Déclaration de Mme Valérie Létard, secrétaire d'Etat à la solidarité, sur l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et la lutte contre les stéréotypes, Lille le 14 novembre 2008.

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Circonstance : Clôture de la conférence européenne sur l'égalité professionnelle à Lille le 14 novembre 2008

Texte intégral


Je tiens à vous remercier d'être venus si nombreux et d'avoir pu ainsi contribuer au succès de cette rencontre qui repose avant tout sur la richesse et l'intérêt des échanges que vous avez pu avoir durant ces deux jours.
Je souhaite que vous puissiez repartir avec des éléments concrets : des exemples de bonnes pratiques, des pistes pour parvenir à une égalité professionnelle effective entre les hommes et les femmes et la preuve que des progrès sont réalisables.
En fixant le taux d'emploi des femmes de 15 à 65 ans à 60 % à l'horizon 2010, les objectifs de Lisbonne ont clairement souligné l'enjeu économique de l'activité professionnelle des femmes. La moyenne de 58,3 % en 2007 témoigne des progrès accomplis.
Le meilleur taux de réussite scolaire et universitaire des filles pourrait laisser espérer une égale présence des femmes sur le marché du travail et aux postes de décisions.
Or, les indicateurs de ségrégation sur le marché du travail, de rémunération et de présence de femmes aux postes décisionnels ne signalent que peu de progrès depuis plusieurs années.
Vos travaux l'ont montré, c'est d'abord le choix dans l'orientation des jeunes filles qui doit être étendu et diversifié. Les constats qui ont été faits sur les parcours scolaires des filles et des garçons sont similaires dans l'Europe des 27. Les stéréotypes et clichés pèsent encore de tout leur poids et constituent des obstacles tenaces à la mixité des activités.
La première table ronde nous a montré combien ils étaient tenaces dans l'esprit de nos enfants, mais aussi des parents, des enseignants et des conseillers d'éducation. Madame Sofie CARSTEN NIELSEN l'a démontré efficacement.
Des initiatives nous ont été présentées pour lutter dès le plus jeune âge sur ces stéréotypes notamment au Danemark grâce à des livres et des formations aux éducateurs.
Tous les intervenants l'ont affirmé à juste titre : il faut donner la possibilité aux filles de choisir d'autres voies que celles traditionnellement offertes.
A cet égard, je souhaiterais souligner, comme le prévoit le programme d'action de Pékin, l'importance des indicateurs qui permettent de rendre compte de la qualité de l'image des femmes dans les médias. Vous savez que cette question me tient à coeur, et je partage avec Michèle REISER, qui m'a remis un rapport à ce sujet, la conviction qu'un outil de « monitoring » des médias serait très utile pour encourager les professionnels à s'autoréguler et éviter l'inacceptable décalage entre les stéréotypes qui continuent à s'appliquer à la représentation des femmes et la place réelle qu'elles occupent dans la société.
Les entreprises, surtout les grandes entreprises, font des efforts, comme l'a démontré Marianne NAUD de la société AREVA, mais il reste à aborder la question essentielle de la place des femmes dans les instances de direction. Le rapport de la commission européenne sur l'égalité entre les hommes et les femmes 2008 confirme que la présence de femmes dirigeantes dans les entreprises stagne à 33 %. Là encore, des mesures s'imposent. L'expérience norvégienne d'instauration d'un quota de 40 %, grâce à la loi votée en 2005, a produit ses effets, comme nous l'a rappelé Madame Hilde BAUTZ HOLTER GEVING : en 2007, il y a 28,8 % de femmes dans les Conseils d'administration, alors qu'elles étaient en dessous de 10 % en 2004.
Si les taux d'emploi prévus par les objectifs de Lisbonne sont près d'être atteints dans l'ensemble des pays de l'Union européenne, la plupart des intervenants ont souligné qu'il fallait agir désormais sur la qualité des emplois ainsi que sur l'accompagnement du retour à l'emploi.
Pour l'Allemagne, Eva Maria WELSKOP-DEFFAA et Eva Maria Roer nous ont présenté différentes mesures qui font bouger la société pour le partage des responsabilités parentales entre les hommes et les femmes. La réforme du congé parental en Allemagne, par exemple, fait l'objet d'un premier bilan positif.
Chacun s'est accordé à reconnaître que le travail à temps partiel était l'une des principales explications des écarts salariaux. Une expérience de groupement d'employeur dans le secteur de l'enfance est apparue comme une réponse pour lutter contre le temps partiel contraint.
L'égalité dans l'emploi ne peut se réaliser sans parvenir à combler les différences salariales entre hommes et femmes : au niveau européen, la différence de rémunération stagne aux alentours de 15 % depuis 2003.
La Commission a montré son plein engagement à mettre tout en oeuvre pour combattre cet écart de rémunération entre les femmes et les hommes dans une Communication adoptée le 18 juillet 2007. Nous nous associons pleinement à cette démarche, qui consiste à développer les capacités d'analyse du phénomène, qui reste complexe et mal compris, afin d'identifier les améliorations possibles.
Les échanges de la table ronde sur l'égalité salariale ont démontré s'il en était besoin, que les réponses passent par la conjugaison des efforts des différents acteurs : partenaires sociaux, salariés et employeurs, entreprises et pouvoirs publics. A cet égard les travaux conduits en Belgique sont significatifs.
Un des éléments clés de l'égalité professionnelle c'est l'articulation entre vie professionnelle et la vie familiale Je voudrais à cet égard rappeler que le taux d'emploi baisse chez les femmes ayant de jeunes enfants à charge (- 13,6 points en moyenne).
C'est en développant le nombre de places d'accueil pour les enfants, en diversifiant les réponses tout en veillant à leur qualité que nous rassurerons les parents et leur permettrons de s'engager sans appréhension dans l'emploi.
La table ronde de ce matin a montré que les territoires comme les entreprises avaient compris cet enjeu. La prise en compte de la conciliation est un facteur d'attractivité pour les territoires et de performance pour les entreprises.
Vous le savez, la commission a déposé deux projets de textes dans le « paquet conciliation » qu'elle a adopté le 3 octobre dernier. Les travaux ont d'ores et déjà débuté au Conseil, et nous sommes dans l'attente des résultats des discussions des partenaires sociaux sur l'évolution des congés parentaux.
Nos travaux ont été extrêmement riches ; j'espère qu'ils auront ouvert des pistes pour l'ensemble des acteurs. Je suis convaincue que c'est par l'échange des bonnes pratiques que nous progresserons ensemble au sein de l'union européenne.
Je sais que nos collègues Thèques et suédois s'attacheront à poursuivre les réflexions sur les différents facteurs explicatifs des inégalités professionnelles qui contribuent très majoritairement aux inégalités salariales.
Cette conférence, vous le savez, va être suivie d'une réunion informelle des ministres. Nous évoquerons ensemble les moyens de réduire les écarts salariaux et discuterons de l'intérêt d'une mutualisation des bonnes pratiques des entreprises, qui commencent à être recensées dans plusieurs de nos pays.
Les travaux de cette conférence constitueront la base de nos débats de cet après midi.
Je vous remercie tous de votre présence, de votre écoute, de votre participation, Je remercie, bien sur, tous les intervenants Je remercie tous les organisateurs de cette conférence et bien évidemment nos interprètes.
Source http://www.travail-solidarite.gouv.fr, le 26 novembre 2008