Interview de M. Luc Chatel, secrétaire d'Etat à l'industrie et à la consommation, porte-parole du gouvernement, à "France 2" le 13 novembre 2008, sur les chiffres de l'inflation, la rénovation urbaine et le problème des SMS indésirables.

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Média : France 2

Texte intégral

O. Galzi.- Les chiffres de l'inflation vont être rendus disponibles dans un peu moins d'une heure. J'imagine que c'est la seule bonne nouvelle en ce moment.

Ce qui est certain, c'est qu'après une année d'inflation forte, qui avait été liée aux augmentations de matières premières, notamment les augmentations du pétrole, nous entrons plus dans une phase où nous avons- on l'a vu, les Français le voient - une baisse des matières premières, notamment du pétrole, qui aura un impact sur l'ensemble de l'activité. La deuxième bonne nouvelle c'est qu'aujourd'hui les Français sont en train de changer leur comportement et ils font jouer davantage la concurrence. Donc les règles que nous avons mises en place en matière de libre concurrence vont les aider à faire baisser les prix. Et donc, c'est vrai que nous pensons que dans les six prochains mois - c'est l'avis des observateurs quels qu'ils soient, publics ou privés- on devrait globalement avoir une diminution par deux de la tendance annuelle de l'inflation.

Et donc, là on repasse sous les 3 % d'inflation ?

Les chiffres officiels seront annoncés tout à l'heure. Vous me permettrez de ne pas les annoncer maintenant. Mais globalement, ce qui compte, c'est la tendance de fond. On avait une tendance annuelle de l'ordre de 4 %, nous pensons que dans les six prochains mois, on devrait plutôt - et c'est l'avis notamment des grands distributeurs, qui connaissent bien ces sujets...

Vous êtes à combien ?

...On devrait plutôt être sur une tendance annuelle, dans six mois, entre 2 et 2,5 %.

Autres chiffres qui sont attendus demain, ceux-là, et qui sont pour le coup pas très bons, c'est la croissance au troisième trimestre. On dit qu'on peut parler de récession quand il y a deux trimestres d'affilé où on est en recul. Est-ce que cela va être le cas demain ? Est-ce qu'on peut dire aujourd'hui que la France est en récession ?

Vous me permettrez de vous dire que ça c'est un débat de commentateurs. Moi je fais partie des acteurs. Nous traversons une période difficile, de crise internationale, de crise économique. Et la vraie question, c'est de savoir que fait le Gouvernement pour répondre à cette crise, c'est de savoir ce que sont ces Français ?

La question c'est de savoir quand même si on reconnaît aujourd'hui qu'on est en récession.

Le Premier ministre, je crois, a bien décri la situation. Nous n'aurons pas de récession au sens économique du terme sur l'année 2008, puisque l'économie française en 2008 continuera à progresser légèrement. Ce que sera l'année 2009, je vous fais une confidence, personne ne sait. Donc, le Gouvernement a fait des prévisions, il a fait des prévisions à partir des avis qui sont les siens...

Qu'il faut revoir d'ailleurs.

Légèrement revu mais le sujet est moins celui-là, alors qu'on ne sait pas, dans trois mois ce que sera la situation économique, que de préparer les mesures qui sont les plus efficaces. C'est ce que nous avons fait. Je parle par exemple dans mon domaine de l'industrie où nous avons mobilisé un certain nombre de moyens notamment à destination de l'industrie automobile. Nous faisons en sorte que notre économie soit plus compétitive, par exemple en annonçant le fait que les nouveaux investissements ne soient pas inclus dans la taxe professionnelle qui est un impôt absurde. Par exemple, en renforçant le crédit impôt recherche qui favorise la compétitivité de l'industrie. C'est ce type de mesures qui sont efficaces et qui permettrons à l'économie de sortir de la situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui.

Il va quand même falloir revoir tous les budgets. Par exemple, en ce moment, la loi de finance de la Sécurité sociale est à l'étude. Et, hier soir, on s'est encore aperçu que le déficit de la Sécurité sociale était plus fort que ce qu'on imaginait. Il sera à deux chiffres pour l'année prochaine, c'est un record. Comment allez-vous faire pour réformer ce déficit ?

Ce qui est important, c'est que dans une période difficile de ralentissement de la conjoncture économique, et puis globalement de crise internationale, nous tenions nos dépenses. La politique du Gouvernement c'est celle-là. Pourquoi tenir les dépenses ? Parce que la tentation elle est forte. On entend ici ou là certains nous dire : vous devriez lâcher, proposer des mesures de distribution d'argent que nous n'avons pas. Nous sommes radicalement opposés à cela. Ce que nous voulions, c'est bien tenir nos dépenses, et puis ensuite nous verrons si la conjoncture économique permet une reprise aux condamnés 2009.

Donc, on laisse filer les déficits. Et en même temps, on avait dit pendant longtemps : on ne peut pas se permettre de le faire, c'est une priorité. On hypothèque l'avenir de nos petits enfants, alors on oublie tout cela pour l'instant.

D'abord, nous n'hypothéquons pas l'avenir de nos enfants puisque nous menons des réformes structurelles. La réduction des déficits ce sera obtenu de deux manières. D'abord, en tenant et en réduisant les dépenses publics, c'est ce que nous faisons. Et puis deuxièmement, en réformant en profondeur l'Etat. C'est la raison pour laquelle nous avons engagé la révision générale des politiques publiques. Je prends un exemple : à Bercy, nous fusionnons des directions. Au 1er janvier, nous avons trois directions, la Direction du commerce et de l'artisanat, la Direction du tourisme, qui vont fusionner, de manière à avoir plus d'efficacité, rendre un meilleur service à meilleur coût. Et dans les régions, dans les départements, on va avoir des réorganisations territoriales qui vont permettre à sept directions de se regrouper, de rendre un meilleur service aux citoyens, tout en coûtant moins cher aux contribuables.

Un mot sur un rapport d'évaluation qui vient d'être révélé, rapport d'évaluation de la rénovation urbaine : le programme prend du retard. Est-ce que ça veut dire que les quartiers difficiles vont être les sacrifiés de la crise ?

Non, d'abord, l'ANRU, c'est un programme de rénovation sans précédent de nos quartiers.

Les trois quarts des crédits ont été dépensés pour 2007, donc, visiblement on n'arrivera pas au bout, c'est ce que dit le rapport...

Alors, d'abord, le rapport va être remis dans quelques jours à C. Boutin...

Mais il a été révélé...

Vous permettrez de laisser C. Boutin, qui est la ministre en charge de ce dossier, répondre, réagir à ce rapport.

Vous dites : les quartiers vont être sacrifiés par la crise ?

Non, je ne vous dirais pas que les quartiers vont être sacrifiés par la crise, bien sûr. D'ailleurs, nous venons de présenter au Parlement, au Sénat une loi sur le logement qui démontre l'inverse, qui démontre notre volonté, au contraire, de miser sur la rénovation du logement et de logements dans les quartiers les plus difficiles pour l'économie française. Le deuxième témoignage que je ferai, c'est en tant que maire, je peux vous dire que l'ANRU ça fonctionne. Je suis maire d'une ville, Chaumont, qui avait des quartiers qui dataient de l'Après-guerre. Eh bien, grâce au programme de l'ANRU, nous avons pu démolir ces quartiers, nous sommes en train de les reconstruire.

C'est ce que dit le rapport, il dit ça fonctionne, le problème c'est qu'il n'y a pas assez d'argent. Alors, vous allez mettre plus d'argent sur la table ?

Mais encore une fois, il y aura des choix qui seront faits, et c'est évident que nous avons connu deux années de forte augmentation, notamment des matériaux dans le domaine du bâtiment, forte augmentation d'inflation, qui font que, les enveloppes ne sont sans doute plus à la hauteur de ce qui avait été envisagé initialement. C'est la responsabilité de C. Boutin de voir comment on peut résoudre, dans le temps, la mise en oeuvre de ces chantiers de rénovation qui sont énormes.

Une dernière question : vous aviez mis en place un numéro d'alerte pour les SMS indésirables quand on reçoit un numéro qu'il faut rappeler, en fait, c'est une surtaxe, c'est une arnaque finalement. Vous en êtes où ? Je crois que ce n'est pas encore totalement opérationnel...

Alors, le 33-700 effectivement, si vous avez un SMS indésirable, vous pouvez le transférer sur le 33-700 de manière à ce que la Fédération des télécoms puisse immédiatement faire cesser ces pratiques, arrêter le numéro 08 et éventuellement poursuivre des contrevenants. Ecoutez, c'est un vrai succès puisque ça devait démarrer le 15 novembre, nous avons déjà plus de 17.000 appels au SMS, nous sommes sur un rythme d'environ 850 messages par jour, ce qui fait que le 15 novembre, quand devait démarrer officiellement le service, nous aurons déjà plus de 20.000 appels. C'est un vrai succès. Pourquoi ? Parce que ça répond à un vrai besoin des Français, et c'est pour ça que nous avons mis en place ce service.

Donc, si vous voulez signaler ce type de SMS frauduleux, 33-700. Merci monsieur Chatel d'avoir été avec nous ce matin.

Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 13 novembre