Texte intégral
J.-P. Raffarin (DL)
RMC - 7h50
Le 27 mars 2001
P. Lapousterle On parlait depuis des mois et des mois de la nécessité absolue de régler le problème des retraites, de la nécessité que la durée de travail s'allonge pour que les retraites puissent être payées un jour. Et voilà que dans 40 villes de France, les transports urbains sont paralysés parce que les traminots demandent la retraite à 55 ans. Est-ce raisonnable ?
- "Je pense que cela pose le vrai débat, celui de la retraite à la carte. Parce qu'au fond, les socialistes nous proposent toujours la même chose : l'égalitarisme, tout le monde pareil - pour les 35 heures -, la loi pour tous ! Là en l'occurrence, ce sont des gens qui font un métier pénible. Je préfère l'équité à l'égalitarisme. Au fond, qu'il y ait des gens qui prennent la retraite plus tôt car ils ont un métier pénible, très stressant, avec des risques importants quant aux responsabilités personnelles, n'est pas choquant. Qu'on puisse choisir l'âge de sa retraite en fonction de ses cotisations, en fonction aussi de la pénibilité du métier, c'est quelque chose de juste. C'est toujours la même chose avec les socialistes : ils nous imposent l'égalitarisme. Mais tous les métiers ne sont pas fatigants de la même manière, il y a des métiers qui méritent la retraite avant d'autres car ils ont usé les personnes !"
Donc, vous partagez ces revendications ?
- "Je suis pour qu'il y ait une retraite à la carte, qu'on n'oblige pas quelqu'un à partir à 50, 55 ans quand il est en pleine forme et quand il a des possibilités professionnelles devant lui. En revanche, quand quelqu'un est usé de l'intérieur par un métier pénible, qu'il ait la possibilité de partir ne me choque pas."
Les états-majors politiques s'affairent beaucoup depuis les élections municipales, où tout le monde s'accorde à reconnaître que votre camp, la droite, a fait une avancée politique assez importante. Est-ce que cela change l'idée que l'on pouvait se faire des élections à venir : la présidentielle et les législatives ? Cela améliore-t-il les chances de J. Chirac d'être réélu Président de la République ?
- "Je crois qu'en effet cela remet le pronostic favorable dans notre camp. C'est important car depuis quelques temps nous avions les vents contraires ; vous savez que la première des règles politiques, c'est quand même d'avoir le vent dans le dos. Je souris parfois un peu quand j'entends les états-majors qui se comportent un peu comme les supporters des matchs de football, c'est : "On a ga-gné ! , on a ga-gné !." Et puis au fond, ils oublient les joueurs qui, sur le terrain ont gagné. Il est clair que c'est l'union plutôt que le fanion qui a gagné les élections municipales. Donc, les états-majors ont leur place mais qu'ils respectent au moins ces logiques d'union qui sont venues de cette république d'en bas, cette action du terrain qui a imposé l'union. Les divisions d'en haut n'empêchent pas les victoires de l'union en bas, c'est un point très important. Le moral est revenu ! Il faut maintenant qu'on prépare les élections prochaines avec espoir mais aussi avec rigueur. L'équation du succès, c'est projet-union-renouveau. Pour les législatives, on peut gagner. Pour les présidentielles, il est clair que J. Chirac est le meilleur candidat pour le Centre et la droite, il est en position aujourd'hui de pouvoir gagner mais cela ne suffit pas : il faut un projet et une équipe. Donc, plutôt que de se diviser, bâtissons le projet. Au travail ! Faisons en sorte qu'il y ait une équipe."
Peut-on être membre éminent de DL, comme vous êtes, avoir un président, candidat à la présidentielle, et soutenir Monsieur Chirac ? Cela ne pose pas problème ?
- "Non. Cela a été le cas par exemple d'A. Madelin en 1995."
Ce n'est pas un problème ?
- "Non, ce n'est pas un problème parce que le candidat à la présidentielle est quelqu'un qui doit rassembler au-delà de sa seule famille politique. Plusieurs choses à ce sujet. D'abord - puisque j'ai pris une comparaison sportive, restons dans le sport - : les législatives, c'est un sport collectif ; la présidentielle, c'est un sport individuel. Ne mélangeons pas les règles, restons collectifs ; c'est vrai que la présidentielle porte un peu de concurrence en elle mais les législatives doivent porter de l'union. Ne mélangeons pas. Ce qui est très important, c'est qu'on commence tout de suite - c'est la bonne nouvelle des municipales - à préparer les législatives, car sur le terrain les équipes croient en la victoire et elles sont en train de préparer les législatives dans l'union. Je pense que c'est très important. Mais il nous faut, pour aider J. Chirac à gagner mais ensuite à gouverner, une maison commune, un lieu où on travaille ensemble. On ne gouvernera bien que si on est dans cette maison commune, au travail, plusieurs mois avant la victoire."
A ce propos, c'est "la rentrée des classes" aujourd'hui au Parlement, puisque les parlementaires récupèrent leur siège. 25 députés UDF avaient voté l'inversion du calendrier soit le projet du Gouvernement qui veut que les présidentielles se fassent avant les législatives, c'est-à-dire que le président soit élu avant les députés. A l'époque, vous, d'autres, aviez été assez mécontents de cette prise de position, c'était tout juste si ces députés n'étaient pas des traîtres. On l'impression que c'est fini maintenant ...
- "Voter l'inversion est une erreur mais ce n'est pas une faute. Ce qui compte aujourd'hui, c'est de bien montrer ..."
C'est un péché véniel ?
- "C'est en fait participer au mécano de Jospin. L'inversion du calendrier, c'est le mécano de Jospin, c'est sa manoeuvre. Tout le monde a compris en France qu'il voulait manoeuvrer pour se donner le maximum de chances."
Pourquoi votre colère s'est-elle apaisée sur ce point ?
- "Nous voulons que les législatives précèdent, dans la mobilisation, les présidentielles. A la suite des élections municipales, on a gagné ceci : les législatives, maintenant, sur le terrain, sont engagées. D'ores et déjà les équipes sont au travail. Les législatives vont faire finalement que chaque député va être une sorte de gardien de la paix, de gardien de l'union. Donc, si sur le terrain nous avons ces gardiens de l'union, même si les présidentielles avancent, ce n'est pas gênant parce que ce que nous voulons que les présidentielles soient encadrées par un esprit d'union, par une éthique d'union."
Vous êtes une des chevilles ouvrières d'Alternance 2002, ce nouveau mouvement qui voudrait unifier les rangs de l'opposition et donc faciliter les éventuelles futures victoires. Pourquoi réunissez-vous les parlementaires demain ?
- "Pour leur dire de prendre en main leur victoire. Vous voyez bien que les états-majors peuvent aujourd'hui décider des stratégies qui donnent la priorité à l'esprit présidentiel, c'est-à-dire à l'esprit concurrentiel. "
Cela veut-il dire : "Révoltez-vous contre les états-majors !" ?
- "Non, cela veut dire "Prenez en main votre victoire. La victoire, elle se gagne en bas, sur le terrain ! Vous êtes les députés, les parlementaires, vous êtes des femmes et des hommes de terrain!""
Ils ne le savent pas ?
- "Ils peuvent parfois confier aux états-majors leurs perspectives. Je préférerais qu'ils prennent cela en main. Je dis aux états-majors de se comporter un peu comme des actionnaires, de filialiser la démarche des législatives."
Qui investit les parlementaires dont vous ?
- "Que les partis investissent, pourquoi pas ? Mais il faut que la campagne, la mobilisation, l'étiquette, le label, le projet soient faits par ce que nous voulons faire avec France Alternance. Au fond, on dit aux états-majors : "contrôlez mais ne gérez pas. Laissez la maison commune, cette alliance 2002, cette Alternance 2002, cette France en mouvement, laissez-la gérer cette dynamique. Vous, filialisez, c'est-à-dire : vous contrôlez mais vous ne gérez pas, comme de bons fonctionnaires..""
Au nom de quoi dites-vous cela ?
- "Au nom de tous ceux qui, sur le terrain, ont fait des campagnes municipales honorables, respectables, qui ont gagné, qui ont permis à ce que l'union puisse se rassembler. Et puis on en a marre ..."
Mais on en a vu des labels communs, ce n'est pas la première fois que cela existe ! M. Alliot-marie dit "Assez de choses artificielles et éphémères ..."
- "Les choses artificielles, c'est quand on voit aujourd'hui les états-majors récupérer des élections municipales. Pas une profession de foi d'un élu des municipales ne faisait référence à l'esprit partisan. Les fanions étaient dans les poches et l'étendard, c'était l'union."
Alternance 2002 n'est pas un nouveau fanion ?
"C'est une démarche commune, avec un projet commun, une étiquette commune, une campagne commune. C'est la maison commune."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 27 mars 2001)
RMC - 7h50
Le 27 mars 2001
P. Lapousterle On parlait depuis des mois et des mois de la nécessité absolue de régler le problème des retraites, de la nécessité que la durée de travail s'allonge pour que les retraites puissent être payées un jour. Et voilà que dans 40 villes de France, les transports urbains sont paralysés parce que les traminots demandent la retraite à 55 ans. Est-ce raisonnable ?
- "Je pense que cela pose le vrai débat, celui de la retraite à la carte. Parce qu'au fond, les socialistes nous proposent toujours la même chose : l'égalitarisme, tout le monde pareil - pour les 35 heures -, la loi pour tous ! Là en l'occurrence, ce sont des gens qui font un métier pénible. Je préfère l'équité à l'égalitarisme. Au fond, qu'il y ait des gens qui prennent la retraite plus tôt car ils ont un métier pénible, très stressant, avec des risques importants quant aux responsabilités personnelles, n'est pas choquant. Qu'on puisse choisir l'âge de sa retraite en fonction de ses cotisations, en fonction aussi de la pénibilité du métier, c'est quelque chose de juste. C'est toujours la même chose avec les socialistes : ils nous imposent l'égalitarisme. Mais tous les métiers ne sont pas fatigants de la même manière, il y a des métiers qui méritent la retraite avant d'autres car ils ont usé les personnes !"
Donc, vous partagez ces revendications ?
- "Je suis pour qu'il y ait une retraite à la carte, qu'on n'oblige pas quelqu'un à partir à 50, 55 ans quand il est en pleine forme et quand il a des possibilités professionnelles devant lui. En revanche, quand quelqu'un est usé de l'intérieur par un métier pénible, qu'il ait la possibilité de partir ne me choque pas."
Les états-majors politiques s'affairent beaucoup depuis les élections municipales, où tout le monde s'accorde à reconnaître que votre camp, la droite, a fait une avancée politique assez importante. Est-ce que cela change l'idée que l'on pouvait se faire des élections à venir : la présidentielle et les législatives ? Cela améliore-t-il les chances de J. Chirac d'être réélu Président de la République ?
- "Je crois qu'en effet cela remet le pronostic favorable dans notre camp. C'est important car depuis quelques temps nous avions les vents contraires ; vous savez que la première des règles politiques, c'est quand même d'avoir le vent dans le dos. Je souris parfois un peu quand j'entends les états-majors qui se comportent un peu comme les supporters des matchs de football, c'est : "On a ga-gné ! , on a ga-gné !." Et puis au fond, ils oublient les joueurs qui, sur le terrain ont gagné. Il est clair que c'est l'union plutôt que le fanion qui a gagné les élections municipales. Donc, les états-majors ont leur place mais qu'ils respectent au moins ces logiques d'union qui sont venues de cette république d'en bas, cette action du terrain qui a imposé l'union. Les divisions d'en haut n'empêchent pas les victoires de l'union en bas, c'est un point très important. Le moral est revenu ! Il faut maintenant qu'on prépare les élections prochaines avec espoir mais aussi avec rigueur. L'équation du succès, c'est projet-union-renouveau. Pour les législatives, on peut gagner. Pour les présidentielles, il est clair que J. Chirac est le meilleur candidat pour le Centre et la droite, il est en position aujourd'hui de pouvoir gagner mais cela ne suffit pas : il faut un projet et une équipe. Donc, plutôt que de se diviser, bâtissons le projet. Au travail ! Faisons en sorte qu'il y ait une équipe."
Peut-on être membre éminent de DL, comme vous êtes, avoir un président, candidat à la présidentielle, et soutenir Monsieur Chirac ? Cela ne pose pas problème ?
- "Non. Cela a été le cas par exemple d'A. Madelin en 1995."
Ce n'est pas un problème ?
- "Non, ce n'est pas un problème parce que le candidat à la présidentielle est quelqu'un qui doit rassembler au-delà de sa seule famille politique. Plusieurs choses à ce sujet. D'abord - puisque j'ai pris une comparaison sportive, restons dans le sport - : les législatives, c'est un sport collectif ; la présidentielle, c'est un sport individuel. Ne mélangeons pas les règles, restons collectifs ; c'est vrai que la présidentielle porte un peu de concurrence en elle mais les législatives doivent porter de l'union. Ne mélangeons pas. Ce qui est très important, c'est qu'on commence tout de suite - c'est la bonne nouvelle des municipales - à préparer les législatives, car sur le terrain les équipes croient en la victoire et elles sont en train de préparer les législatives dans l'union. Je pense que c'est très important. Mais il nous faut, pour aider J. Chirac à gagner mais ensuite à gouverner, une maison commune, un lieu où on travaille ensemble. On ne gouvernera bien que si on est dans cette maison commune, au travail, plusieurs mois avant la victoire."
A ce propos, c'est "la rentrée des classes" aujourd'hui au Parlement, puisque les parlementaires récupèrent leur siège. 25 députés UDF avaient voté l'inversion du calendrier soit le projet du Gouvernement qui veut que les présidentielles se fassent avant les législatives, c'est-à-dire que le président soit élu avant les députés. A l'époque, vous, d'autres, aviez été assez mécontents de cette prise de position, c'était tout juste si ces députés n'étaient pas des traîtres. On l'impression que c'est fini maintenant ...
- "Voter l'inversion est une erreur mais ce n'est pas une faute. Ce qui compte aujourd'hui, c'est de bien montrer ..."
C'est un péché véniel ?
- "C'est en fait participer au mécano de Jospin. L'inversion du calendrier, c'est le mécano de Jospin, c'est sa manoeuvre. Tout le monde a compris en France qu'il voulait manoeuvrer pour se donner le maximum de chances."
Pourquoi votre colère s'est-elle apaisée sur ce point ?
- "Nous voulons que les législatives précèdent, dans la mobilisation, les présidentielles. A la suite des élections municipales, on a gagné ceci : les législatives, maintenant, sur le terrain, sont engagées. D'ores et déjà les équipes sont au travail. Les législatives vont faire finalement que chaque député va être une sorte de gardien de la paix, de gardien de l'union. Donc, si sur le terrain nous avons ces gardiens de l'union, même si les présidentielles avancent, ce n'est pas gênant parce que ce que nous voulons que les présidentielles soient encadrées par un esprit d'union, par une éthique d'union."
Vous êtes une des chevilles ouvrières d'Alternance 2002, ce nouveau mouvement qui voudrait unifier les rangs de l'opposition et donc faciliter les éventuelles futures victoires. Pourquoi réunissez-vous les parlementaires demain ?
- "Pour leur dire de prendre en main leur victoire. Vous voyez bien que les états-majors peuvent aujourd'hui décider des stratégies qui donnent la priorité à l'esprit présidentiel, c'est-à-dire à l'esprit concurrentiel. "
Cela veut-il dire : "Révoltez-vous contre les états-majors !" ?
- "Non, cela veut dire "Prenez en main votre victoire. La victoire, elle se gagne en bas, sur le terrain ! Vous êtes les députés, les parlementaires, vous êtes des femmes et des hommes de terrain!""
Ils ne le savent pas ?
- "Ils peuvent parfois confier aux états-majors leurs perspectives. Je préférerais qu'ils prennent cela en main. Je dis aux états-majors de se comporter un peu comme des actionnaires, de filialiser la démarche des législatives."
Qui investit les parlementaires dont vous ?
- "Que les partis investissent, pourquoi pas ? Mais il faut que la campagne, la mobilisation, l'étiquette, le label, le projet soient faits par ce que nous voulons faire avec France Alternance. Au fond, on dit aux états-majors : "contrôlez mais ne gérez pas. Laissez la maison commune, cette alliance 2002, cette Alternance 2002, cette France en mouvement, laissez-la gérer cette dynamique. Vous, filialisez, c'est-à-dire : vous contrôlez mais vous ne gérez pas, comme de bons fonctionnaires..""
Au nom de quoi dites-vous cela ?
- "Au nom de tous ceux qui, sur le terrain, ont fait des campagnes municipales honorables, respectables, qui ont gagné, qui ont permis à ce que l'union puisse se rassembler. Et puis on en a marre ..."
Mais on en a vu des labels communs, ce n'est pas la première fois que cela existe ! M. Alliot-marie dit "Assez de choses artificielles et éphémères ..."
- "Les choses artificielles, c'est quand on voit aujourd'hui les états-majors récupérer des élections municipales. Pas une profession de foi d'un élu des municipales ne faisait référence à l'esprit partisan. Les fanions étaient dans les poches et l'étendard, c'était l'union."
Alternance 2002 n'est pas un nouveau fanion ?
"C'est une démarche commune, avec un projet commun, une étiquette commune, une campagne commune. C'est la maison commune."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 27 mars 2001)