Texte intégral
Q - Pourquoi une politique commune de la Défense quand nombre d'Européens se satisfont de l'OTAN ?
R - Ces pays européens évoluent, et dans le bon sens. L'Europe de la Défense est quelque chose de nouveau. Compte tenu de son histoire, l'Europe s'est construite en refusant les éléments traditionnels de la puissance, dont la Défense. Le mot même était tabou. Aujourd'hui, l'Europe mène des opérations militaires sous son propre drapeau, au Tchad par exemple. Mon engagement pro-européen a motivé mon entrée en politique. Si on est Européen, l'Europe doit devenir une puissance politique capable de défendre un projet de société basé sur l'économie de marché et le respect des hommes. Pour cela, il faut une politique étrangère commune rendue crédible par une Défense commune.
Q - Quid de l'hostilité manifestée par certains partenaires ?
R - Il n'existe plus d'hostilité. Certains pays craignaient qu'on leur demande de lâcher l'OTAN, qui leur a garanti la paix depuis 50 ans, contre quelque chose qui n'existe pas encore, l'Europe de la Défense. L'intuition du président de la République, Nicolas Sarkozy, est bonne. En évoquant le retour de la France dans l'OTAN, il a convaincu nos partenaires, que la Politique européenne de Sécurité et de Défense (PESD), voulue par la France, ne visait pas à affaiblir cette organisation, au contraire.
Q - C'est pour cela que les Etats-Unis voient désormais la PESD d'un bon oeil ?
R - Certainement. D'ailleurs, mon homologue américain défend lui aussi la nécessaire complémentarité entre l'Europe de la Défense et l'OTAN. Je suis de ceux en France qui aiment les Etats-Unis. D'abord parce que je suis normand et que je sais ce que veulent dire les milliers de croix blanches des cimetières des plages du Débarquement. Ensuite, j'admire ce pays où un Noir peut être candidat à la présidence, alors qu'en France, il n'y a même pas un député issu des minorités visibles. Mais aimer les Etats-Unis ne veut pas dire partager absolument tout.
Q - La crise financière ne va-t-elle pas tuer la PESD ?
R - Non, la PESD n'est pas "budgétivore". Permettre à des officiers de faire une partie de leur formation à l'étranger, ce n'est pas très cher. Constituer un groupe aéronaval à partir de navires de plusieurs marines pour escorter un porte-avions non plus.
Q - En France, la loi de programmation militaire se caractérisera par 54 000 suppressions d'emplois... Pourquoi une telle réduction des effectifs ?
R - Premièrement nous appliquons la règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, qui s'applique à tous les ministères.
Deuxièmement, les efforts de mutualisation et de rationalisation des services de soutien jusqu'alors dispersés, implique une concentration des effectifs. A terme, nous aurons un seul service d'achat, une seule direction des ressources humaines, une seule direction financière ! Mais la contrepartie de cet effort de modernisation se concrétise par une amélioration de la condition militaire puisqu'ils connaîtront selon leur grade une augmentation de salaire de plus d'un demi-mois à deux mois par an.
Q - Vous avez déclaré que votre prédécesseur avait engagé des dépenses sans avoir les financements. Une pierre dans le jardin de Michèle Alliot-Marie ?
R - Non. Elle a travaillé sous l'autorité du président Chirac.
Q - Faut-il s'inquiéter de la perte de deux missiles Milan en Afghanistan ?
R - C'est mieux quand cela n'arrive pas. Les militaires ont fait tout ce qu'ils pouvaient, mais récupérer ces armes ne valait pas de risquer la vie d'un homme. Vous savez, on a retrouvé il y a quelques semaines dans la cave d'une maison afghane un "Milan" qui avait été dérobé à une autre armée que la nôtre. Contre les Soviétiques, les miliciens afghans ont obtenu des missiles Stingers. Il existe un marché parallèle où l'on peut trouver toutes les armes que l'on veut. Ce marché s'appelle le Pakistan.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 3 novembre 2008
R - Ces pays européens évoluent, et dans le bon sens. L'Europe de la Défense est quelque chose de nouveau. Compte tenu de son histoire, l'Europe s'est construite en refusant les éléments traditionnels de la puissance, dont la Défense. Le mot même était tabou. Aujourd'hui, l'Europe mène des opérations militaires sous son propre drapeau, au Tchad par exemple. Mon engagement pro-européen a motivé mon entrée en politique. Si on est Européen, l'Europe doit devenir une puissance politique capable de défendre un projet de société basé sur l'économie de marché et le respect des hommes. Pour cela, il faut une politique étrangère commune rendue crédible par une Défense commune.
Q - Quid de l'hostilité manifestée par certains partenaires ?
R - Il n'existe plus d'hostilité. Certains pays craignaient qu'on leur demande de lâcher l'OTAN, qui leur a garanti la paix depuis 50 ans, contre quelque chose qui n'existe pas encore, l'Europe de la Défense. L'intuition du président de la République, Nicolas Sarkozy, est bonne. En évoquant le retour de la France dans l'OTAN, il a convaincu nos partenaires, que la Politique européenne de Sécurité et de Défense (PESD), voulue par la France, ne visait pas à affaiblir cette organisation, au contraire.
Q - C'est pour cela que les Etats-Unis voient désormais la PESD d'un bon oeil ?
R - Certainement. D'ailleurs, mon homologue américain défend lui aussi la nécessaire complémentarité entre l'Europe de la Défense et l'OTAN. Je suis de ceux en France qui aiment les Etats-Unis. D'abord parce que je suis normand et que je sais ce que veulent dire les milliers de croix blanches des cimetières des plages du Débarquement. Ensuite, j'admire ce pays où un Noir peut être candidat à la présidence, alors qu'en France, il n'y a même pas un député issu des minorités visibles. Mais aimer les Etats-Unis ne veut pas dire partager absolument tout.
Q - La crise financière ne va-t-elle pas tuer la PESD ?
R - Non, la PESD n'est pas "budgétivore". Permettre à des officiers de faire une partie de leur formation à l'étranger, ce n'est pas très cher. Constituer un groupe aéronaval à partir de navires de plusieurs marines pour escorter un porte-avions non plus.
Q - En France, la loi de programmation militaire se caractérisera par 54 000 suppressions d'emplois... Pourquoi une telle réduction des effectifs ?
R - Premièrement nous appliquons la règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, qui s'applique à tous les ministères.
Deuxièmement, les efforts de mutualisation et de rationalisation des services de soutien jusqu'alors dispersés, implique une concentration des effectifs. A terme, nous aurons un seul service d'achat, une seule direction des ressources humaines, une seule direction financière ! Mais la contrepartie de cet effort de modernisation se concrétise par une amélioration de la condition militaire puisqu'ils connaîtront selon leur grade une augmentation de salaire de plus d'un demi-mois à deux mois par an.
Q - Vous avez déclaré que votre prédécesseur avait engagé des dépenses sans avoir les financements. Une pierre dans le jardin de Michèle Alliot-Marie ?
R - Non. Elle a travaillé sous l'autorité du président Chirac.
Q - Faut-il s'inquiéter de la perte de deux missiles Milan en Afghanistan ?
R - C'est mieux quand cela n'arrive pas. Les militaires ont fait tout ce qu'ils pouvaient, mais récupérer ces armes ne valait pas de risquer la vie d'un homme. Vous savez, on a retrouvé il y a quelques semaines dans la cave d'une maison afghane un "Milan" qui avait été dérobé à une autre armée que la nôtre. Contre les Soviétiques, les miliciens afghans ont obtenu des missiles Stingers. Il existe un marché parallèle où l'on peut trouver toutes les armes que l'on veut. Ce marché s'appelle le Pakistan.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 3 novembre 2008