Texte intégral
J.-J. Bourdin.- On va parler écologie, bien sûr. Mais je voudrais parler de la crise et de l'initiative de N. Sarkozy qui souhaite la création d'un véritable gouvernement économique européen. Il a raison ?
C'est sûr. Cela fait longtemps que l'on le pressent et, en ce moment, cela pourra se passer parce que tout le monde doit bien en sentir la nécessité.
Et il devra en prendre la présidence, lui ?
Ecoutez, ce serait bien.
Ce serait bien alors ?
Le problème de la présidence tournante...
Il a envie, mais il ne dit pas vraiment...
Je n'en sais rien. Ce que je veux dire, c'est que le problème de la présidence tournante de l'Union européenne, c'est que tous les six mois, on change de président. Et, forcément, il y a une autorité, il y a une capacité d'influence inégale. On imagine la séquence qu'on vient d'avoir, là, aussi bien sur l'économique que sur les questions géostratégiques depuis quelques mois, heureusement, on l'a eu avec N. Sarkozy. Vous imaginez avec un chef d'Etat qui, pour toutes sortes de raisons, aurait été moins influent, avec moins d'autorité...
Le Premier ministre de Malte, par exemple...
Eh bien, ça n'aurait pas été pareil.
... Ou celle qui va succéder à la France, ce serait pas pareil, si je comprends bien ?
On n'a pas à citer de nom, à pointer les uns ou les autres. Enfin, vous imaginez juste avec quelqu'un qui a moins d'autorité, moins d'influence, qu'il s'investisse moins et qu'il mette moins de talent. Eh bien c'est un problème.
Donc, il serait bon à vos yeux qu'il prenne la présidence aussi du gouvernement économique européen ?
Il serait bon à mes yeux en tout cas que la France, et la France à travers lui, réussisse à garder de cette séquence, une influence...
Et pourquoi pas exceptionnellement prolonger la présidence de la France ? La présidence de l'Union européenne ?
C'est un peu délicat institutionnellement.
Oui, mais, à crise économique mondiale, circonstances exceptionnelles !
C'est intéressant, c'est un peu un coup d'Etat. Vous organisez ça comment ?! Vous avez des idées ?
Non, mais je vous pose la question... Je ne vois pas bien comment c'est possible. D'accord. En revanche, la présidence d'un gouvernement économique européen, c'est possible ?
C'est autre chose, parce que ce serait quelque chose de nouveau.
Il est vraiment l'initiateur au niveau mondial de la réplique à la crise, de la réponse à la crise ?
Vous le voyez bien ! Vous le voyez comment, comme tous les Français, bien sûr. L'Europe a été, à travers lui, depuis quelques mois, en capacité d'initiative, pas seulement sur la crise, d'ailleurs, souvenez-vous de la Géorgie. L'Europe a retrouvé à travers cette présidence française de l'Union européenne et ses initiatives, une visibilité et un leadership, pour parler le bon français, qui sont absolument étonnants. Cela fait des années qu'on ne l'avait pas connu.
Donc, il faut poursuivre, si je vous comprends bien, il faut poursuivre ce leadership ?
C'est évidemment bien pour l'Europe, bien pour la France. Et j'ajoute que...enfin, moi je trouve que c'est bien pour le monde, parce que ça participe de l'équilibre du monde.
Vis-à-vis des Américains ou des Chinois ou d'autres pays ?
Des Chinois ou d'autres...
Créer un fonds souverain pour aider les entreprises françaises qui seraient en difficulté, entreprises stratégiques, c'est bien, mais c'est très protectionniste, c'est souverainiste non ?
D'abord, on n'a pas à faire de l'idéologie et de "ismes" dans une période aussi bouleversée. Donc, on prend et on fait ce qui marche le mieux. Le souci, c'est qu'est-ce qui est le plus efficace ? C'est la première chose. Deuxième chose, les fonds souverains, il y a quand même beaucoup, beaucoup de pays qui sont en train d'en créer des fonds souverains et...
Chacun de son côté donc ?
Oui, et il n'y a pas de raison que ce soit ...
Pourquoi pas créer un fonds souverain européen ?
On peut imaginer aussi. Mais quand je pense aux pays qui sont en train d'en créer, je pense aux Chinois, je pense aux pays du Moyen-Orient. Tous ces gens-là sont en train de créer des fonds souverains. Il n'y a pas de raison qu'on soit plus naïf, plus bête que les autres et qu'on attende qu'il y ait éventuellement des prises de participation...
Vous avez raison. Je voudrais expliquer aux auditeurs, ce qu'est un fonds souverain. Un fonds souverain c'est un fonds qui garantit la pérennité des entreprises stratégiques d'un pays.
Non pas seulement. Un fonds souverain, c'est un fonds dans lequel un pays, à travers (lequel) s'investit dans l'économie, dans la sienne ou éventuellement dans les prises de participation dans une économie étrangère.
C'est offensif plus que défensif.
Après, on l'utilise comme on veut. Mais ça peut se passer pour soutenir sa propre économie, pour la consolider - c'est notre souhait avec ce projet là - ça peut aussi se passé en prises de participations dans des économies étrangères. C'est, par exemple, ce qu'ont envisagé certains pays dans le monde. C'est pour cela que je dis qu'on n'a pas à être naïf par rapport à ce que font les autres. Et un outil comme un fonds souverain, en ce moment, en l'occurrence, pour nous pour soutenir notre compétitivité et consolider notre industrie, bien sûr que c'est utile, bien sûr que c'est intéressant. D'ailleurs, j'observe qu'il est très bien accueilli. Finalement, les seuls commentaires qu'on a sur ce discours de N. Sarkozy, c'est un commentaire négatif, c'est : ah ! Il le dit mais il ne le fera pas. C'est toujours les mêmes qui disent ça, chaque fois parce qu'ils ne savent pas quoi dire d'autre. Ils sont en fait gênés, si vous voulez.
Dites-moi, avec les plus grands pays de la planète qui vont être réunis autour de G. Bush et de N. Sarkozy, il va prendre une nouvelle initiative à cette occasion, vous êtes au courant ?
Non, je n'ai pas... Je ne sais pas où il veut aller sur ce sujet. Mais ça bouge bien. Donc, on suivra avec intérêt.
Bon, il faudra suivre avec intérêt. Dites-moi, on est bien loin du bouclier fiscal", on est bien loin de la "croissance qu'on va chercher avec les dents", on est bien loin des crédits "hypothécaires" que N. Sarkozy voulait encourager, des "fonds de pension" qui auraient plombé nos retraites. On n'est plus dans la même politique du tout.
On est dans un monde qui est un peu bousculé, cela ne vous a pas échappé, depuis quelques semaines, quelques mois.
Mais on ne l'a pas prévu que ce monde allait être bousculé, N. Kosciusko-Morizet ?
Vous savez, la politique c'est cela aussi, c'est de pouvoir...
C'est l'heure de prévoir.
Oui enfin, c'est aussi l'art de pouvoir réagir, réagir très vite et ne pas rester les deux pieds dans le même sabot devant une configuration, un contexte économique qui change très rapidement et même très brutalement. C'est cela la politique. On ne va pas utiliser aujourd'hui, dans un contexte qui a complètement changé, des réformes ou des projets ou des recettes qui éventuellement auraient été prévus pour hier.
Est-ce que l'écologie, la lutte que nous accompagnons pour défendre notre environnement, risque de subir les conséquences de la crise ?
Je ne crois pas. Pour plusieurs raisons. D'abord, je pense que l'écologie est une forme de réponse à la crise. Parce que l'écologie est au fondement d'une nouvelle compétitivité ; la crise c'est aussi l'épuisement d'un système de production, de consommation, un système dans lequel il y a une explosion du prix des matières premières, parce qu'elles vont tout simplement en s'épuisant. Il y a une très grande variabilité des cours de l'énergie. Et l'écologie c'est la réponse à cela. C'est un système qui est moins fondé sur les matières premières, c'est les nouveaux brevets, c'est de nouveaux emplois, c'est des nouveaux marchés. Et puis par ailleurs, entre l'urgence écologique et cette crise bancaire et financière, je vois comme des échos. Cette crise, c'est une crise du "court-termisme". Une gestion à de plus en plus court terme sur des produits de plus en plus virtuels. Les dérivés de dérivés, de dérivés... les gens ne savent plus ce qu'ils font. Et l'écologie, c'est une forme de réponse à cela, parce qu'elle s'inscrit dans le long terme contre le court terme et sur des objets qui sont les besoins essentiels des sociétés humaines. On n'investit pas dans du virtuel ou de la mode, on est sur le transport propre, le logement bien isolé, l'alimentation. On est sur des choses dont on aura toujours besoin.
Sur notre survie.
Oui, sur notre survie.
Vous irez jusque là, peut-être ?
Sur nos besoin essentiels.
Sur nos besoins essentiels, bien. Alors, parlons d'écologie, N. Kosciusko-Morizet. Les députés réduisent le malus auto pour les familles nombreuses. Etes-vous d'accord ?
On est conscient depuis le début de l'émotion sur la question de la famille nombreuse.
Vous allez suivre les députés ou pas ?
Oui. Ce qu'on a tenu à dire depuis le début, et je le redis ici, c'est que dans la plage neutre du bonus, entre 130 et 160 grammes de CO2 par kilomètre, il y a plus d'une demie douzaine de modèles possibles de famille idéale. Donc, on peut d'ores et déjà acheter une famille idéale qui est dans la plage neutre du bonus. Maintenant qu'on aille plus loin et qu'on envoie un signal aux consommateurs, familles nombreuses...
Est-ce que vous êtes d'accord pour qu'ils réduisent le malus ?
Le Gouvernement s'est rallié à cette proposition-là. Cela a été dit.
Pas de taxe sur les sacs plastiques. Vous regrettez. Sacs plastiques polluants.
Il y a deux problèmes. D'abord, sur le principe, il y a trop de choses jetables ; il faut réduire, le nombre de choses jetables. Donc, quelque part cette idée va dans le bon sens. J'en comprends la logique. Le problème est le suivant : le Grenelle de l'environnement on l'a voulu partenarial, on travaille avec tout le monde, y compris avec les industriels. Hier encore, on a signé une convention pour réduire l'utilisation des ampoules à incandescence et passer le plus vite possible aux ampoules basse consommation.
2012 ?
Oui. 2012 ce sera définitif. Mais à partir de cette année, vous allez avoir de plus en plus dans les rayons de lampes basse consommation.
On ne vendra plus d'ampoule à incandescence en juin, ampoule de 100 watts.
Oui, on sort progressivement en fait du marché les ampoules à incandescence. En tout cas, cela, cela se fait avec les industriels, cela se fait en coopération avec eux.
Alors, les sacs plastiques, pas de taxe, vous le regrettez ?
Sur les sacs plastiques, le problème de la taxe, c'est qu'on était en discussion avec les industriels pour améliorer la situation... C'est un peu paradoxal, quand vous êtes en discussion avec quelqu'un, en même temps, si vous voulez, d'aller coller quelque chose sur le côté. Et puis derrière, il y a aussi une autre question, que se posent beaucoup les écologistes : c'est la pertinence du biodégradable, ce qu'on appelle le biodégradable, qui est considéré par certains milieux environnementaux comme du bio-fragmentable. Et donc il y a un débat sur son intérêt vis-à-vis de l'environnement.
Quelle est la position du Gouvernement sur les sacs plastiques ?
Le Gouvernement pour le moment est réticent sur cette histoire de taxe parce que nous on est plutôt dans une démarche de négociation avec les industriels.
Donc, pas favorables à une taxe.
Je peux faire un petit coup de pub sur les lampes basse consommation ? Les lampes basse consommation, pour tous ceux qui n'ont pas encore essayé, et qui ne sont pas encore convaincus, parce qu'en général ceux qui essayent continuent.
Chez vous, vous avez des lampes basse consommation ?
Oui, j'ai des basses. Les lampes basse consommation, c'est plus cher à l'achat, c'est vrai, mais cela dure beaucoup plus longtemps et ça consomme beaucoup moins.
Ça éclaire aussi bien ?
Ça éclaire aussi bien. Ce qui fait que sur une ampoule sur une durée de 15.000 heures, vous économisez 90 euros. C'est vrai que vous payez plus cher à l'achat, mais vous en achetez beaucoup moins souvent pour la changer, parce qu'elle dure plus longtemps, et elle consomme beaucoup moins. Donc vous économisez 90 euros sur toute la durée de vie d'une ampoule sur 15.000 heures. Cela vaut le coup. Et là, on a un partenariat avec EDF, qui va mettre des ampoules pas chères, basse consommation, sur le marché pour pouvoir lancer le marché en quelque sorte, faire accrocher un peu plus, faire s'intéresser au sujet tous ceux qui n'y sont pas encore passés.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 6 novembre 2008
C'est sûr. Cela fait longtemps que l'on le pressent et, en ce moment, cela pourra se passer parce que tout le monde doit bien en sentir la nécessité.
Et il devra en prendre la présidence, lui ?
Ecoutez, ce serait bien.
Ce serait bien alors ?
Le problème de la présidence tournante...
Il a envie, mais il ne dit pas vraiment...
Je n'en sais rien. Ce que je veux dire, c'est que le problème de la présidence tournante de l'Union européenne, c'est que tous les six mois, on change de président. Et, forcément, il y a une autorité, il y a une capacité d'influence inégale. On imagine la séquence qu'on vient d'avoir, là, aussi bien sur l'économique que sur les questions géostratégiques depuis quelques mois, heureusement, on l'a eu avec N. Sarkozy. Vous imaginez avec un chef d'Etat qui, pour toutes sortes de raisons, aurait été moins influent, avec moins d'autorité...
Le Premier ministre de Malte, par exemple...
Eh bien, ça n'aurait pas été pareil.
... Ou celle qui va succéder à la France, ce serait pas pareil, si je comprends bien ?
On n'a pas à citer de nom, à pointer les uns ou les autres. Enfin, vous imaginez juste avec quelqu'un qui a moins d'autorité, moins d'influence, qu'il s'investisse moins et qu'il mette moins de talent. Eh bien c'est un problème.
Donc, il serait bon à vos yeux qu'il prenne la présidence aussi du gouvernement économique européen ?
Il serait bon à mes yeux en tout cas que la France, et la France à travers lui, réussisse à garder de cette séquence, une influence...
Et pourquoi pas exceptionnellement prolonger la présidence de la France ? La présidence de l'Union européenne ?
C'est un peu délicat institutionnellement.
Oui, mais, à crise économique mondiale, circonstances exceptionnelles !
C'est intéressant, c'est un peu un coup d'Etat. Vous organisez ça comment ?! Vous avez des idées ?
Non, mais je vous pose la question... Je ne vois pas bien comment c'est possible. D'accord. En revanche, la présidence d'un gouvernement économique européen, c'est possible ?
C'est autre chose, parce que ce serait quelque chose de nouveau.
Il est vraiment l'initiateur au niveau mondial de la réplique à la crise, de la réponse à la crise ?
Vous le voyez bien ! Vous le voyez comment, comme tous les Français, bien sûr. L'Europe a été, à travers lui, depuis quelques mois, en capacité d'initiative, pas seulement sur la crise, d'ailleurs, souvenez-vous de la Géorgie. L'Europe a retrouvé à travers cette présidence française de l'Union européenne et ses initiatives, une visibilité et un leadership, pour parler le bon français, qui sont absolument étonnants. Cela fait des années qu'on ne l'avait pas connu.
Donc, il faut poursuivre, si je vous comprends bien, il faut poursuivre ce leadership ?
C'est évidemment bien pour l'Europe, bien pour la France. Et j'ajoute que...enfin, moi je trouve que c'est bien pour le monde, parce que ça participe de l'équilibre du monde.
Vis-à-vis des Américains ou des Chinois ou d'autres pays ?
Des Chinois ou d'autres...
Créer un fonds souverain pour aider les entreprises françaises qui seraient en difficulté, entreprises stratégiques, c'est bien, mais c'est très protectionniste, c'est souverainiste non ?
D'abord, on n'a pas à faire de l'idéologie et de "ismes" dans une période aussi bouleversée. Donc, on prend et on fait ce qui marche le mieux. Le souci, c'est qu'est-ce qui est le plus efficace ? C'est la première chose. Deuxième chose, les fonds souverains, il y a quand même beaucoup, beaucoup de pays qui sont en train d'en créer des fonds souverains et...
Chacun de son côté donc ?
Oui, et il n'y a pas de raison que ce soit ...
Pourquoi pas créer un fonds souverain européen ?
On peut imaginer aussi. Mais quand je pense aux pays qui sont en train d'en créer, je pense aux Chinois, je pense aux pays du Moyen-Orient. Tous ces gens-là sont en train de créer des fonds souverains. Il n'y a pas de raison qu'on soit plus naïf, plus bête que les autres et qu'on attende qu'il y ait éventuellement des prises de participation...
Vous avez raison. Je voudrais expliquer aux auditeurs, ce qu'est un fonds souverain. Un fonds souverain c'est un fonds qui garantit la pérennité des entreprises stratégiques d'un pays.
Non pas seulement. Un fonds souverain, c'est un fonds dans lequel un pays, à travers (lequel) s'investit dans l'économie, dans la sienne ou éventuellement dans les prises de participation dans une économie étrangère.
C'est offensif plus que défensif.
Après, on l'utilise comme on veut. Mais ça peut se passer pour soutenir sa propre économie, pour la consolider - c'est notre souhait avec ce projet là - ça peut aussi se passé en prises de participations dans des économies étrangères. C'est, par exemple, ce qu'ont envisagé certains pays dans le monde. C'est pour cela que je dis qu'on n'a pas à être naïf par rapport à ce que font les autres. Et un outil comme un fonds souverain, en ce moment, en l'occurrence, pour nous pour soutenir notre compétitivité et consolider notre industrie, bien sûr que c'est utile, bien sûr que c'est intéressant. D'ailleurs, j'observe qu'il est très bien accueilli. Finalement, les seuls commentaires qu'on a sur ce discours de N. Sarkozy, c'est un commentaire négatif, c'est : ah ! Il le dit mais il ne le fera pas. C'est toujours les mêmes qui disent ça, chaque fois parce qu'ils ne savent pas quoi dire d'autre. Ils sont en fait gênés, si vous voulez.
Dites-moi, avec les plus grands pays de la planète qui vont être réunis autour de G. Bush et de N. Sarkozy, il va prendre une nouvelle initiative à cette occasion, vous êtes au courant ?
Non, je n'ai pas... Je ne sais pas où il veut aller sur ce sujet. Mais ça bouge bien. Donc, on suivra avec intérêt.
Bon, il faudra suivre avec intérêt. Dites-moi, on est bien loin du bouclier fiscal", on est bien loin de la "croissance qu'on va chercher avec les dents", on est bien loin des crédits "hypothécaires" que N. Sarkozy voulait encourager, des "fonds de pension" qui auraient plombé nos retraites. On n'est plus dans la même politique du tout.
On est dans un monde qui est un peu bousculé, cela ne vous a pas échappé, depuis quelques semaines, quelques mois.
Mais on ne l'a pas prévu que ce monde allait être bousculé, N. Kosciusko-Morizet ?
Vous savez, la politique c'est cela aussi, c'est de pouvoir...
C'est l'heure de prévoir.
Oui enfin, c'est aussi l'art de pouvoir réagir, réagir très vite et ne pas rester les deux pieds dans le même sabot devant une configuration, un contexte économique qui change très rapidement et même très brutalement. C'est cela la politique. On ne va pas utiliser aujourd'hui, dans un contexte qui a complètement changé, des réformes ou des projets ou des recettes qui éventuellement auraient été prévus pour hier.
Est-ce que l'écologie, la lutte que nous accompagnons pour défendre notre environnement, risque de subir les conséquences de la crise ?
Je ne crois pas. Pour plusieurs raisons. D'abord, je pense que l'écologie est une forme de réponse à la crise. Parce que l'écologie est au fondement d'une nouvelle compétitivité ; la crise c'est aussi l'épuisement d'un système de production, de consommation, un système dans lequel il y a une explosion du prix des matières premières, parce qu'elles vont tout simplement en s'épuisant. Il y a une très grande variabilité des cours de l'énergie. Et l'écologie c'est la réponse à cela. C'est un système qui est moins fondé sur les matières premières, c'est les nouveaux brevets, c'est de nouveaux emplois, c'est des nouveaux marchés. Et puis par ailleurs, entre l'urgence écologique et cette crise bancaire et financière, je vois comme des échos. Cette crise, c'est une crise du "court-termisme". Une gestion à de plus en plus court terme sur des produits de plus en plus virtuels. Les dérivés de dérivés, de dérivés... les gens ne savent plus ce qu'ils font. Et l'écologie, c'est une forme de réponse à cela, parce qu'elle s'inscrit dans le long terme contre le court terme et sur des objets qui sont les besoins essentiels des sociétés humaines. On n'investit pas dans du virtuel ou de la mode, on est sur le transport propre, le logement bien isolé, l'alimentation. On est sur des choses dont on aura toujours besoin.
Sur notre survie.
Oui, sur notre survie.
Vous irez jusque là, peut-être ?
Sur nos besoin essentiels.
Sur nos besoins essentiels, bien. Alors, parlons d'écologie, N. Kosciusko-Morizet. Les députés réduisent le malus auto pour les familles nombreuses. Etes-vous d'accord ?
On est conscient depuis le début de l'émotion sur la question de la famille nombreuse.
Vous allez suivre les députés ou pas ?
Oui. Ce qu'on a tenu à dire depuis le début, et je le redis ici, c'est que dans la plage neutre du bonus, entre 130 et 160 grammes de CO2 par kilomètre, il y a plus d'une demie douzaine de modèles possibles de famille idéale. Donc, on peut d'ores et déjà acheter une famille idéale qui est dans la plage neutre du bonus. Maintenant qu'on aille plus loin et qu'on envoie un signal aux consommateurs, familles nombreuses...
Est-ce que vous êtes d'accord pour qu'ils réduisent le malus ?
Le Gouvernement s'est rallié à cette proposition-là. Cela a été dit.
Pas de taxe sur les sacs plastiques. Vous regrettez. Sacs plastiques polluants.
Il y a deux problèmes. D'abord, sur le principe, il y a trop de choses jetables ; il faut réduire, le nombre de choses jetables. Donc, quelque part cette idée va dans le bon sens. J'en comprends la logique. Le problème est le suivant : le Grenelle de l'environnement on l'a voulu partenarial, on travaille avec tout le monde, y compris avec les industriels. Hier encore, on a signé une convention pour réduire l'utilisation des ampoules à incandescence et passer le plus vite possible aux ampoules basse consommation.
2012 ?
Oui. 2012 ce sera définitif. Mais à partir de cette année, vous allez avoir de plus en plus dans les rayons de lampes basse consommation.
On ne vendra plus d'ampoule à incandescence en juin, ampoule de 100 watts.
Oui, on sort progressivement en fait du marché les ampoules à incandescence. En tout cas, cela, cela se fait avec les industriels, cela se fait en coopération avec eux.
Alors, les sacs plastiques, pas de taxe, vous le regrettez ?
Sur les sacs plastiques, le problème de la taxe, c'est qu'on était en discussion avec les industriels pour améliorer la situation... C'est un peu paradoxal, quand vous êtes en discussion avec quelqu'un, en même temps, si vous voulez, d'aller coller quelque chose sur le côté. Et puis derrière, il y a aussi une autre question, que se posent beaucoup les écologistes : c'est la pertinence du biodégradable, ce qu'on appelle le biodégradable, qui est considéré par certains milieux environnementaux comme du bio-fragmentable. Et donc il y a un débat sur son intérêt vis-à-vis de l'environnement.
Quelle est la position du Gouvernement sur les sacs plastiques ?
Le Gouvernement pour le moment est réticent sur cette histoire de taxe parce que nous on est plutôt dans une démarche de négociation avec les industriels.
Donc, pas favorables à une taxe.
Je peux faire un petit coup de pub sur les lampes basse consommation ? Les lampes basse consommation, pour tous ceux qui n'ont pas encore essayé, et qui ne sont pas encore convaincus, parce qu'en général ceux qui essayent continuent.
Chez vous, vous avez des lampes basse consommation ?
Oui, j'ai des basses. Les lampes basse consommation, c'est plus cher à l'achat, c'est vrai, mais cela dure beaucoup plus longtemps et ça consomme beaucoup moins.
Ça éclaire aussi bien ?
Ça éclaire aussi bien. Ce qui fait que sur une ampoule sur une durée de 15.000 heures, vous économisez 90 euros. C'est vrai que vous payez plus cher à l'achat, mais vous en achetez beaucoup moins souvent pour la changer, parce qu'elle dure plus longtemps, et elle consomme beaucoup moins. Donc vous économisez 90 euros sur toute la durée de vie d'une ampoule sur 15.000 heures. Cela vaut le coup. Et là, on a un partenariat avec EDF, qui va mettre des ampoules pas chères, basse consommation, sur le marché pour pouvoir lancer le marché en quelque sorte, faire accrocher un peu plus, faire s'intéresser au sujet tous ceux qui n'y sont pas encore passés.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 6 novembre 2008