Texte intégral
Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
La crise financière que vous venez d'évoquer, monsieur le rapporteur général du budget, est née, je vous le rappelle aux Etats-Unis en août 2007. Elle est née de la mise sur le marché de produits, qui étaient des produits dont la sécurité n'était pas assurée, elle est née d'un comportement, il faut bien le dire, irresponsable de certains acteurs financiers.
À cette crise financière, s'est ajouté, Mesdames et Messieurs les députés, un choc pétrolier de la même puissance que celui de 1973. Et les effets de cette crise et de ce choc pétrolier se sont faits sentir à partir du printemps dernier, à la fois sur l'économie américaine, dont le ralentissement a été spectaculaire, et sur l'économie de l'ensemble des pays de la zone euro. Mais c'est le 18 septembre que la crise a pris un tour nouveau, avec la faillite de la cinquième banque d'affaires américaine. Avec cette faillite, c'est la confiance globale dans le système financier international qui, en un instant, a été réduite à néant.
Les gouvernements doivent naturellement maintenant, et avec rapidité, agir pour donner un coup d'arrêt à cette crise de confiance. C'est ce que fait le gouvernement américain avec le plan qui est en cours de négociation au Parlement des Etats-Unis ; c'est le sens de l'initiative qu'a prise le Président de la République française en demandant la tenue dans les meilleurs délais d'un sommet du G8 élargi, c'est-à-dire à l'ensemble des grandes puissances industrialisées, pour refonder les institutions financières de Bretton Woods. C'est le sens de l'initiative de la présidence française de l'Union européenne, qui a demandé que les ministres des Finances, la Commission, les régulateurs et les banques centrales fassent des propositions immédiates pour assurer la liquidité et la solvabilité des banques. Enfin, c'est le sens de l'initiative du Président de la République et du Gouvernement, que vous avez évoqué vous-même, de garantir la sécurité de notre système bancaire. C'est ce que nous avons fait en intervenant pour sauver l'institution financière Dexia. Nous ne l'avons pas fait pour les actionnaires, nous l'avons fait pour les épargnants et pour les clients de cette banque, et au premier rang d'entre eux, pour les collectivités locales.
Je veux redire ici, après le président de la République, de la façon la plus solennelle qui soit, que nous ne permettrons pas que soit acculée à la faillite une institution bancaire française. Et nous ne nous interdisons aucun moyen pour intervenir. L'adossement à d'autres établissements financiers, l'intervention, la prise de participation de la Caisse des Dépôts ou de l'Etat, l'intervention directe de l'Etat : rien n'est tabou. Et les spéculateurs doivent savoir que la France ne laissera pas aller vers la faillite une banque française.
Enfin, c'est le sens du plan que nous sommes en train de préparer, pour donner aux petites et moyennes entreprises une plus grande sécurité en matière de financement. Nous avons demandé à la Banque européenne d'investissement d'intervenir massivement sur le financement des PME. Nous sommes en train de préparer de nouvelles règles d'intervention d'Oséo à l'égard des PME. Et comme je l'ai indiqué ce matin, nous envisageons, en lien avec la Caisse des Dépôts, de regarder comment orienter une partie du surplus de collecte du Livret A, qui est lié à la crise financière d'aujourd'hui, vers les PME, en garantissant naturellement le financement du logement social - je parle des surplus - et en garantissant bien entendu, comme c'est le cas pour le Livret A, à 100 % les dépôts des déposants.
Voilà, Mesdames et Messieurs les députés, la politique que le Gouvernement a choisi de conduire face à cette crise. C'est une crise sans précédent, il faut du sang-froid, il faut de la ténacité mais il faut aussi de l'unité.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 2 octobre 2008