Texte intégral
1 - Avec cette rentrée sociale, s'ouvre une période difficile pour les salariés et pour les organisations syndicales.
1.1. D'abord, parce que le contexte économique est difficile :
- la crise financière menace la croissance : aux Etats-Unis, certains n'hésitent plus à parler de d'une crise pire que celle de 1929,
- de fortes attentes sur le pouvoir d'achat qui est toujours en berne,
- des inquiétudes concernant l'emploi qui recommence à se dégrader, notamment pour les plus jeunes, qui restent confrontés aux précarités
- les familles s'en trouvent de plus en plus fragilisées,
- les classes intermédiaires sont pression car elles sont de plus en plus sollicitées.
Conséquence : le social est relégué au second plan.
1.2. Ensuite, parce que la loi réformant la représentativité et le temps de travail bouleverse la donne, notamment en chamboulant les règles du dialogue social :
- la réforme du temps de travail qui est une remise en cause des 35 heures qui ne veut pas dire son nom : pour les cadres,
- pour les salariés des TPE et des PME, car c'est désormais dans les entreprises que va se faire la loi ; or, de nombreuses salariés sont dépourvus de représentants syndicaux.
1.3. Enfin, parce que, avec les prud'hommes, les organisations syndicales sont en période électorale, généralement propice à la surenchère : on commence déjà à en voir les prémisses avec certains qui font flèches de tout bois en récupérant, par exemple, selon une tactique bien connue de l'amalgame, la journée internationale du 7 octobre. Cette surenchère risque de devenir la règle à cause de l'importance que vont prendre les élections en entreprise.
2 - Cette rentrée est aussi l'occasion de dresser le bilan d'une année de réformes et de dix ans de Medef
2.1. J'ai tendance à considérer qu'on juge un arbre à ses fruits. Prenons trois préoccupations des salariés qui n'ont cessé de faire l'actualité depuis un an (ce sont aussi les axes prioritaires d'action de la CFTC) et voyons si les réformes engagées y ont répondu. Concrètement, que s'est-il passé depuis ?
- Pouvoir d'achat : en septembre, nous en serons à la troisième loi en faveur du pouvoir d'achat sans qu'on constate un mieux. En cause, le fait qu'on tourne autour du pot, qu'on refuse de voir que l'augmentation du pouvoir d'achat réside d'abord dans une véritable politique salariale.
- Emploi : amélioration quantitative, mais dégradation quant à la qualité de l'emploi et recrudescence du travail précaire, puis aujourd'hui nouvelle dégradation et retour du chômage. Cela prouve qu'on ne s'attaque pas aux causes économiques du chômage, mais aux personnes (cf. l'offre raisonnable d'emploi).
- Conditions de travail : certes il y a eu la conférence sur ce thème conduite par X. Bertrand, et la négociation sur le stress qui vont dans le bon sens ; mais dans le même temps, il y a eu la réforme du temps de travail, l'échec de la négociation pénibilité, l'allongement de la durée de cotisation... qui auront un effet négatif.
Dans le meilleur des cas, les fruits ne sont pas encore murs. Dans le pire des cas, ils pourrissent sur l'arbre. Situation intermédiaire, c'est l'arbre qui ne produit pas de fruits...
Je suis bien obligé d'en conclure que ce sont à la fois la politique et les méthodes qui ne fonctionnent pas. L'Etat conduit ses réformes, enfermé dans une logique financière. Le patronat est dans la même logique selon laquelle le social entrave l'économie. Conséquence : on assiste à une remise en cause des droits sociaux et de la protection sociale. Alors que, pour la CFTC, l'économie et le social doivent marcher ensemble.
2.2. Les réformes actuellement menées par le gouvernement manquent de visibilité, de cohérence et de sens et manquent de méthode.
La CFTC, syndicat de construction sociale, veut s'impliquer pleinement, elle croit à la négo et à la concertation.
- sous réserve qu'elles ne soient pas faussées,
- sous réserve de trouver des partenaires patronaux pour négocier
3 - Cette rentrée est pour la CFTC de présenter ses revendications sur les multiples dossiers en cours (cf. fiches dans dossier de presse) :
- Le dialogue social :
* la loi réformant la démocratie sociale est inachevée pour deux raisons :
l'exclusion des salariés des TPE et de ceux des PME. Rien n'est dit sur le financement. Propositions de la CFTC : les délégués de sites, le conseiller du salarié.
La CFTC sollicite des actions conjointes avec d'autres organisations sur des projets ponctuels, dans les branches pour protéger les conventions collectives alors que la négociation collective descend au niveau de l'entreprise.
- les salaires : conditionner les accords d'intéressement et les allègements de cotisation sociale à la signature d'un accord salarial dans les deux années qui précèdent ;
- la GPEC : la CFTC demande la GPEC au niveau des territoires
- l'emploi : développer les emplois de qualité ; relancer l'investissement car la consommation ne peut plus aujourd'hui tirer la croissance, donc l'emploi ;
- la FPC : on ne peut parler de mobilité sans accompagnement et de l'emploi sans formation
- les retraites : la CFTC réclame la prise en charge par les entreprises des conséquences de mauvaises conditions de travail sur la retraite (suite à l'échec de la négociation pénibilité) et la revalorisation des minima de pension à 100% du SMIC, une seconde partie de carrière aménagée pour les seniors
- le temps partiel subi : étendre les CTP aux temps partiel subi,
- le financement des solidarités : parallèlement à la maîtrise des dépenses, la CFTC se préoccupe du volet ressources : elle salue le rapport de la Cour des Comptes qui, le 10 septembre, a recommandé au Gouvernement de réviser les exonérations de charges consenties aux entreprises ; la CFTC est également favorable à un élargissement de l'assiette des prélèvements ; c'est une des raisons pour lesquelles elle a approuvé le dispositif du RSA qui devrait se mettre en place en 2009.
Cet automne, pour la CFTC, c'est aussi :
4. La préparation des élections prud'homales
La CFTC aborde sereinement l'échéance de 3 décembre car plusieurs signes encourageants :
- elle progresse continuellement aux élections professionnelles depuis plus de 10 ans : nous obtenons près de 9% des suffrages récoltés par les organisations syndicales (6,5% du total des voix) ; là où elle est présente, la CFTC obtient même plus de 18% des voix !
- le nombre de nos adhérents est également en croissance continue : il est passé de 125 000 à 142 000 en 8 ans
- les élections prud'homales sont une élection qui nous convient (car elle concerne un nombre plus large de salariés) ; on est passés de 7,5 à 10%, avec des résultats plus faibles dans l'industrie (8,3%), d'autres plus forts (11,4% dans l'encadrement)
La préparation de ces élections a généré la tenue de forums de délégués syndicaux et autres militants ; le mouvement travaille actuellement à la constitution des listes. Le Congrès confédéral sera un élément marquant dans la campagne prud'homale.
5. Le Congrès confédéral
Comme tous les 3 ans, le Congrès confédéral fait le point sur le mandat passé, élit son équipe dirigeante et lui définit son programme (motion d'orientation).
Je suis candidat à un 3ème mandat pour poursuivre les chantiers lancés, aussi bien en interne (réforme de l'organisation) qu'en externe (défense d'un projet de société avec le statut du travailleur, défense du syndicalisme de construction sociale).
Cf. la plaquette envoyée aux syndicats qui rappelle l'action menée et présente rapidement notre programme pour le prochain mandat, programme adopté par les instances confédérales avant l'été et qui sera débattu lors du Congrès.
Ce projet décline le syndicalisme de construction sociale que nous défendons depuis toujours :
- syndicalisme de service, par exemple à travers la plateforme juridique que nous mettons en place ces jours-ci (+ vadémécum)
- paritarisme : voulons protéger ce mode d'action des partenaires sociaux face aussi bien à la nationalisation rampante (protection sociale, Assurance-chômage) qu'à la privatisation (complémentaires santé, placement des demandeurs d'emploi)
- négociation et tripartisme
source http://www.cftc.fr, le 29 octobre 2008