Texte intégral
Monsieur le Maire, Messieurs les Présidents,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs,
En m'associant à cette inauguration, je n'ai pas seulement voulu célébrer avec vous une réussite collective de notre région, si vous me permettez cette expression, je n'ai pas voulu non plus seulement célébrer l'aboutissement d'un projet qui, avec beaucoup d'autres ici m'était cher, mais j'ai aussi voulu souligner la force de la recherche française. Une recherche qui concentre nos espoirs de progrès justement à un moment où la crise économique mondiale fait peser sur la croissance et sur le développement de nos pays, de véritables interrogations. Quand je parle des défis de fond que nous lance la recherche mondiale, je ne parle pas simplement d'aiguillonner la fierté des chercheurs, de leur envie de marquer des points face à la concurrence, je veux parler de défis globaux pour notre Nation : le défi de la croissance, le défi de la formation et le défi de la santé publique.
Le défi de la croissance, qui dépend pour l'essentiel de notre talent pour explorer les connaissances scientifiques nouvelles, pour en tirer des applications industrielles et pour renforcer notre compétitivité.
Le défi de la formation, qui déterminera la place de notre pays dans la mondialisation, et qui ne peut plus - et vous le savez depuis très longtemps, vous qui ici travaillez dans un CHU - se concevoir sans un contact très étroit avec la recherche.
Et enfin, le défi de la santé publique, qui, avec l'allongement de la vie, avec la hausse des dépenses de santé, s'annonce comme un des défis les plus cruciaux de notre temps.
Je veux saluer à Nantes une France qui va justement au devant de ces défis ; qui mise sur ses secteurs de pointe, qui mise sur leurs performances ; une France qui prouve sa volonté d'investir sur l'avenir, et je veux le dire à tous ceux qui ont dans leurs cartons des projets comparables à celui du Cyclotron, et qui hésiteraient à les lancer : je pense que c'est justement quand l'incertitude plane sur la faisabilité de certains investissements que la prime doit aller à l'audace et aux visions à long terme !
C'est maintenant, c'est plus que jamais maintenant, que la France doit se battre, doit innover et doit s'élancer.
Je veux saluer les initiateurs de ce projet, la communauté scientifique nantaise, les collectivités locales, la région, le département, la ville et la métropole, les régions voisines, la ville d'Angers, l'Etat, l'Europe. Je veux saluer tous ceux qui y ont cru, tous ceux qui l'ont accompagné, tous ceux qui l'ont permis - et vous me permettrez d'avoir un mot tout particulier pour Jean-Luc Harousseau, qui a pris une part très active à chaque étape de ce projet, et qui a fait partie de ceux qui ont permis de convaincre, de la nécessité d'engager notre effort autour de cet investissement.
Je veux saluer le conseil scientifique international qui doit le suivre, et son président, le professeur Cortens.
Je veux saluer l'inauguration de ce cyclotron Arronax, pour toutes les perspectives médicales qu'elle ouvre, et pour le geste de confiance qu'elle symbolise.
Je n'ai évidement rien à ajouter à la description très complète qui a été faite de cet équipement. Je veux simplement retenir :
1) que ce cyclotron offre à ses utilisateurs un instrument qui est inédit en France et en Europe ; et on l'a vu tout à l'heure, sur d'autres continents.
2) que cette puissance du cyclotron Arronax est la clé pour produire des radio-isotopes nouveaux ;
3) et que ces radio-isotopes, à leur tour, autorisent des applications médicales très innovantes et très prometteuses.
Moi, je suis comme beaucoup de Français, quand on me décrit, comme on l'a fait ce matin, les dernières techniques d'imagerie et de thérapie ; quand on m'explique qu'on va pouvoir créer un élément radioactif et l'associer à un anticorps pour cibler une cellule cancéreuse et la détruire, je veux dire que ce qui caractérise mon état lorsque j'entends ces descriptions, c'est un émerveillement qui élargit ma vision du progrès et qui renforce ma foi dans le génie humain.
Je crois que l'image de la science a besoin de cet enthousiasme, qu'elle le mérite. Plus on expliquera ce que vous faites, et mieux les Français comprendront que vos équipes sont en train de programmer des mutations extrêmement profondes qui vont changer nos modes de vie, qui vont changer les traitements, qui vont changer le suivi de la santé de nos concitoyens.
Vous savez la détermination qui est celle du Gouvernement et du Président de la République à placer la France à la pointe de tous les combats pour la vie.
Vous savez aussi qu'en 25 ans le nombre de nouveaux cas de cancer a pratiquement doublé dans notre pays, faisant de cette maladie aujourd'hui la première cause de décès.
Lancé contre cette évolution dramatique, le plan cancer 2003-2007 a bousculé les esprits et les pratiques ; il a permis des avancées considérables et une réalisation comme Arronax en est emblématique. Elle est emblématique du souffle nouveau que cette initiative a su créer.
Le président de la République a souhaité récemment que ce plan cancer soit relancé et qu'il soit amplifié ; nous avons demandé au professeur Grünfeld d'émettre, pour le début de l'année 2009, des recommandations dans la logique desquelles vos travaux s'inscrivent déjà.
Des diagnostics plus précoces et plus précis, des radiothérapies par voie veineuse, bientôt alpha-immunothérapies - dont l'équipe de Jean-François Chatal est justement la pionnière en France, et dont la première étude clinique pourrait survenir dans les prochaines années : je pense que ces applications sont dignes de Jules Verne, dont un personnage - comme chacun l'a remarqué - donne son nom au cyclotron.
Elles sont dignes de l'inventivité et de l'optimisme du romancier nantais.
Elles sont dignes d'une ville entreprenante qui accueille la première université en région ; elles sont dignes d'une université qui a clarifié, monsieur le président, de manière très positive son projet d'établissement pour émerger dans le paysage français, et qui a reçu récemment le label de « campus prometteur » qui va lui permettre de concourir à nouveau pour la mise en oeuvre d'investissements importants. J'ai bien entendu tout à l'heure le discours du président de l'université. Il y a une compétition ; si vous êtes allés chercher les meilleurs scientifiques, y compris les meilleurs scientifiques étrangers aujourd'hui pour présenter ce projet, c'est parce que vous êtes allés chercher les meilleurs. Et il y a des concours pour choisir les enseignants ; il y a des concours à la fin des études ou au début des études universitaires, il y a des examens ; il y a des concours aussi pour attribuer les crédits exceptionnels aux universités et c'est de cette compétition là que naîtront des progrès, cette compétition qui existe partout, elle tire le système universitaire vers le haut, et je suis heureux de voir que l'université de Nantes est entrée de plain pied dans cette compétition. L'université de Nantes comme les collectivités territoriales ont fait, avec ce projet Arronax, la démonstration que l'ensemble de notre région Ouest a bien fait de la recherche, de l'innovation, de la formation, ses priorités premières.
Le cyclotron Arronax n'ouvre pas seulement de nouvelles perspectives médicales.
Il doit aussi dynamiser la recherche concernant les effets du rayonnement sur la matière, avec des débouchés, on l'a dit, sur le confinement des déchets nucléaires, qui est évidemment pour notre pays une question absolument vitale, sur la résistance des équipements électroniques.
Autant d'usages qui situent cet équipement à la confluence de la recherche pure, de la médecine et des applications industrielles.
Cette notion de confluence est absolument capitale.
Plus la recherche progresse, et plus ses besoins techniques et financiers grimpent en flèche. Plus nos ambitions croissent, et plus le besoin de recourir à des équipes complémentaires se fait jour.
Aujourd'hui, plus les années passent, et plus le besoin de synergie des moyens se fait sentir.
Je pense que la crise agit comme un révélateur sur cette vérité simple : nous ne ferons plus rien de grand aujourd'hui sans consentir à une logique de solidarité, de solidarité administrative, de solidarité financière, de convergence des volontés.
Ne croyez pas que l'État, en refusant d'assumer seul les rôles de financier et de maître d'oeuvre qui ont longtemps été les siens, signe un abandon de la recherche, c'est même exactement le contraire.
Dans un budget, dont chacun a pu constater qu'il était extrêmement serré, il y a un seul poste qui augmente de façon considérable, et qui dessine une priorité absolue l'action de mon Gouvernement : c'est celui de la Recherche et de l'Enseignement supérieur.
D'ici à 2012, c'est 15 milliards d'euros de crédits budgétaires supplémentaires qui y seront affectés. Et c'est un peu plus de 5 milliards de crédits exceptionnels qui y seront consacrés à travers le "Plan Campus".
Mais ces 20 milliards ne signifient pas que l'on veuille ni que l'on puisse revenir à une logique centralisatrice ! Je n'ai pas changé de discours. Depuis de années, je plaide pour que des partenariats se bâtissent dans le domaine universitaire, et justement dans le cadre nouveau de l'autonomie. Nous aurons 20 universités qui s'engageront dès le 1er janvier 2009 dans ce nouveau cadre de l'autonomie. Elles seront suivies rapidement en 2010 de beaucoup d'autres.
Je plaide pour que les entreprises et les universités apprennent à utiliser le réservoir de croissance et de développement qu'elles représentent les unes pour les autres.
Je plaide pour que les collectivités locales appuient les efforts de ces universités vers l'excellence internationale, comme c'est justement le cas ici avec cet équipement.
Je plaide pour que des organismes de statut et de niveau différents entrent dans une logique de collaboration plus lisible et plus efficace. Et c'est la raison pour laquelle, je vois un signe très encourageant dans le montage qui a prévalu ici à Nantes.
On l'a dit, il a rassemblé les financements de l'État, du FEDER, de la région des Pays de la Loire mais aussi des régions Bretagne, Poitou-Charentes, des départements de la Loire-Atlantique, du Maine-et-Loire, des communautés urbaines de Nantes et d'Angers métropole.
Et demain, autour de son exploitation, il va continuer de réunir le CNRS, l'INSERM, le CHU, l'Université, l'Ecole des Mines de Nantes, et le Centre régional de lutte contre le cancer, qui se sont fédérés, en juillet 2007, au sein de ce groupement d'intérêt public.
Il prévoit d'ores et déjà d'associer ce grand équipement de recherche à des projets industriels pour la fabrication de radio-isotopes spécifiques - je pense notamment, au leader mondial, le groupe belge IBA, et à sa filiale CIS Bio International.
Moi je veux rendre un hommage tout particulier au pragmatisme et à l'esprit d'efficacité de tous ces acteurs ! Mais je veux dire aussi qu'il faut tirer de ces expériences des idées utiles pour faire évoluer la recherche biomédicale dans notre pays.
Aujourd'hui, l'excellent niveau global de cette recherche contraste avec la diversité, pour ne pas dire, dans certains cas, la dispersion, de ses acteurs : le CNRS, le Commissariat à l'Energie Atomique, les Universités, les CHU, les agences spécialisées, les agences généralistes, les associations, les fondations, et bien sûr, l'INSERM qui a le rôle de coordonner cet ensemble.
Je pense que la préservation de notre excellence en matière de recherche biomédicale, passe par une mise en cohérence de l'ensemble de ces acteurs, en particulier si nous voulons rester au top dans la compétition internationale. Et je veux dire que nous ne ferons pas l'économie d'une réflexion sur l'adéquation de notre recherche avec les principaux besoins exprimés par la société, en termes de santé, de sécurité sanitaire, de sécurité environnementale, de qualité de vie. De même que nous ne ferons pas l'économie d'une optimisation des structures de cette recherche biomédicale.
Je me souviens qu'en 1993, j'avais tenté de créer ce qu'on appelait la Coordination des sciences du vivant, en essayant de mettre un peu d'argent pour inciter les acteurs à travailler ensemble. Bon, ça évolue. Depuis, il s'est passé beaucoup de choses, mais enfin ça évolue quand même à une vitesse qui est plus proche de la tectonique des plaques que de celle qu'on attendrait d'organismes aussi dynamiques par ailleurs dans leur créativité et leur imagination. Bien entendu, il ne s'agit pas de remplacer un système caractérisé par une très grande diversité par un système uniforme. Mais enfin, il faut essayer de trouver de meilleurs moyens de mettre en cohérence nos équipes, nos besoins, nos objectifs.
Je sais bien que c'est une évolution délicate ; je sais aussi que tant que nous aurons en France d'excellentes équipes de recherche, de très bons équipements, comme celui que nous venons d'inaugurer, il ne serait pas responsable de laisser leur potentiel se perdre dans un enchevêtrement institutionnel stérile dont les acteurs de terrain disent eux-mêmes combien il leur consomme un temps précieux, qui devrait être totalement employé à la recherche et à la formation.
Le Gouvernement s'est engagé à lever ces freins administratifs qui alourdissaient les travaux de recherche.
Eh bien, je compte sur vous pour contribuer aussi à dénouer les complexités d'un système qui pénalise le quotidien des chercheurs.
Je sais en particulier, pour revenir à des considérations très pratiques, que le CHU de Nantes doit procéder à sa réorganisation. Les décisions du ministre de la Santé sur les contours précis des regroupements géographiques ne se prendront qu'à la lumière des études qui sont menées actuellement par ses services, études dont les résultats devraient être connus au début de l'année prochaine. Mais dans tous les cas, il faut que les synergies indispensables entre les chercheurs, les médecins et les industriels soient assurées par ce projet de réorganisation.
Mesdames et messieurs,
Les grandes infrastructures de recherche servent, à un coût qui est un coût élevé, de larges communautés scientifiques.
Elles représentent donc un enjeu évident pour l'aménagement des territoires, et pour le rayonnement international de notre pays.
Les régions doivent un soutien aux initiatives venues du terrain pour les faire naître.
L'État leur doit un travail de mise en cohérence et de planification.
Nous avons avec la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, réaffirmé récemment tout l'intérêt qu'il y aurait pour la France à se doter d'une véritable visibilité nationale sur le sujet des grandes infrastructures de recherche.
Notre pays doit être prêt à alimenter au mieux la feuille de route européenne qui a mise en place il y a quelques années, et qui vise au fond à essayer de fixer des objectifs de long terme, sur ce que l'Europe doit pouvoir accueillir en matière de grands équipements scientifiques, et voir en même temps où est-ce qu'ils doivent être positionnés pour être les plus efficaces par rapport aux équipes qui existent, par rapport aux potentialités des territoires.
Je crois à l'utilité de catégoriser les chantiers importants ; de mesurer leur pertinence scientifique ; d'évaluer méthodiquement leur ouverture sur la formation et l'impact industriel et économique local. Et en attendant l'aboutissement de cette démarche, c'est avec beaucoup de fierté que je suis venu aujourd'hui, à Nantes, ?? l'inauguration d'un équipement de recherche qui est un équipement de recherche d'une classe mondiale.
Je voudrais terminer par là en disant que dans cette situation économique difficile que traverse l'Europe, que traverse l'ensemble des pays développés, il y a un lien entre la démarche que nous avons entreprise pour sauver un système financier qui était en train de s'effondrer, la démarche qui a consisté à mettre en place des outils pragmatiques permettant d'intervenir dans les grandes restructurations industrielles. Et je voudrais à ce propos saluer l'aboutissement des efforts qui ont été conduits depuis plusieurs mois pour mettre hors de danger les Chantiers de l'Atlantique, avec une prise de participation de l'Etat qui finalement sera de 33, même un peu plus de 33 %, et qui permettra à l'Etat, avec le groupe Alstom, de bénéficier de la force nécessaire pour s'assurer de l'avenir à long terme de ces Chantiers de l'Atlantique. D'autant que dans l'accord qui a été signé il y a maintenant quelques heures, une clause très importante de non concurrence a été négociée, qui aboutit à ce que les paquebots ne puissent être construits, à l'intérieur du groupe considérable qui désormais est propriétaire de ces Chantiers, que sur le site de Saint-Nazaire.
Et enfin, les efforts que nous faisons pour promouvoir la recherche et la formation. Il y a là un lien entre ces efforts qui constituent une réponse globale à la crise que nous rencontrons.
Mesdames et messieurs, les innovations de la technique nous rendent plus performants ; l'investissement nous rend plus forts pour affronter les défis de l'époque. Je compte sur le cyclotron de Saint-Herblain, Monsieur le maire, pour dynamiser l'ensemble de la recherche française contre le cancer, et pour conforter l'attrait, qui est déjà extrêmement fort, de cette région à laquelle nous sommes attachés, cette région de l'Ouest français dans le domaine biomédical.
Je connais particulièrement l'excellence des équipes qui oeuvrent ici. Je veux vous dire que j'ai une totale confiance dans votre engagement collectif, et que je crois dans vos succès futurs.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 20 novembre 2008
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs,
En m'associant à cette inauguration, je n'ai pas seulement voulu célébrer avec vous une réussite collective de notre région, si vous me permettez cette expression, je n'ai pas voulu non plus seulement célébrer l'aboutissement d'un projet qui, avec beaucoup d'autres ici m'était cher, mais j'ai aussi voulu souligner la force de la recherche française. Une recherche qui concentre nos espoirs de progrès justement à un moment où la crise économique mondiale fait peser sur la croissance et sur le développement de nos pays, de véritables interrogations. Quand je parle des défis de fond que nous lance la recherche mondiale, je ne parle pas simplement d'aiguillonner la fierté des chercheurs, de leur envie de marquer des points face à la concurrence, je veux parler de défis globaux pour notre Nation : le défi de la croissance, le défi de la formation et le défi de la santé publique.
Le défi de la croissance, qui dépend pour l'essentiel de notre talent pour explorer les connaissances scientifiques nouvelles, pour en tirer des applications industrielles et pour renforcer notre compétitivité.
Le défi de la formation, qui déterminera la place de notre pays dans la mondialisation, et qui ne peut plus - et vous le savez depuis très longtemps, vous qui ici travaillez dans un CHU - se concevoir sans un contact très étroit avec la recherche.
Et enfin, le défi de la santé publique, qui, avec l'allongement de la vie, avec la hausse des dépenses de santé, s'annonce comme un des défis les plus cruciaux de notre temps.
Je veux saluer à Nantes une France qui va justement au devant de ces défis ; qui mise sur ses secteurs de pointe, qui mise sur leurs performances ; une France qui prouve sa volonté d'investir sur l'avenir, et je veux le dire à tous ceux qui ont dans leurs cartons des projets comparables à celui du Cyclotron, et qui hésiteraient à les lancer : je pense que c'est justement quand l'incertitude plane sur la faisabilité de certains investissements que la prime doit aller à l'audace et aux visions à long terme !
C'est maintenant, c'est plus que jamais maintenant, que la France doit se battre, doit innover et doit s'élancer.
Je veux saluer les initiateurs de ce projet, la communauté scientifique nantaise, les collectivités locales, la région, le département, la ville et la métropole, les régions voisines, la ville d'Angers, l'Etat, l'Europe. Je veux saluer tous ceux qui y ont cru, tous ceux qui l'ont accompagné, tous ceux qui l'ont permis - et vous me permettrez d'avoir un mot tout particulier pour Jean-Luc Harousseau, qui a pris une part très active à chaque étape de ce projet, et qui a fait partie de ceux qui ont permis de convaincre, de la nécessité d'engager notre effort autour de cet investissement.
Je veux saluer le conseil scientifique international qui doit le suivre, et son président, le professeur Cortens.
Je veux saluer l'inauguration de ce cyclotron Arronax, pour toutes les perspectives médicales qu'elle ouvre, et pour le geste de confiance qu'elle symbolise.
Je n'ai évidement rien à ajouter à la description très complète qui a été faite de cet équipement. Je veux simplement retenir :
1) que ce cyclotron offre à ses utilisateurs un instrument qui est inédit en France et en Europe ; et on l'a vu tout à l'heure, sur d'autres continents.
2) que cette puissance du cyclotron Arronax est la clé pour produire des radio-isotopes nouveaux ;
3) et que ces radio-isotopes, à leur tour, autorisent des applications médicales très innovantes et très prometteuses.
Moi, je suis comme beaucoup de Français, quand on me décrit, comme on l'a fait ce matin, les dernières techniques d'imagerie et de thérapie ; quand on m'explique qu'on va pouvoir créer un élément radioactif et l'associer à un anticorps pour cibler une cellule cancéreuse et la détruire, je veux dire que ce qui caractérise mon état lorsque j'entends ces descriptions, c'est un émerveillement qui élargit ma vision du progrès et qui renforce ma foi dans le génie humain.
Je crois que l'image de la science a besoin de cet enthousiasme, qu'elle le mérite. Plus on expliquera ce que vous faites, et mieux les Français comprendront que vos équipes sont en train de programmer des mutations extrêmement profondes qui vont changer nos modes de vie, qui vont changer les traitements, qui vont changer le suivi de la santé de nos concitoyens.
Vous savez la détermination qui est celle du Gouvernement et du Président de la République à placer la France à la pointe de tous les combats pour la vie.
Vous savez aussi qu'en 25 ans le nombre de nouveaux cas de cancer a pratiquement doublé dans notre pays, faisant de cette maladie aujourd'hui la première cause de décès.
Lancé contre cette évolution dramatique, le plan cancer 2003-2007 a bousculé les esprits et les pratiques ; il a permis des avancées considérables et une réalisation comme Arronax en est emblématique. Elle est emblématique du souffle nouveau que cette initiative a su créer.
Le président de la République a souhaité récemment que ce plan cancer soit relancé et qu'il soit amplifié ; nous avons demandé au professeur Grünfeld d'émettre, pour le début de l'année 2009, des recommandations dans la logique desquelles vos travaux s'inscrivent déjà.
Des diagnostics plus précoces et plus précis, des radiothérapies par voie veineuse, bientôt alpha-immunothérapies - dont l'équipe de Jean-François Chatal est justement la pionnière en France, et dont la première étude clinique pourrait survenir dans les prochaines années : je pense que ces applications sont dignes de Jules Verne, dont un personnage - comme chacun l'a remarqué - donne son nom au cyclotron.
Elles sont dignes de l'inventivité et de l'optimisme du romancier nantais.
Elles sont dignes d'une ville entreprenante qui accueille la première université en région ; elles sont dignes d'une université qui a clarifié, monsieur le président, de manière très positive son projet d'établissement pour émerger dans le paysage français, et qui a reçu récemment le label de « campus prometteur » qui va lui permettre de concourir à nouveau pour la mise en oeuvre d'investissements importants. J'ai bien entendu tout à l'heure le discours du président de l'université. Il y a une compétition ; si vous êtes allés chercher les meilleurs scientifiques, y compris les meilleurs scientifiques étrangers aujourd'hui pour présenter ce projet, c'est parce que vous êtes allés chercher les meilleurs. Et il y a des concours pour choisir les enseignants ; il y a des concours à la fin des études ou au début des études universitaires, il y a des examens ; il y a des concours aussi pour attribuer les crédits exceptionnels aux universités et c'est de cette compétition là que naîtront des progrès, cette compétition qui existe partout, elle tire le système universitaire vers le haut, et je suis heureux de voir que l'université de Nantes est entrée de plain pied dans cette compétition. L'université de Nantes comme les collectivités territoriales ont fait, avec ce projet Arronax, la démonstration que l'ensemble de notre région Ouest a bien fait de la recherche, de l'innovation, de la formation, ses priorités premières.
Le cyclotron Arronax n'ouvre pas seulement de nouvelles perspectives médicales.
Il doit aussi dynamiser la recherche concernant les effets du rayonnement sur la matière, avec des débouchés, on l'a dit, sur le confinement des déchets nucléaires, qui est évidemment pour notre pays une question absolument vitale, sur la résistance des équipements électroniques.
Autant d'usages qui situent cet équipement à la confluence de la recherche pure, de la médecine et des applications industrielles.
Cette notion de confluence est absolument capitale.
Plus la recherche progresse, et plus ses besoins techniques et financiers grimpent en flèche. Plus nos ambitions croissent, et plus le besoin de recourir à des équipes complémentaires se fait jour.
Aujourd'hui, plus les années passent, et plus le besoin de synergie des moyens se fait sentir.
Je pense que la crise agit comme un révélateur sur cette vérité simple : nous ne ferons plus rien de grand aujourd'hui sans consentir à une logique de solidarité, de solidarité administrative, de solidarité financière, de convergence des volontés.
Ne croyez pas que l'État, en refusant d'assumer seul les rôles de financier et de maître d'oeuvre qui ont longtemps été les siens, signe un abandon de la recherche, c'est même exactement le contraire.
Dans un budget, dont chacun a pu constater qu'il était extrêmement serré, il y a un seul poste qui augmente de façon considérable, et qui dessine une priorité absolue l'action de mon Gouvernement : c'est celui de la Recherche et de l'Enseignement supérieur.
D'ici à 2012, c'est 15 milliards d'euros de crédits budgétaires supplémentaires qui y seront affectés. Et c'est un peu plus de 5 milliards de crédits exceptionnels qui y seront consacrés à travers le "Plan Campus".
Mais ces 20 milliards ne signifient pas que l'on veuille ni que l'on puisse revenir à une logique centralisatrice ! Je n'ai pas changé de discours. Depuis de années, je plaide pour que des partenariats se bâtissent dans le domaine universitaire, et justement dans le cadre nouveau de l'autonomie. Nous aurons 20 universités qui s'engageront dès le 1er janvier 2009 dans ce nouveau cadre de l'autonomie. Elles seront suivies rapidement en 2010 de beaucoup d'autres.
Je plaide pour que les entreprises et les universités apprennent à utiliser le réservoir de croissance et de développement qu'elles représentent les unes pour les autres.
Je plaide pour que les collectivités locales appuient les efforts de ces universités vers l'excellence internationale, comme c'est justement le cas ici avec cet équipement.
Je plaide pour que des organismes de statut et de niveau différents entrent dans une logique de collaboration plus lisible et plus efficace. Et c'est la raison pour laquelle, je vois un signe très encourageant dans le montage qui a prévalu ici à Nantes.
On l'a dit, il a rassemblé les financements de l'État, du FEDER, de la région des Pays de la Loire mais aussi des régions Bretagne, Poitou-Charentes, des départements de la Loire-Atlantique, du Maine-et-Loire, des communautés urbaines de Nantes et d'Angers métropole.
Et demain, autour de son exploitation, il va continuer de réunir le CNRS, l'INSERM, le CHU, l'Université, l'Ecole des Mines de Nantes, et le Centre régional de lutte contre le cancer, qui se sont fédérés, en juillet 2007, au sein de ce groupement d'intérêt public.
Il prévoit d'ores et déjà d'associer ce grand équipement de recherche à des projets industriels pour la fabrication de radio-isotopes spécifiques - je pense notamment, au leader mondial, le groupe belge IBA, et à sa filiale CIS Bio International.
Moi je veux rendre un hommage tout particulier au pragmatisme et à l'esprit d'efficacité de tous ces acteurs ! Mais je veux dire aussi qu'il faut tirer de ces expériences des idées utiles pour faire évoluer la recherche biomédicale dans notre pays.
Aujourd'hui, l'excellent niveau global de cette recherche contraste avec la diversité, pour ne pas dire, dans certains cas, la dispersion, de ses acteurs : le CNRS, le Commissariat à l'Energie Atomique, les Universités, les CHU, les agences spécialisées, les agences généralistes, les associations, les fondations, et bien sûr, l'INSERM qui a le rôle de coordonner cet ensemble.
Je pense que la préservation de notre excellence en matière de recherche biomédicale, passe par une mise en cohérence de l'ensemble de ces acteurs, en particulier si nous voulons rester au top dans la compétition internationale. Et je veux dire que nous ne ferons pas l'économie d'une réflexion sur l'adéquation de notre recherche avec les principaux besoins exprimés par la société, en termes de santé, de sécurité sanitaire, de sécurité environnementale, de qualité de vie. De même que nous ne ferons pas l'économie d'une optimisation des structures de cette recherche biomédicale.
Je me souviens qu'en 1993, j'avais tenté de créer ce qu'on appelait la Coordination des sciences du vivant, en essayant de mettre un peu d'argent pour inciter les acteurs à travailler ensemble. Bon, ça évolue. Depuis, il s'est passé beaucoup de choses, mais enfin ça évolue quand même à une vitesse qui est plus proche de la tectonique des plaques que de celle qu'on attendrait d'organismes aussi dynamiques par ailleurs dans leur créativité et leur imagination. Bien entendu, il ne s'agit pas de remplacer un système caractérisé par une très grande diversité par un système uniforme. Mais enfin, il faut essayer de trouver de meilleurs moyens de mettre en cohérence nos équipes, nos besoins, nos objectifs.
Je sais bien que c'est une évolution délicate ; je sais aussi que tant que nous aurons en France d'excellentes équipes de recherche, de très bons équipements, comme celui que nous venons d'inaugurer, il ne serait pas responsable de laisser leur potentiel se perdre dans un enchevêtrement institutionnel stérile dont les acteurs de terrain disent eux-mêmes combien il leur consomme un temps précieux, qui devrait être totalement employé à la recherche et à la formation.
Le Gouvernement s'est engagé à lever ces freins administratifs qui alourdissaient les travaux de recherche.
Eh bien, je compte sur vous pour contribuer aussi à dénouer les complexités d'un système qui pénalise le quotidien des chercheurs.
Je sais en particulier, pour revenir à des considérations très pratiques, que le CHU de Nantes doit procéder à sa réorganisation. Les décisions du ministre de la Santé sur les contours précis des regroupements géographiques ne se prendront qu'à la lumière des études qui sont menées actuellement par ses services, études dont les résultats devraient être connus au début de l'année prochaine. Mais dans tous les cas, il faut que les synergies indispensables entre les chercheurs, les médecins et les industriels soient assurées par ce projet de réorganisation.
Mesdames et messieurs,
Les grandes infrastructures de recherche servent, à un coût qui est un coût élevé, de larges communautés scientifiques.
Elles représentent donc un enjeu évident pour l'aménagement des territoires, et pour le rayonnement international de notre pays.
Les régions doivent un soutien aux initiatives venues du terrain pour les faire naître.
L'État leur doit un travail de mise en cohérence et de planification.
Nous avons avec la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, réaffirmé récemment tout l'intérêt qu'il y aurait pour la France à se doter d'une véritable visibilité nationale sur le sujet des grandes infrastructures de recherche.
Notre pays doit être prêt à alimenter au mieux la feuille de route européenne qui a mise en place il y a quelques années, et qui vise au fond à essayer de fixer des objectifs de long terme, sur ce que l'Europe doit pouvoir accueillir en matière de grands équipements scientifiques, et voir en même temps où est-ce qu'ils doivent être positionnés pour être les plus efficaces par rapport aux équipes qui existent, par rapport aux potentialités des territoires.
Je crois à l'utilité de catégoriser les chantiers importants ; de mesurer leur pertinence scientifique ; d'évaluer méthodiquement leur ouverture sur la formation et l'impact industriel et économique local. Et en attendant l'aboutissement de cette démarche, c'est avec beaucoup de fierté que je suis venu aujourd'hui, à Nantes, ?? l'inauguration d'un équipement de recherche qui est un équipement de recherche d'une classe mondiale.
Je voudrais terminer par là en disant que dans cette situation économique difficile que traverse l'Europe, que traverse l'ensemble des pays développés, il y a un lien entre la démarche que nous avons entreprise pour sauver un système financier qui était en train de s'effondrer, la démarche qui a consisté à mettre en place des outils pragmatiques permettant d'intervenir dans les grandes restructurations industrielles. Et je voudrais à ce propos saluer l'aboutissement des efforts qui ont été conduits depuis plusieurs mois pour mettre hors de danger les Chantiers de l'Atlantique, avec une prise de participation de l'Etat qui finalement sera de 33, même un peu plus de 33 %, et qui permettra à l'Etat, avec le groupe Alstom, de bénéficier de la force nécessaire pour s'assurer de l'avenir à long terme de ces Chantiers de l'Atlantique. D'autant que dans l'accord qui a été signé il y a maintenant quelques heures, une clause très importante de non concurrence a été négociée, qui aboutit à ce que les paquebots ne puissent être construits, à l'intérieur du groupe considérable qui désormais est propriétaire de ces Chantiers, que sur le site de Saint-Nazaire.
Et enfin, les efforts que nous faisons pour promouvoir la recherche et la formation. Il y a là un lien entre ces efforts qui constituent une réponse globale à la crise que nous rencontrons.
Mesdames et messieurs, les innovations de la technique nous rendent plus performants ; l'investissement nous rend plus forts pour affronter les défis de l'époque. Je compte sur le cyclotron de Saint-Herblain, Monsieur le maire, pour dynamiser l'ensemble de la recherche française contre le cancer, et pour conforter l'attrait, qui est déjà extrêmement fort, de cette région à laquelle nous sommes attachés, cette région de l'Ouest français dans le domaine biomédical.
Je connais particulièrement l'excellence des équipes qui oeuvrent ici. Je veux vous dire que j'ai une totale confiance dans votre engagement collectif, et que je crois dans vos succès futurs.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 20 novembre 2008