Conférence de presse de M. Jean-Marie Le Pen, président du Front national, sur la crise financière et son appel au protectionnisme, Paris le 1er octobre 2008.

Prononcé le 1er octobre 2008

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Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi tout d'abord de vous remercier de votre présence, pour cette conférence de presse très spéciale consacrée au carnage économique mondial en cours et à ses graves conséquences pour la France, suite au récent rejet par La Chambre des représentants américains, du Plan Paulson, destiné à stabiliser le système financier américain.
Je vous rappelle que le 24 juin dernier, une semaine avant le début de la Présidence Française de l'Union Européenne (PFUE), je vous réunissais déjà pour attirer votre attention sur 2 événements fondamentaux qui sont la source des difficultés actuelles des nations et qui remettent en cause l'ordre établi.
1/ Une crise politique et institutionnelle du modèle fédéraliste de l'Union Européenne.
2/ Et un effondrement mondial progressif du système monétaire, bancaire et financier.
Aujourd'hui, compte tenu de la gravité de la situation, je traiterai uniquement du 2ème point.
Un effondrement mondial progressif du système monétaire, bancaire et financier est en cours.
Contrairement à ce que les politiciens au pouvoir nous chantent actuellement, cette crise du système financier, bancaire et monétaire était parfaitement prévisible puisque nos propres économistes avaient anticipé depuis mi-2006 qu'une crise systémique majeure se produirait avant fin 2008.
Reprenez le texte de ma conférence de presse du 24 juin dernier, dont on vous a distribué copie.
La capacité prospective de nos experts fut tellement précise que j'y ai annoncé, avant tous les autres partis, que pour la période de juin 2008 à mi 2009, la récession américaine causée par le phénomène «subprime» se transformerait en «Dépression » dont la déflagration se propagerait, par effet de contagion, en Europe et en Asie sous forme de « stagflation ».
De même, je vous avais déclaré qu'un 2ème choc économique majeur - après les subprimes - aurait lieu d'ici l'automne 2008, l'explosion de la bulle spéculative des « CDS », un monstre financier dérivé du crédit et qui représente un marché d'environ 60.000 milliards de dollars, soit 6 fois l'ampleur des «subprimes » !
Les marchés financiers devaient soi-disant se réguler eux-mêmes ; dans les faits ils explosent.
A ce jour, le constat est accablant pour les élites mondialistes, aveuglées par une idéologie ultralibérale destructrice. Après les renflouements aux Etats-Unis de « Bearn Stearns » en avril dernier, de « Fannie Mae et Freddie Mac » en août, récemment, la faillite de la banque Lehman Brothers entrainait le sauvetage in extremis de la compagnie d'assurances AIG, menacée de naufrage.
En effet, la Réserve fédérale (FED) a décidé d'injecter 85 milliards de dollars dans le capital d'AIG, grand investisseur institutionnel sur le marché des « CDS » (Credit Default Swaps ) pour tenter de retarder l'explosion de tout le système financier mondial.
Sa mise en faillite aurait posé de gros problèmes, premièrement à la sphère financière car ces produits toxiques - CDS et subprimes - ont été vendus à des institutions financières et grandes banques, principalement en Europe, deuxièmement pour son impact immédiat sur l'économie américaine réelle.
Ainsi, les banques et compagnies d'assurances européennes et françaises ne sont pas à l'abri, et l'effet des pertes enregistrées sera dévastateur pour la solidité financière de tout le système bancaire.
En dépit des interventions massives des Banques centrales, le monde occidental assiste donc impuissant à l'effondrement du système financier international.
Ce recours systématique aux « fonds publics » en cas de banqueroute est insupportable pour le peuple !
Le Front National n'a eu de cesse de dénoncer ce système destructeur de richesses, qui au final, mutualise les pertes et privatise les profits, à l'instar de l'affaire du « Crédit Lyonnais ».
Il est évident pour tout observateur un peu averti, que la chute du « Mur Dollar » qui reposait depuis 1945 sur le système monétaire mondial de «Bretton Woods » ainsi que la spéculation financière expliquent cette déstabilisation.
Notre prévision de parité euro/dollar à fin 2008 est de 1,70 à 1,75.
En Europe, pour éviter ce choc, il faut sortir de la logique de l'Europe-Titanic, qui asphyxie notre économie nationale et nos emplois.
Si rien n'est tenté pour maîtriser cette situation, les conséquences pour la France d'ici 2009 devraient être plus dramatiques les unes que les autres.
D'abord, une impuissance totale du Président Français face à la politique de « l'euro fort » de la BCE laquelle s'abritera derrière son indépendance « absolue ».
De plus, nous aurons une stagflation en zone euro, c'est-à-dire à la fois :
- un retour durable de l'inflation officielle comprise entre 4 à 5 % et due principalement à la création monétaire massive pour faire face à la crise et aux importations.
- un ralentissement fort de la croissance économique française, qui sera inférieure à 1 % en 2009, quoi qu'en dise imperturbablement madame Lagarde.
Il faut s'attendre à une explosion des déficits et de la dette publique française entre 2008 et 2012.
Cette hausse vertigineuse de la dette des administrations publiques sera en contradiction avec les critères du Pacte de Stabilité et de Croissance que s'est imposée la France lors du traité de Maastricht.
La crise entrainera aussi la baisse mécanique du pouvoir d'achat, une augmentation du chômage réel, avec déjà 40.000 chômeurs supplémentaires en août dernier, et bien sûr parallèlement, une hausse de l'immigration planifiée par le grand patronat.
L'accélération des délocalisations d'entreprises, hors de la zone euro (EADS, Dassault Aviation,...) est inévitable, tandis que les risques géopolitiques s'accroissent, avec une probabilité de «guerre» d'ici novembre 2008, entre l'Iran d'un côté, les Etats-Unis Israël et la France de l'autre.
L'incapacité des Etats et des institutions internationales - Fond Monétaire International, Banque Mondiale, Banques centrales, etc - à juguler cette crise économique, bancaire et financière, d'ailleurs sans précédent, démontre que le modèle ultralibéral de l'euro- mondialisme ne fonctionnera jamais.
D'ailleurs à Strasbourg, la Tour de Babel a commencé de se désagréger.
En effet, l'opportunisme des dirigeants politiques et économiques face au naufrage du système financier et monétaire les conduit maintenant à préparer un retour à l'Etat-Nation tel que le FMI l'annonce aux pays membres de l'OCDE.
C'est là un véritable paradoxe lorsque l'on sait que son patron Monsieur Strauss-Kahn s'est toujours déclaré libéral-socialiste et européiste.
Mais, il fallait s'y attendre !
Au fur et à mesure que les interventions sur le « marché international» s'avèrent inopérantes, de plus en plus de voix interpellent les pouvoirs publics nationaux pour exiger qu'ils refinancent purement et simplement les faillites afin d'enrayer cet effondrement progressif.
Le Front National, attaché à la liberté économique ainsi qu'à la défense des intérêts des Français, s'y oppose catégoriquement et demande aux institutions Européennes ainsi qu'aux politiques Français de ne pas se porter au secours des spéculateurs de la haute finance internationale pour combler les pertes et dépréciations d'actifs.
Les responsables et coupables de ce chaos financier doivent l'assumer. Ce n'est pas aux Etats-Nations de supporter la dérive d'un système bancaire et monétaire devenu fou. Ce serait mettre en place, à terme, un nouvel asservissement des peuples.
Donc, dans l'éventualité d'une faillite d'une banque française, nous ne voulons pas subir encore une fois le coup du renflouage du Crédit Lyonnais !
Les citoyens européens et français payent maintenant la facture de 15 ans de construction d'une Europe fédérale dont le pouvoir économique, monétaire et financier fut confié à la BCE.
Mais le traité de Maastricht a pris soin de ne pas prévoir dans le statut de la BCE un rôle de « préteur en dernier ressort » pour voler au secours des banques défaillantes.
Ce sera donc aux Etats-Nations de s'y substituer et par conséquent aux contribuables !
La ratification du traité de Lisbonne ne fait que renforcer le statut "d'indépendance" de la Banque Centrale Européenne, mission effectuée par N. Sarkozy pour le compte de l'oligarchie financière qui l'a porté au pouvoir et qui parachève le programme européiste initié par le traité de Maastricht en 1992.
Par ailleurs, un certain nombre d'enquêtes montrent qu'une majorité de citoyens européens jugent "négatif" l'impact de l'euro sur l'économie de leur pays.
Un sursaut est donc essentiel.
Il suppose dans un premier temps la coopération de la banque centrale européenne pour mettre en place un programme de «bouclier anticrise », c'est-à-dire une politique monétaire « créatrice de valeur » pour les peuples et de nature à rétablir une Europe socialement responsable.
Pour ce faire, comme je l'avais déclaré en juin dernier, Nicolas Sarkozy avait toutes les cartes en mains, grâce aux pouvoirs exécutifs conférés par le Conseil Européen.
Il était en position de nous démontrer véritablement sa sincérité et son ardeur réformatrice pour convaincre, avant fin 2008, les autres chefs d'état et de gouvernements européens de changer de cap.
J'avais lancé au nom de tous les Français, un défi solennel au nouveau Président du Conseil de l'Union Européenne, celui d'établir un «Euro-Or » seul moyen de sauvegarder notre système économique mis à mal par l'idéologie ultralibérale et destructrice de la Banque Centrale Européenne.
Ce dispositif est le seul qui permettrait de résoudre un grand nombre de difficultés structurelles en matière économique et sociale dans la zone euro.
Cette action de « salut public » aurait fait du Chef de l'Etat le sauveur d'un modèle européiste à la dérive, rôle qu'il aime à incarner, mais aurait surtout épargné aux peuples européens l'inéluctable éclatement prochain de l'Union fédéraliste et en particulier, l'effondrement de la monnaie de « papier » supranationale qu'est l'euro actuel.
J'avais invité Sarkozy à réaliser ce programme sous peine de discrédit définitif de sa présidence auprès de l'opinion publique nationale.
C'est vrai qu'il y a fort à faire.
La crise financière qui éclate aujourd'hui n'est qu'un révélateur de failles dont l'origine remonte à près d'un quart de siècle.
La tension productiviste nécessaire à la reconstruction d'après guerre - qui a permis celle-ci ainsi que le développement du niveau de vie des Trente Glorieuses - s'est transformé lorsque les besoins essentiels ont été satisfaits.
On est passé d'une économie industrielle à une économie financière déconnectée de l'économie réelle.
On est passé d'une économie où la rémunération financière s'est toujours tenue autour de 4 %, au monde de la spéculation généralisée, d'une économie de concurrences nationales au casino mondial dominé par un taux de retour sur investissement exigé de 35 % l'an !
Seul le monde comme entité unique, sans contrôle politique national, pouvait permettre un tel jeu spéculatif.
Pendant longtemps les tenants du primat du politique sur l'économie, du primat de la Nation comme seule réalité politique universelle s'inscrivant dans l'Histoire, de l'économie au service de l'homme, sont passés pour des passéistes démodés.
Or les délocalisations, devenues des moyens d'accroître les revenus financiers et non la productivité, comme l'immigration généralisée et incontrôlée transforment l'homme en une marchandise comme les autres, au nom d'un libéralisme économique qui repousse chaque jour ses frontières, renversant nations, identités, religion, règles morales, cultures et richesses naturelles ...
Appuyé sur l'idéologie des droits de l'homme, ce libéralisme-là est une idéologie totalitaire qui vise à justifier l'oppression du faible par le fort, de l'exploité par l'exploiteur.
Cette crise financière, résultat de tous ces errements, de l'asservissement insupportable des élites politiques aux puissances économiques, entraîne maintenant le paiement de ces erreurs dramatiques par tous les citoyens du monde et en particulier par les classes moyennes et les plus pauvres.
C'est l'appel au secours des apprentis sorciers de la finance et de leurs complices politiques à la Nation, à l'Etat et aux citoyens dont pourtant on refuse de reconnaître la volonté, comme le montrent les référendums sur l'Europe.
Il est piquant de voir les Etats-Unis, pays le plus « libéral » du monde, nationaliser à tour de bras au nom de l'intérêt national et de voir, de Sarkozy à Royal, tous les bradeurs de la souveraineté nationale dans l'Europe de l'ultra-libéralisme qu'ils ont voulu, chanter maintenant les mérites de la Nation et de l'Etat régulateur.
Mais les responsables de cette catastrophe, ce sont eux.
Ils ont créé les conditions de la crise, ils ne l'ont pas vu venir.
Ils sont responsables et donc disqualifiés pour y porter remède.
Dans quel monde désigne-t-on le renard comme chef de la sécurité du poulailler ou encore le pyromane comme responsable de la sécurité incendie ?
L'incapacité de Sarkozy à sortir du carcan idéologique et politique du mondialisme condamne notre système économique. La crise de régime politique est toute proche et je crains pour ma part des émeutes et insurrections sociales dans les mois à venir.
Aussi, à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles !
Au nom du Front National, seul parti de « résistance nationale », dont la vocation est de dire la vérité aux Français et de mettre en application les solutions que nécessite la situation, je déclare solennellement « l'Etat d'urgence économique et social » en France et lance mon plan B : une « nouvelle gouvernance Economique et Sociale » au service de la France française et de l'Europe des nations.
En conséquence, je demande la mise en oeuvre d'une stratégie de protectionnisme temporaire, pour créer les conditions du salut de notre système d'économie nationale.
Pour ce faire, je réclame au gouvernement, à la Ministre des Finances ainsi qu'au Gouverneur de la Banque de France :
- La sortie de la France du FMI
- La notification à la BCE et à l'Eurogroupe que pour une période de 2 ans minimum, la France gérera seule sa politique monétaire, et notamment ses taux directeurs, en fonction des intérêts spécifiques de son économie (Emploi et croissance) et en faisant jouer la «clause de sauvegarde» du Traité de Maastricht.
Il s'agit de rendre le pouvoir monétaire à la Banque de France avec un rôle financier de « préteur en dernier ressort », avec l'objectif de reconstituer progressivement les stocks d'or Français.
- L'attribution à la Caisse des Dépôts et Consignations d'un rôle d'établissement détenteur d'actifs en dernier ressort pour réguler les marchés financiers.
- L'obligation d'intervention de l'Etat contre des raids boursiers étrangers, afin d'assurer une sorte de « francisation-nationalisation » des entreprises stratégiques et du système bancaire français.
- L'arrêt de la spéculation sur notre devise par une dévaluation positive, avec instauration d'une parité fixe et modifiable (1 dollar = 1 euro-franc) puis un contrôle sur les taux de change et les flux de capitaux.
- La réintroduction de l'OR comme monnaie de référence, en cessant immédiatement les ventes d'or - plus de 600 tonnes prévues jusqu'en 2009 - , décision de N.Sarkozy en 2004, lorsqu'il était Ministre de l'Economie et des Finances.
Pour la sauvegarde de notre économie, je mets en demeure le gouvernement :
- de réduire les dépenses publiques de l'ordre de 15 % dans la préparation du projet de loi de finances pour 2009.
- de ne pas instituer la TVA « sociale » qui constitue une supercherie pour imposer au peuple une dévaluation déguisée, sur le modèle de l'Allemagne.
- De mettre en oeuvre un plan de conservation du « pouvoir d'achat » en conjoncture de crise, au travers de l'application de la préférence nationale dans tous les domaines (emplois, logements et aides sociales).
Vous le voyez, mesdames et messieurs, le Front national entend se donner les moyens de restaurer les pouvoirs régaliens de l'Etat, pour disposer des marges de manoeuvre nécessaires au redressement de la France, et combattre l'équation ANTI-SOCIALE de l'Europe de Maastricht, de Francfort, de Lisbonne ... et de Washington, qui asservit les Français.
Je propose donc des mesures énergiques et immédiates pour protéger tous nos compatriotes en 2008/2009 :
1. Une ré-indéxation des salaires sur les prix, selon le principe de l'échelle mobile, en stabilisant la hausse des prix par le contrôle des prix et des taux de change.
2. Un retour aux prix contrôlés et régulés par l'Etat à rebours de la politique monétaire de la BCE.
3. La suppression de la TVA sur les produits alimentaires de première nécessité, (par exemple le pain, la viande, les fruits, les yaourts, le lait, la farine, etc..).
4. L'obligation faite aux distributeurs de carburants de rétrocéder la TIPP flottante aux consommateurs.
5. Je conseille de surcroît à nos compatriotes de diversifier leurs avoirs dans deux banques françaises minimum, et, s'ils veulent faire un placement, d'acheter
des Napoléons Or de précaution.
Cette « nouvelle gouvernance Economique et Sociale » que je défends dans le cadre de la campagne pour les élections européennes, aura pour objectif une politique monétaire plus orthodoxe, plus protectrice, afin de privilégier la croissance, l'emploi et le pouvoir d'achat de nos compatriotes...
Nous avons pris nos responsabilités.
Que chacun en fasse autant !
L'enjeu en est l'avenir des Français !
Je vous remercie.
Source http://www.frontnational.com, le 6 octobre 2008