Texte intégral
HEDWIGE CHEVRILLON - Un seul donc leader syndicaliste pour 6.000 patrons, Bernard Van CRAEYNEST, bonjour.
BERNARD VAN CRAEYNEST - Bonjour.
HEDWIGE CHEVRILLON - Vous êtes le président de la CFE-CGC. Vous vous ne sentiez pas un petit peu isolé, là, sur cette université d'été du MEDEF ?
BERNARD VAN CRAEYNEST - Non, pas du tout, c'est toujours très intéressant de rencontrer ceux qui sont nos interlocuteurs naturels, et de pouvoir dialoguer, échanger pour évoquer nos contraintes et nos problèmes respectifs, pour essayer de trouver des solutions, c'est bien ça le dialogue social.
HEDWIGE CHEVRILLON - C'est ça, le dialogue social, mais est-ce que ça veut dire qu'il n'y a plus de dialogue social avec Jean-Claude MAILLY, le leader de FO, Bernard THIBAULT de la CGT, ou François CHEREQUE de la CFDT, qui étaient venus l'année dernière ?
BERNARD VAN CRAEYNEST - Eh bien, j'espère qu'il y aura encore du dialogue social, il ne m'appartient pas de me prononcer à leur place sur les raisons pour lesquelles ils n'ont pas participé à cette université. En ce qui me concerne, lorsque je suis invité, et si mon calendrier le permet, j'ai l'habitude de répondre positivement, parce que je trouve que le débat est toujours très constructif.
HEDWIGE CHEVRILLON - Alors l'interprétation de Laurence PARISOT, qui était mon invitée hier, c'était de dire : en fait, il y a des élections Prud'hommales, et donc ils ont choisi, ils ont préféré ne pas trop s'afficher au sein du milieu patronal.
BERNARD VAN CRAEYNEST - Ah, bon, eh bien écoutez, je laisse à Laurence PARISOT la responsabilité de ses propos...
HEDWIGE CHEVRILLON - Vous n'êtes pas d'accord ?
BERNARD VAN CRAEYNEST - Non, je ne pense pas, je considère que, quelles que soient les échéances électorales, nous avons une actualité sociale suffisamment chargée, et des problèmes suffisamment graves pour l'économie de notre pays, et donc pour les entreprises, et surtout pour les salariés, quand on voit les problèmes de pouvoir d'achat, les problèmes de protection sociale, les problèmes d'écarts grandissants entre le monde des salariés protégés, je dirais, dans les grands groupes, et ceux qui sont croissants dans les petites et moyennes entreprises, qui sont balayées par les flots de la mondialisation de l'économie, je considère que, on n'a pas à s'arrêter à nos problèmes d'intendance personnelle, nous devons faire en sorte de dialoguer pour trouver des solutions.
HEDWIGE CHEVRILLON - Et on va rappeler que la CFE-CGC, eh bien, c'est le syndicat des cadres, donc...
BERNARD VAN CRAEYNEST - Pas uniquement, mais majoritairement des cadres, oui...
HEDWIGE CHEVRILLON - Oui, majoritairement quand même. Les Prud'hommales, Laurence PARISOT s'inquiétait un peu d'une surenchère pour cette rentrée sociale, est-ce que vous pensez qu'effectivement, ça peut tourner mal ?
BERNARD VAN CRAEYNEST - Je pense que comme toute échéance électorale, chacun essaie de marquer sa différence. Pour autant, on a l'habitude de dire chaque fin d'été : ah, quelle rentrée allons-nous vivre ? C'est une bonne question à laquelle je ne sais pas forcément répondre. Je constate simplement que les salariés, à l'image de l'ensemble de nos concitoyens, sont inquiets, parce qu'ils n'ont pas vraiment de perspectives d'amélioration de leur situation, ils ont des incertitudes sur l'emploi, on vient d'ailleurs de voir que pour le troisième mois consécutif, les statistiques du chômage ne sont pas réjouissantes. Mais ça, ça n'est pas une surprise...
HEDWIGE CHEVRILLON - Stabilisation ou pas, c'est ce que dit Christine LAGARDE ?
BERNARD VAN CRAEYNEST - Eh bien, je me demande qu'est-ce qu'elle dira le mois prochain ou dans deux mois, parce que je crains que malheureusement, la situation continue à se dégrader, tout simplement compte tenu de la situation économique.
HEDWIGE CHEVRILLON - Donc ça se dégrade en fait, ce n'est pas stabilisation, pour vous, c'est une dégradation de la situation du chômage ?
BERNARD VAN CRAEYNEST - Malheureusement.
HEDWIGE CHEVRILLON - Oui, conjuguée à la conjoncture économique ?
BERNARD VAN CRAEYNEST - Oui, en grande partie, liée à la conjoncture économique et aussi parce que nous avons des problèmes de compétitivité pour faire en sorte que les petites entreprises croissent, et que surtout, elles aillent sur les marchés où il y a encore de la croissance.
HEDWIGE CHEVRILLON - Alors justement, on en a beaucoup parlé évidemment sur BFM, parce que c'était le sujet de ces trois jours qui... enfin, il s'est invité à cette université d'été, le financement du RSA, du revenu de solidarité active. Cette fameuse prime, enfin, non, taxe plutôt, sur le financement du capital, 1,1%. Votre position à vous, syndicaliste, Bernard Van CRAEYNEST ?
BERNARD VAN CRAEYNEST - Je trouve que le RSA est une excellente chose...
HEDWIGE CHEVRILLON - Oui, ça, tout le monde est d'accord, vraiment...
BERNARD VAN CRAEYNEST - Ça fait vingt ans que le RMI existe, on a toujours parlé de temps à autre du « I » d'Insertion, en disant : eh bien, on verra ce qu'on peut faire. Qu'on s'attaque au problème pour éviter de laisser dans des situations précaires et marginales plus de trois millions de personnes, ça me semble essentiel. Pour le reste, nous connaissons la situation financière et budgétaire de la maison France, et on voit que face à l'incapacité, à l'impossibilité du gouvernement de trouver des financements nouveaux, il nous fait des opérations de bonneteau budgétaire, et c'est le bonneteau permanent, il nous dit que : on va traiter le problème des retraites en baissant les cotisations d'assurance chômage, or, je suis désolé, mais ça relève des partenaires sociaux et de la négociation que nous allons avoir dans les semaines qui viennent, pour la nouvelle convention d'assurance chômage, il nous dit en permanence ce que l'on doit faire pour le 1% logement, pour la formation professionnelle et pour tout un tas de sujets. Et in fine, on s'aperçoit que, en terme de financement, il n'a pas de recette miracle, et que, il ne peut que créer une taxe supplémentaire pour essayer de le financer.
HEDWIGE CHEVRILLON - Et le bonneteau budgétaire de Nicolas SARKOZY - pour reprendre votre expression - ça aurait été le cas si on avait touché à la prime pour l'emploi, redéployée de manière différente, et financé partiellement le RSA ?
BERNARD VAN CRAEYNEST - Je pense que... je ne critiquerai jamais les essais qui sont faits, simplement, et le président de la République l'a dit, il faut qu'on évalue ce qui va se passer, et qu'on regarde si on est sur la bonne voie, et éventuellement, que l'on corrige...
HEDWIGE CHEVRILLON - Donc visiblement, la PPE quand même, ça ne fonctionne pas très bien...
BERNARD VAN CRAEYNEST - Voilà, donc ce que je constate, c'est que, il faut trouver un financement, est-ce que c'est le bon, nous le mesurons, est-ce que ça va diminuer l'attractivité de notre pays pour les investissements étrangers en particulier, pour le financement de nos entreprises, le fait de taxer le capital et le patrimoine, est-ce que ça n'est pas contre-productif pour les classes moyennes, j'espère que non, j'espère que c'est bien un investissement, et que nous aurons à terme un retour sur investissement parce que, à terme, si le RSA fonctionne convenablement, ça veut dire qu'il y aura diminution des budgets sociaux, et donc, potentiellement, moins d'impôts, moins de charges...
HEDWIGE CHEVRILLON - Evidemment, c'est ce qu'on peut espérer.
BERNARD VAN CRAEYNEST - Si le gouvernement sait accompagner tout cela d'une réforme des échelons administratifs pour diminuer la dépense publique.
HEDWIGE CHEVRILLON - Oui, eh bien voilà, ça, c'est dit. Rapidement, il y a beaucoup de questions sociales, mais sur la prime transport, la CGPME a demandé une réunion sur cette prime transport...
BERNARD VAN CRAEYNEST - La semaine prochaine...
HEDWIGE CHEVRILLON - La semaine prochaine, absolument, et le patronat évidemment ici est quand même très opposé en disant : déjà, on dépense quatre milliards pour le transport, je rappelle ce chiffre quand même important. Votre réponse.
BERNARD VAN CRAEYNEST - Je remercie la CGPME d'avoir pris l'initiative de cette réunion parce que ça va nous permettre de nous parler, et au moins, d'avoir une réponse concertée pour le Premier ministre, qui nous demande cela pour le 15 septembre. Nous, ce que nous disons, c'est que, il y a une règle nationale à édicter pour faire en sorte que, par exemple, tout transport en commun puisse être remboursé à hauteur de 50%, comme ça l'est en Ile-de-France. Mais ce que nous voulons aussi tout simplement, et là, on verra le problème du financement, c'est que, à l'heure où on remet au coeur du dispositif la valeur travaille, on fasse en sorte que celles et ceux qui font l'effort d'aller travailler, parfois fort loin de leur domicile, et qui n'ont pas d'autre moyen que d'utiliser un moyen de transport personnel, ça ne leur coûte pas davantage que ça leur rapporte.
HEDWIGE CHEVRILLON - Eh bien voilà, c'était la position de Bernard Van CRAEYNEST, le leader de la CFE-CGC. Merci beaucoup.
BERNARD VAN CRAEYNEST - Merci à vous.
Source http://www.cfecgc.org, le 5 septembre 2008