Interview de M. Hervé Morin, ministre de la défense, dans "Les Echos" du 29 octobre 2008, sur la loi de programmation militaire, la réforme du ministère de la défense et sur la coopération européenne en matière d'industrie d'armement.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Energies News - Les Echos - Les Echos

Texte intégral

Question : En quoi cette loi de programmation militaire diffère-t-elle des précédentes ?
Ce qui caractérise cette loi de programmation militaire, c'est sa cohérence par rapport aux objectifs opérationnels des armées et aux priorités fixés par le Livre blanc de la défense. La programmation est sincère, car tout ce qui est prévu pourra être financé. Mais, surtout, il y a un partage de l'effort nécessaire pour financer les équipements entre ressources budgétaires et gains attendus de l'énorme réforme du ministère. La promesse sera tenue : 100 % des économies dégagées iront à la défense. Sur la durée de la loi, et malgré le coût des restructurations, ce sont entre 3,5 et 4 milliards d'euros supplémentaires qui seront ainsi affectés aux équipements. Les militaires vont également voir leur condition s'améliorer avec, selon les grades, entre plus d'un demi- mois et plus de deux mois de salaire supplémentaire par an.
Question : La réforme du ministère de la Défense aurait du mal à avancer comme prévu. Qu'en est-il ?
Non, les choses avancent, et j'y consacre beaucoup d'énergie. Nous avons engagé un énorme effort qui passe par la création des bases de défense, le regroupement des états-majors, la mutualisation des services, les rationalisations des soutiens aux forces ou encore des achats. C'est une rupture avec une culture séculaire qui mobilise une quarantaine de groupes de travail. Avec une vraie adhésion au sein de la communauté militaire.
Question : Vous avez demandé à DCNS et à Nexter de reprendre langue avec leurs homologues européens. Qu'est-ce qui vous fait croire que la consolidation européenne peut enfin devenir réalité ?
Grâce à la loi de programmation militaire, l'industrie française est en position de force pour discuter. Elle s'est restructurée et dispose de perspectives de long terme. Elle est donc intéressante pour d'éventuels partenariats. DCNS dispose d'un carnet de commandes sur plus de quinze ans, la loi va lui donner la possibilité de créer des coentreprises et d'y mettre à disposition des ouvriers d'Etat. C'est une souplesse pour discuter avec d'autres. Nexter gagne de l'argent. L'heure de la consolidation européenne finira par sonner. L'Europe consacrant deux fois et demie moins d'argent que les Etats-Unis pour leur défense, les éparpillements industriels seraient mortels si nous ne faisions rien.


source http://www.defense.gouv.fr, le 31 octobre 2008