Texte intégral
C. Barbier.- 6,4 milliards d'euros injectés par les gouvernements, belge, luxembourgeois et français dans Dexia. Est-ce le début d'un "sauve qui peut" sur les banques françaises ?
Non, non, il n'y a pas de panique du tout. Dexia était une banque qui était attaquée, ils ont perdu, je crois, 30 % de cours de Bourse hier, il fallait recapitaliser ; les gouvernements se sont mis d'accord. D'ailleurs, le Gouvernement français, C. Lagarde a indiqué hier que la Caisse des dépôts, qui est actionnaire de Dexia, ferait ce qu'elle doit faire.
Aujourd'hui, il y a une réunion à l'Elysée, ce matin, avec tous les acteurs de la finance française, sur fond de rejet du plan Paulson, de dégringolade boursière inédite. Est-ce là aussi le début d'un scénario catastrophe, un peu annoncé à Toulon par le Président ?
C'est regrettable que la Chambre des représentants n'ait pas voté ce plan, mais je pense qu'il y a beaucoup de politique intérieure là-dedans, et je crois que ce sera soumis à nouveau à un vote dans quelques jours...
Jeudi...
...Donc, évidemment, il faut voter, c'est-à-dire qu'il faut extraire des bilans des banques américaines les crédits un peu "pourris", un peu "toxiques", comme on dit, dégradés, pour que le monde financier retrouve la confiance. C'est vraiment un problème de confiance, c'est-à-dire que les banques se "re-prêtent" entre elles, c'est-à-dire qu'il y ait des liquidités bancaires pour financer l'économie.
Et c'est ce qu'on va faire ce matin à l'Elysée, c'est demander à tous les acteurs financiers de dire ce qu'ils ont comme "actifs pourris" ?
Non, parce que la Banque de France le sait bien, et ...
Vraiment ?
Ecoutez, je ne suis pas dans les bilans des banques. Il y a plusieurs milliards d'euros, 17 milliards d'euros qui ont été placés en provision, donc là-dessus, les banques françaises sont connues, le gouverneur de la Banque de France l'a dit à plusieurs reprises. Cette réunion a pour objet, je pense, de faire un point global sur la situation, de regarder avec les assureurs, avec les banquiers, ce qu'il convient de faire, c'est de suivre. Le Président a lancé à Toulon un certain nombre d'idées très, très fortes. D'ailleurs, je n'ai pas entendu beaucoup de gens parler en dehors du président de la République, même sur le plan mondial. Donc c'est un point très fort et c'est un cap très, très important. À la fois rassurer, et en même temps changer le capitalisme mondial. Rien que ça !
Sur le plan mondial, quand se tiendra ce fameux G8 élargi que le Président promet ?
Je crois qu'il souhaiterait que ce soit tenu dans les semaines ou dans les mois qui viennent, à lui d'en donner la date, et puis de le négocier avec l'ensemble des partenaires des grands pays industrialisés. C'est très important, parce que ça veut dire quoi ? Ça veut dire que cette crise est née d'un capitalisme dévoyé, il faut remettre le capitalisme en ordre, c'est-à-dire le système économique mondial en ordre, il faut en profiter vraiment pour faire le ménage, et puis recréer une économie plus solide, ou en tout cas plus réaliste. Et puis deuxième point, il faut garantir les Français, il faut en même temps rassurer. Remettre en cause le capitalisme tel qu'il était, recréer un système international plus transparent et puis, deuxième point, rassurer évidemment les Français en France.
Alors, pour rassurer les Français, combien d'argent pouvez-vous mobiliser en cas de faillite bancaire en cascade ? Aux Etats-Unis, on met 700 milliards de dollars sur la table, et vous ?
On ne peut pas répondre. Vous le savez très bien, tout le monde le dit, et c'est la réalité, les banques françaises ne sont pas les banques américaines, ce n'est pas le même système...
Oui, mais s'il fallait, vous et les banques, vous avez une caisse de secours ?
...Les banques françaises sont beaucoup plus régulées que les banques américaines, donc il y a beaucoup moins de mauvaises surprises dans les banques françaises, et d'ailleurs il n'y en a pas pour l'instant. Et le Président a indiqué que s'il y avait une mauvaise surprise, à ce moment-là, l'Etat sera là. L'Etat pourrait mobiliser...
Mais vous avez une caisse de secours ?
Il y a une caisse de secours qui est de quelques milliards d'euros, mais la question n'est pas là, la question est de savoir si un établissement - si, si, si... - un établissement bancaire avait un problème particulier, à ce moment-là, évidemment, in fine, l'Etat serait là pour garantir la sécurité du dépôt des épargnants. C'est ça qui est important, il ne faut pas de panique, il ne faut pas que les gens s'inquiètent outre mesure. Bien évidemment, aucun euro déposé sur un compte en banque ou sur une assurance-vie ne peut être touché par cette crise. En réalité, le problème de la France, c'est plutôt le ralentissement économique.
On va en parler. En attendant, l'appel à "l'unité nationale", lancé par F. Fillon, a été rejeté par la gauche et par les syndicats. Que leur répondez-vous ?
Rien... Qu'ils passent à côté. Les socialistes sont en train de préparer leur congrès de Reims quand le monde économique est en pleine effervescence. A force de préparer le congrès de Reims, ils seront rincés, c'est sûr...
"Nous avons été enfumés, accuse F. Chérèque, patron de la CFDT, depuis quelques mois" ; que répondez-vous ?
Enfin, je ne comprends pas ces différents points...
On parlait plein emploi, on parlait retour de la croissance et puis rien n'est là...
Oui, mais enfin, il y a une crise mondiale comme il y en a eue dans un certain nombre de cas, cela fait une trentaine d'années qu'il n'y a pas eu une crise comme celle-là, qui vient des Etats-Unis, la France n'est pas responsable de cette crise. Le Gouvernement français est probablement un de ceux qui est le plus en pointe dans les réponses à apporter à cette crise ; le président de la République s'est exprimé, peu de Présidents se sont exprimés de cette manière-là, a fait des propositions sur le plan international. J'attends de la part de tous ces leaders qui critiquent la politique française d'en faire autant ! Qu'ils proposent plutôt que de critiquer. Quand l'économie va mal, il faut plutôt se serrer les coudes, ce n'est pas une question d'idéologie, ce n'est pas une question de droite ou de gauche, c'est une question de réalisme.
On va droit à un deuxième trimestre de croissance négative, donc la récession officielle, juridique ?
Oui, la récession je sais que c'est deux trimestres, mais vous savez, la récession, c'est d'abord et avant tout une croissance négative, je crois. Donc aujourd'hui...
On est dedans...
Non, en 2008, on sera à peu près à 1 % de croissance, et en 2009, chacun peut estimer que ce pour-cent, on pourra le tenir. Et nous avons construit nos hypothèses là-dessus, je crois que c'est prudent et en même temps, il ne faut pas céder à la panique. Ne cédons pas à la panique, ça ne sert à rien, remettons de l'ordre dans les finances internationales. Il faut que les banques centrales, et la BCE joue parfaitement son rôle, au même titre que la Federal reserve bank américaine...
Elle pourrait baisser un peu les taux, comme l'a fait la Fed...
La question n'est pas tellement dans la baisse des taux aujourd'hui, la question est dans... Vous savez, il faut retrouver de la liquidité, il faut que l'argent sorte. Il y a de l'argent, bien sûr, les banques ont l'argent, les institutions financières ont de l'argent, les entreprises ont de l'argent, il faut que cet argent re-circule. C'est parce que l'argent ne circule pas qu'il y a une crise économique.
41. 300 chômeurs de plus en août, c'est un accident, ça va s'aggraver sur les mois qui suivent ?
C'est évidemment un très mauvais chiffre, c'est un très mauvais chiffre. Jusqu'à présent, on a eu de bons chiffres, le taux de chômage était à 7 % ; aujourd'hui, ce taux va "ré-augmenter". Pourquoi ? Parce qu'avec une faible croissance, on ne recrée pas d'emplois, Parce que...
Alors que fait-on ? !
...parce qu'avec une faible croissance, on ne crée pas de pouvoir d'achat. Donc il faut régler ce problème de crise.
On va faire du traitement social ? On va aider les contrats jeunes, on va subventionner ?
Il y a déjà beaucoup de traitement social du chômage, il y a beaucoup de contrats aidés, tout ça on doit pouvoir évidemment le développer. Ça doit servir d'Airbag dans une crise, et bien évidemment, on utilisera tous les moyens qui sont à notre disposition. D'ailleurs, dans le budget 2009 de l'Etat, il y a ces moyens disponibles.
Alors, ne faut-il pas dans le budget du PLFSS, renoncer à transférer les cotisations chômage en baisse, puisque le chômage remonte, pour compenser les cotisations vieillesse en hausse ?
Non, non, parce que les cotisations vieillesse, on ne peut pas avoir des cotisations vieillesse, une caisse nationale d'assurance vieillesse avec un tel déficit aujourd'hui...
On peut augmenter les deux ?
Vous avez à l'Unedic des comptes très positifs, avec un excédent très important, du moins encore est-il un excédent très important, il n'y a pas de raison de penser que les choses se dégraderont plus vite, donc il faut basculer des cotisations. Il y a bien une solidarité entre les régimes, il faut cette solidarité entre les régimes. Vous savez, c'est le même citoyen à un moment donné, qui est chômeur, qui est travailleur, qui prend sa retraite, et donc il faut évidemment que ce système financier de la Sécurité sociale, et plus globalement des régimes sociaux, s'équilibre. Je vous ferais juste remarquer que hier j'ai présenté avec R. Bachelot et X. Bertrand, le budget de la Sécurité sociale, et que les choses se sont améliorées, il faut le dire aussi de temps à autre, même si c'est léger.
C'est léger ?! Vous dites 3,3 % de hausse !
C'est léger mais ça s'est amélioré...
"3,3 % de hausse des dépenses maladies prévus au budget 2009 de la Sécu ; 4,7 étaient prévus si on laissait filer. Comment pouvez-vous être sûr de cette amélioration ?
Vous avez remarqué que le monde était incertain, alors je suis là pour essayer de donne un peu de précision, un peu d'exactitude, un peu aussi de justice dans les sujets qui sont les miens...
Et d'optimisme...
...Jamais excessif, je ne suis pas un optimiste excessif, je suis vraiment le plus réaliste et vraiment, j'essaye de dire la vérité. 3,3 %, c'est bien au-dessus de l'inflation, cela veut dire que les dépenses de santé notamment progresseront plus vite que l'inflation, c'est ce qui a toujours été prévu. Nos dépenses d'assurance maladie sont plus rapides que la richesse nationale. 3,3 %, cela reste absolument raisonnable. Et pour tout vous dire, c'est exactement ce que nous avions prévu pour 2008, donc, nous le faisons en 2009 et 2010. Et à ce moment-là, l'assurance maladie, et plus généralement les régimes sociaux, parviendront à l'équilibre en 2012, si tant est que la masse salariale reprend un peu de vigueur.
Mais les Français paieront plus pour leur santé...
Les Français dans ce plan, en tout cas dans cette approche, ne paient pas plus pour leur santé, puisque en 2009, il n'y a pas de pression en termes de ressources ou de recettes supplémentaires sur les assurés, ça porte sur d'autres acteurs du système de santé, sans répercussion, sans répercussion ! Quand on taxe un peu les mutuelles et les assurances, cela n'a pas répercussion, je le dis, ça n'a pas de répercussion sur les assurés. Les assureurs et les assurances peuvent parfaitement bien l'absorber.
"Le budget 2009 n'est pas immuable", a susurré H. Guaino, conseiller du Président hier ; Président qui à Toulon avait laissé la porte entrouverte à la relance. Vous cautionneriez une politique de relance de l'activité s'il le fallait ?
Mais écoutez, il faut s'adapter, il ne faut pas faire de l'idéologie. Le budget de 2009 est, je crois, bien construit, et en même temps, et si jamais il fallait donner un coup de pouce, une relance supplémentaire parce que l'intérêt national l'exigerait, à ce moment-là, nous prendrions nos décisions. On est face à des responsabilités, et dans le Gouvernement piloté par N. Sarkozy comme Président et F. Fillon, en général, on assume ses responsabilités.
À propos de pilotage, est-ce qu'il faut...
...D'ailleurs, nous sommes les seuls entre nous.
A propos de pilotage, faut-il que F. Fillon renonce à l'usage de l'avion pour revenir d'Angers pour faire des économies ? Il peut revenir en voiture, en train...
Ecoutez, ce n'est pas le genre de F. Fillon, entre nous....
Ça coûte quand même !
Non, mais entre nous, ce n'est pas le style de F. Fillon ce que vous dites.
La taxe grignotage sur les aliments qui favorisent l'obésité ?
Je ne suis pas favorable à des taxes supplémentaires en ce moment, il ne faut pas peser sur le pouvoir d'achat, ce n'est franchement pas le moment. Il faut tenter d'équilibrer nos budgets, mais il faut le faire par une lutte incessante contre la dépense publique. C'est ce que nous faisons.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 30 septembre 2008
Non, non, il n'y a pas de panique du tout. Dexia était une banque qui était attaquée, ils ont perdu, je crois, 30 % de cours de Bourse hier, il fallait recapitaliser ; les gouvernements se sont mis d'accord. D'ailleurs, le Gouvernement français, C. Lagarde a indiqué hier que la Caisse des dépôts, qui est actionnaire de Dexia, ferait ce qu'elle doit faire.
Aujourd'hui, il y a une réunion à l'Elysée, ce matin, avec tous les acteurs de la finance française, sur fond de rejet du plan Paulson, de dégringolade boursière inédite. Est-ce là aussi le début d'un scénario catastrophe, un peu annoncé à Toulon par le Président ?
C'est regrettable que la Chambre des représentants n'ait pas voté ce plan, mais je pense qu'il y a beaucoup de politique intérieure là-dedans, et je crois que ce sera soumis à nouveau à un vote dans quelques jours...
Jeudi...
...Donc, évidemment, il faut voter, c'est-à-dire qu'il faut extraire des bilans des banques américaines les crédits un peu "pourris", un peu "toxiques", comme on dit, dégradés, pour que le monde financier retrouve la confiance. C'est vraiment un problème de confiance, c'est-à-dire que les banques se "re-prêtent" entre elles, c'est-à-dire qu'il y ait des liquidités bancaires pour financer l'économie.
Et c'est ce qu'on va faire ce matin à l'Elysée, c'est demander à tous les acteurs financiers de dire ce qu'ils ont comme "actifs pourris" ?
Non, parce que la Banque de France le sait bien, et ...
Vraiment ?
Ecoutez, je ne suis pas dans les bilans des banques. Il y a plusieurs milliards d'euros, 17 milliards d'euros qui ont été placés en provision, donc là-dessus, les banques françaises sont connues, le gouverneur de la Banque de France l'a dit à plusieurs reprises. Cette réunion a pour objet, je pense, de faire un point global sur la situation, de regarder avec les assureurs, avec les banquiers, ce qu'il convient de faire, c'est de suivre. Le Président a lancé à Toulon un certain nombre d'idées très, très fortes. D'ailleurs, je n'ai pas entendu beaucoup de gens parler en dehors du président de la République, même sur le plan mondial. Donc c'est un point très fort et c'est un cap très, très important. À la fois rassurer, et en même temps changer le capitalisme mondial. Rien que ça !
Sur le plan mondial, quand se tiendra ce fameux G8 élargi que le Président promet ?
Je crois qu'il souhaiterait que ce soit tenu dans les semaines ou dans les mois qui viennent, à lui d'en donner la date, et puis de le négocier avec l'ensemble des partenaires des grands pays industrialisés. C'est très important, parce que ça veut dire quoi ? Ça veut dire que cette crise est née d'un capitalisme dévoyé, il faut remettre le capitalisme en ordre, c'est-à-dire le système économique mondial en ordre, il faut en profiter vraiment pour faire le ménage, et puis recréer une économie plus solide, ou en tout cas plus réaliste. Et puis deuxième point, il faut garantir les Français, il faut en même temps rassurer. Remettre en cause le capitalisme tel qu'il était, recréer un système international plus transparent et puis, deuxième point, rassurer évidemment les Français en France.
Alors, pour rassurer les Français, combien d'argent pouvez-vous mobiliser en cas de faillite bancaire en cascade ? Aux Etats-Unis, on met 700 milliards de dollars sur la table, et vous ?
On ne peut pas répondre. Vous le savez très bien, tout le monde le dit, et c'est la réalité, les banques françaises ne sont pas les banques américaines, ce n'est pas le même système...
Oui, mais s'il fallait, vous et les banques, vous avez une caisse de secours ?
...Les banques françaises sont beaucoup plus régulées que les banques américaines, donc il y a beaucoup moins de mauvaises surprises dans les banques françaises, et d'ailleurs il n'y en a pas pour l'instant. Et le Président a indiqué que s'il y avait une mauvaise surprise, à ce moment-là, l'Etat sera là. L'Etat pourrait mobiliser...
Mais vous avez une caisse de secours ?
Il y a une caisse de secours qui est de quelques milliards d'euros, mais la question n'est pas là, la question est de savoir si un établissement - si, si, si... - un établissement bancaire avait un problème particulier, à ce moment-là, évidemment, in fine, l'Etat serait là pour garantir la sécurité du dépôt des épargnants. C'est ça qui est important, il ne faut pas de panique, il ne faut pas que les gens s'inquiètent outre mesure. Bien évidemment, aucun euro déposé sur un compte en banque ou sur une assurance-vie ne peut être touché par cette crise. En réalité, le problème de la France, c'est plutôt le ralentissement économique.
On va en parler. En attendant, l'appel à "l'unité nationale", lancé par F. Fillon, a été rejeté par la gauche et par les syndicats. Que leur répondez-vous ?
Rien... Qu'ils passent à côté. Les socialistes sont en train de préparer leur congrès de Reims quand le monde économique est en pleine effervescence. A force de préparer le congrès de Reims, ils seront rincés, c'est sûr...
"Nous avons été enfumés, accuse F. Chérèque, patron de la CFDT, depuis quelques mois" ; que répondez-vous ?
Enfin, je ne comprends pas ces différents points...
On parlait plein emploi, on parlait retour de la croissance et puis rien n'est là...
Oui, mais enfin, il y a une crise mondiale comme il y en a eue dans un certain nombre de cas, cela fait une trentaine d'années qu'il n'y a pas eu une crise comme celle-là, qui vient des Etats-Unis, la France n'est pas responsable de cette crise. Le Gouvernement français est probablement un de ceux qui est le plus en pointe dans les réponses à apporter à cette crise ; le président de la République s'est exprimé, peu de Présidents se sont exprimés de cette manière-là, a fait des propositions sur le plan international. J'attends de la part de tous ces leaders qui critiquent la politique française d'en faire autant ! Qu'ils proposent plutôt que de critiquer. Quand l'économie va mal, il faut plutôt se serrer les coudes, ce n'est pas une question d'idéologie, ce n'est pas une question de droite ou de gauche, c'est une question de réalisme.
On va droit à un deuxième trimestre de croissance négative, donc la récession officielle, juridique ?
Oui, la récession je sais que c'est deux trimestres, mais vous savez, la récession, c'est d'abord et avant tout une croissance négative, je crois. Donc aujourd'hui...
On est dedans...
Non, en 2008, on sera à peu près à 1 % de croissance, et en 2009, chacun peut estimer que ce pour-cent, on pourra le tenir. Et nous avons construit nos hypothèses là-dessus, je crois que c'est prudent et en même temps, il ne faut pas céder à la panique. Ne cédons pas à la panique, ça ne sert à rien, remettons de l'ordre dans les finances internationales. Il faut que les banques centrales, et la BCE joue parfaitement son rôle, au même titre que la Federal reserve bank américaine...
Elle pourrait baisser un peu les taux, comme l'a fait la Fed...
La question n'est pas tellement dans la baisse des taux aujourd'hui, la question est dans... Vous savez, il faut retrouver de la liquidité, il faut que l'argent sorte. Il y a de l'argent, bien sûr, les banques ont l'argent, les institutions financières ont de l'argent, les entreprises ont de l'argent, il faut que cet argent re-circule. C'est parce que l'argent ne circule pas qu'il y a une crise économique.
41. 300 chômeurs de plus en août, c'est un accident, ça va s'aggraver sur les mois qui suivent ?
C'est évidemment un très mauvais chiffre, c'est un très mauvais chiffre. Jusqu'à présent, on a eu de bons chiffres, le taux de chômage était à 7 % ; aujourd'hui, ce taux va "ré-augmenter". Pourquoi ? Parce qu'avec une faible croissance, on ne recrée pas d'emplois, Parce que...
Alors que fait-on ? !
...parce qu'avec une faible croissance, on ne crée pas de pouvoir d'achat. Donc il faut régler ce problème de crise.
On va faire du traitement social ? On va aider les contrats jeunes, on va subventionner ?
Il y a déjà beaucoup de traitement social du chômage, il y a beaucoup de contrats aidés, tout ça on doit pouvoir évidemment le développer. Ça doit servir d'Airbag dans une crise, et bien évidemment, on utilisera tous les moyens qui sont à notre disposition. D'ailleurs, dans le budget 2009 de l'Etat, il y a ces moyens disponibles.
Alors, ne faut-il pas dans le budget du PLFSS, renoncer à transférer les cotisations chômage en baisse, puisque le chômage remonte, pour compenser les cotisations vieillesse en hausse ?
Non, non, parce que les cotisations vieillesse, on ne peut pas avoir des cotisations vieillesse, une caisse nationale d'assurance vieillesse avec un tel déficit aujourd'hui...
On peut augmenter les deux ?
Vous avez à l'Unedic des comptes très positifs, avec un excédent très important, du moins encore est-il un excédent très important, il n'y a pas de raison de penser que les choses se dégraderont plus vite, donc il faut basculer des cotisations. Il y a bien une solidarité entre les régimes, il faut cette solidarité entre les régimes. Vous savez, c'est le même citoyen à un moment donné, qui est chômeur, qui est travailleur, qui prend sa retraite, et donc il faut évidemment que ce système financier de la Sécurité sociale, et plus globalement des régimes sociaux, s'équilibre. Je vous ferais juste remarquer que hier j'ai présenté avec R. Bachelot et X. Bertrand, le budget de la Sécurité sociale, et que les choses se sont améliorées, il faut le dire aussi de temps à autre, même si c'est léger.
C'est léger ?! Vous dites 3,3 % de hausse !
C'est léger mais ça s'est amélioré...
"3,3 % de hausse des dépenses maladies prévus au budget 2009 de la Sécu ; 4,7 étaient prévus si on laissait filer. Comment pouvez-vous être sûr de cette amélioration ?
Vous avez remarqué que le monde était incertain, alors je suis là pour essayer de donne un peu de précision, un peu d'exactitude, un peu aussi de justice dans les sujets qui sont les miens...
Et d'optimisme...
...Jamais excessif, je ne suis pas un optimiste excessif, je suis vraiment le plus réaliste et vraiment, j'essaye de dire la vérité. 3,3 %, c'est bien au-dessus de l'inflation, cela veut dire que les dépenses de santé notamment progresseront plus vite que l'inflation, c'est ce qui a toujours été prévu. Nos dépenses d'assurance maladie sont plus rapides que la richesse nationale. 3,3 %, cela reste absolument raisonnable. Et pour tout vous dire, c'est exactement ce que nous avions prévu pour 2008, donc, nous le faisons en 2009 et 2010. Et à ce moment-là, l'assurance maladie, et plus généralement les régimes sociaux, parviendront à l'équilibre en 2012, si tant est que la masse salariale reprend un peu de vigueur.
Mais les Français paieront plus pour leur santé...
Les Français dans ce plan, en tout cas dans cette approche, ne paient pas plus pour leur santé, puisque en 2009, il n'y a pas de pression en termes de ressources ou de recettes supplémentaires sur les assurés, ça porte sur d'autres acteurs du système de santé, sans répercussion, sans répercussion ! Quand on taxe un peu les mutuelles et les assurances, cela n'a pas répercussion, je le dis, ça n'a pas de répercussion sur les assurés. Les assureurs et les assurances peuvent parfaitement bien l'absorber.
"Le budget 2009 n'est pas immuable", a susurré H. Guaino, conseiller du Président hier ; Président qui à Toulon avait laissé la porte entrouverte à la relance. Vous cautionneriez une politique de relance de l'activité s'il le fallait ?
Mais écoutez, il faut s'adapter, il ne faut pas faire de l'idéologie. Le budget de 2009 est, je crois, bien construit, et en même temps, et si jamais il fallait donner un coup de pouce, une relance supplémentaire parce que l'intérêt national l'exigerait, à ce moment-là, nous prendrions nos décisions. On est face à des responsabilités, et dans le Gouvernement piloté par N. Sarkozy comme Président et F. Fillon, en général, on assume ses responsabilités.
À propos de pilotage, est-ce qu'il faut...
...D'ailleurs, nous sommes les seuls entre nous.
A propos de pilotage, faut-il que F. Fillon renonce à l'usage de l'avion pour revenir d'Angers pour faire des économies ? Il peut revenir en voiture, en train...
Ecoutez, ce n'est pas le genre de F. Fillon, entre nous....
Ça coûte quand même !
Non, mais entre nous, ce n'est pas le style de F. Fillon ce que vous dites.
La taxe grignotage sur les aliments qui favorisent l'obésité ?
Je ne suis pas favorable à des taxes supplémentaires en ce moment, il ne faut pas peser sur le pouvoir d'achat, ce n'est franchement pas le moment. Il faut tenter d'équilibrer nos budgets, mais il faut le faire par une lutte incessante contre la dépense publique. C'est ce que nous faisons.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 30 septembre 2008