Texte intégral
P. Lapousterle Je vais commencer par un sujet dont on parle beaucoup en ce moment, le premier Colloque international sur la violence scolaire qui se tient à l'Unesco à Paris. J. Lang, ministre de l'Education nationale, a déclaré hier : "Je suis prêt à fixer de nouvelles règles, quitte à déplaire et à passer pour un dictateur." Je voulais vous demander, vous qui avez si longtemps demandé à droite un discours ce genre, si vous êtes satisfait d'avoir écouté monsieur
Lang ?
- "Si la situation n'était pas si tragique dans les lycées et si je ne connaissais pas, à titre professionnel, la détresse des professeurs dans les banlieues, j'aurais éclaté de rire en vous écoutant tant la déclaration de Lang me paraît de la flûte pré-électorale."
Pourquoi ?
- "Que monsieur Lang ait l'audace de dire, une semaine avant les élections municipales, le contraire de ce qu'il a toujours dit, de tout ce qu'il a prôné, que la gauche qui est pouvoir depuis 97 et qui connaît la violence vienne simplement nous annoncer qu'on va mettre en place des outils d'évaluation de la violence, puisque finalement du Colloque sort un logiciel qui permettra d'évaluer la violence, je dis qu'on se moque de la détresse des professeurs et de la détresse des parents d'élèves dans un certain nombre d'endroits de France."
Mais vous avez remarqué que le discours sur la sécurité a changé, y compris d'ailleurs dans les actes. Pourquoi ne pas laisser crédit à J. Lang ...
- "Oh ! dans les actes ..."
... de vouloir changer quelque chose à l'école ?
- "Il a changé récemment parce que je crois que le Gouvernement socialiste s'est aperçu que les problèmes de tranquillité publique, de sécurité et d'autorité étaient au centre des préoccupation des Français. Il est temps qu'il s'en aperçoive ! Mais dans les actes, je n'ai rien vu venir. J'ai même vu venir, à titre événementiel, une circulaire dans les lycées, qui a fait grand bruit, et qui est à l'origine probablement du retour en arrière de monsieur Lang. Cette circulaire disait qu'au fond, il fallait supprimer les véritables sanctions au sein des lycées. C'est la circulaire, je crois, de juillet 2000, qui a tellement fait protester l'Education nationale. On supprimait les zéros, il ne fallait pas exclure. C'était le contraire en réalité du discours de l'autorité de monsieur Lang aujourd'hui. Est-ce que monsieur Lang vient de découvrir qu'il y a des élections ? Est-ce que les socialistes sentent qu'il faut donner un petit coup de main là-dedans ? On a entendu S. Royal qui a découvert aussi l'autorité parentale qui est dans les cartons depuis trois ans !"
Et redessiner la carte scolaire, comme le propose monsieur Lang, pour assurer une meilleure mixité et éviter les ghettos ?
- "C'est un vrai grand débat politique de société. Croyez bien qu'il ne faut pas le traiter dans une déclaration à l'emporte-pièce. La carte scolaire, c'est en réalité la possibilité pour les Français, et notamment les Français les plus défavorisés, d'avoir la possibilité pour leurs enfants d'arriver, c'est-à-dire de redonner à l'école sa vocation d'égalité des chances. La carte scolaire ..."
La mixité n'est pas un bon moyen pour cela ?
- "Cela dépend. Qu'est-ce que ça veut dire "la mixité" ?"
Cela veut dire que les enfants de pauvres seront un peu mélangés.
- "Il faut voir dans le détail. Il faut donner en réalité beaucoup d'autonomie aux établissements. Mais pour cela, il faut réformer les structures de l'Education nationale. On sait ce que monsieur Allègre a souffert dans ce domaine. C'est autour de la notion d'établissement autonome que se fera la carte scolaire. Les recteurs, les inspecteurs d'académies qui sont des agrégés de grec ou de latin sont-ils compétents pour déterminer quelle est la mixité sociale ? Vous comprenez bien que c'est un grave sujet politique. Il faut en débattre au Parlement pour le coup. Jamais les affaires d'Education ne viennent au Parlement, jamais !"
Puisque vous êtes parlementaire DL, un mot sur les éleveurs qui subissent un véritable cataclysme car, après les vaches folles qui ont occasionnés des dizaines de milliers d'abattages, voilà maintenant la menace de la fièvre aphteuse. Est-ce la fatalité ou bien est-ce le coût des erreurs passées commises ?
- "Les deux. Ce qu'il faut, c'est d'abord ne pas affoler. Je trouve qu'il faut d'abord beaucoup de compassion à l'égard des agriculteurs français européens, anglais, qui sont touchés par des épidémies qui les ruinent. L'action du Gouvernement doit être une action de réparation, de prévention. Il faut que nous trouvions un discours qui soit à la fois un discours apaisant, d'expertise, et les précautions. Je crois que le Gouvernement fait ce qu'il peut dans la situation. Il a été moins rapide dans d'autres épidémies, comme la vache folle. Il fait ce qu'il peut, mais c'est à nous véritablement ce trouver ce tournant de société tous ensemble. Je ne voudrais pas accentuer, par des déclarations provocatrices, la détresse."
France 2 connaît des difficultés. On reparle encore une fois de privatisation.
- "On parle de privatisation car c'est vrai qu'en France le secteur public est un secteur public qui comporte quand même plusieurs chaînes - quatre ou cinq. Il faut garder un secteur public mais peut-être qu'il y a beaucoup de chaînes publiques en France. Quatre ou cinq, ça fait beaucoup."
Vous êtes élu de Paris. Avez-vous apprécié le discours, on va dire "énergique", de monsieur Séguin hier, attaquant le gauche, le caviar, les riches ...
- "Je crois que nous avons voulu donner hier un geste fort à la population parisienne et notamment aux abstentionnistes de droite et à ceux qui vont voter pour des listes dissidentes de droite."
Le discours d'hier paraît être un discours en noir et blanc.
- "C'est un discours, je crois, qui était grave. C'était un meeting austère qui contrastait avec le meeting un peu farfelu de la gauche qui se voit déjà gagnante. C'était un meeting austère et je crois qu'un discours très grave a été lancé. Il faut que les électeurs qui s'abstiennent parce qu'ils ont des raisons de s'abstenir - c'est vrai que la droite parisienne et nationale n'a pas répondu à leurs aspirations -, il faut que ceux qui perdent leurs voix sur des listes dissidentes sachent que, demain, toutes ces voix-là sont les voix de B. Delanoë. Les lendemains ne chanteront pas, croyez-moi, pour les Parisiens, si la gauche prend la mairie de Paris."
Vous voulez leur faire peur ?
- "Non, je ne veux pas leur faire peur. Je dis qu'on a déjà un exemple de ce que font les socialistes au niveau national : on a l'exemple de monsieur Vaillant, le ministre de l'Intérieur le plus calamiteux depuis des années. Elire monsieur Vaillant à la tête de Paris alors que la France entière le condamne pour ses actions de sécurité en France serait pousser le goût du paradoxe un peu loin !"
"P. Séguin décidera de la meilleure stratégie au vu des résultats du premier tour pour assurer la victoire au deuxième tour." C'est une déclaration de M. Alliot-Marie, présidente du RPR. Est-ce que vous, Parti allié, vous acceptez cette déclaration, c'est-à-dire que P. Séguin soit seul à définir la stratégie qu'il faut pour le deuxième tour ?
- "Non, on ne le définira ensemble, on aura une réunion commune. Je crois que d'ici le premier tour, la seule stratégie intelligente pour la droite est de prôner le retrait républicain. Il faut que toutes ces listes qui n'ont aucune chance en fait de figurer au deuxième tour et qui sont des listes qui diminuent l'influence de la droite, se retirent. Parce qu'il faut que la droite arrive dans les meilleures conditions possibles au deuxième tour."
Et "la fusion" comme l'a proposé J.-L. Debré ?
- "Nous ne sommes pas dans un scrutin proportionnel, je crois que c'est là la duperie. Tout le monde est persuadé que les élections, sont proportionnelles. Ce sont des scrutins majoritaires en réalité, à correctif proportionnel. "La fusion", ça ne veut rien dire. Tout ce que je peux dire, c'est que nous ne ferons rien qui puisse empêcher la victoire de la droite. Notre objectif, c'est vraiment de barrer la route à la gauche. Voilà ce que nous déciderons en commun, je pense, dimanche soir."
Est-ce que les listes de monsieur Tiberi sont les adversaires de vos listes ou de futurs alliés ?
- "Les listes Tiberi sont des listes dissidentes de droite. Hélas, la droite est parcourue de mouvements dissidents depuis 20 ans ! C'est épouvantable au plan politique car ce sont des gens de droite qui passent leur temps à attaquer la droite, des purificateurs au sens étymologique. En grec, purificateur veut dire le feu. Ils finiront bien par brûler la droite !"
Pensez-vous que la droite a encore des chances ? Même monsieur Séguin a accepté le principe de ...
- "Je crois que nous avons une réserve de voix considérables chez les abstentionnistes. A nous de convaincre, à nous de mobiliser, à nous de dramatiser."
C'est un peu tard ...
- "J'ai l'impression de sonner le tocsin. C'est tard mais c'est important car je vous assure que les socialistes ne sont pas prêts à gouverner Paris, comme ils n'étaient pas prêts à gouverner la France."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 7 mars 2001)
Lang ?
- "Si la situation n'était pas si tragique dans les lycées et si je ne connaissais pas, à titre professionnel, la détresse des professeurs dans les banlieues, j'aurais éclaté de rire en vous écoutant tant la déclaration de Lang me paraît de la flûte pré-électorale."
Pourquoi ?
- "Que monsieur Lang ait l'audace de dire, une semaine avant les élections municipales, le contraire de ce qu'il a toujours dit, de tout ce qu'il a prôné, que la gauche qui est pouvoir depuis 97 et qui connaît la violence vienne simplement nous annoncer qu'on va mettre en place des outils d'évaluation de la violence, puisque finalement du Colloque sort un logiciel qui permettra d'évaluer la violence, je dis qu'on se moque de la détresse des professeurs et de la détresse des parents d'élèves dans un certain nombre d'endroits de France."
Mais vous avez remarqué que le discours sur la sécurité a changé, y compris d'ailleurs dans les actes. Pourquoi ne pas laisser crédit à J. Lang ...
- "Oh ! dans les actes ..."
... de vouloir changer quelque chose à l'école ?
- "Il a changé récemment parce que je crois que le Gouvernement socialiste s'est aperçu que les problèmes de tranquillité publique, de sécurité et d'autorité étaient au centre des préoccupation des Français. Il est temps qu'il s'en aperçoive ! Mais dans les actes, je n'ai rien vu venir. J'ai même vu venir, à titre événementiel, une circulaire dans les lycées, qui a fait grand bruit, et qui est à l'origine probablement du retour en arrière de monsieur Lang. Cette circulaire disait qu'au fond, il fallait supprimer les véritables sanctions au sein des lycées. C'est la circulaire, je crois, de juillet 2000, qui a tellement fait protester l'Education nationale. On supprimait les zéros, il ne fallait pas exclure. C'était le contraire en réalité du discours de l'autorité de monsieur Lang aujourd'hui. Est-ce que monsieur Lang vient de découvrir qu'il y a des élections ? Est-ce que les socialistes sentent qu'il faut donner un petit coup de main là-dedans ? On a entendu S. Royal qui a découvert aussi l'autorité parentale qui est dans les cartons depuis trois ans !"
Et redessiner la carte scolaire, comme le propose monsieur Lang, pour assurer une meilleure mixité et éviter les ghettos ?
- "C'est un vrai grand débat politique de société. Croyez bien qu'il ne faut pas le traiter dans une déclaration à l'emporte-pièce. La carte scolaire, c'est en réalité la possibilité pour les Français, et notamment les Français les plus défavorisés, d'avoir la possibilité pour leurs enfants d'arriver, c'est-à-dire de redonner à l'école sa vocation d'égalité des chances. La carte scolaire ..."
La mixité n'est pas un bon moyen pour cela ?
- "Cela dépend. Qu'est-ce que ça veut dire "la mixité" ?"
Cela veut dire que les enfants de pauvres seront un peu mélangés.
- "Il faut voir dans le détail. Il faut donner en réalité beaucoup d'autonomie aux établissements. Mais pour cela, il faut réformer les structures de l'Education nationale. On sait ce que monsieur Allègre a souffert dans ce domaine. C'est autour de la notion d'établissement autonome que se fera la carte scolaire. Les recteurs, les inspecteurs d'académies qui sont des agrégés de grec ou de latin sont-ils compétents pour déterminer quelle est la mixité sociale ? Vous comprenez bien que c'est un grave sujet politique. Il faut en débattre au Parlement pour le coup. Jamais les affaires d'Education ne viennent au Parlement, jamais !"
Puisque vous êtes parlementaire DL, un mot sur les éleveurs qui subissent un véritable cataclysme car, après les vaches folles qui ont occasionnés des dizaines de milliers d'abattages, voilà maintenant la menace de la fièvre aphteuse. Est-ce la fatalité ou bien est-ce le coût des erreurs passées commises ?
- "Les deux. Ce qu'il faut, c'est d'abord ne pas affoler. Je trouve qu'il faut d'abord beaucoup de compassion à l'égard des agriculteurs français européens, anglais, qui sont touchés par des épidémies qui les ruinent. L'action du Gouvernement doit être une action de réparation, de prévention. Il faut que nous trouvions un discours qui soit à la fois un discours apaisant, d'expertise, et les précautions. Je crois que le Gouvernement fait ce qu'il peut dans la situation. Il a été moins rapide dans d'autres épidémies, comme la vache folle. Il fait ce qu'il peut, mais c'est à nous véritablement ce trouver ce tournant de société tous ensemble. Je ne voudrais pas accentuer, par des déclarations provocatrices, la détresse."
France 2 connaît des difficultés. On reparle encore une fois de privatisation.
- "On parle de privatisation car c'est vrai qu'en France le secteur public est un secteur public qui comporte quand même plusieurs chaînes - quatre ou cinq. Il faut garder un secteur public mais peut-être qu'il y a beaucoup de chaînes publiques en France. Quatre ou cinq, ça fait beaucoup."
Vous êtes élu de Paris. Avez-vous apprécié le discours, on va dire "énergique", de monsieur Séguin hier, attaquant le gauche, le caviar, les riches ...
- "Je crois que nous avons voulu donner hier un geste fort à la population parisienne et notamment aux abstentionnistes de droite et à ceux qui vont voter pour des listes dissidentes de droite."
Le discours d'hier paraît être un discours en noir et blanc.
- "C'est un discours, je crois, qui était grave. C'était un meeting austère qui contrastait avec le meeting un peu farfelu de la gauche qui se voit déjà gagnante. C'était un meeting austère et je crois qu'un discours très grave a été lancé. Il faut que les électeurs qui s'abstiennent parce qu'ils ont des raisons de s'abstenir - c'est vrai que la droite parisienne et nationale n'a pas répondu à leurs aspirations -, il faut que ceux qui perdent leurs voix sur des listes dissidentes sachent que, demain, toutes ces voix-là sont les voix de B. Delanoë. Les lendemains ne chanteront pas, croyez-moi, pour les Parisiens, si la gauche prend la mairie de Paris."
Vous voulez leur faire peur ?
- "Non, je ne veux pas leur faire peur. Je dis qu'on a déjà un exemple de ce que font les socialistes au niveau national : on a l'exemple de monsieur Vaillant, le ministre de l'Intérieur le plus calamiteux depuis des années. Elire monsieur Vaillant à la tête de Paris alors que la France entière le condamne pour ses actions de sécurité en France serait pousser le goût du paradoxe un peu loin !"
"P. Séguin décidera de la meilleure stratégie au vu des résultats du premier tour pour assurer la victoire au deuxième tour." C'est une déclaration de M. Alliot-Marie, présidente du RPR. Est-ce que vous, Parti allié, vous acceptez cette déclaration, c'est-à-dire que P. Séguin soit seul à définir la stratégie qu'il faut pour le deuxième tour ?
- "Non, on ne le définira ensemble, on aura une réunion commune. Je crois que d'ici le premier tour, la seule stratégie intelligente pour la droite est de prôner le retrait républicain. Il faut que toutes ces listes qui n'ont aucune chance en fait de figurer au deuxième tour et qui sont des listes qui diminuent l'influence de la droite, se retirent. Parce qu'il faut que la droite arrive dans les meilleures conditions possibles au deuxième tour."
Et "la fusion" comme l'a proposé J.-L. Debré ?
- "Nous ne sommes pas dans un scrutin proportionnel, je crois que c'est là la duperie. Tout le monde est persuadé que les élections, sont proportionnelles. Ce sont des scrutins majoritaires en réalité, à correctif proportionnel. "La fusion", ça ne veut rien dire. Tout ce que je peux dire, c'est que nous ne ferons rien qui puisse empêcher la victoire de la droite. Notre objectif, c'est vraiment de barrer la route à la gauche. Voilà ce que nous déciderons en commun, je pense, dimanche soir."
Est-ce que les listes de monsieur Tiberi sont les adversaires de vos listes ou de futurs alliés ?
- "Les listes Tiberi sont des listes dissidentes de droite. Hélas, la droite est parcourue de mouvements dissidents depuis 20 ans ! C'est épouvantable au plan politique car ce sont des gens de droite qui passent leur temps à attaquer la droite, des purificateurs au sens étymologique. En grec, purificateur veut dire le feu. Ils finiront bien par brûler la droite !"
Pensez-vous que la droite a encore des chances ? Même monsieur Séguin a accepté le principe de ...
- "Je crois que nous avons une réserve de voix considérables chez les abstentionnistes. A nous de convaincre, à nous de mobiliser, à nous de dramatiser."
C'est un peu tard ...
- "J'ai l'impression de sonner le tocsin. C'est tard mais c'est important car je vous assure que les socialistes ne sont pas prêts à gouverner Paris, comme ils n'étaient pas prêts à gouverner la France."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 7 mars 2001)