Interview de Mme Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, à RMC le 12 septembre 2008, sur l'échec scolaire et universitaire et les bourses d'études aux étudiants.

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Texte intégral


 
 
 
J.-J. Bourdin.- V. Pécresse est notre invitée ce matin ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. V. Pécresse bonjour. Vous avez aussi des responsabilités à l'UMP ne l'oublions pas. Mais on va parler de l'UMP tout à l'heure. Mais je voudrais que nous parlions de la visite du Pape - c'est l'actualité. Est-ce que vous êtes d'accord avec N. Sarkozy lorsqu'il dit que l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé et le pasteur ?
 
Il n'a pas dit cela exactement de cette façon là. Ce qu'il a voulu dire, c'est que le curé ou le pasteur ont pour vocation de donner un sens à la vie. La religion veut donner un sens à la vie, au-delà, j'allais dire de notre existence sur terre. Donc, c'est évident qu'ils ne sont pas dans le même registre que l'instituteur. Et l'instituteur, lui, il donne des règles de vie, il donne des savoirs, il éduque, il élève au beau sens du terme, il élève. Moi, j'aime beaucoup ce mot "élevé". Mais c'est qu'il n'est pas dans le même registre, il n'est pas dans le registre de ce qui se passe après la mort.
 
Est-ce qu'on oublie en France trop facilement nos racines chrétiennes ?
 
Je crois ...
 
Est-ce que la République laïque oublie trop ses racines chrétiennes ?
 
Je crois que la République laïque, qu'elle le veuille ou qu'elle ne le veuille pas d'ailleurs, est complètement imprégnée des racines chrétiennes. Si vous regardez la déclaration des droits de l'Homme de 1789, c'est un condensé d'un grand nombre de valeurs chrétiennes : l'égalité, l'égalité des droits, la protection des libertés. Il y a toute une série de valeurs chrétiennes : la générosité, la fraternité. Il y a toute une série de valeurs chrétiennes qu'on retrouve en réalité dans la République laïque et qui sont des belles valeurs, des belles valeurs.
 
Vous êtes croyante ? Pratiquante ?
 
Cela c'est du registre de la vie privée.
 
De la vie privée.
 
Je suis ministre de la République.
 
D'accord, "je suis ministre de la République", bien. Alors, rentrée universitaire ?
 
Une rentrée où tout change. Une rentrée où tout change puisque c'est la nouvelle première année à l'université et nous allons mettre en place cette nouvelle première année, une année fondamentale.
 
Rappelez-nous quel est l'objectif ?
 
L'objectif, c'est de lutter contre les 50 % de taux d'échec à l'université en première année.
 
Les étudiants qui sortent au bout d'un an, sans perspective en fait.
 
Oui et surtout qui n'ont pas été accompagnés.
 
Qui sortent sur un échec ....
 
Ils sont sélectionnés par l'échec disons le. Parce qu'on dit il n'y a pas de sélection à l'université. Si, la sélection, c'est la sélection par l'échec à la fin de la première année. Donc, notre objectif, c'est de faire une transition douce entre le lycée et la première année. On a mis en place un logiciel dès la terminale qui permet aux lycéens de mettre leurs choix futurs et aux universitaires de répondre par Internet à ces choix. Je crois qu'il faut que cet espace de communication entre l'université et le lycéen devienne vraiment la norme partout, parce qu'en fait les lycéens, c'est Internet leur nouveau média.
 
Donc, que proposez-vous à ceux qui sont en échec à la fin de la première année ?
 
D'abord, une rentrée réussie, c'est une rentrée mieux préparée. Je l'ai dit. Vous dites "je veux aller en médecine". Les professeurs de la première année vous disent "avec vos notes de terminale, vous pouvez, vous ne pouvez pas vous aurez des difficultés dans telle ou telle matière, vous devrez faire du soutien dans telle ou telle matière". Donc, déjà on est guidé pour l'entrée. Ensuite quand on arrive à l'entrée, un professeur référent pour 20 élèves et là, cela permet complètement de tout changer, c'est-à-dire que l'élève qui arrive, il a une personne à qui il peut s'adresser et qui lui résoudra ses problèmes. Donc, on n'est plus lâché dans l'anonymat de la première année de fac.
 
Les profs sont suffisamment nombreux, ont suffisamment de temps pour faire cela ?
 
J'ai créé l'année dernière, pour la rentrée, pour faire face à cette nouvelle première année, 2.100 postes de moniteurs ; vous savez les moniteurs, ce sont des jeunes docteurs qui justement sont là pour faire tout ce qui TD de première année, enfin, qui sont particulièrement investis dans l'accueil des jeunes étudiants. J'ai créé ces 2.100 postes. Aujourd'hui, on fait évidemment l'accompagnement avec des heures complémentaires. J'ajoute que, dans le plan Licence, il y a 68 millions d'euros cette année pour les universités et que cela ne suffit pas. Ce n'est pas seulement que les professeurs référents, c'est aussi le dédoublement des heures d'anglais, des cours de soutien pour consolider les acquis de terminale, parce que selon le bac que vous avez, vous n'avez pas du tout le même niveau. Et on veut donner une vraie égalité de départ à tous les étudiants en première année à l'université. On veut les remettre tous au niveau de la première année.
 
Donc, l'objectif c'est évidemment les aider à réussir. Mais pour réussir, il faut aussi être dans de bonnes conditions matérielles. Alors conditions matérielles cela veut dire des bourses. Pourquoi est-ce que les bourses sont versées au mois de janvier, en décembre ou janvier ? 60 % d'ailleurs...
 
60 % sont versées avant le 1er octobre, avant le 1er octobre.
 
Et les autres ?
 
Et les autres sont versés en fonction du moment où les étudiants ont rendu au CROUS leur dossier rempli. Je le dis aux étudiants qui nous écoute et à leur parent : n'oubliez pas de donner tous les documents au Crous. Le Crous ne peut pas deviner, ne peut pas verser...
 
100 % des bourses versées le 1er octobre, c'est faisable ?
 
Hier, j'étais à Aix-en-Provence au Crous justement et on me disait que l'année dernière, au 15 septembre, il n'y avait plus un seul dossier complet, et que donc ils avaient l'argent pour verser les bourses, mais ils n'avaient pas les dossiers complets remis. Donc, on arrive on butte... Il y a deux ans 30 % des bourses étaient versées au 1er octobre. On a mis sous tension tous les Crous ; on leur a dit maintenant cela suffit, service aux usagers, vous devez verser au moment de la rentrée. Eh bien, aujourd'hui, 50 % l'année dernière, cette année 60, et là, on butte sur quelque chose c'est qu'il faut que les dossiers soient remplis au 15 septembre et avec l'inscription à l'université, avec tous les papiers etc....Donc, il faut maintenant que les étudiants aussi soient à l'heure ou qu'ils puissent être à l'heure.
 
V. Pécresse, encore une fois pour étudier, pour réussir il faut absolument être dans de bonnes conditions matérielles. Ces prêts - 7.500 euros je crois - 20.000 prêts d'un montant de 7500 euros montant moyen pourront être accorder aux étudiants qui ont un projet professionnel défini ?
 
Non, non, non. Ce n'est pas un projet professionnel... Donnez-nous des précisions ?
 
Permettez-moi de dire une chose : on a augmenté les bourses de 100 millions d'euros en 2 ans et on a 50.000 boursiers de plus cette année et nous augmentons de 10 % en deux ans les bourses des 100.000 étudiants les plus défavorisés. Je le dis, parce que ce prêt étudiant vient en plus d'une politique d'aide sociale aux étudiants qui est mise en place par le Gouvernement. Sur le prêt étudiant, quel est ce prêt ? C'est un prêt sans caution, sans condition de diplôme et sans conditions de ressources. Aujourd'hui, il y a des inégalités épouvantables entre étudiants. Si vous êtes en grande école, on vous le prête mais à des taux alors, là, très très bas. Si vos parents sont caution, on vous prête. On prête aux étudiants des classes moyennes dont les parents peuvent se porter caution. Donc, nous et c'est un formidable progrès voulu par le président de la République, nous avons décidé de mettre la garantie de l'Etat sur des prêts pour pouvoir permettre aux étudiants de ne pas avoir de prêts avec caution.
 
Combien de prêts ? 20.000 prêts c'est cela ?
 
Pour l'instant, on démarre. Aujourd'hui, cela n'existe pas les prêts étudiants.
 
Les 20.000 prêts, quand ?
 
Les 20.000 prêts : dès septembre, on a mis en place un fond de garantie des prêts de 5 millions d'euros pour pouvoir faire 20.000 prêts. En 2009, on va augmenter ce fond de garantie.
 
C'est-à-dire, en 2009, combien de prêt ?
 
L'idée se serait de doubler encore en 2009, 40.000 prêts supplémentaires et puis ensuite on verra.
 
Et chaque année, on double jusqu'à la fin du quinquennat ?
 
Non, on va regarder, on va regarder d'abord le succès éventuel de ces prêts. Je suis persuadé que c'est un outil dont les étudiants ont besoin.
 
Accordés à des étudiants qui ont un projet professionnel défini ?
 
Ce n'est pas un projet professionnel défini, c'est un projet d'étude. Projet d'étude défini. Pourquoi dis-je "projet d'étude défini" ? Parce que l'idée, ce n'est évidemment pas d'emmener les étudiants vers l'emprunt. L'idée, c'est qu'à certain moment de la vie, l'étudiant a des choix à faire. Il peut limiter son ambition s'il n'a pas les moyens de faire ce choix, et c'est là que l'emprunt intervient. Alors typiquement, le cas typique auquel on a pensé, c'est celui d'un jeune étudiant, un jeune lycéen d'un milieu plus défavorisé qui envisage d'aller en classe préparatoire aux grandes écoles. Les classes préparatoires aux grandes écoles, c'est un risque. Ces 2 ans, on ne peut pas travailler à côté, parce qu'il faut vraiment... on a 70 heures de cours et de travail personnel. Là, on a une vraie volonté d'emmener les étudiants, une vraie mixité sociale dans les classes préparatoires ; là, typiquement, le prêt étudiant a un sens. Pourquoi ? Parce qu'à la fin de la classe prépa, vous avez plus de places aux concours que vous avez de candidat. Donc, celui qui fait cette classe préparatoire est certain d'aller dans une école, certain d'avoir un débouché étudiant et en même temps, il faut qu'il se finance. C'est typiquement cela. Ou alors l'autre cas de figure typique, c'est quand vous avez une vocation. Vous voulez faire une école qui coûte cher, pace qu'il y a des écoles qui coûtent chers dans les métiers de la culture, dans les métiers du sanitaire et social. Vous voulez être puéricultrice, cela coûte cher. Donc, cela vous voulez financer ces études-là, c'est un projet et cela on vous donnera les moyens. Ou alors vous voulez faire une prolongation d'étude, vous êtes à bac +3 et vous dites "est-ce que je commence à travailler à bac +3 ou est-ce que je vais jusqu'à bac +5 ?". Vos parents ont déjà financé 3 ans d'études, est-ce qu'ils peuvent financer encore 2 ? Là vous avez un projet et c'est là que cet emprunt arrive. Mais c'est un emprunt qui sera donc un emprunt responsable. Les banques doivent supporter une partie du risque. Donc, les banques ne pousseront évidemment les jeunes à l'emprunt pour financer leur vie quotidienne.
 
Est-ce que les frais d'inscription en fac vont augmenter dans les années qui viennent oui ou non ?
 
Les frais d'inscription en fac sont fixés par l'Etat. Les diplômes sont nationaux et l'autonomie ne changera rien. Aujourd'hui 165...
 
Est-ce que les prix vont augmenter ou pas ?
 
...165 euros pour la licence. Je veux dire à tous les auditeurs qui nous écoutent que ce sont les frais les plus bas d'Europe et c'est un choix de la nation française et ce choix ne peut pas être remis en cause sans une loi au Parlement.
 
Donc, il n'est pas question de remettre en cause ce choix ?
 
C'est un choix national. Ce choix ne peut être changé que par la représentation nationale, c'est dans la loi. [2ème Partie]
 
Parlons d'EDVIGE, V. Pécresse. J'ai vu et j'ai lu le président de la République, qui tance M. Alliot-Marie et qui dit : il faut absolument inscrire dans la loi toutes les garanties nécessaires aux libertés publiques. Cela veut dire que jusque là, les garanties n'étaient pas reconnues ?
 
Moi, je crois que lorsqu'il s'agit de libertés publiques, il faut éviter qu'il y ait le moindre malentendu.
 
Il y avait malentendu ? Le texte était mal rédigé ?
 
Non, il y avait en tout cas des inquiétudes qui s'exprimaient. Je crois qu'il faut donc prendre le temps de la pédagogie.
 
V. Pécresse, vous étiez inquiète ?
 
Moi je ne suis pas inquiète, parce que je fais confiance au Gouvernement pour protéger les libertés publiques.
 
Pas aveuglément quand même, V. Pécresse ! Si ?
 
J'ai quand même le sentiment que le Gouvernement est là pour protéger l'Etat de droit, protéger les libertés et je fais confiance à ce gouvernement pour le faire, pour donner toutes les garanties.
 
Mais apparemment, toutes les garanties nécessaires n'étaient pas réunies ?
 
Je ne sais pas ça...
 
C'est ce que dit N. Sarkozy.
 
Non, ce que je sais, c'est qu'il faut expliquer, et il faut lever ces malentendus, quoi qu'il arrive. Mais il faut prendre le temps de la pédagogie. Dieu sait que dans mon domaine, il y a parfois des malentendus aussi, avec l'enseignement supérieur et la recherche.
 
Donc pas assez de pédagogie, alors maintenant, il va falloir faire de la pédagogie...
 
Il faut se donner les moyens de lever ces malentendus et de vérifier...
 
On est extraordinaire dans ce pays : on fait grève avant même d'avoir discuté, c'est vrai et, finalement, on prend des lois ou des décrets avant même d'avoir fait de la pédagogie, d'avoir expliqué. C'est comme ça que fonctionne ce pays ?
 
C'est quand même un fichier qui existait depuis 91, qui avait été créé...
 
Mais ce n'est pas tout à fait le même, EDVIGE.
 
Oui enfin, il a été modifié, effectivement, à la marge. Je ne pense pas qu'on ait anticipé, d'ailleurs, quand la loi est passée, il y a eu des protestations, je ne pense pas qu'on ait anticipé effectivement les interrogations...
 
Ce qu'il demande, est-ce qu'il a raison ou tort ?
 
Il a de toutes les façons raison, parce que les libertés publiques c'est très précieux. On est dans un Etat de droit, on est dans un Etat où les citoyens doivent être assurés que l'Etat les protège. Donc, il faut protéger à la fois l'ordre - c'est l'objet du fichier, ne l'oublions pas, parce qu'on parle d'ordre public, on parle de dangerosité des criminels, etc., donc il faut protéger l'ordre - et en même temps, l'Etat doit toujours donner toutes les garanties que les libertés publiques de nos concitoyens, que leur vie privée ne sont pas menacées.
 
Les revenus du capital taxés pour financer le RSA, normal ou pas ?
 
Ce qui est surtout normal - et je comprends que cela choque la gauche - c'est que quand on fait une vraie mesure, une vraie avancée sociale, on dise comment on va la financer. Je comprends que cela choque la gauche, parce que j'ai vu les 35 heures, on n'a jamais mis le budget qu'il fallait devant. Donc, on s'est aperçu que ça coûtait 15 milliards d'euros, on s'en est rendu compte bien après. Donc, les socialistes ont quand même toujours eu l'habitude de "vendre", entre guillemets, ou de faire la promotion de leurs grandes avancées sociales sans jamais dire combien ça coûtait, et sans jamais dire comment ils allaient les financer. Alors, le pire exemple que j'ai eu, que nous avons eu, c'était l'Allocation personnalisée d'autonomie pour les personnes âgées dépendantes. Quand on est arrivé en 2002, il fallait trouver 1,2 milliard d'euros.
 
Ce sont les collectivités locales ou territoriales qui étaient...
 
Exactement. Et les personnes âgées avaient leurs dossiers qui attendaient depuis six mois. Alors, les grandes avancées sociales de la gauche, sans l'argent...
 
Mais V. Pécresse, oublions un peu la gauche...
 
Oui mais enfin, c'est quand même à l'honneur de l'UMP de dire : voilà une avancée, voilà l'argent.
 
Oui d'accord, mais à l'UMP, on proteste aussi. A l'UMP, on proteste aussi sur le financement du RSA, franchement ? Vous entendez les députés, moi je les entends, et même ils appellent parfois, tiens !
 
Le RSA va être un formidable outil...
 
Mais ça, tout le monde est d'accord. Même la gauche, puisqu'elle a dit qu'elle allait voter.
 
Oui mais un outil de baisse de la fiscalité, parce qu'à terme, à terme, quand toutes ces personnes qui sont aujourd'hui dans des trappes à pauvreté, qui sont engluées dans l'assistance, qui ne retrouvent pas la dignité d'un travail, et puis les travailleurs pauvres...
 
Mais on est d'accord, mais le financement...
 
... qui travaillent à temps partiel et qui gagnent moins en travaillant à temps partiel...
 
Vous ne me répondez pas V. Pécresse.
 
Mais si, parce que c'est transitoire. Aujourd'hui, on finance le RSA pour que ces personnes retrouvent un emploi. Quand elles auront retrouvé un emploi...
 
Donc, vous êtes d'accord ? Revenus du capital, vous êtes d'accord ?
 
Moi je suis d'accord pour trouver un financement. Alors, après...
 
Vous êtes extraordinaire ! "Je suis d'accord, il faut trouver un financement". Je vous pose la question, mais vous ne me répondez pas, V. Pécresse.
 
Si, je vais vous répondre, laissez-moi finir.
 
Alors, allez-y.
 
Je suis d'accord pour trouver un financement et je pense que ce financement de toute façon va baisser au fur et à mesure, le besoin de financement va baisser au fur et à mesure que les personnes se réinsérer par le travail. Donc, c'est un besoin de financement transitoire. C'est la première chose. Et deuxième chose, quel est...
 
Donc, vous rassurez tous ceux qui ont du capital, quoi ?
 
... Quel est le choix qui a été fait ? C'est celui d'une taxe qui est une taxe qui ne rend pas l'économie française moins compétitive, parce que moi, mon souci en tant que ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, c'est évidemment les délocalisations. C'est donc une taxe qui est la moins mauvaise...
 
Donc, oui à ce mode de financement ?
 
C'est le moins mauvais mode de financement, je pense.
 
Vous le pensez. Alors, vous briguez l'investiture de l'UMP pour les régionales. On ne va pas parler de votre concurrent - je ne vais pas dire adversaire - R. Karoutchi, mais moi j'ai envie de vous demander...
 
Mon adversaire, il s'appelle J.-P. Huchon.
 
Oui, mais ça j'ai bien compris. V. Pécresse, deux questions. Sur les transports. Essentiel, essentiel ! L'aide au transport, la fameuse aide au transport. On sait qu'en Ile-de-France, 50 % du transport pour un salarié est remboursé. Mais le salarié qui vient en voiture, qu'est-ce que vous prévoyez pour lui dans votre programme ?
 
Le Gouvernement demande aujourd'hui aux entreprises de faire le même effort pour le salarié qui vient en voiture...
 
Mais elles disent "on ne paiera pas".
 
Ah mais je crois qu'il faut qu'elles le fassent.
 
On fait quoi ? On passe par la loi, alors ?
 
Aujourd'hui, on est sur la base du volontariat, mais je pense que... on ne peut plus traiter différemment la personne qui vient en transport et la personne qui vient en voiture.
 
Mais le chef d'entreprise dit "je ne le fais pas dans mon entreprise" ? Surtout les petites entreprises qui n'ont peut-être pas les moyens ? Ce sont les collectivités territoriales qui doivent prendre en charge ?
 
Non. C'est une question d'égalité de traitement. Je vais vous parler des habitants de la Grande Couronne. En Grande Couronne, il y a 15 % des habitants qui prennent les transports en commun, seulement 15 %. Pourquoi ? Parce qu'on a fait une étude et on s'est rendu compte que si tous les habitants de Grande Couronne pour se rendre au travail prenaient le transport en commun, ils mettraient deux fois plus de temps à aller travailler. Donc, il faut qu'on travaille sur les transports en commun en Grande Couronne, ça va être une priorité évidemment de ma campagne pour les régionales. M. Huchon a fait, pour faire plaisir à M. Delanoë, un tramway sur les Maréchaux, sur une ville comme Paris où il y a tous les transports possibles et imaginables.
 
Si j'ai bien compris, en Ile-de-France, pour aider ceux qui vont travailler en voiture, alors, un, ce n'est pas la région qui paiera...
 
Il faut verser 200 euros. Il faut que les entreprises...
 
Ce n'est pas la région qui paiera, ce n'est pas l'Etat qui paiera, c'est donc l'entreprise qui paiera.
 
Mais non, il faut une égalité de traitement. Aujourd'hui, les entreprises remboursent la moitié de la carte Orange. Il faut aussi qu'elles fassent le même effort pour les salariés qui viennent en voiture. C'est une question d'égalité de traitement.
 
On est d'accord avec vous. On verra.
 
Aujourd'hui, c'est sur une base volontaire. Le Gouvernement travaille sur une base volontaire. Je suis sûre que les entreprises vont venir très nombreuses sur ce bonus. Si elles ne le font pas, à un moment donné, il faudra qu'on leur parle.
 
Il faudra qu'on leur parle ou qu'on passe par la loi. J'ai compris. M. Lagardère de RMC a une question pour vous, V. Pécresse. M. Lagardère (de RMC) : Question de Anne, « ma fille est étudiante en philosophie à Nice, on nous dit que la faculté va être fermée par manque d'étudiants, qu'en est-il ? »
 
Ecoutez, je ne suis pas du tout au courant. Ce serait vraiment la première fois que ça arriverait. Tenez-moi au courant, envoyez-moi un petit mail, je travaillerai sur cette question.
 
Ne vous inquiétez pas. Autre question Marion ? M. Lagardère : Oui, Isabelle qui vous interpelle : « Madame, je suis désolée de vous contredire mais mon fils entre en Master, ses dossiers de bourse ont été envoyés en avril et depuis quatre ans, il ne touche sa bourse que fin décembre. »
 
Alors, ce qui m'intéresserait, ce serait de savoir dans quel CROUS il est. Parce que vous savez que chaque CROUS a sa politique et je verrai très vite pourquoi ça ne marche pas à cet endroit-là. Vous savez, le Président de la République veut que les services publics soient au service des usagers.
 
Si vous êtes élue en 2010, vous démissionnez, vous ne serez plus ministre ? On ne peut pas faire les deux ?
 
De toutes façons, par conviction, je suis complètement contre le cumul parce que je crois qu'il faut se consacrer vraiment à la tâche.
 
Enfin un politique qui est contre le cumul.
 
Je l'ai montré, je ne suis pas allée aux municipales. On vous l'a reproché. Non, on ne me l'a pas reproché. D'abord, je vais vous dire, personne n'a de reproche à me faire, c'est ma décision. Par ailleurs, je pense qu'il faut vraiment se consacrer à une tâche l'une après l'autre. La région Ile-de-France, c'est 11,5 millions habitants, je ne crois pas que ce soit possible de faire les deux. C'est un autre défi, c'est une autre aventure qui commencerait pour moi.
 
Merci V. Pécresse d'être venue nous voir ce matin, merci à vous.
 Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 12 septembre 2008