Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Cher Hubert Védrine,
Monsieur le Secrétaire d'Etat à la Culture du Brésil,
Mesdames,
Messieurs,
Chers amis,
Chers amis allemands,
Je suis particulièrement heureuse de vous accueillir aujourd'hui au Palais Royal, avec mon collègue Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, en avant-première de l'ouverture du 21e Salon du livre de Paris.
Le Salon du Livre de Paris est, après celui de Francfort, l'un des plus importants au monde par le nombre, la variété et la qualité de ses exposants. C'est, à la fois, un événement professionnel, une fête populaire, et une rencontre culturelle internationale de première grandeur. Cette 21e édition ne faillit pas à la tradition. Tradition qui veut aussi qu'à l'occasion de cette réception amicale, le ministre de la Culture distingue, parmi ses invités étrangers, ceux que leurs pairs auront désignés. Je m'y conformerai avec le plus grand plaisir.
Enfin, la partie protocolaire de cette réunion amicale se terminera par l'attribution du prix de la traduction scientifique franco-allemande. Ce prix sera remis par le président de la fondation allemande DVA, le professeur Helmut Engler et son directeur, Monsieur Horst Frank.
1) Organisé sous l'égide du Syndicat national de l'édition, le Salon qui réunit cette année plus de 1400 éditeurs, dont près de 400 étrangers, offre aux professionnels, une occasion privilégiée de rencontre.
Ces journées leur permettent, certes, de traiter des affaires, mais aussi, de faire le point sur des sujets d'actualité, tels que celui de l'édition numérique, dont elles constitueront le premier salon européen.
2) C'est aussi une grande fête populaire qui rassemblera près de 300000 visiteurs autour d'une même passion partagée pour le livre et la lecture. Les rencontres à thèmes, les séances de signature, les débats relayés par les médias, contribueront au succès toujours renouvelé de ce salon.
Au sein de cette fête, la jeunesse occupe une place privilégiée, car le désir de lecture se cultive très tôt. Notre ministère invite cette année 20000 jeunes des régions françaises à se rendre au Salon. Ils y rejoindront leurs camarades franciliens à qui la proximité permet de profiter nombreux de cet événement. Des chèques-lire d'une valeur individuelle de 50 francs leur seront remis pour les aider à acquérir des ouvrages sur le salon.
Le Syndicat National de l'Edition, de son côté, lancera pendant ces journées, une vaste opération de promotion du livre de jeunesse qui se prolongera dans les librairies jusqu'au 7 avril. Enfin, une exposition réunira les plus grands auteurs de la BD autour d'un hommage à Astérix, à l'occasion de la sortie de son 31e album.
3) Mais le Salon de Paris est aussi un grand événement international.
Après le Portugal, alors président de l'Union européenne, qui fut l'invité de l'an dernier, l'Allemagne a les honneurs du premier salon du XXIe siècle. Les éditeurs des deux pays se sont concertés pour que la représentation des lettres allemandes soit des plus riches, centrée sur la jeune écriture et sur celle d'auteurs issus de l'immigration. Nous aurons donc, à la fois, l'honneur de recevoir les écrivains déjà connus par de nombreuses et excellentes traductions, parmi lesquels le prix Nobel, Gunther Grass, mais aussi ceux que nos éditeurs commencent à nous faire découvrir et que ce salon nous rendra plus familiers.
Le moment me paraît particulièrement bien choisi pour cette invitation alors qu'on s'interroge, mais c'est entre nous une habitude, sur l'état des relations franco-allemandes, dont on sait à quel point elles comptent dans le destin de l'Europe.
Nous constatons, et nous nous en réjouissons, que les échanges et les rencontres d'écrivains des deux pays n'ont jamais cessé. Grâce à l'engagement de très nombreux éditeurs et au remarquable travail des traducteurs, la littérature allemande est une de celles qui, à nouveau, intéressent au plus haut point toutes les maisons d'édition.
Les fruits de ce travail seront dès demain sous nos yeux : à l'occasion de ce Salon, une cinquantaine de titres allemands nouveaux ont été inscrits dans les catalogues. Ils nous permettent ainsi de découvrir, douze années après les bouleversements de 1989, une littérature riche et profondément renouvelée.
Je remercie les autorités allemandes qui nous donnent l'occasion d'accueillir aujourd'hui plus de cinquante écrivains allemands. J'associe le ministère des Affaires étrangères à ces remerciements, pour la part déterminante qu'avec le Centre national du livre, il a prise dans leur venue.
J'ai enfin grand plaisir à remettre les insignes de Chevalier des Arts et Lettres à un écrivain et à un éditeur. Il s'agit, respectivement, de Christoph Hein et de Siegfried Unseld.
4-1)Ecrivain malmené par les autorités de la RDA, censuré dans son théâtre et dans ses romans, Christoph Hein est devenu dans les années 80 une figure de référence pour les Allemands de l'Est, dissidents ou critiques. Ses interventions publiques en 1989, ses mises en garde contre une certaine euphorie après la chute du Mur, ses prises de parole après la réunification ont interrogé de façon aiguë le devenir de l'Allemagne et de l'Europe. Auteur de théâtre, essayiste et romancier, Christoph Hein se définit comme un " chroniqueur de son temps " : son roman récemment traduit, Willenbrock qui brosse le portrait d'un monde en train de perdre ses repères, ses valeurs et ses espoirs, en témoigne brillamment. Son uvre compte dans l'Allemagne d'aujourd'hui.
4-2)A travers Siegfried Unseld, je souhaite honorer aussi la maison d'édition Suhrkamp qu'il dirige. Siegfried Unseld est entré dans l'édition grâce à une passion pour Hermann Hesse, dont il ne s'est jamais départi. L'écrivain qui se plaisait à décrire des destinées hors du commun aurait sans nul doute été séduit par l'itinéraire de Siegfried Unseld. Celui-ci n'a eu de cesse de réunir dans son catalogue les plus beaux fleurons de la culture classique et contemporaine allemande, en sciences humaines comme en littérature. L'ouverture aux littératures étrangères, notamment française, et le souci constant du travail avec l'auteur expliquent également le renom international d'une maison qui a su demeurer indépendante et fidèle à tout ce qui est constitutif d'un vrai travail d'édition.
Peut-être l'existence d'un prix unique du livre en Allemagne, depuis plus d'un siècle, n'est-elle pas totalement étrangère à la qualité de l'édition allemande à laquelle, à travers le travail de Siegfried Unseld, je suis heureuse de rendre hommage.
En Allemagne comme en France, nous sommes en effet convaincus que ce type de régulation permet aux éditeurs de résister à la concentration et de prendre des risques sur des auteurs inconnus, dont certains deviendront nos classiques de demain. Je suis heureuse que, dans ses rencontres professionnelles, le Salon du livre ait prévu de fournir aux éditeurs de nos deux pays l'occasion de discuter à nouveau de ce sujet.
Ce débat, fondamental à nos yeux , sera à nouveau, comme il le fut l'année dernière, lors de la présidence française, élargi aux éditeurs de toute l'Europe puisque 50 d'entre eux ont été invités à Paris, grâce à France-Edition, et se trouvent ici avec nous.
A vous toutes et tous, je souhaite un très bon séjour à Paris et un excellent Salon du livre.
(source http://www.culture.gouv.fr, le 16 mars 2001)
Cher Hubert Védrine,
Monsieur le Secrétaire d'Etat à la Culture du Brésil,
Mesdames,
Messieurs,
Chers amis,
Chers amis allemands,
Je suis particulièrement heureuse de vous accueillir aujourd'hui au Palais Royal, avec mon collègue Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, en avant-première de l'ouverture du 21e Salon du livre de Paris.
Le Salon du Livre de Paris est, après celui de Francfort, l'un des plus importants au monde par le nombre, la variété et la qualité de ses exposants. C'est, à la fois, un événement professionnel, une fête populaire, et une rencontre culturelle internationale de première grandeur. Cette 21e édition ne faillit pas à la tradition. Tradition qui veut aussi qu'à l'occasion de cette réception amicale, le ministre de la Culture distingue, parmi ses invités étrangers, ceux que leurs pairs auront désignés. Je m'y conformerai avec le plus grand plaisir.
Enfin, la partie protocolaire de cette réunion amicale se terminera par l'attribution du prix de la traduction scientifique franco-allemande. Ce prix sera remis par le président de la fondation allemande DVA, le professeur Helmut Engler et son directeur, Monsieur Horst Frank.
1) Organisé sous l'égide du Syndicat national de l'édition, le Salon qui réunit cette année plus de 1400 éditeurs, dont près de 400 étrangers, offre aux professionnels, une occasion privilégiée de rencontre.
Ces journées leur permettent, certes, de traiter des affaires, mais aussi, de faire le point sur des sujets d'actualité, tels que celui de l'édition numérique, dont elles constitueront le premier salon européen.
2) C'est aussi une grande fête populaire qui rassemblera près de 300000 visiteurs autour d'une même passion partagée pour le livre et la lecture. Les rencontres à thèmes, les séances de signature, les débats relayés par les médias, contribueront au succès toujours renouvelé de ce salon.
Au sein de cette fête, la jeunesse occupe une place privilégiée, car le désir de lecture se cultive très tôt. Notre ministère invite cette année 20000 jeunes des régions françaises à se rendre au Salon. Ils y rejoindront leurs camarades franciliens à qui la proximité permet de profiter nombreux de cet événement. Des chèques-lire d'une valeur individuelle de 50 francs leur seront remis pour les aider à acquérir des ouvrages sur le salon.
Le Syndicat National de l'Edition, de son côté, lancera pendant ces journées, une vaste opération de promotion du livre de jeunesse qui se prolongera dans les librairies jusqu'au 7 avril. Enfin, une exposition réunira les plus grands auteurs de la BD autour d'un hommage à Astérix, à l'occasion de la sortie de son 31e album.
3) Mais le Salon de Paris est aussi un grand événement international.
Après le Portugal, alors président de l'Union européenne, qui fut l'invité de l'an dernier, l'Allemagne a les honneurs du premier salon du XXIe siècle. Les éditeurs des deux pays se sont concertés pour que la représentation des lettres allemandes soit des plus riches, centrée sur la jeune écriture et sur celle d'auteurs issus de l'immigration. Nous aurons donc, à la fois, l'honneur de recevoir les écrivains déjà connus par de nombreuses et excellentes traductions, parmi lesquels le prix Nobel, Gunther Grass, mais aussi ceux que nos éditeurs commencent à nous faire découvrir et que ce salon nous rendra plus familiers.
Le moment me paraît particulièrement bien choisi pour cette invitation alors qu'on s'interroge, mais c'est entre nous une habitude, sur l'état des relations franco-allemandes, dont on sait à quel point elles comptent dans le destin de l'Europe.
Nous constatons, et nous nous en réjouissons, que les échanges et les rencontres d'écrivains des deux pays n'ont jamais cessé. Grâce à l'engagement de très nombreux éditeurs et au remarquable travail des traducteurs, la littérature allemande est une de celles qui, à nouveau, intéressent au plus haut point toutes les maisons d'édition.
Les fruits de ce travail seront dès demain sous nos yeux : à l'occasion de ce Salon, une cinquantaine de titres allemands nouveaux ont été inscrits dans les catalogues. Ils nous permettent ainsi de découvrir, douze années après les bouleversements de 1989, une littérature riche et profondément renouvelée.
Je remercie les autorités allemandes qui nous donnent l'occasion d'accueillir aujourd'hui plus de cinquante écrivains allemands. J'associe le ministère des Affaires étrangères à ces remerciements, pour la part déterminante qu'avec le Centre national du livre, il a prise dans leur venue.
J'ai enfin grand plaisir à remettre les insignes de Chevalier des Arts et Lettres à un écrivain et à un éditeur. Il s'agit, respectivement, de Christoph Hein et de Siegfried Unseld.
4-1)Ecrivain malmené par les autorités de la RDA, censuré dans son théâtre et dans ses romans, Christoph Hein est devenu dans les années 80 une figure de référence pour les Allemands de l'Est, dissidents ou critiques. Ses interventions publiques en 1989, ses mises en garde contre une certaine euphorie après la chute du Mur, ses prises de parole après la réunification ont interrogé de façon aiguë le devenir de l'Allemagne et de l'Europe. Auteur de théâtre, essayiste et romancier, Christoph Hein se définit comme un " chroniqueur de son temps " : son roman récemment traduit, Willenbrock qui brosse le portrait d'un monde en train de perdre ses repères, ses valeurs et ses espoirs, en témoigne brillamment. Son uvre compte dans l'Allemagne d'aujourd'hui.
4-2)A travers Siegfried Unseld, je souhaite honorer aussi la maison d'édition Suhrkamp qu'il dirige. Siegfried Unseld est entré dans l'édition grâce à une passion pour Hermann Hesse, dont il ne s'est jamais départi. L'écrivain qui se plaisait à décrire des destinées hors du commun aurait sans nul doute été séduit par l'itinéraire de Siegfried Unseld. Celui-ci n'a eu de cesse de réunir dans son catalogue les plus beaux fleurons de la culture classique et contemporaine allemande, en sciences humaines comme en littérature. L'ouverture aux littératures étrangères, notamment française, et le souci constant du travail avec l'auteur expliquent également le renom international d'une maison qui a su demeurer indépendante et fidèle à tout ce qui est constitutif d'un vrai travail d'édition.
Peut-être l'existence d'un prix unique du livre en Allemagne, depuis plus d'un siècle, n'est-elle pas totalement étrangère à la qualité de l'édition allemande à laquelle, à travers le travail de Siegfried Unseld, je suis heureuse de rendre hommage.
En Allemagne comme en France, nous sommes en effet convaincus que ce type de régulation permet aux éditeurs de résister à la concentration et de prendre des risques sur des auteurs inconnus, dont certains deviendront nos classiques de demain. Je suis heureuse que, dans ses rencontres professionnelles, le Salon du livre ait prévu de fournir aux éditeurs de nos deux pays l'occasion de discuter à nouveau de ce sujet.
Ce débat, fondamental à nos yeux , sera à nouveau, comme il le fut l'année dernière, lors de la présidence française, élargi aux éditeurs de toute l'Europe puisque 50 d'entre eux ont été invités à Paris, grâce à France-Edition, et se trouvent ici avec nous.
A vous toutes et tous, je souhaite un très bon séjour à Paris et un excellent Salon du livre.
(source http://www.culture.gouv.fr, le 16 mars 2001)