Texte intégral
R. Duchemin.- Bonjour V. Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur, merci d'être avec nous en direct sur France Info. On va bien sûr parler avec vous de la rentrée universitaire puisque ça se fera dans la grande majorité la semaine prochaine. Les étudiants s'apprêtent à rejoindre les amphis et les facs, avec une nouveauté majeure cette année pour eux : c'est le fameux plan licence. Il entre en vigueur. Votre ambition, c'est de diminuer de moitié le taux d'échec en première année ?
Oui vous savez qu'aujourd'hui, dans notre système universitaire, il y a une forme de sélection par l'échec : 50 %, un étudiant sur deux va échouer avant la fin de l'année universitaire. Et ce taux d'échec nous ne l'acceptons pas et nous voulons organiser une transition beaucoup plus accompagnée entre le lycée et la première année d'université, ce que nous appelons l'orientation active, et nous mettons en place une nouvelle première année à l'université pour empêcher, lutter contre ce phénomène d'échec.
Parce qu'il y a une mauvaise orientation des élèves sur la première année, le mauvais choix ?
Parce que les étudiants étaient livrés à eux-mêmes pour cette orientation, enfin les lycéens, connaissant très peu les filières universitaires. Et nous avons mis cette année en place un logiciel de pré inscription qui a permis de connaître les choix des étudiants et qui a permis aux universitaires de répondre à ces choix. Il y a eu 1,5 million de voeux qui ont été exprimés par des lycéens et ils ont reçu des réponses de la communauté universitaire et je souhaite que ce portail "Admission post bac", qui a été testé dans 12 académies cette année, soit généralisé l'année prochaine à toutes les académies pour que tous les lycéens puissent avoir un vrai contact direct avec les universités, avec les écoles, avec les BTS et les IUT pour savoir s'ils ont le niveau, s'ils ont les pré requis, ce qu'il faut qu'ils améliorent pour réussir et être conseillés éventuellement pour des voies de réorientation.
Pour cela, vous avez mis les gros moyens : 730 millions d'euros qui vont être injectés d'ici 2012. Est-ce qu'à terme c'est compatible ou pas avec les suppressions de postes annoncées dans l'enseignement supérieur - il y en a 900 de programmées l'année prochaine, et les étudiants, notamment l'UNEF, s'inquiètent.
D'abord, ce qu'il faut dire, c'est que la réussite des étudiants est notre priorité et que dans cette rentrée 2008, j'ai créé 2.250 postes de moniteurs - 2.250 ! Ce sont des doctorants, qui vont pouvoir travailler sur les travaux dirigés, sur l'encadrement pédagogique et l'accompagnement des étudiants. Quant aux non renouvellements de départs en retraite prévus cette fois-ci pour l'année 2009, il seront marginaux puisqu'ils ne représenteront que moins de 1 % des effectifs de mon ministère et ce que je veux dire à tous ceux qui nous écoutent, c'est qu'ils ne concerneront pas les enseignants chercheurs. Donc, il ne faut pas agiter de fausses peurs.
Donc, cela ne plombe pas le plan ?
Cela veut dire qu'aucun enseignant chercheur ne sera concerné par le non renouvellement des postes. En effet, qu'est-ce que nous souhaitons faire ? Nous souhaitons accroître l'encadrement des universités pour permettre leur passage à l'autonomie et revaloriser les carrières des personnels de l'université. Et pour cela, il y a toute une série de fonctions universitaires - gardiennage, entretien, jardinage, standard téléphonique - qui ne sont pas au coeur du métier de service public de l'université, qui devraient être externalisées, confiées à des sociétés de prestations de service et en revanche, nous donnerons aux universités des postes supplémentaires d'encadrement : des contrôleurs de gestion, des directeurs financiers, des directeurs de ressources humaines pour qu'elles puissent faire face à ce défi de l'autonomie, parce que je vous rappelle qu'une université sur 4 devient autonome au 1er janvier 2009.
La grande préoccupation des étudiants à la rentrée, c'est aussi évidemment le logement. Les bourses a priori vont être versées au mois d'octobre. C'était votre engagement V. Pécresse. On vous a vue aussi signer avec H. Morin un accord pour récupérer les casernes désaffectées et en faire de futurs logements étudiants. C'est très bien sur le papier. Cela tout le monde l'accorde mais cela s'annonce quand même un petit peu compliqué. Qui va être propriétaire ? L'Etat ? Qui va financer les travaux ?
Tout va dépendre des situations locales. Ce qu'il faut vous dire d'abord c'est que le logement étudiant pour nous est une absolue priorité. Depuis 2 ans, nous avons lancé un grand plan pour rénover 7.000 chambres par an et construire 5.000 chambres nouvelles tous les ans pendant dix ans, pour rattraper notre retard en matière de logement étudiant qui est patent, criant.
Donc, cela entre dans ce plan ?
Cela, cela progresse mais nous avons une grosse difficulté à atteindre nos objectifs, parce que nous manquons de réserves, de terrains fonciers, constructibles et particulièrement dans le coeur des villes. C'est pour cela que j'ai contacté immédiatement H. Morin quand j'ai su qu'il allait libérer les casernes. Nous sommes en train de travailler avec les collectivités locales. Nous allons voir. Chaque situation sera différente. Par exemple, à Arras, nous avons une caserne qui va être cédée par l'Etat à la collectivité d'Arras et nous sommes d'ores et déjà en mesure d'annoncer 100 places dès la rentrée 2008/2009 qui seront mises à la disposition des étudiants.
Le mérite est très en vogue en ce moment, on l'a vu avec les médailles pour les bacheliers, idée signée X. Darcos. Est-ce que vous allez faire pareil, vous, avec les étudiants, avec éventuellement les universités, récompenser les meilleurs ?
En réalité, nous l'avons déjà lancé ce plan de récompense du mérite depuis janvier. Et ce qu'il faut que vous sachiez c'est que ...
Parce qu'on a entendu d'un palmarès des universités exemplaires. Cela ressemble effectivement aussi.
Ce n'est pas exactement cela. Là, on parle des lycéens et des étudiants méritants. Pour les étudiants méritants, j'ai décidé que les bacheliers mention très bien dont les parents ne sont pas imposables à l'impôt sur le revenu toucheraient, en plus de leur bourse, 200 euros par mois de bourse au mérite pendant toute leur licence. Et la même chose pour les 5 % meilleurs étudiants de licence ou de BTS ou d'IUT. Ces 5 % meilleurs auront droit en plus de leur bourse à 200 euros par mois pour faire leur cursus de master. L'idée c'est quoi ? C'est effectivement de récompenser l'effort et le mérite et de permettre à ces bons lycéens, très bons lycéens, ces très bons étudiants, eh bien, de pouvoir poursuivre leurs études dans de bonnes conditions. Au total, cinq fois plus de bacheliers mention très bien auront des bourses grâce à ce dispositif.
Et le palmarès des universités exemplaire c'est une réalité ? Cela va devenir une réalité ? C'est pour quoi faire ? Mettre en concurrence les différents sites ?
Non c'est parce que...
Vous confirmez, cela existe bien dans vos cartons ?
Nous sommes ...le corollaire de l'autonomie c'est la responsabilité et c'est l'évaluation des performances. Et aujourd'hui, les étudiants et leurs parents ont le droit à l'information sur la qualité de la formation qui est donnée dans chaque université. Donc, effectivement, la nouvelle maquette de licence, le nouveau contenu des premiers cycles universitaires est mis en place à la rentrée. La nouvelle première année, une année fondamentale, avec des professeurs référents pour 20 élèves, avec des tutorats, des étudiants de master 2 qui vont devenir tuteurs rémunérés des jeunes en difficulté, avec davantage d'heures d'anglais ; cinq heures de cours supplémentaires par semaine, par étudiant, c'est le budget que j'ai donné aux universités pour cette première année. Et donc, nous allons avoir des changements profonds dans l'université à partir de septembre.
Donc, vous êtes dans le droit fil de ce que fait X. Darcos ?
C'est un peu différent ! Nous allons évaluer les efforts, les innovations pédagogiques des universités et les efforts qu'elles font pour faire évoluer leur cursus, pour aider davantage, accompagner davantage les étudiants. Donc, elles auront effectivement une évaluation et on distinguera les meilleures universités, celles qui ont fait davantage d'efforts, celles qui ont davantage d'innovations pédagogiques et celles qui présentent, j'allais dire le meilleur accompagnement pour leurs étudiants.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 18 septembre 2008