Texte intégral
Cette réunion, je crois, était nécessaire et elle a été riche en propositions, en interrogations. Je suis heureux que la quasi-totalité de mes collègues ait pu se libérer au milieu des vacances pour venir assister à ce conseil à Bruxelles, conseil qui a été convoqué dans l'urgence devant la situation en Géorgie et devant les ravages de la guerre.
En liaison complète et permanente avec Javier Solana et avec la Commission, Alexander Stubb - qui est le ministre finlandais des Affaires étrangères ainsi que le président en exercice de l'OSCE - et moi-même, en tant que représentant de la Présidence française, nous avons essayé de faire cesser les violences. Avec le président Nicolas Sarkozy, nous avons essayé de traduire cela dans un texte - forcément un texte de compromis, forcément imparfait, forcément pas entièrement satisfaisant.
Nous avons eu plusieurs séances de travail avec le président Saakachvili et avec notre collègue Ekka Tkeshelashvili, ministre géorgienne des Affaires étrangères. Nous avons visité un certain nombre d'endroits que je vous décrirai si vous me posez la question mais qui sont évidemment très difficiles à supporter, très douloureux.
Après qu'un texte eut été accepté - il y en a eu trois puis quatre, ce qui est normal - nous nous sommes rendus à Moscou et nous avons rencontré très longuement, avec le président Sarkozy cette fois-ci, notre collègue Sergueï Lavrov, le président Medvedev et le Premier ministre Poutine.
Nous avons travaillé sur un texte que vous trouverez reproduit dans les conclusions du Conseil. Ce texte n'est pas signé, ce n'est pas un document historique, c'est un texte qui résume des principes. Il a été accepté des deux côtés. Après cet épisode russe, nous sommes repartis avec le président Sarkozy pour Tbilissi. Nous avons à nouveau discuté : le premier texte a été changé en un second puis, finalement, un troisième document de principes a été accepté par les deux parties. Il avait été présenté très clairement, d'abord à Moscou entre le président Medvedev et le président Sarkozy, et ensuite après des corrections proposées au président Medvedev, depuis Tbilissi. La dernière conférence de presse a eu lieu à trois heures du matin avec le président Saakachvili et le président Sarkozy. C'est ce document de principes sur lequel nous avons travaillé ce matin avec mes collègues. Je les remercie tous et je remercie Javier Solana et Olli Rehn pour leur contribution. Maintenant, tout est à faire.
Ce texte ne va pas changer la face du monde : la face du monde n'a pas été changée par des textes, qui par exemple dans cette région n'ont rien changé pendant quatorze ans. Il y a eu des décisions de l'OSCE, des résolutions des Nations unies et puis des guerres. Maintenant, nous essayons d'impliquer de façon très forte - c'est le rôle de la Présidence et en particulier celui de l'Union européenne -, l'Union européenne dans une résolution pratique, sur le terrain, du conflit.
Il y a beaucoup de travail à faire. C'est facile de promettre, c'est très difficile de tenir. Nous le savons tous. Je crois qu'il fallait faire cela. C'est un conflit insupportable - qui n'est pas ancien mais qui date au moins du début des années 90 - et pour lequel nous voulons travailler à des observateurs, d'abord à une aide humanitaire, à une aide à la reconstruction mais aussi à une détermination politique qui doit venir des protagonistes eux-même, pas seulement de nous. En liaison avec l'OSCE, nous travaillons aussi à un lieu où on pourrait tenter de régler politiquement ce conflit que l'on a appelé un conflit gelé.
A force de geler les conflits, ils se décongèlent, ils se réveillent et on fait semblant d'être surpris mais il faut régler politiquement les choses parce que les mettre sous le boisseau, les mettre de côté, les mettre sous l'oreiller, ce n'est pas suffisant.
Nous avons travaillé en liaison permanente avec le Secrétaire général des Nations unies. Nous souhaitons, c'est un voeu - Javier Solana et Olli Rehen vous diront que nous voulons le faire - que les principes qui sont sortis de cet accord entre les combattants, entre les protagonistes, passent par une résolution des Nations unies. Ce document sur lequel nous avons travaillé ce matin n'a aucune valeur juridique, il faut transformer ce document politique en un document juridiquement "complet".
Nous sommes très heureux de la façon dont cela s'est déroulé, dont nos collègues ont réagi dans l'Union européenne. Je remercie tout le monde, cela s'est fait rapidement. Je crois que c'est ainsi que l'on peut apprécier que l'Union européenne existe. Elle doit avoir non seulement le rôle de distributeur d'aide humanitaire mais aussi un rôle effectif et politique. Il est, je crois, très clair dans le texte des conclusions.
Je voudrais simplement vous signaler la présence parmi nous de la ministre géorgienne Ekka Tkeshelashvili qui est revenue avec nous de Tbilissi hier soir.
Q - Est-ce qu'il y aura une décision - ou une tendance - sur l'armée de maintien de la paix sur place ? Par ailleurs, le président géorgien vient d'annoncer - de déclarer une fois de plus - son retrait de la CEI. Est-ce un danger potentiel ?
R - Je ne veux pas faire de commentaires sur l'abandon par le président Saakachvili de la CEI, c'est son affaire, c'est sa décision politique, il l'avait déjà annoncé plusieurs fois et il le répète aujourd'hui. En revanche, nous sommes déterminés à agir sur le terrain et la Commission comme le Haut-Représentant sont chargés de préparer cette intervention. Ce matin, il y a eu beaucoup de pays pour dire : "nous sommes prêts pour y aller avec vous". Est-ce que l'on doit appeler cela une armée ? Non. Est-ce que l'on doit appeler cela des "peace keepers" ? Non. Vous savez, dans le conflit des Balkans, on les a appelés des monitors, il y a ensuite les mediators. Le nom importe peu.
Nous sommes déterminés, et de nombreux pays l'ont déjà proposé, et pas n'importe quels pays, des personnes qui ont de l'expérience, tous les pays européens ont cette expérience. Nous sommes donc assez, c'est difficile de dire le mot, "optimistes" quand on a vu ce qui se passe là-bas mais nous sommes encouragés par la réaction qui s'est fait jour ce matin. Oui, nous espérons, mais il faut passer par les Nations unies et très vite maintenant. Nous nous reportons à une résolution qui sera présentée sous Présidence belge au Conseil de sécurité. Nous en avons parlé ce matin, avec évidemment les sièges permanents du Royaume-Uni et de la France en particulier pour ce qui concerne l'Union européenne.
Q - Monsieur le Ministre, avez-vous parlé avec les Russes de la question de l'envoi des observateurs, des "moniteurs" ?
R - Oui, nous en avons parlé, c'est même contenu très clairement dans le texte des principes qui ont été acceptés. Je ne vous dis pas que ce sera facile, mais nous avons très longuement parlé avec les Russes, que ce soit le président Nicolas Sarkozy avec le président Medvedev et le Premier ministre Poutine ou les deux ministres des Affaires étrangères, M. Lavrov et moi-même. La conversation a été extrêmement claire. Je crois que vous pouvez vous référer au texte qui a été présenté par M. Medvedev et M. Sarkozy à Moscou.
D'abord, nous avons été salués lors de notre arrivée à Moscou par l'annonce de M. Medvedev du cessez-le-feu provisoire, ce qui est tout de même un signe important, il ne l'a pas choisi au hasard. C'est essentiel. Le reste, après tout, nous verrons. Ce cessez-le-feu provisoire est essentiel lorsque l'on comprend les souffrances, les massacres qui ont lieu, cette guerre insupportable à nos portes. L'Union européenne ne pouvait pas rester indifférente. Nous y sommes allés et nous sommes contents de la rapidité de la réaction de tous les pays de l'Union européenne en soutien à cette initiative. Nous allons attendre et dans très peu de jours, je l'espère, et en tout cas pour le début septembre, il nous faudra des résultats.
Q - Avez-vous parlé ou rencontré le leader des séparatistes ? Quel est le rôle prévu pour lui ?
R - J'espère que ce sera un rôle positif. Je ne l'ai pas rencontré mais les contacts sont pris pour un travail technique qui a lieu en ce moment avec les représentants dont vous parlez parce que, entre les représentants des grands pays, il y a eu ce document de principes. Mais, maintenant, il faut travailler véritablement pour savoir comment cela peut se mettre en application. Alors, ce travail est entrepris en effet, très vite, je l'espère.
Q - M. Miliband a dit ce matin qu'il voulait des discussions au Gymnich sur l'accord de partenariat et de coopération avec la Russie : cet accord est-il mis en doute ?
R - David Miliband a été écouté avec beaucoup d'intérêt et à plusieurs reprises. Nous lui avons donné satisfaction car nous parlerons très précisément de cela au Gymnich. David Miliband a eu raison de formuler quatre points sur lesquels d'ailleurs nous lui avons donné satisfaction, clairement, et nous avons modifié le texte des conclusions en faveur de ses demandes. Mais ne confondons pas les choses, je le dis en général, ce n'est pas un jugement moral qu'il faut porter sur cette guerre : c'est de la pratique politique, du travail de terrain, c'est l'arrêt de la guerre qui compte, c'est pour cela que nous y sommes allés. Après, tout est permis mais, pendant que les massacres demeurent, quand on a entendu comme je l'ai entendu quand j'ai visité l'hôpital de Gori - je connais bien les pratiques de la guerre - et que je suis allé de l'autre côté écouter les récits des réfugiés qui venaient d'Ossétie, on s'aperçoit de l'urgence absolue qu'il y a à mettre fin à cette barbarie, à ces guerres où sont déployées des forces excessives, des bombardements insupportables.
On nous demande de dire qui sont les bons et les méchants. Non, on ne va pas dire qui sont les bons ni les méchants. L'Union européenne va essayer d'intervenir. Ensuite, comme Javier Solana et Olli Rehen viennent de le dire, il y a un travail politique, c'est évident et nous l'entamerons au plus vite. Cela ne sera pas réglé par l'aide humanitaire, c'est certain. Il n'empêche que, maintenant, il faut arrêter la guerre, il faut arrêter les bombardements et il ne faut plus que les femmes disent qu'elles ont vu leurs enfants égorgés.
Q - Vous parlez de déploiement d'observateurs : il y a déjà des observateurs de l'ONU sur place. Ils ont observé et rendu compte. Quels pouvoirs auront les observateurs de l'Union européenne, et de façon renforcée, pour éviter de subir le sort de la MONUG ? Ensuite, envisagez-vous le déploiement du "battle-group" franco-allemand dans un deuxième temps ?
R - Nous n'envisageons pas la guerre. Nous envisageons de mettre fin aux atrocités, aux conflits. D'abord par des observateurs, vous avez raison, il y en aura beaucoup plus. Vous savez, les personnes que vous avez citées et qui sont valeureux, au sein de la MONUG ou de l'OSCE, sont très peu nombreux, ils sont présents sur le terrain depuis longtemps et on sait bien que ce n'est pas suffisant.
Alors, maintenant, il y a cet accord de principe, il faut le mettre en oeuvre et il faut que les troupes s'écartent : que les unes rentrent dans leurs cantonnements et que les autres, celles qui sont venues de Russie, repassent la frontière. Quand ce sera fait, on sera très heureux. Il faut évidemment ensuite garantir cette situation - alors est-ce que ce sera avec des forces ? Je ne peux rien dire pour l'instant, c'est inutile. Je pense qu'il faut qu'il y ait des discussions politiques et que nous les favorisions. Nous savons que cela n'a pas été suffisant. Lorsque l'on vous a parlé des conflits gelés, c'est que l'on ne veut pas qu'il y ait un nouveau conflit gelé, il faut qu'il y ait une solution politique. Oui, il y a toujours des critiques, mais tout de même, il faut continuer. Obstinons-nous vers la paix.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 août 2008
En liaison complète et permanente avec Javier Solana et avec la Commission, Alexander Stubb - qui est le ministre finlandais des Affaires étrangères ainsi que le président en exercice de l'OSCE - et moi-même, en tant que représentant de la Présidence française, nous avons essayé de faire cesser les violences. Avec le président Nicolas Sarkozy, nous avons essayé de traduire cela dans un texte - forcément un texte de compromis, forcément imparfait, forcément pas entièrement satisfaisant.
Nous avons eu plusieurs séances de travail avec le président Saakachvili et avec notre collègue Ekka Tkeshelashvili, ministre géorgienne des Affaires étrangères. Nous avons visité un certain nombre d'endroits que je vous décrirai si vous me posez la question mais qui sont évidemment très difficiles à supporter, très douloureux.
Après qu'un texte eut été accepté - il y en a eu trois puis quatre, ce qui est normal - nous nous sommes rendus à Moscou et nous avons rencontré très longuement, avec le président Sarkozy cette fois-ci, notre collègue Sergueï Lavrov, le président Medvedev et le Premier ministre Poutine.
Nous avons travaillé sur un texte que vous trouverez reproduit dans les conclusions du Conseil. Ce texte n'est pas signé, ce n'est pas un document historique, c'est un texte qui résume des principes. Il a été accepté des deux côtés. Après cet épisode russe, nous sommes repartis avec le président Sarkozy pour Tbilissi. Nous avons à nouveau discuté : le premier texte a été changé en un second puis, finalement, un troisième document de principes a été accepté par les deux parties. Il avait été présenté très clairement, d'abord à Moscou entre le président Medvedev et le président Sarkozy, et ensuite après des corrections proposées au président Medvedev, depuis Tbilissi. La dernière conférence de presse a eu lieu à trois heures du matin avec le président Saakachvili et le président Sarkozy. C'est ce document de principes sur lequel nous avons travaillé ce matin avec mes collègues. Je les remercie tous et je remercie Javier Solana et Olli Rehn pour leur contribution. Maintenant, tout est à faire.
Ce texte ne va pas changer la face du monde : la face du monde n'a pas été changée par des textes, qui par exemple dans cette région n'ont rien changé pendant quatorze ans. Il y a eu des décisions de l'OSCE, des résolutions des Nations unies et puis des guerres. Maintenant, nous essayons d'impliquer de façon très forte - c'est le rôle de la Présidence et en particulier celui de l'Union européenne -, l'Union européenne dans une résolution pratique, sur le terrain, du conflit.
Il y a beaucoup de travail à faire. C'est facile de promettre, c'est très difficile de tenir. Nous le savons tous. Je crois qu'il fallait faire cela. C'est un conflit insupportable - qui n'est pas ancien mais qui date au moins du début des années 90 - et pour lequel nous voulons travailler à des observateurs, d'abord à une aide humanitaire, à une aide à la reconstruction mais aussi à une détermination politique qui doit venir des protagonistes eux-même, pas seulement de nous. En liaison avec l'OSCE, nous travaillons aussi à un lieu où on pourrait tenter de régler politiquement ce conflit que l'on a appelé un conflit gelé.
A force de geler les conflits, ils se décongèlent, ils se réveillent et on fait semblant d'être surpris mais il faut régler politiquement les choses parce que les mettre sous le boisseau, les mettre de côté, les mettre sous l'oreiller, ce n'est pas suffisant.
Nous avons travaillé en liaison permanente avec le Secrétaire général des Nations unies. Nous souhaitons, c'est un voeu - Javier Solana et Olli Rehen vous diront que nous voulons le faire - que les principes qui sont sortis de cet accord entre les combattants, entre les protagonistes, passent par une résolution des Nations unies. Ce document sur lequel nous avons travaillé ce matin n'a aucune valeur juridique, il faut transformer ce document politique en un document juridiquement "complet".
Nous sommes très heureux de la façon dont cela s'est déroulé, dont nos collègues ont réagi dans l'Union européenne. Je remercie tout le monde, cela s'est fait rapidement. Je crois que c'est ainsi que l'on peut apprécier que l'Union européenne existe. Elle doit avoir non seulement le rôle de distributeur d'aide humanitaire mais aussi un rôle effectif et politique. Il est, je crois, très clair dans le texte des conclusions.
Je voudrais simplement vous signaler la présence parmi nous de la ministre géorgienne Ekka Tkeshelashvili qui est revenue avec nous de Tbilissi hier soir.
Q - Est-ce qu'il y aura une décision - ou une tendance - sur l'armée de maintien de la paix sur place ? Par ailleurs, le président géorgien vient d'annoncer - de déclarer une fois de plus - son retrait de la CEI. Est-ce un danger potentiel ?
R - Je ne veux pas faire de commentaires sur l'abandon par le président Saakachvili de la CEI, c'est son affaire, c'est sa décision politique, il l'avait déjà annoncé plusieurs fois et il le répète aujourd'hui. En revanche, nous sommes déterminés à agir sur le terrain et la Commission comme le Haut-Représentant sont chargés de préparer cette intervention. Ce matin, il y a eu beaucoup de pays pour dire : "nous sommes prêts pour y aller avec vous". Est-ce que l'on doit appeler cela une armée ? Non. Est-ce que l'on doit appeler cela des "peace keepers" ? Non. Vous savez, dans le conflit des Balkans, on les a appelés des monitors, il y a ensuite les mediators. Le nom importe peu.
Nous sommes déterminés, et de nombreux pays l'ont déjà proposé, et pas n'importe quels pays, des personnes qui ont de l'expérience, tous les pays européens ont cette expérience. Nous sommes donc assez, c'est difficile de dire le mot, "optimistes" quand on a vu ce qui se passe là-bas mais nous sommes encouragés par la réaction qui s'est fait jour ce matin. Oui, nous espérons, mais il faut passer par les Nations unies et très vite maintenant. Nous nous reportons à une résolution qui sera présentée sous Présidence belge au Conseil de sécurité. Nous en avons parlé ce matin, avec évidemment les sièges permanents du Royaume-Uni et de la France en particulier pour ce qui concerne l'Union européenne.
Q - Monsieur le Ministre, avez-vous parlé avec les Russes de la question de l'envoi des observateurs, des "moniteurs" ?
R - Oui, nous en avons parlé, c'est même contenu très clairement dans le texte des principes qui ont été acceptés. Je ne vous dis pas que ce sera facile, mais nous avons très longuement parlé avec les Russes, que ce soit le président Nicolas Sarkozy avec le président Medvedev et le Premier ministre Poutine ou les deux ministres des Affaires étrangères, M. Lavrov et moi-même. La conversation a été extrêmement claire. Je crois que vous pouvez vous référer au texte qui a été présenté par M. Medvedev et M. Sarkozy à Moscou.
D'abord, nous avons été salués lors de notre arrivée à Moscou par l'annonce de M. Medvedev du cessez-le-feu provisoire, ce qui est tout de même un signe important, il ne l'a pas choisi au hasard. C'est essentiel. Le reste, après tout, nous verrons. Ce cessez-le-feu provisoire est essentiel lorsque l'on comprend les souffrances, les massacres qui ont lieu, cette guerre insupportable à nos portes. L'Union européenne ne pouvait pas rester indifférente. Nous y sommes allés et nous sommes contents de la rapidité de la réaction de tous les pays de l'Union européenne en soutien à cette initiative. Nous allons attendre et dans très peu de jours, je l'espère, et en tout cas pour le début septembre, il nous faudra des résultats.
Q - Avez-vous parlé ou rencontré le leader des séparatistes ? Quel est le rôle prévu pour lui ?
R - J'espère que ce sera un rôle positif. Je ne l'ai pas rencontré mais les contacts sont pris pour un travail technique qui a lieu en ce moment avec les représentants dont vous parlez parce que, entre les représentants des grands pays, il y a eu ce document de principes. Mais, maintenant, il faut travailler véritablement pour savoir comment cela peut se mettre en application. Alors, ce travail est entrepris en effet, très vite, je l'espère.
Q - M. Miliband a dit ce matin qu'il voulait des discussions au Gymnich sur l'accord de partenariat et de coopération avec la Russie : cet accord est-il mis en doute ?
R - David Miliband a été écouté avec beaucoup d'intérêt et à plusieurs reprises. Nous lui avons donné satisfaction car nous parlerons très précisément de cela au Gymnich. David Miliband a eu raison de formuler quatre points sur lesquels d'ailleurs nous lui avons donné satisfaction, clairement, et nous avons modifié le texte des conclusions en faveur de ses demandes. Mais ne confondons pas les choses, je le dis en général, ce n'est pas un jugement moral qu'il faut porter sur cette guerre : c'est de la pratique politique, du travail de terrain, c'est l'arrêt de la guerre qui compte, c'est pour cela que nous y sommes allés. Après, tout est permis mais, pendant que les massacres demeurent, quand on a entendu comme je l'ai entendu quand j'ai visité l'hôpital de Gori - je connais bien les pratiques de la guerre - et que je suis allé de l'autre côté écouter les récits des réfugiés qui venaient d'Ossétie, on s'aperçoit de l'urgence absolue qu'il y a à mettre fin à cette barbarie, à ces guerres où sont déployées des forces excessives, des bombardements insupportables.
On nous demande de dire qui sont les bons et les méchants. Non, on ne va pas dire qui sont les bons ni les méchants. L'Union européenne va essayer d'intervenir. Ensuite, comme Javier Solana et Olli Rehen viennent de le dire, il y a un travail politique, c'est évident et nous l'entamerons au plus vite. Cela ne sera pas réglé par l'aide humanitaire, c'est certain. Il n'empêche que, maintenant, il faut arrêter la guerre, il faut arrêter les bombardements et il ne faut plus que les femmes disent qu'elles ont vu leurs enfants égorgés.
Q - Vous parlez de déploiement d'observateurs : il y a déjà des observateurs de l'ONU sur place. Ils ont observé et rendu compte. Quels pouvoirs auront les observateurs de l'Union européenne, et de façon renforcée, pour éviter de subir le sort de la MONUG ? Ensuite, envisagez-vous le déploiement du "battle-group" franco-allemand dans un deuxième temps ?
R - Nous n'envisageons pas la guerre. Nous envisageons de mettre fin aux atrocités, aux conflits. D'abord par des observateurs, vous avez raison, il y en aura beaucoup plus. Vous savez, les personnes que vous avez citées et qui sont valeureux, au sein de la MONUG ou de l'OSCE, sont très peu nombreux, ils sont présents sur le terrain depuis longtemps et on sait bien que ce n'est pas suffisant.
Alors, maintenant, il y a cet accord de principe, il faut le mettre en oeuvre et il faut que les troupes s'écartent : que les unes rentrent dans leurs cantonnements et que les autres, celles qui sont venues de Russie, repassent la frontière. Quand ce sera fait, on sera très heureux. Il faut évidemment ensuite garantir cette situation - alors est-ce que ce sera avec des forces ? Je ne peux rien dire pour l'instant, c'est inutile. Je pense qu'il faut qu'il y ait des discussions politiques et que nous les favorisions. Nous savons que cela n'a pas été suffisant. Lorsque l'on vous a parlé des conflits gelés, c'est que l'on ne veut pas qu'il y ait un nouveau conflit gelé, il faut qu'il y ait une solution politique. Oui, il y a toujours des critiques, mais tout de même, il faut continuer. Obstinons-nous vers la paix.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 août 2008