Texte intégral
Le Dauphiné - Venir dans les entreprises, c'est l'occasion de prendre la température ?
«Nous sommes actuellement dans un contexte d'élections sociales, avec l'arrivée les élections prud'homales. Ces visites sont à la fois l'occasion de rencontrer rapidement la direction et de discuter avec les militants. On voit très bien, y compris dans une entreprise comme Soitec, où il y a plus 900 salariés et où Force ouvrière est bien implantée, que cela aide à la fois pour le développement de l'entreprise mais aussi dans la négociation avec la direction.»
Quelle vision avez-vous de cette crise économique et sociale ?
«Les salariés sont mécontents depuis un moment, notamment sur la question du pouvoir d'achat. Aujourd'hui, il y a une inquiétude globale : "Est-ce que mon entreprise va avoir des problèmes ? Est-ce que mon emploi va être menacé ?" Mais il y a un troisième sentiment qu'il ne faut pas oublier aujourd'hui, chez tous les salariés qui se disent : "Vous avez trouvé de l'argent quand il faut sauver les banques, quand il faut aider les PME. Mais nous on veut aussi la part du gâteau." Là, on est en train de passer d'une crise financière, économique à une crise sociale. À partir du moment où des entreprises ont diminué leurs intérims, n'ont pas renouvelé leurs CDD, sont dans des processus de chômage technique ou partiel, annoncent des plans sociaux..., il va falloir que l'État intervienne.»
Justement, plusieurs plans ont été annoncés...
«Il y a eu ce que l'on peut considérer comme une urgence par rapport aux banques. Mais le président de la République est en pleine contradiction. Parce qu'il dit au plan international - et je suis assez d'accord avec lui - il faut de la régulation, il faut contrôler... Mais dès qu'il revient sur le plan national, ce sont les mêmes règles qu'avant. Il faut travailler le dimanche, il faut remettre en cause les 35 heures. Il est anti-libéral au niveau international et ultralibéral au niveau national. Il fait le grand écart.»
Est-ce que les mesures du plan chômage [présenté hier midi - ndlr] répondent à vos attentes ?
«Concernant le retour des contrats aidés et l'extension des contrats de transition professionnelle, on n'y est pas opposé. En revanche, on est contre le travail le dimanche. Quant à l'assouplissement des CDD, il faut qu'il soit plus précis. Est-ce qu'il veut nous refaire un CDD CNE [Contrat nouvelle embauche - ndlr] ? Nous on demande de retrouver des systèmes de pré-retraites par exemple. Au final, sur le fond, il n'y a pas de signes réellement positifs, pas de signes de relance notamment de la consommation.»
Recueilli par Audrey CARON
source http://www.force-ouvriere.fr, le 3 novembre 2008