite du rapport que m'a remis Marie Choquet, au mois de novembre dernier, j'ai tenu à ce que Claude Brévan, déléguée interministérielle à la ville, coordonne un groupe de travail pour proposer des solutions concrètes à mettre en uvre.
Je la remercie de sa célérité, de même que je remercie chaleureusement mes amis députés et maires qui ont accepté d'animer cette action.
Ils savent que ce ne sont pas des dispositifs nationaux homogènes, traitant d'en haut la question, qui parviendront à réduire le nombre des 65 000 adolescents en rupture éducative, mais que ce sont des réponses adaptées en fonction de leur parcours particulier et du contexte local.
Jean-Pierre Blazy et Pierre Cohen, mais aussi Annette Peulvast Bergeal, Michel Pajon, Maurice Charrier et Yves Durand, sont tous au contact direct de ces jeunes. Ils les connaissent, ils connaissent la politique de la ville; ils nous ouvrent les portes de leurs villes pour que nous y cherchions avec eux, directement, les meilleures stratégies pour que les enfants des quartiers n'aient jamais le sentiment d'être laissés en souffrance.
4. Je suis particulièrement impatient des résultats de vos travaux pratiques, mesdames et messieurs. Vous avez compris que j'attends beaucoup du groupe de travail que j'installe aujourd'hui. Vous n'êtes pas dans mon esprit un énième comité de façade préparant des manuvres dilatoires, mais bien un groupe combatif et déterminé à rassembler tous ceux qui comptent sur le terrain pour répondre au défi d'une jeunesse en désarroi.
Que ce soient nos amis de l'éducation nationale, je salue ici Sonia Heinrich, présidente de la mission de lutte contre la violence et dont je connais le sincère désir de coopérer, mais aussi ceux de la PJJ, de la jeunesse et des sports, de la culture, nos partenaires des contrats éducatifs locaux, ceux de l'emploi et des missions locales, de la délégation à l'insertion des jeunes, j'espère n'en oublier aucun, nous refusons de capituler devant l'ampleur de la tâche ; tout au contraire, nous affirmons notre volonté de nous y atteler ensemble.
C'est une démarche identique que nous adoptons, quand, avec Elisabeth Guigou, nous travaillons à ce que la baisse du chômage ne laisse pas sur place les plus fragiles, et que nous recherchons pour eux les voies d'une plus grande autonomie, garante de leur insertion dans la société.
Plus précisément, ce que j'attends de vous c'est deux choses. Certes, d'abord poursuivre la réflexion dans la lutte contre les processus de déscolarisation, mais surtout, et dans le même temps, d'aller mettre cette réflexion à l'épreuve des situations de terrain pour organiser le suivi éducatif de ces jeunes.
Il s'agit d'identifier les obstacles, de réunir les acteurs et de trouver les meilleures méthodes pratiques d'intervention.
Faut-il, par exemple, mettre en place des cellules de veille éducative dans les missions locales ? Elles pourraient avoir une fonction d'alerte, de veille et de suivi ? Faut-il imaginer, quand c'est nécessaire, des structures nouvelles ? Lesquelles ?
Je pense, par exemple, à des écoles de l'internet qui ont le mérite de requérir des compétences très diverses, de la technique la plus précise aux disciplines créatives et artistiques ? Elles pourraient donner aux jeunes de nos quartiers le sentiment de pouvoir enfin accéder comme les autres aux métiers nouveaux dont ils entendent parler partout.
J'écouterai toutes vos propositions et je vous assure d'en tenir le plus grand compte.
Mesdames et messieurs, c'est à ce devoir de veille éducative que je vous demande d'apporter toute votre expertise. De la réussite de votre mission dépend celle de milliers de jeunes dont nous avons la responsabilité collective. Je vous remercie à l'avance de votre générosité et de votre engagement.
(Source http://www.ville.gouv.fr, le 5 février 2001)