Interview de M. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, dans "La Dépèche du midi" du 22 octobre 2008, sur la crise économique et financière et les élections prud'homales.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : La Dépêche du Midi

Texte intégral



DDM. -Comment avez-vous été accueillis dans ces deux entreprises ?
J-Claude Mailly. Très bien dans les deux cas. Laurent Spanghero, que je ne connaissais pas -c'est un personnage- m'a assuré qu'il parlait franc. C'est aussi mon cas ! C'était intéressant.
DDM. Qu'en avez-vous retiré ?
J-Claude Mailly. Quand je visite une entreprise, je regarde deux choses. Si les locaux sont bien entretenus et propres, et c'était le cas. Et si des investissements récents ont été faits. Là encore, c'était le cas. Par contre, on sent très bien une forme d'attentisme de ces chefs d'entreprises, comme l'inquiétude des salariés pour l'avenir. La crise l'explique évidemment..
DDM. Cette inquiétude peut-elle servir d'aiguillon à la revendication ? Ou la freiner ?
Jean-Claude Mailly. Aujourd'hui, plus que jamais, il est nécessaire de maintenir nos revendications, afin que les salariés ne soient pas les dindons de la crise. Revendications en matière de salaires, ou de réforme comme la prime transport par exemple. Qu'on ne nous dise plus que les caisses sont vides: ce discours-là, c'est terminé. De l'argent pour sauver les banques, il y en a. On peut le comprendre. Mais pour le reste aussi, et notamment pour une authentique politique de relance.
DDM. Mais comment mobiliser pour les élections prudhomales ? La participation reste tragiquement faible...
Jean-Claude Mailly. Elle stage autour de 30%, alors que, dans les élections au sein des entreprises, elle avoisine les 65 à 70% Il faut compter avec le vote par correspondance. C'est la nouveauté. On fera les comptes le 4 décembre.
DDM... comme reste faible, d'ailleurs, le taux de syndicalisation, en France !
Jean-Claude Mailly. La France figure parmi les pays au monde où les conventions collectives protègent le mieux les salariés, soit environ 90% d'entre eux. Mais ce système est menacé, par une tendance à considérer l'entreprise comme le lieu de la négociation, et non pas la branche ou l'interprofession. C'est une remise en cause du mouvement ouvrier auquel Force Ouvrière s'oppose fermement.
PROPOS RECUEILLIS PAR LAURENT GAUTHEY
source http://www.force-ouvriere.fr, le 23 octobre 2008