Interview de M. Bernard Van Craeynest, président de la CFE-CGC, à BFM le 30 septembre 2008, sur la crise économique et financière et la situation dans l'industrie automobile.

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Média : BFM

Texte intégral


STEPHANE SOUMIER
Bernard VAN CRAEYNEST est donc avec nous. Bonjour Monsieur VAN CRAEYENEST.
BERNARD VAN CRAEYNEST
Bonjour.
STEPHANE SOUMIER
J'ai presque envie de vous demander... Alors la question va peut-être vous surprendre et donc voilà, on peut se donner quelques secondes pour y réfléchir mais dans cette lessiveuse là qui nous agite depuis maintenant des semaines, quelle peut être la place d'un leader syndical et d'un syndicaliste ?
BERNARD VAN CRAEYNEST
Eh bien celle de rappeler à nos décideurs quelques fondamentaux. J'ai rencontré le chef de l'État vendredi. Ce que je lui ai dit, c'est que le moment est peut-être venu, puisque l'hyperpuissance américaine est impactée, de modifier en profondeur les règles financières, les règles de gouvernance car il est bien évident qu'il n'est plus possible de continuer à voir des petits génies mettre leur talent au service d'outils financiers qui n'ont rien à voir avec l'économie réelle.
STEPHANE SOUMIER
Oui, mais dans les entreprises, enfin quel discours, en ce moment, on peut porter dans les entreprises, Monsieur VAN CRAYENEST, ou au coeur des entreprises ? Est-ce que c'est un discours de solidarité générale ? Enfin c'est-à-dire là pour le coup, l'idée de se serrer les coudes parce qu'on se rend compte que la crise va être dure, peut-être beaucoup plus que ce qu'on avait anticipé ?
BERNARD VAN CRAEYNEST
Ben précisément il est très difficile d'avoir un discours généraliste car chaque cas est un cas particulier.
STEPHANE SOUMIER
Oui.
BERNARD VAN CRAEYNEST
Il est bien évident que quand on regarde les répercussions sur le domaine de l'assurance, des banques, de la construction, des agences immobilières, de l'industrie qui continue et qui risque malheureusement d'amplifier ses destructions d'emplois, il est clair qu'on se doit d'examiner la solution la plus appropriée pour éviter qu'il y ait trop de dégâts, c'est-à-dire garantir l'accès au crédit de toutes les petites et moyennes entreprises car ce sont elles qui vont subir de plein fouet ce choc financier. Et il est bien évident que si on assiste à une cascade de défaillances d'entreprises, là c'est toute notre économie qui risque de partir avec l'eau du bain.
STEPHANE SOUMIER
Oui, mais ma question, c'était de savoir si vous pouvez considérer qu'une entreprise comme RENAULT, par exemple, coupe certaines branches pour préserver l'essentiel de l'arbre, voilà, pour parler de manière un peu brutale ?
BERNARD VAN CRAEYNEST
Eh bien écoutez, nous le considérons totalement. Je pense que nos collègues... Je vous rappelle que la CFE-CGC est la deuxième organisation, tous collèges confondus, au sein de RENAULT.
STEPHANE SOUMIER
Oui.
BERNARD VAN CRAEYNEST
Nos collègues sont actuellement sur le terrain et doivent multiplier les réunions pour justement essayer de faire en sorte de bien couper, comme vous dites, les mauvaises branches mais surtout pas les bonnes.
STEPHANE SOUMIER
Oui, et ça, ça se fait en partenariat avec la direction ? Enfin est-ce que c'est le moment justement d'essayer de trouver une nouvelle manière de parler ensemble ?
BERNARD VAN CRAEYNEST
Ah ! C'est peut-être l'occasion de mettre en pratique ce que la CFE-CGC réclame depuis des lustres, à savoir que le dialogue social est un élément de compétitivité majeure des entreprises, quand on sait se parler sur les points essentiels, pour justement ne pas être pollué par des dogmes...
STEPHANE SOUMIER
Oui...
BERNARD VAN CRAEYNEST
Ou des considérations extérieures à l'entreprise, c'est comme ça qu'on a la possibilité effectivement de se serrer les coudes et de passer la crise.
STEPHANE SOUMIER
Oui oui oui, il y a peut-être un élément très très intéressant à sortir de ça quand même, hein, à vous entendre, Monsieur VAN CRAEYNEST.
BERNARD VAN CRAEYNEST
Eh bien souhaitons-le.
STEPHANE SOUMIER
Oui oui oui, souhaitons-le. Oui, mais vous restez à la marge quand vous me répondez là, Monsieur VAN CRAEYNEST. Quand vous dites : « Souhaitons-le », est-ce que vous voulez être acteur proactif, comme on dit... ?
BERNARD VAN CRAEYNEST
Ah ! Mais complètement !
STEPHANE SOUMIER
Oui.
BERNARD VAN CRAEYNEST
Complètement ! Mais je vous rappelle un point sur cet aspect du dialogue social. À l'heure où, depuis des mois, le gouvernement ne cesse de mettre l'accent sur l'impérieuse nécessité de négocier dans les entreprises, je vous rappelle qu'il y a un million deux cent mille entreprises qui emploient des salariés dans notre pays. Il y en a grosso modo quatre-vingt-dix mille dans lesquelles il y a effectivement un dialogue social parce qu'il y a des représentants du personne et des acteurs syndicaux. Le reste, c'est le désert complet...
STEPHANE SOUMIER
C'est vrai...
BERNARD VAN CRAEYNEST
Et là on voit que nous avons un handicap extrêmement important...
STEPHANE SOUMIER
C'est vrai...
BERNARD VAN CRAEYNEST
Notamment pour affronter les périodes telle celle que nous vivons.
STEPHANE SOUMIER
Merci Monsieur VAN CRAEYNEST.
BERNARD VAN CRAEYNEST
Je vous en prie.
STEPHANE SOUMIER
Je vous remercie beaucoup pour tout ça. Bonne journée à vous.
Source http://www.cfecgc.org, le 8 octobre 2008