Déclaration de Mme Roselyne Bachelot, ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative, sur le dépistage précoce du cancer du sein, Bruxelles le 7 octobre 2008.

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Circonstance : Inauguration de l'xposition "Cancer du sein. Faites-vous dépister !" à Bruxelles le 7 octobre 2008

Texte intégral

Mesdames et messieurs,
Cancer du sein : faites-vous dépister !
Faites-vous dépister pour ne pas risquer d'être soignée trop tard !
Faites-vous dépister pour augmenter vos chances de vivre plus longtemps en bonne santé !
Faites-vous dépister pour ne pas avoir à le regretter.
Quel est, en effet, le meilleur moyen d'accroître nos chances de guérison quand un cancer se déclare ? Un seul : le dépistage précoce.
Ce message, d'une seule et même voix, dans toutes les langues de l'Europe, nous l'adressons aujourd'hui aux femmes, à toutes les femmes, à commencer par celles qui ne savent pas ou qui n'osent pas.
C'est à ces femmes qu'il faut d'abord s'adresser, aux plus fragiles, aux plus vulnérables, aux plus précaires, aux plus isolées.
Comment trouver les mots pour dire les maux ?
Comme se faire entendre de ces femmes qui, par milliers, chaque année, ne répondent pas à l'appel du dépistage organisé ?
Les contraintes qui interdisent ou empêchent certaines femmes d'utiliser les procédures de dépistage qui leurs sont offertes, nous les connaissons.
Le défaut d'information, le préjugé, parfois aussi la peur, sont les causes qui font qu'un trop grand nombre de femmes sont soignées trop tard. Il nous faut donc susciter une plus large adhésion au dépistage organisé.
Saisissons l'occasion de cet « octobre rose » pour mieux communiquer et mieux informer !
En ce mois du dépistage du cancer du sein, l'Europe doit unir ses forces pour faire valoir cette culture de prévention qui doit irriguer toujours davantage nos politiques de santé publique.
Pour susciter une plus large adhésion au dépistage organisé, nous devrons, sans doute, briser encore certains tabous, convaincre, faire circuler partout l'information, mais aussi défendre le principe d'un accès universel à la pratique gynécologique.
Défendre un tel principe, c'est défendre la cause des femmes, de toutes les femmes, quelles que soient leurs origines et leur situation sociale.
Ce combat est un combat pour la vie, un grand défi de santé publique, mais c'est aussi un combat militant pour la liberté.
L'Europe, par les valeurs qu'elle incarne, doit être à l'avant-garde de ce combat.
Tocqueville, il y a maintenant près de deux siècles, affirmait justement qu'« on reconnaît le degré de développement d'une société au niveau d'émancipation des femmes ».
Or, si, aujourd'hui, partout en Europe, l'égalité des droits entre les hommes et les femmes est instituée, cela ne suffit toujours pas à établir, dans les faits, l'égalité réelle.
Parmi les indicateurs de cette injustice persistante, on oublie trop souvent d'évoquer la question, à mes yeux essentielle, de la santé des femmes.
Les cancers du sein et de l'utérus restent les deux premiers cancers pour lesquels les femmes paient un lourd tribut. Et là encore, l'inégalité face au risque est patente : les plus modestes et les plus vulnérables, celles qui demanderaient à être les mieux protégées sont aussi les plus exposées au risque par défaut de prévention et carence d'information.
La pratique très disparate, suivant les milieux, de la mammographie, en atteste de manière éloquente.
La vulnérabilité sociale éloigne, en effet, trop souvent de l'information disponible.
Entre le taux de chômage et la mortalité par cancer du sein liée à une inégalité dans l'accès au dépistage, la corrélation est ainsi clairement établie.
Aussi, je voudrais, en cette année de présidence française de l'union, placer cet « octobre rose » sous le signe de la solidarité envers les moins favorisées d'entre nous, qui sont aussi trop souvent les moins bien informées et les moins instruites.
Ainsi, à toutes celles qui craindraient le dépistage, il faut dire et faire savoir, quelle que soit la nature de leur réticence, qu'elles n'ont rien à craindre, ni de la méthode ni du diagnostic. Car, si par malchance, un cancer est découvert, le plus tôt est le mieux pour assurer au traitement de meilleures conditions de confort et de résultat.
Pour celles qui s'y prennent trop tard, ce qui vient après est plus difficile. En aucun cas, nous ne saurions accepter comme une fatalité cette inégalité des femmes devant la santé.
Le combat pour la santé des femmes dont la politique de dépistage du cancer du sein est un peu l'emblème, est l'affaire de tous : l'affaire des pouvoirs publics mais aussi du monde associatif et de la société civile toute entière, partout mobilisée en Europe.
Nous sommes tous solidaires dans ce combat. Les entreprises, par exemple, ont, de toute évidence, un rôle éminent à jouer dans la diffusion de l'information utile.
C'est aussi sur leur lieu de travail que les femmes doivent pouvoir recourir à la pratique souvent décisive du dépistage.
Informer, éduquer, émanciper, tels sont les maîtres-mots de notre engagement commun au service de la santé des femmes.
Ce que je souhaite pour mon pays, comme toute citoyenne de l'Union, je le souhaite pour l'Europe.
Européenne dans l'âme, je pourrais aussi bien inverser la proposition : ce que je désire pour l'Europe, je le veux aussi pour mon propre pays.
Je suis donc particulièrement fière, alors même que j'ai l'honneur de présider le conseil des ministres de la santé européen, d'inaugurer ici, au Parlement, cette impressionnante exposition qui est pour moi comme un hymne à la vie et à la liberté.
Je félicite le Professeur Bonnier et Florian Launette pour leur travail exceptionnel qui confère à cet « octobre rose » une aura toute particulière.
Je remercie également le Professeur Maraninchi dont l'état des lieux sur le dépistage en Europe constitue une précieuse contribution à notre réflexion.
Je tiens enfin à remercier tout particulièrement Elisabeth Morin-Chartier, députée européenne, qui « parraine » cette manifestation.
Pour faire progresser la pratique du dépistage, il nous faudra donc adapter nos messages pour modifier les comportements et toucher un plus grand nombre de femmes.
Gageons que cet événement puisse aussi contribuer à modifier les représentations, au plus grand bénéfice de la santé des femmes en Europe !
Je vous remercie.
Source http://www.sante-jeunesse-sports.gouv.fr, le 8 octobre 2008