Texte intégral
Monsieur le Vice-Président du Parlement européen,
Monsieur le Commissaire européen chargé du multilinguisme,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Comme vous ne le savez peut-être pas, la tenue d'Etats généraux est une tradition française presque aussi ancienne que cette université de la Sorbonne où nous nous trouvons ce matin. Assemblée régulièrement réunie pendant près de cinq siècles, creuset de la Révolution française, ils définissent aujourd'hui cette volonté d'organiser une réflexion commune et citoyenne autour des grands défis auxquels sont confrontés nos sociétés. On ne pouvait trouver meilleur symbole pour la question essentielle du multilinguisme en Europe ni meilleure méthode préparatoire puisque chacun a pu très largement s'exprimer, notamment à travers un forum de discussion en ligne.
Disons-le tout net : la promotion du multilinguisme est un des instruments indispensables à la construction européenne. Et disons-le aussi : tous dans l'Europe des 27 n'en sont pas convaincus et cette priorité a eu du mal à s'affirmer.
Christine Albanel, notre ministre de la Culture et de la Communication, vient de parfaitement présenter les enjeux des événements que nous avons préparés pour cette Journée européenne des langues.
Je souhaite, pour ma part, souligner quelques points qui me tiennent plus particulièrement à coeur.
Il s'agit tout d'abord de mettre en valeur le maître mot qui sous-tend cette journée, à savoir le mot "diversité".
Diversité linguistique bien sûr, puisque nous aurons la chance, durant ces "Etats généraux du multilinguisme", d'entendre les participants s'exprimer en 17 langues et, durant l'événement grand public "Langues en fête", de chanter ou de parler dans les 23 langues officielles de l'Union. Chacune de ces langues véhicule une histoire, une culture, une identité. C'est cette diversité qui fait la richesse de l'Union européenne, dont je vous rappelle la devise : "Unie dans la diversité". Une diversité linguistique que l'actuelle Présidence française de l'Union européenne entend mettre à l'honneur.
Diversité, aussi, des participants. Vous êtes ce matin plus de 600 : experts ou délégations officielles, en provenance de tous les Etats membres de l'Union européenne et de l'Espace économique européen, du Portugal à la Bulgarie en passant par la Norvège et la Slovénie. Cette diversité géographique se double d'une diversité des profils : chefs d'entreprises, traducteurs, responsables associatifs, spécialistes universitaires... bref, c'est toute la société civile dans sa diversité qui se trouve ici représentée.
Diversité également des représentants officiels qui témoigne de l'intérêt des institutions européennes et des Etats membres pour le multilinguisme. Dans quelques instants le commissaire européen au multilinguisme, Léonard Orban, nous fera l'honneur de présenter sa toute nouvelle stratégie pour le multilinguisme. Le Parlement européen est également éminemment représenté par son vice-président en charge du multilinguisme, M. Miguel Angel Martinez Martinez. Plusieurs ministres européens ont enfin accepté notre invitation et pourront réagir en fin de journée aux débats que nous aurons menés.
"A quoi sert d'apprendre des langues étrangères ?" C'est pour répondre à cette question que les évènements d'aujourd'hui sont organisés. Le multilinguisme est, en effet, un enjeu transversal qui dépasse une simple problématique éducative pour irriguer aussi les domaines économique, culturel ou social. Il conduit à se poser d'autres questions :
"Comment faire circuler les oeuvres culturelles européennes ?"
"Comment augmenter les parts de marché des entreprises européennes grâce aux compétences linguistiques des salariés ?"
"Comment utiliser les nouvelles technologies pour améliorer l'apprentissage des langues ?"
Ce sont donc bien les atouts de la diversité linguistique qu'il s'agira de mettre en lumière au cours de vos travaux de cette journée, ainsi que les outils qu'il nous faut inventer pour faire de nos 23 langues européennes non pas un obstacle mais le moteur de notre intégration et de nos connaissances réciproques.
La promotion du multilinguisme passe par trois axes concrets qui structurent la contribution que l'actuelle Présidence française de l'Union européenne entend apporter à la réflexion sur le multilinguisme :
1 - l'apprentissage des langues à l'école et à l'université, complété par des actions de mobilité,
2 - les échanges culturels, à travers notamment le soutien à la traduction,
3 - notre capacité individuelle et collective à être compétitif économiquement.
Je voudrais notamment insister sur ce troisième point, moins évident intuitivement : le multilinguisme comme facteur déterminant de la compétitivité.
Ainsi que l'a démontré l'étude du Centre britannique pour les langues, les entreprises disposant d'une stratégie de communication multilingue parviennent à améliorer leurs ventes à l'exportation de plus de 40 % par rapport à leurs concurrents dépourvus d'une telle stratégie !
Développer les nouvelles technologies et la traduction en entreprise, offrir aux salariés la faculté d'apprendre des langues dans le cadre professionnel sont autant de pistes pour renforcer notre compétitivité. A mon sens, cette stratégie multilingue à l'externe n'est d'ailleurs pas incompatible avec une stratégie à l'interne, tendant à garantir la communication en langue nationale pour les salariés au sein de l'entreprise. Ces deux stratégies vont de pair. Cette Journée européenne des langues fournit l'occasion d'en parler.
La Présidence française attache une grande importance à la diversité culturelle et au maintien du multilinguisme au sein de l'Union européenne. Le multilinguisme est en effet au coeur des débats européens : identité, intégration et dialogue interculturel ; maîtrise des langues comme enjeu de formation dans une société de la connaissance et comme enjeu de la compétitivité des entreprises européennes ; compréhension et adhésion des citoyens au projet européen.
C'est un élément important des identités nationales, qui reflète la diversité en Europe, et une condition essentielle pour que nos citoyens continuent de se reconnaître dans le projet européen et d'y adhérer.
La défense de la diversité linguistique et la promotion du multilinguisme sont les combats de la France en Europe ; elles le sont aussi dans l'ensemble du monde. Elles vont de pair d'ailleurs avec notre politique de promotion et de développement de la langue française dans toutes les régions du monde. En effet, nous ne concevons pas notre politique en faveur du français, sur le plan bilatéral et sur le plan multilatéral avec l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), autrement que dans un dialogue avec les autres langues. C'est bien le sens de l'intégration en juillet dernier de la notion de Francophonie au sein de notre Constitution.
C'est bien également pour cela que nous privilégions, par exemple, le développement de filières d'enseignement bilingue en Europe, ou l'association harmonieuse du français et des langues africaines comme langues d'enseignement et de formation en Afrique.
Nous sommes persuadés que l'existence de langues européennes de dimension mondiale, comme l'espagnol, le portugais, l'anglais et le français, ne peut être que bénéfique pour l'Europe elle-même. Elle permet à l'Union et à ses Etats membres de mettre en oeuvre une politique d'aide au développement reconnue et appréciée.
Je sais pouvoir compter sur votre engagement et votre enthousiasme au service d'une haute ambition pour notre avenir commun qui est l'une des plus belles causes européennes : l'échange et le dialogue entre les cultures pour une solidarité internationale au service de la paix.
Je forme le voeu que nos travaux soient fructueux et que nos "Etats généraux" soient les premiers d'une longue série.
Vous me permettrez enfin de remercier l'Université Paris III Sorbonne Nouvelle et nos instituts et centres culturels français qui permettront à vos débats d'être retransmis en direct, partout en Europe et dans le monde.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er octobre 2008
Monsieur le Commissaire européen chargé du multilinguisme,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Comme vous ne le savez peut-être pas, la tenue d'Etats généraux est une tradition française presque aussi ancienne que cette université de la Sorbonne où nous nous trouvons ce matin. Assemblée régulièrement réunie pendant près de cinq siècles, creuset de la Révolution française, ils définissent aujourd'hui cette volonté d'organiser une réflexion commune et citoyenne autour des grands défis auxquels sont confrontés nos sociétés. On ne pouvait trouver meilleur symbole pour la question essentielle du multilinguisme en Europe ni meilleure méthode préparatoire puisque chacun a pu très largement s'exprimer, notamment à travers un forum de discussion en ligne.
Disons-le tout net : la promotion du multilinguisme est un des instruments indispensables à la construction européenne. Et disons-le aussi : tous dans l'Europe des 27 n'en sont pas convaincus et cette priorité a eu du mal à s'affirmer.
Christine Albanel, notre ministre de la Culture et de la Communication, vient de parfaitement présenter les enjeux des événements que nous avons préparés pour cette Journée européenne des langues.
Je souhaite, pour ma part, souligner quelques points qui me tiennent plus particulièrement à coeur.
Il s'agit tout d'abord de mettre en valeur le maître mot qui sous-tend cette journée, à savoir le mot "diversité".
Diversité linguistique bien sûr, puisque nous aurons la chance, durant ces "Etats généraux du multilinguisme", d'entendre les participants s'exprimer en 17 langues et, durant l'événement grand public "Langues en fête", de chanter ou de parler dans les 23 langues officielles de l'Union. Chacune de ces langues véhicule une histoire, une culture, une identité. C'est cette diversité qui fait la richesse de l'Union européenne, dont je vous rappelle la devise : "Unie dans la diversité". Une diversité linguistique que l'actuelle Présidence française de l'Union européenne entend mettre à l'honneur.
Diversité, aussi, des participants. Vous êtes ce matin plus de 600 : experts ou délégations officielles, en provenance de tous les Etats membres de l'Union européenne et de l'Espace économique européen, du Portugal à la Bulgarie en passant par la Norvège et la Slovénie. Cette diversité géographique se double d'une diversité des profils : chefs d'entreprises, traducteurs, responsables associatifs, spécialistes universitaires... bref, c'est toute la société civile dans sa diversité qui se trouve ici représentée.
Diversité également des représentants officiels qui témoigne de l'intérêt des institutions européennes et des Etats membres pour le multilinguisme. Dans quelques instants le commissaire européen au multilinguisme, Léonard Orban, nous fera l'honneur de présenter sa toute nouvelle stratégie pour le multilinguisme. Le Parlement européen est également éminemment représenté par son vice-président en charge du multilinguisme, M. Miguel Angel Martinez Martinez. Plusieurs ministres européens ont enfin accepté notre invitation et pourront réagir en fin de journée aux débats que nous aurons menés.
"A quoi sert d'apprendre des langues étrangères ?" C'est pour répondre à cette question que les évènements d'aujourd'hui sont organisés. Le multilinguisme est, en effet, un enjeu transversal qui dépasse une simple problématique éducative pour irriguer aussi les domaines économique, culturel ou social. Il conduit à se poser d'autres questions :
"Comment faire circuler les oeuvres culturelles européennes ?"
"Comment augmenter les parts de marché des entreprises européennes grâce aux compétences linguistiques des salariés ?"
"Comment utiliser les nouvelles technologies pour améliorer l'apprentissage des langues ?"
Ce sont donc bien les atouts de la diversité linguistique qu'il s'agira de mettre en lumière au cours de vos travaux de cette journée, ainsi que les outils qu'il nous faut inventer pour faire de nos 23 langues européennes non pas un obstacle mais le moteur de notre intégration et de nos connaissances réciproques.
La promotion du multilinguisme passe par trois axes concrets qui structurent la contribution que l'actuelle Présidence française de l'Union européenne entend apporter à la réflexion sur le multilinguisme :
1 - l'apprentissage des langues à l'école et à l'université, complété par des actions de mobilité,
2 - les échanges culturels, à travers notamment le soutien à la traduction,
3 - notre capacité individuelle et collective à être compétitif économiquement.
Je voudrais notamment insister sur ce troisième point, moins évident intuitivement : le multilinguisme comme facteur déterminant de la compétitivité.
Ainsi que l'a démontré l'étude du Centre britannique pour les langues, les entreprises disposant d'une stratégie de communication multilingue parviennent à améliorer leurs ventes à l'exportation de plus de 40 % par rapport à leurs concurrents dépourvus d'une telle stratégie !
Développer les nouvelles technologies et la traduction en entreprise, offrir aux salariés la faculté d'apprendre des langues dans le cadre professionnel sont autant de pistes pour renforcer notre compétitivité. A mon sens, cette stratégie multilingue à l'externe n'est d'ailleurs pas incompatible avec une stratégie à l'interne, tendant à garantir la communication en langue nationale pour les salariés au sein de l'entreprise. Ces deux stratégies vont de pair. Cette Journée européenne des langues fournit l'occasion d'en parler.
La Présidence française attache une grande importance à la diversité culturelle et au maintien du multilinguisme au sein de l'Union européenne. Le multilinguisme est en effet au coeur des débats européens : identité, intégration et dialogue interculturel ; maîtrise des langues comme enjeu de formation dans une société de la connaissance et comme enjeu de la compétitivité des entreprises européennes ; compréhension et adhésion des citoyens au projet européen.
C'est un élément important des identités nationales, qui reflète la diversité en Europe, et une condition essentielle pour que nos citoyens continuent de se reconnaître dans le projet européen et d'y adhérer.
La défense de la diversité linguistique et la promotion du multilinguisme sont les combats de la France en Europe ; elles le sont aussi dans l'ensemble du monde. Elles vont de pair d'ailleurs avec notre politique de promotion et de développement de la langue française dans toutes les régions du monde. En effet, nous ne concevons pas notre politique en faveur du français, sur le plan bilatéral et sur le plan multilatéral avec l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), autrement que dans un dialogue avec les autres langues. C'est bien le sens de l'intégration en juillet dernier de la notion de Francophonie au sein de notre Constitution.
C'est bien également pour cela que nous privilégions, par exemple, le développement de filières d'enseignement bilingue en Europe, ou l'association harmonieuse du français et des langues africaines comme langues d'enseignement et de formation en Afrique.
Nous sommes persuadés que l'existence de langues européennes de dimension mondiale, comme l'espagnol, le portugais, l'anglais et le français, ne peut être que bénéfique pour l'Europe elle-même. Elle permet à l'Union et à ses Etats membres de mettre en oeuvre une politique d'aide au développement reconnue et appréciée.
Je sais pouvoir compter sur votre engagement et votre enthousiasme au service d'une haute ambition pour notre avenir commun qui est l'une des plus belles causes européennes : l'échange et le dialogue entre les cultures pour une solidarité internationale au service de la paix.
Je forme le voeu que nos travaux soient fructueux et que nos "Etats généraux" soient les premiers d'une longue série.
Vous me permettrez enfin de remercier l'Université Paris III Sorbonne Nouvelle et nos instituts et centres culturels français qui permettront à vos débats d'être retransmis en direct, partout en Europe et dans le monde.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er octobre 2008