Texte intégral
Depuis plus d'un an, notre politique de défense et de sécurité est entrée dans un cycle de transformation profonde.
L'objectif général est de diminuer les vulnérabilités de notre pays et de protéger celui-ci face aux risques et menaces de ce début de XXIème siècle.
Pour cela, le Président de la République et le gouvernement ont engagé deux démarches de rénovation qui se traduisent pour les armées par une très profonde réforme.
La première démarche est celle de la révision générale des politiques publiques, RGPP. Elle vise à réduire les dépenses de l'Etat, et ainsi les déficits publics, en modernisant son fonctionnement.
La seconde démarche est celle du Livre Blanc. Le Président de la République a redéfini la stratégie et les moyens dont la France a besoin pour aborder les enjeux de sécurité du XXIème siècle. Ce Livre Blanc expose le nouveau concept stratégique de la France pour les 15 ans qui viennent.
Il définit la stratégie de sécurité nationale.
Pour les acteurs de la défense, il s'agit de mener à bien ces deux réformes dont la nature est différente, mais qui sont aujourd'hui indissociables, avec une priorité : celle de la continuité de l'efficacité opérationnelle de notre outil de défense.
Ce livre Blanc est celui de la mondialisation et répond à cette question : comment s'y adapter ?
Il se caractérise par un certain nombre d'innovations majeures.
Tout d'abord, il fait le constat que la mondialisation structure aujourd'hui l'évolution de la sécurité internationale. Avec notamment l'omniprésence du terrorisme, la privatisation de la violence (mafias et trafics), de la lutte contre la prolifération et la dissémination des armes de destruction massive, de la menace balistique.
De plus, nos sociétés sont devenues dépendantes de leur système d'information et donc vulnérables à des attaques informatiques.
Par ailleurs, l'augmentation des dépenses militaires à travers le monde, l'existence de crises majeures non résolues qui illustrent les limites de l'outil militaire (Proche et Moyen Orient, Afghanistan, Kosovo, continent africain, République populaire de Corée du Nord, Cachemire, etc...) amènent à revoir la donne stratégique en intégrant les nouveaux paramètres suivants :
. un système international plus instable ;
. des Etats fragiles et des zones de non droit ;
. une crise financière grave.
La France a pour objectif de prendre sa place et ses responsabilités dans ce monde. La France est membre permanent du conseil de sécurité de l'ONU et porte de ce fait une responsabilité particulière pour le maintien de la paix et de la sécurité internationale.
Face à des crises graves, la France estime que le recours unilatéral à la force conduit à l'échec et réaffirme la centralité de l'ONU et de ses institutions. L'autorisation du Conseil de sécurité pour le recours à la force doit être la règle.
La France s'engage en faveur d'une réforme du conseil de sécurité pour un élargissement des membres permanents et non permanents. Elle soutient l'Allemagne, le Japon, l'Inde, le Brésil et une juste représentation de l'Afrique.
Enfin, la France s'engage à défendre les valeurs universelles, celles de la charte des Nations-Unies et celles de la souveraineté nationale, et à promouvoir la sécurité collective.
Exceptions mises à part, comme l'évacuation de ressortissants ou d'application d'accords bilatéraux, les opérations militaires s'effectuent toujours dans un cadre multinational, et la plupart du temps, sous couvert de la légitimité de l'ONU, dans le cadre de l'UE ou de l'OTAN. La stratégie de sécurité nationale met en avant la double ambition de la France :
. d'une part, ambition européenne,
. et, d'autre part, la rénovation du lien transatlantique.
Des alliances sont nécessaires.
Nos trois pôles principaux sont aujourd'hui les Etats-Unis, l'OTAN et l'Union Européenne comme l'a encore souligné le Président de la République à Bucarest lors du sommet de l'OTAN d'avril 2008. Je cite : « Nous avons besoin de l'OTAN et d'une Défense Européenne. Nous avons besoin des Etats-Unis et les Etats-Unis ont besoin d'alliés forts. »
Les Etats-Unis tout d'abord. Les Etats-Unis sont nos amis et nos alliés.
"La France est un ami debout, un allié indépendant, un partenaire libre" : ce sont les mots du Président de la République lors de sa venue au Congrès des Etats-Unis, le 7 novembre 2007. Nos valeurs sont proches mais nos objectifs et nos modes d'action sont parfois différents.
J'en viens maintenant au thème de l'Europe de la Défense.
Pour certains de nos partenaires européens, un pas de plus vers l'Europe de la défense, c'est un pas en arrière dans l'OTAN. Cette crainte aujourd'hui n'est plus d'actualité après les déclarations du Président Bush à Bucarest sur l'importance d'une Europe, partenaire de sécurité crédible et fort.
Par ailleurs, la France pourrait rénover sa relation avec l'OTAN sous réserve que l'Europe de la défense avance sérieusement.
La France, au cours de sa présidence, a eu pour objectif de renforcer cette défense européenne.
Depuis dix ans, l'Union européenne a conduit une quinzaine d'opérations. Notre ambition est désormais d'en faire un acteur majeur de la gestion de crise et de la sécurité internationale.
Pour la France, une OTAN rénovée est complémentaire avec une Europe de la défense renforcée, une OTAN plus souple, plus flexible, dont les moyens militaires puissent être mobilisés par l'Union européenne.
Enfin, la France insiste sur la nécessité de respecter la Russie. Sur ce point, le dialogue et la collaboration avec la Russie, ne doivent pas être bousculés par un élargissement précipité de l'OTAN et par l'instauration hâtive d'un bouclier anti-missile qui ne répond que très partiellement à la menace balistique.
Après avoir posé le cadre de l'action des armées, le Livre Blanc s'attache à la description de cinq fonctions stratégiques au travers desquelles s'exerce la stratégie de mise en oeuvre des armées : la protection, la prévention, la dissuasion, l'intervention et une nouvelle qui devient prioritaire, celle de « la connaissance et l'anticipation » permettant notamment de garantir le principe d'autonomie d'évaluation des situations et de décision, principe auquel tient particulièrement notre pays.
- La fonction stratégique « connaissance et anticipation » est érigée en priorité dans un monde caractérisé par l'incertitude et l'instabilité. Il s'agit, d'abord et avant tout, de préserver notre autonomie pour l'évaluation des situations, les choix d'engagement et la maîtrise de la force.
- La fonction stratégique protection est au coeur de la Stratégie de sécurité nationale. Elle a pour objectif de protéger en permanence la nation face aux nouveaux risques et menaces.
- La fonction stratégique intervention devra nous permettre de garantir nos intérêts stratégiques et d'assumer nos responsabilités internationales .L'intervention sera conduite, le plus souvent, dans un cadre multinational, à l'exception de la protection de nos ressortissants à l'étranger, de la mise en oeuvre des accords de défense bilatéraux ou d'une réponse nationale, en riposte, à des actions dirigées contre nos intérêts.
- La dissuasion nucléaire demeure un fondement essentiel de la stratégie de la France. Elle est la garantie ultime de la sécurité et de l'indépendance nationale. Strictement défensive, la dissuasion nucléaire a pour seul objet d'empêcher une agression d'origine étatique contre les intérêts vitaux du pays.
- La fonction stratégique prévention vise à améliorer la crédibilité du système international de sécurité avec au premier rang les Nations Unies. Elle se décline au travers du désarmement nucléaire et conventionnel, de la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive.
De même, la lutte contre les trafics est au coeur de la stratégie de prévention.
Pour tenir les 5 fonctions stratégiques, le contrat opérationnel assigné aux forces dimensionne les capacités à mettre en oeuvre.
Il oriente l'organisation de l'outil de défense ainsi que les efforts dans le domaine des équipements et des ressources humaines.
Ce contrat donne lieu à la déclinaison et au dimensionnement général des armées par grande composante : terre, air, mer.
Au total, l'Armée de Terre comptera 131 000 hommes. Elle sera organisée en 11 brigades avec des équipements renouvelés.
Pour la Marine, les forces navales fortes de 44 000 personnes auront des équipements modernisés et renouvelés pour remplir l'ensemble de leurs missions.
Dimensionnée à hauteur de 50 000 hommes, la composante aérienne comptera une flotte homogène de 300 avions polyvalents Rafale et Mirage 2000D et de 70 A400M.
Au bilan, le format général des armées comprendra 225 000 personnes, (civils et militaires).
Les crédits de défense ne baisseront pas.
D'ici 2020, l'effort total consenti pour la défense, hors pensions, s'élèvera à 377 milliards d'euros dont 200 Geuros pour les équipements.
Cet effort est donc important.
Voilà mesdames et messieurs, en quelques mots une description des principes qui guident et des moyens d'action qui servent la politique de défense de la France.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 17 décembre 2008
L'objectif général est de diminuer les vulnérabilités de notre pays et de protéger celui-ci face aux risques et menaces de ce début de XXIème siècle.
Pour cela, le Président de la République et le gouvernement ont engagé deux démarches de rénovation qui se traduisent pour les armées par une très profonde réforme.
La première démarche est celle de la révision générale des politiques publiques, RGPP. Elle vise à réduire les dépenses de l'Etat, et ainsi les déficits publics, en modernisant son fonctionnement.
La seconde démarche est celle du Livre Blanc. Le Président de la République a redéfini la stratégie et les moyens dont la France a besoin pour aborder les enjeux de sécurité du XXIème siècle. Ce Livre Blanc expose le nouveau concept stratégique de la France pour les 15 ans qui viennent.
Il définit la stratégie de sécurité nationale.
Pour les acteurs de la défense, il s'agit de mener à bien ces deux réformes dont la nature est différente, mais qui sont aujourd'hui indissociables, avec une priorité : celle de la continuité de l'efficacité opérationnelle de notre outil de défense.
Ce livre Blanc est celui de la mondialisation et répond à cette question : comment s'y adapter ?
Il se caractérise par un certain nombre d'innovations majeures.
Tout d'abord, il fait le constat que la mondialisation structure aujourd'hui l'évolution de la sécurité internationale. Avec notamment l'omniprésence du terrorisme, la privatisation de la violence (mafias et trafics), de la lutte contre la prolifération et la dissémination des armes de destruction massive, de la menace balistique.
De plus, nos sociétés sont devenues dépendantes de leur système d'information et donc vulnérables à des attaques informatiques.
Par ailleurs, l'augmentation des dépenses militaires à travers le monde, l'existence de crises majeures non résolues qui illustrent les limites de l'outil militaire (Proche et Moyen Orient, Afghanistan, Kosovo, continent africain, République populaire de Corée du Nord, Cachemire, etc...) amènent à revoir la donne stratégique en intégrant les nouveaux paramètres suivants :
. un système international plus instable ;
. des Etats fragiles et des zones de non droit ;
. une crise financière grave.
La France a pour objectif de prendre sa place et ses responsabilités dans ce monde. La France est membre permanent du conseil de sécurité de l'ONU et porte de ce fait une responsabilité particulière pour le maintien de la paix et de la sécurité internationale.
Face à des crises graves, la France estime que le recours unilatéral à la force conduit à l'échec et réaffirme la centralité de l'ONU et de ses institutions. L'autorisation du Conseil de sécurité pour le recours à la force doit être la règle.
La France s'engage en faveur d'une réforme du conseil de sécurité pour un élargissement des membres permanents et non permanents. Elle soutient l'Allemagne, le Japon, l'Inde, le Brésil et une juste représentation de l'Afrique.
Enfin, la France s'engage à défendre les valeurs universelles, celles de la charte des Nations-Unies et celles de la souveraineté nationale, et à promouvoir la sécurité collective.
Exceptions mises à part, comme l'évacuation de ressortissants ou d'application d'accords bilatéraux, les opérations militaires s'effectuent toujours dans un cadre multinational, et la plupart du temps, sous couvert de la légitimité de l'ONU, dans le cadre de l'UE ou de l'OTAN. La stratégie de sécurité nationale met en avant la double ambition de la France :
. d'une part, ambition européenne,
. et, d'autre part, la rénovation du lien transatlantique.
Des alliances sont nécessaires.
Nos trois pôles principaux sont aujourd'hui les Etats-Unis, l'OTAN et l'Union Européenne comme l'a encore souligné le Président de la République à Bucarest lors du sommet de l'OTAN d'avril 2008. Je cite : « Nous avons besoin de l'OTAN et d'une Défense Européenne. Nous avons besoin des Etats-Unis et les Etats-Unis ont besoin d'alliés forts. »
Les Etats-Unis tout d'abord. Les Etats-Unis sont nos amis et nos alliés.
"La France est un ami debout, un allié indépendant, un partenaire libre" : ce sont les mots du Président de la République lors de sa venue au Congrès des Etats-Unis, le 7 novembre 2007. Nos valeurs sont proches mais nos objectifs et nos modes d'action sont parfois différents.
J'en viens maintenant au thème de l'Europe de la Défense.
Pour certains de nos partenaires européens, un pas de plus vers l'Europe de la défense, c'est un pas en arrière dans l'OTAN. Cette crainte aujourd'hui n'est plus d'actualité après les déclarations du Président Bush à Bucarest sur l'importance d'une Europe, partenaire de sécurité crédible et fort.
Par ailleurs, la France pourrait rénover sa relation avec l'OTAN sous réserve que l'Europe de la défense avance sérieusement.
La France, au cours de sa présidence, a eu pour objectif de renforcer cette défense européenne.
Depuis dix ans, l'Union européenne a conduit une quinzaine d'opérations. Notre ambition est désormais d'en faire un acteur majeur de la gestion de crise et de la sécurité internationale.
Pour la France, une OTAN rénovée est complémentaire avec une Europe de la défense renforcée, une OTAN plus souple, plus flexible, dont les moyens militaires puissent être mobilisés par l'Union européenne.
Enfin, la France insiste sur la nécessité de respecter la Russie. Sur ce point, le dialogue et la collaboration avec la Russie, ne doivent pas être bousculés par un élargissement précipité de l'OTAN et par l'instauration hâtive d'un bouclier anti-missile qui ne répond que très partiellement à la menace balistique.
Après avoir posé le cadre de l'action des armées, le Livre Blanc s'attache à la description de cinq fonctions stratégiques au travers desquelles s'exerce la stratégie de mise en oeuvre des armées : la protection, la prévention, la dissuasion, l'intervention et une nouvelle qui devient prioritaire, celle de « la connaissance et l'anticipation » permettant notamment de garantir le principe d'autonomie d'évaluation des situations et de décision, principe auquel tient particulièrement notre pays.
- La fonction stratégique « connaissance et anticipation » est érigée en priorité dans un monde caractérisé par l'incertitude et l'instabilité. Il s'agit, d'abord et avant tout, de préserver notre autonomie pour l'évaluation des situations, les choix d'engagement et la maîtrise de la force.
- La fonction stratégique protection est au coeur de la Stratégie de sécurité nationale. Elle a pour objectif de protéger en permanence la nation face aux nouveaux risques et menaces.
- La fonction stratégique intervention devra nous permettre de garantir nos intérêts stratégiques et d'assumer nos responsabilités internationales .L'intervention sera conduite, le plus souvent, dans un cadre multinational, à l'exception de la protection de nos ressortissants à l'étranger, de la mise en oeuvre des accords de défense bilatéraux ou d'une réponse nationale, en riposte, à des actions dirigées contre nos intérêts.
- La dissuasion nucléaire demeure un fondement essentiel de la stratégie de la France. Elle est la garantie ultime de la sécurité et de l'indépendance nationale. Strictement défensive, la dissuasion nucléaire a pour seul objet d'empêcher une agression d'origine étatique contre les intérêts vitaux du pays.
- La fonction stratégique prévention vise à améliorer la crédibilité du système international de sécurité avec au premier rang les Nations Unies. Elle se décline au travers du désarmement nucléaire et conventionnel, de la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive.
De même, la lutte contre les trafics est au coeur de la stratégie de prévention.
Pour tenir les 5 fonctions stratégiques, le contrat opérationnel assigné aux forces dimensionne les capacités à mettre en oeuvre.
Il oriente l'organisation de l'outil de défense ainsi que les efforts dans le domaine des équipements et des ressources humaines.
Ce contrat donne lieu à la déclinaison et au dimensionnement général des armées par grande composante : terre, air, mer.
Au total, l'Armée de Terre comptera 131 000 hommes. Elle sera organisée en 11 brigades avec des équipements renouvelés.
Pour la Marine, les forces navales fortes de 44 000 personnes auront des équipements modernisés et renouvelés pour remplir l'ensemble de leurs missions.
Dimensionnée à hauteur de 50 000 hommes, la composante aérienne comptera une flotte homogène de 300 avions polyvalents Rafale et Mirage 2000D et de 70 A400M.
Au bilan, le format général des armées comprendra 225 000 personnes, (civils et militaires).
Les crédits de défense ne baisseront pas.
D'ici 2020, l'effort total consenti pour la défense, hors pensions, s'élèvera à 377 milliards d'euros dont 200 Geuros pour les équipements.
Cet effort est donc important.
Voilà mesdames et messieurs, en quelques mots une description des principes qui guident et des moyens d'action qui servent la politique de défense de la France.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 17 décembre 2008