Texte intégral
Monsieur le Premier ministre,
mesdames et messieurs.
Je voudrais d'abord dire au Premier ministre, au gouvernement égyptien l'admiration qui est la mienne pour l'effort de réforme qu'il a entrepris et qui est particulièrement symbolisé par ce Smart Village né il y a à peine cinq ans que je viens au pas de course de visiter. Je disais à madame Lagarde à l'instant que en France, on ne serait sans doute pas capable de conduire dans un délai aussi court un projet aussi considérable. Et ce projet est le symbole de cette volonté de l'Egypte et de votre gouvernement, monsieur le Premier ministre, de rattraper les étapes, de franchir toutes les difficultés, et de faire entrer de plain-pied l'Egypte dans la compétition mondiale. Vous avez été monsieur le Premier ministre l'architecte de cet impressionnant parc d'activités futuristes où convergent les champions des technologies de l'information et de la communication. Les promesses de ce projet sont dignes de la grande nation égyptienne. Je vous remercie de m'y accueillir. Je vous remercie de m'y avoir convié, et d'avoir convié cette large assemblée, dont le nombre et la qualité illustre l'excellence des rapports entre nos deux pays.
Dans ce pôle d'activités où est en train de s'inventer pour une part l'Egypte moderne, il y a la présence d'une école francophone, l'école Voltaire, que j'ai eu la joie de visiter. Je pense que la tradition francophone en Egypte reçoit là un très bel encouragement. L'Egypte de demain ne doit pas se priver de la France, de la culture française, de ces apports intellectuels. Cette école, c'est une initiative entièrement égyptienne, dans sa conception, dans son financement, dans ses statuts, et cette initiative traduit bien cette fidélité. Le signal qui est donné par cette école qui porte le nom tellement évocateur, tellement symbolique de Voltaire, va plus loin puisqu'en accompagnant cette institution nos deux pays confirment leur aspiration à définir ensemble sous la vocation du grand philosophe des lumières une vision libre et une vision dynamique de leur destin. Voilà très longtemps que la France et l'Egypte jouissent du privilège de dialoguer, de se comprendre, d'appuyer mutuellement leurs propositions, et je pense qu'il n'y a pas de meilleur exemple de cette collaboration que l'Union pour la Méditerranée, qui chacun le sait a été initié par le président de la République française. Cette union c'est le symbole de ce monde plus équilibré, plus fraternel que nous voulons bâtir ensemble. A l'issue de la Seconde Guerre Mondiale, les pays européens qui s'étaient combattus pendant des siècles se sont dits il faut s'arrêter, et il faut construire ensemble une véritable coopération politique qui doit s'appuyer d'abord sur une coopération économique.
En ce début du 21e siècle, nous pensons qu'il faut de la même façon poser les bases d'une nouvelle organisation méditerranéenne. A Paris d'abord, à Marseille ensuite, nous l'avons fait éclore ensemble, et chacun sait le rôle déterminant qu'a joué l'Egypte, et qu'a joué en particulier le Président Moubarak pour permettre que ce projet que certains jugeaient irréaliste réussisse. Nous avons fait le pari de nous regarder en face, aux deux extrémités de cette mer, et d'embrasser nos différences. Nous avons fait le pari de développer un rôle commun. Qu'est-ce que nous voulons en somme ? Je vais peut-être vous faire sourire en le disant, nous voulons que la Méditerranée ait deux rives, deux rives avec un idéal partagé, deux rives pour une même prospérité. Un des principaux arguments des sceptiques et dieu sait s'il y en a, il y a toujours plus de sceptiques que de gens qui sont prêts à faire avancer les projets, c'était la difficulté trop connue, d'instaurer au Proche-Orient des relations politiques qui soient constructives et sereines entre tous. Et je ne parle pas de ceux qui voyaient dans l'Union renforcée des pays du Nord et du Sud, une illusion chimérique. En lançant l'Union pour la Méditerranée, la France et l'Egypte ont marqué leur volonté de démentir ce défaitisme et cette impuissance. Nous l'avons fait de façon pragmatique mais résolue. Nous avons entrepris de bâtir des coopérations souples dans un cadre général qui soit agréé par tout le monde, égalité Nord Sud, flexibilité des participations, flexibilité des projets, des financements, convergence des fonds publics et des fonds privés. Ces résultats pouvaient paraître utopiques. Maintenant nous savons qu'ils sont à notre portée. Aujourd'hui même à Amann se tient la réunion ministérielle sur l'eau de l'Union pour la Méditerranée. Il y a un mois au Caire se tenait la réunion ministérielle sur la santé. Est-ce que l'eau, est-ce que la santé sont des combats utopiques ? Non évidemment. La vérité, mesdames et messieurs, c'est que l'Union pour la Méditerranée, par-delà les prétendues impasses du dialogue Nord Sud, décide déjà un avenir partagé pour la France et pour l'Egypte.
Cet avenir nous voulons évidemment le placer sous le signe de la paix et de la prospérité. La région le mérite. Nous savons que ces peuples y aspirent. En établissant la paix avec Israël, l'Egypte a fait le choix de la modération contre tous les extrémismes. Elle a fait le choix du réalisme contre les idéologies, contre les idéologies de la défiance et de l'exclusion. Dans un contexte régional dont nous savons bien qu'il est tendu, cette position courageuse a été et reste aujourd'hui remarquable et la France veut à tout moment dire à l'Egypte, dire au Président Moubarak son admiration et son soutien. C'est le message que je porterai demain de la part du Président Sarkozy au Président Moubarak.
Par cette entente étroite nous voulons placer aussi l'avenir sous le signe de la volonté politique. Nous sommes dans un monde qui a profondément changé depuis un demi siècle, mais pourtant notre système international lui reste régit par les mêmes règles et les mêmes pensées aussi anciennes. Nous avons décidé, la France et l'Egypte, de relayer nos voix au sein de la gouvernance mondiale, parce que nous voulons que le système change. Nous sommes à la fois les héritiers de grande culture et de grande tradition et en même temps nous sommes les premiers à vouloir changer la gouvernance mondiale. Nous voulons en particulier élargir le G8 aux grands pays émergents. Nous voulons le transformer en G14 parce que nous voulons accueillir au sein du G8 dans cette assemblée où l'on réfléchit à la mondialisation, à son organisation, à la façon de rendre la mondialisation plus juste, nous voulons accueillir l'Egypte d'abord parce que l'Egypte est un des plus grands pays du monde par sa population, par son histoire, par sa culture, par son dynamisme économique, mais aussi parce que nous voulons que le monde arabe, que l'Afrique soit représentée autour de la table où l'on discute de l'avenir du monde.
Est-ce que je me suis éloigné de notre sujet en évoquant ces objectifs, est-ce que je me suis éloigné du Conseil franco-égyptien des affaires ? Je ne le crois pas parce qu'une même ambition trace les routes ouvertes à la Nation égyptienne, qu'elle soit politique ou qu'elle soit économique. Le Smart Village où nous nous réunissons ce soir est un symbole, un symbole très convaincant de l'Egypte moderne à laquelle monsieur le Premier ministre votre gouvernement consacre tous ses efforts. Il y a plus de quatre ans, vous avez lancé des réformes très audacieuses pour moderniser votre économie nationale. D'ores et déjà, chacun peut le constater, des avancées considérables les suivent, dont témoigne le rythme de croissance soutenu de l'Egypte à plus de 7% par an. Alors bien sûr nous sommes dans un contexte mondial difficile. Nous savons que dans la crise économique et financière qui touche le monde personne ne sera épargné, mais les progrès que vous avez accomplis dans les secteurs bancaires et financiers vous permettent aujourd'hui d'afficher une sérénité que beaucoup d'autres pays vous envient. Vous avez assaini, vous avez modernisé, vous avez consolidé votre secteur bancaire, et de ce fait, ce secteur a séduit plusieurs banques françaises. Une nouvelle fois notre confiance économique et notre conviction politique se rejoignent. Nos coopérations bancaires et financières s'approfondissent à proportion. La Banque centrale Européenne et plusieurs banques centrales d'Etats membres dont la Banque de France viennent de signer avec la Banque Centrale d'Egypte un accord destiné justement à faire face ensemble à la tourmente actuelle. Le manque de crédit, l'inquiétude des investisseurs et des acheteurs, la volatilité des marchés fragilisent les croissances européennes, américaines, et japonaises. Si forte que soit l'Egypte, monsieur le Premier ministre, on peut craindre qu'ils ne la tiennent bientôt. Sous la pression des difficultés, la tentation peut être forte de renoncer aux réformes structurelles. Nous avons l'un et l'autre monsieur le Premier ministre repoussé ce choix parce que ça aurait été un choix dangereux. Nous avons au contraire résolu d'offrir aux entreprises, que ce soit les grandes entreprises, que ce soit les petites et les moyennes, les technologies, les échanges commerciaux dont nous avons tellement besoin, les conditions nécessaires à la poursuite de leur investissement. Nous voulons que les entreprises qui créent les emplois, qui créent la richesse, qui sont la source de la croissance soient soutenues dans cette période difficile par tous les moyens que nos Etats sont capables de mettre à leur disposition. Cette situation a vous le savez conduit la France à se mobiliser sur la scène internationale. Nous avons jusqu'à la fin du mois de décembre la présidence de l'Union européenne, et dans ce cadre nous nous sommes efforcés de construire avec nos partenaires une réponse forte, une réponse coordonnée à la crise financière, et à la crise économique, fondée sur de nouveaux investissements sur les infrastructures et sur l'innovation.
Je sais votre détermination monsieur le Premier ministre à gagner le même pari, et je m'en réjouis d'autant plus que de très nombreuses entreprises françaises ont noué avec les entreprises égyptiennes des partenariats solides, qu'elles sont devenues les acteurs du développement économique local. Et c'est la raison pour laquelle je veux saluer très chaleureusement les travaux du conseil présidentiel des affaires franco-égyptiens dont les résultats passés et les objectifs futurs concourent à renforcer entre nous la vigueur de nos échanges. Ce Conseil présidentiel qui se réunit pour la première fois en Egypte dans le lieu même où il avait été voulu il y a deux ans, a commencé l'an dernier de prouver son dynamisme et son efficacité, en mettant en place des actions de formation conjointe. Nous pensons et nous nous en sommes entretenus avec monsieur le Premier ministre à l'instant qu'il doit être une action, une instance privilégiée pour susciter des initiatives, pour mobiliser des nouveaux acteurs, pour contribuer très concrètement par des recommandations précises adressées aux deux gouvernements au renforcement de nos liens.
Je crois pouvoir dire monsieur le Premier ministre que nos rapports politiques sont depuis longtemps excellents. Depuis quelques années nous essayons de hisser nos relations économiques à la hauteur de ces rapports politiques. L'implantation des entreprises françaises dans votre pays présente ainsi un progrès tout à fait remarquable. La France est aujourd'hui l'un des tout premiers sinon le premier investisseur étranger en Egypte. Une centaine de grandes entreprises et de PME françaises employant plus de 40.000 personnes y sont implantées. Des opérations de très grande envergure y ont été récemment réalisées. Je pense évidemment aux investissements des cimenteries Lafarge pour plus de huit milliards d'euros, à Alcatel Lucent que je viens de visiter, à France Telecom dont j'ai pu admirer les efforts de formation et de technologie, à Saint-Gobain dans celui des matériaux, des matériaux de construction, du verre, ou encore Schneider Electric, dans le domaine du matériel électrique ou de l'efficacité énergétique. Je vois dans cette présence qui s'est considérablement renforcée depuis quatre ans une preuve de confiance que nos entreprises placent dans l'avenir de l'Egypte. Elles renouvellent régulièrement l'expression de cette confiance en réinvestissant leurs bénéfices sur place pour accroître leur capacité de production et pour développer leurs réseaux commerciaux. J'y lis également chez nos investisseurs une conscience très nette de l'intérêt que présente l'Egypte d'abord parce qu'il s'agit d'un très grand pays émergent, à la fois comme marché intérieur dynamique, fort de 78 millions de consommateurs, mais aussi comme plateforme de projection vers l'ensemble de la région où l'Egypte joue depuis toujours un rôle clef d'interface. La géographie ne trompe pas, la géographie a placé votre pays au carrefour de trois zones économiques prometteuses, le marché commun d'Afrique orientale et l'Australie, la zone arabe de libre-échange, l'espace euro méditerranéen avec l'accord d'association de 2004. Je n'oublie pas en rappelant cet atout les ambitions que vous formez monsieur le Premier ministre pour faire de la zone portuaire de Suez un grand pôle commercial international. Plus que jamais la France vous soutient, plus que jamais la France croit dans la position exceptionnelle de l'Egypte, et elle croit dans sa mise en valeur. La situation géographique de votre pays, le dynamisme de sa société, l'ampleur de ses chantiers de réformes et d'équipements font de l'Egypte une référence pour toute action régionale. La France ne conçoit pas de projeter sur le Proche-Orient une vision raisonnée et positive de l'avenir sans que la puissance égyptienne en soit le pivot. Ainsi dans cet esprit monsieur le Premier ministre l'Agence Française de Développement apportera à l'Egypte une contribution de 100 à 150 millions d'euros par an sur les trois prochaines années. Cette contribution sera essentiellement destinée à soutenir des PME égyptiennes, à lutter contre les pollutions industrielles et à améliorer les conditions de vie de la population. Elle fera de la France un des trois principaux bailleurs de fonds bilatéraux du Caire. A l'importance des volumes, nos échanges joignent déjà la qualité puisque chaque jour confirme la pertinence des secteurs que nous avons choisie. D'abord le domaine de l'énergie. L'Egypte assure aujourd'hui près de 10% de l'approvisionnement français en gaz grâce au développement par GDF d'une filière nationale de gaz naturel liquéfié. Le domaine des transports ensuite, lancé il y a 30 ans avec le métro du Caire qui est sans doute l'exemple le plus français des métros creusés hors de l'hexagone. Les entreprises françaises qui ont travaillé à construire la première et la deuxième ligne, Vinci, Bouygues, Alstom, Colas Rail, Systra, Alcatel, Thales, avec leur partenaire égyptien Orascom, Arab Contractor construisent actuellement la première phase de la troisième ligne. Je sais que son projet d'achèvement recueille toute votre attention. Un protocole pour le financement de la phase deux de la ligne trois sera signé demain et permettra aux entreprises françaises de continuer à participer à ce projet. Il prolongera une coopération déjà exemplaire. Toutes aussi encourageantes sont nos synergies dans le domaine de l'environnement puisque le savoir-faire français répond très exactement aux besoins actuels de votre pays. Je pense au secteur de la gestion de l'eau et de l'assainissement avec les entreprises Degremont ou Veolia, mais aussi à la gestion des déchets. Je pense en particulier au projet de Veolia Propret?? à Alexandrie qui emploie à lui seul cinq mille personnes. Je pense encore à la lutte contre le changement climatique, et contre les émissions de gaz à effet de serre.
Enfin nous avons noué des partenariats très importants dans l'agroalimentaire où Danone, Lactalis ou Bel consolident encore une présence déjà très, très forte, mais aussi dans les services, le tourisme, la banque, la distribution qui font partie des grandes perspectives qui sont désormais ouvertes à nos travaux actuels.
Mesdames et messieurs, quatre thèmes prioritaires concentrent désormais les réflexions du Conseil présidentiel des Affaires franco-égyptien. Ces quatre thèmes doivent permettrent de susciter des nouvelles initiatives et des nouveaux projets conjoints. Le premier de ces termes, c'est le renforcement de l'attrait du marché égyptien. Il est d'autant plus essentiel que nous souhaitons encourager un nombre accru de petites et moyennes entreprises françaises dont d'ailleurs une trentaine m'ont accompagné dans ce déplacement à investir et à commercer en Egypte. Vous savez que pour ces petites entreprises, les questions de sécurité juridique et les questions de climat des affaires sont absolument déterminantes, et je voudrais saluer l'ampleur des progrès qui ont été accompli à commencer par la constitution d'instances de médiation qui sont capables d'apporter un règlement pragmatique à certains contentieux inévitables.
Le deuxième thème, c'est la formation professionnelle. C'est un sujet que je connais bien, ayant eu l'occasion de présenter moi-même la loi française relative à la formation professionnelle en 2003, lorsque j'avais la responsabilité du ministère des Affaires Sociales. Je mesure donc d'autant mieux l'ampleur de l'enjeu et je suis intimement convaincu de l'effet de levier considérable qu'un système performant de formation professionnelle peut exercer sur le développement de l'économie d'un pays. Evidemment dans ce domaine, les entreprises privées ont un rôle essentiel à jouer que le Conseil présidentiel des Affaires aura à coeur d'encourager, d'accompagner et de soutenir.
Le troisième thème, ce sont les partenariats publics privés. Si vous voulez maintenir et accélérer le rythme de la croissance économique, si vous voulez absorber une croissance démographique dynamique de plus de 2% par an, votre pays devra inévitablement prolonger un effort d'infrastructures qui a déjà été massif. Pour réussir cet effort d'infrastructures, vous avez besoin des partenariats public privé. C'est un outil très puissant que la France utilise largement, que ce soit pour la construction de son réseau autoroutier, ou dans le domaine de l'eau. C'est d'ailleurs un outil que nous cherchons nous-même à moderniser en permanence. Je sais que beaucoup d'entreprises françaises sont impatientes de pouvoir s'appuyer sur la loi spécifique que votre gouvernement doit présenter prochainement au parlement égyptien.
Enfin le dernier thème, c'est celui du développement durable. Je ne saurais trop redire l'importance du sujet et la mobilisation qu'il exige. C'est un devoir absolu vis à vis des générations futures, mais c'est aussi une formidable source de croissance, d'innovation, de création d'emplois et je plaide pour que cette croissance verte puisse devenir le thème fédérateur, ou en tous cas un des thèmes fédérateurs entre les peuples qui bâtissent, à l'initiative de nos deux présidents, l'Union pour la Méditerranée. Nous allons signer demain un accord franco-égyptien pour promouvoir notre coopération dans ce domaine.
L'Union pour la Méditerranée mesdames et messieurs est avant tout un projet collectif de paix, de développement et de solidarité. Le sommet de Paris du 13 juillet dernier a pour la première fois de l'histoire réuni autour d'un même objectif, sous la présidence de Nicolas Sarkozy et d'Hosni Moubarak, 43 pays qui représentent plus de huit cent millions d'habitants. Six mois après le lancement de cette initiative, le projet est désormais solidement engagé. Le cadre institutionnel de l'Union pour la Méditerranée a été tracé, et dès le début de l'année 2009, son secrétariat qui sera installé à Barcelone entrera en fonction. Ce secrétariat aura pour mission de labelliser les projets retenus dans le cadre de l'UPM, et d'en assurer la mise en oeuvre. Une conférence va se tenir ici Egypte au début de 2009 pour en assurer le financement. Six axes regroupent ou devraient regrouper au fond les initiatives qui seront labellisées. La dépollution de la Méditerranée, les autoroutes maritimes et terrestres, la protection civile, les énergies de substitution notamment à travers le plan solaire méditerranéen, l'enseignement supérieur et la recherche à travers l'université euro méditerranéenne et enfin l'initiative méditerranéenne de développement des entreprises. Nous sommes donc désormais à quelques semaines d'entrée dans la phase opérationnelle de l'Union pour la Méditerranée, c'est-à-dire celle des chantiers concrets. Je suis convaincu qu'ils vont offrir des opportunités majeures de collaboration aux entreprises de nos deux pays. Je sais que leur réalisation fera appel aux expertises de chacun d'entre nous, qu'elle nécessitera des partenariats innovants, réunissant les fournisseurs de technologie, les investisseurs privés, dans le cadre de montage financier qui pourront s'appuyer sur de nouvelles sources de financement, mobilisées par les institutions financières sur les deux rives de la Méditerranée. Vous savez, je suis convaincu que si nous sommes capables de démontrer qu'il n'y a pas de bureaucratie dans l'Union pour la Méditerranée, qu'on est là simplement pour financer des projets concrets dans les délais les plus courts possibles, dans l'intérêt des deux rives, alors il n'y aura pas de difficulté pour trouver des financements. Le Président Moubarak, la première fois que nous nous sommes rencontrés, et que j'évoquais devant lui l'Union pour la Méditerranée, les difficultés du processus de Barcelone, il m'avait dit le problème avec l'Europe, c'est que vous envoyez des experts qui dépensent tous les budgets nécessaires à la réalisation des projets. Désormais c'est fini. Avec l'Union pour la Méditerranée, les budgets seront utilisés pour permettre aux projets d'être mis en oeuvre. Il y aura enfin cette égalité entre les deux rives, cette égalité d'expertise, cette égalité dans le choix des thématiques, dans le choix des projets, dans la conduite de ces projets, qui permettra d'en finir avec des systèmes de coopération qui n'ont pas jusqu'à ces derniers jours démontré qu'ils étaient performants. En tous cas lorsqu'il s'agit des relations entre l'Europe et la Méditerranée.
Tout ceci vous le savez n'a été possible que grâce à la maturité et à la solidité égyptienne. Tout ceci n'a été possible que grâce à l'énergie de vos réformes et à la grandeur affirmée de votre pays. Monsieur le Premier ministre, je ne peux pas terminer sans l'évoquer, même si j'imagine que chaque Premier ministre français, et chaque ministre français venant en Egypte le fait, il y a bientôt 150 ans que Ferdinand de Lesseps entamait le creusement du Canal de Suez, et l'histoire a fait de ce projet l'emblème de la coopération franco-égyptienne. Honorer Ferdinand de Lesseps, c'est honorer finalement le pouvoir de l'imagination, c'est honorer le pouvoir de la conviction et de la collaboration internationale. Honorer Ferdinand de Lesseps, c'est s'atteler ensemble à réaliser ce qui justement semblait complètement impossible hier. Les entreprises françaises et les entreprises égyptiennes doivent s'inscrire dans la filiation de celui qui fut surnommé le grand Français, pour mener ensemble à nouveau des projets structurants. Je vais vous dire que j'appelle de mes voeux ces projets majeurs parce que je sais qu'ils renforceront les liens qui sont déjà exemplaires d'amitié et de confiance entre la France et l'Egypte. Je sais la capacité de l'Egypte à les conduire. La grandeur de nos deux nations est à la source de notre volontariat commun.
Vive l'Egypte, vive la France.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 29 décembre 2008
mesdames et messieurs.
Je voudrais d'abord dire au Premier ministre, au gouvernement égyptien l'admiration qui est la mienne pour l'effort de réforme qu'il a entrepris et qui est particulièrement symbolisé par ce Smart Village né il y a à peine cinq ans que je viens au pas de course de visiter. Je disais à madame Lagarde à l'instant que en France, on ne serait sans doute pas capable de conduire dans un délai aussi court un projet aussi considérable. Et ce projet est le symbole de cette volonté de l'Egypte et de votre gouvernement, monsieur le Premier ministre, de rattraper les étapes, de franchir toutes les difficultés, et de faire entrer de plain-pied l'Egypte dans la compétition mondiale. Vous avez été monsieur le Premier ministre l'architecte de cet impressionnant parc d'activités futuristes où convergent les champions des technologies de l'information et de la communication. Les promesses de ce projet sont dignes de la grande nation égyptienne. Je vous remercie de m'y accueillir. Je vous remercie de m'y avoir convié, et d'avoir convié cette large assemblée, dont le nombre et la qualité illustre l'excellence des rapports entre nos deux pays.
Dans ce pôle d'activités où est en train de s'inventer pour une part l'Egypte moderne, il y a la présence d'une école francophone, l'école Voltaire, que j'ai eu la joie de visiter. Je pense que la tradition francophone en Egypte reçoit là un très bel encouragement. L'Egypte de demain ne doit pas se priver de la France, de la culture française, de ces apports intellectuels. Cette école, c'est une initiative entièrement égyptienne, dans sa conception, dans son financement, dans ses statuts, et cette initiative traduit bien cette fidélité. Le signal qui est donné par cette école qui porte le nom tellement évocateur, tellement symbolique de Voltaire, va plus loin puisqu'en accompagnant cette institution nos deux pays confirment leur aspiration à définir ensemble sous la vocation du grand philosophe des lumières une vision libre et une vision dynamique de leur destin. Voilà très longtemps que la France et l'Egypte jouissent du privilège de dialoguer, de se comprendre, d'appuyer mutuellement leurs propositions, et je pense qu'il n'y a pas de meilleur exemple de cette collaboration que l'Union pour la Méditerranée, qui chacun le sait a été initié par le président de la République française. Cette union c'est le symbole de ce monde plus équilibré, plus fraternel que nous voulons bâtir ensemble. A l'issue de la Seconde Guerre Mondiale, les pays européens qui s'étaient combattus pendant des siècles se sont dits il faut s'arrêter, et il faut construire ensemble une véritable coopération politique qui doit s'appuyer d'abord sur une coopération économique.
En ce début du 21e siècle, nous pensons qu'il faut de la même façon poser les bases d'une nouvelle organisation méditerranéenne. A Paris d'abord, à Marseille ensuite, nous l'avons fait éclore ensemble, et chacun sait le rôle déterminant qu'a joué l'Egypte, et qu'a joué en particulier le Président Moubarak pour permettre que ce projet que certains jugeaient irréaliste réussisse. Nous avons fait le pari de nous regarder en face, aux deux extrémités de cette mer, et d'embrasser nos différences. Nous avons fait le pari de développer un rôle commun. Qu'est-ce que nous voulons en somme ? Je vais peut-être vous faire sourire en le disant, nous voulons que la Méditerranée ait deux rives, deux rives avec un idéal partagé, deux rives pour une même prospérité. Un des principaux arguments des sceptiques et dieu sait s'il y en a, il y a toujours plus de sceptiques que de gens qui sont prêts à faire avancer les projets, c'était la difficulté trop connue, d'instaurer au Proche-Orient des relations politiques qui soient constructives et sereines entre tous. Et je ne parle pas de ceux qui voyaient dans l'Union renforcée des pays du Nord et du Sud, une illusion chimérique. En lançant l'Union pour la Méditerranée, la France et l'Egypte ont marqué leur volonté de démentir ce défaitisme et cette impuissance. Nous l'avons fait de façon pragmatique mais résolue. Nous avons entrepris de bâtir des coopérations souples dans un cadre général qui soit agréé par tout le monde, égalité Nord Sud, flexibilité des participations, flexibilité des projets, des financements, convergence des fonds publics et des fonds privés. Ces résultats pouvaient paraître utopiques. Maintenant nous savons qu'ils sont à notre portée. Aujourd'hui même à Amann se tient la réunion ministérielle sur l'eau de l'Union pour la Méditerranée. Il y a un mois au Caire se tenait la réunion ministérielle sur la santé. Est-ce que l'eau, est-ce que la santé sont des combats utopiques ? Non évidemment. La vérité, mesdames et messieurs, c'est que l'Union pour la Méditerranée, par-delà les prétendues impasses du dialogue Nord Sud, décide déjà un avenir partagé pour la France et pour l'Egypte.
Cet avenir nous voulons évidemment le placer sous le signe de la paix et de la prospérité. La région le mérite. Nous savons que ces peuples y aspirent. En établissant la paix avec Israël, l'Egypte a fait le choix de la modération contre tous les extrémismes. Elle a fait le choix du réalisme contre les idéologies, contre les idéologies de la défiance et de l'exclusion. Dans un contexte régional dont nous savons bien qu'il est tendu, cette position courageuse a été et reste aujourd'hui remarquable et la France veut à tout moment dire à l'Egypte, dire au Président Moubarak son admiration et son soutien. C'est le message que je porterai demain de la part du Président Sarkozy au Président Moubarak.
Par cette entente étroite nous voulons placer aussi l'avenir sous le signe de la volonté politique. Nous sommes dans un monde qui a profondément changé depuis un demi siècle, mais pourtant notre système international lui reste régit par les mêmes règles et les mêmes pensées aussi anciennes. Nous avons décidé, la France et l'Egypte, de relayer nos voix au sein de la gouvernance mondiale, parce que nous voulons que le système change. Nous sommes à la fois les héritiers de grande culture et de grande tradition et en même temps nous sommes les premiers à vouloir changer la gouvernance mondiale. Nous voulons en particulier élargir le G8 aux grands pays émergents. Nous voulons le transformer en G14 parce que nous voulons accueillir au sein du G8 dans cette assemblée où l'on réfléchit à la mondialisation, à son organisation, à la façon de rendre la mondialisation plus juste, nous voulons accueillir l'Egypte d'abord parce que l'Egypte est un des plus grands pays du monde par sa population, par son histoire, par sa culture, par son dynamisme économique, mais aussi parce que nous voulons que le monde arabe, que l'Afrique soit représentée autour de la table où l'on discute de l'avenir du monde.
Est-ce que je me suis éloigné de notre sujet en évoquant ces objectifs, est-ce que je me suis éloigné du Conseil franco-égyptien des affaires ? Je ne le crois pas parce qu'une même ambition trace les routes ouvertes à la Nation égyptienne, qu'elle soit politique ou qu'elle soit économique. Le Smart Village où nous nous réunissons ce soir est un symbole, un symbole très convaincant de l'Egypte moderne à laquelle monsieur le Premier ministre votre gouvernement consacre tous ses efforts. Il y a plus de quatre ans, vous avez lancé des réformes très audacieuses pour moderniser votre économie nationale. D'ores et déjà, chacun peut le constater, des avancées considérables les suivent, dont témoigne le rythme de croissance soutenu de l'Egypte à plus de 7% par an. Alors bien sûr nous sommes dans un contexte mondial difficile. Nous savons que dans la crise économique et financière qui touche le monde personne ne sera épargné, mais les progrès que vous avez accomplis dans les secteurs bancaires et financiers vous permettent aujourd'hui d'afficher une sérénité que beaucoup d'autres pays vous envient. Vous avez assaini, vous avez modernisé, vous avez consolidé votre secteur bancaire, et de ce fait, ce secteur a séduit plusieurs banques françaises. Une nouvelle fois notre confiance économique et notre conviction politique se rejoignent. Nos coopérations bancaires et financières s'approfondissent à proportion. La Banque centrale Européenne et plusieurs banques centrales d'Etats membres dont la Banque de France viennent de signer avec la Banque Centrale d'Egypte un accord destiné justement à faire face ensemble à la tourmente actuelle. Le manque de crédit, l'inquiétude des investisseurs et des acheteurs, la volatilité des marchés fragilisent les croissances européennes, américaines, et japonaises. Si forte que soit l'Egypte, monsieur le Premier ministre, on peut craindre qu'ils ne la tiennent bientôt. Sous la pression des difficultés, la tentation peut être forte de renoncer aux réformes structurelles. Nous avons l'un et l'autre monsieur le Premier ministre repoussé ce choix parce que ça aurait été un choix dangereux. Nous avons au contraire résolu d'offrir aux entreprises, que ce soit les grandes entreprises, que ce soit les petites et les moyennes, les technologies, les échanges commerciaux dont nous avons tellement besoin, les conditions nécessaires à la poursuite de leur investissement. Nous voulons que les entreprises qui créent les emplois, qui créent la richesse, qui sont la source de la croissance soient soutenues dans cette période difficile par tous les moyens que nos Etats sont capables de mettre à leur disposition. Cette situation a vous le savez conduit la France à se mobiliser sur la scène internationale. Nous avons jusqu'à la fin du mois de décembre la présidence de l'Union européenne, et dans ce cadre nous nous sommes efforcés de construire avec nos partenaires une réponse forte, une réponse coordonnée à la crise financière, et à la crise économique, fondée sur de nouveaux investissements sur les infrastructures et sur l'innovation.
Je sais votre détermination monsieur le Premier ministre à gagner le même pari, et je m'en réjouis d'autant plus que de très nombreuses entreprises françaises ont noué avec les entreprises égyptiennes des partenariats solides, qu'elles sont devenues les acteurs du développement économique local. Et c'est la raison pour laquelle je veux saluer très chaleureusement les travaux du conseil présidentiel des affaires franco-égyptiens dont les résultats passés et les objectifs futurs concourent à renforcer entre nous la vigueur de nos échanges. Ce Conseil présidentiel qui se réunit pour la première fois en Egypte dans le lieu même où il avait été voulu il y a deux ans, a commencé l'an dernier de prouver son dynamisme et son efficacité, en mettant en place des actions de formation conjointe. Nous pensons et nous nous en sommes entretenus avec monsieur le Premier ministre à l'instant qu'il doit être une action, une instance privilégiée pour susciter des initiatives, pour mobiliser des nouveaux acteurs, pour contribuer très concrètement par des recommandations précises adressées aux deux gouvernements au renforcement de nos liens.
Je crois pouvoir dire monsieur le Premier ministre que nos rapports politiques sont depuis longtemps excellents. Depuis quelques années nous essayons de hisser nos relations économiques à la hauteur de ces rapports politiques. L'implantation des entreprises françaises dans votre pays présente ainsi un progrès tout à fait remarquable. La France est aujourd'hui l'un des tout premiers sinon le premier investisseur étranger en Egypte. Une centaine de grandes entreprises et de PME françaises employant plus de 40.000 personnes y sont implantées. Des opérations de très grande envergure y ont été récemment réalisées. Je pense évidemment aux investissements des cimenteries Lafarge pour plus de huit milliards d'euros, à Alcatel Lucent que je viens de visiter, à France Telecom dont j'ai pu admirer les efforts de formation et de technologie, à Saint-Gobain dans celui des matériaux, des matériaux de construction, du verre, ou encore Schneider Electric, dans le domaine du matériel électrique ou de l'efficacité énergétique. Je vois dans cette présence qui s'est considérablement renforcée depuis quatre ans une preuve de confiance que nos entreprises placent dans l'avenir de l'Egypte. Elles renouvellent régulièrement l'expression de cette confiance en réinvestissant leurs bénéfices sur place pour accroître leur capacité de production et pour développer leurs réseaux commerciaux. J'y lis également chez nos investisseurs une conscience très nette de l'intérêt que présente l'Egypte d'abord parce qu'il s'agit d'un très grand pays émergent, à la fois comme marché intérieur dynamique, fort de 78 millions de consommateurs, mais aussi comme plateforme de projection vers l'ensemble de la région où l'Egypte joue depuis toujours un rôle clef d'interface. La géographie ne trompe pas, la géographie a placé votre pays au carrefour de trois zones économiques prometteuses, le marché commun d'Afrique orientale et l'Australie, la zone arabe de libre-échange, l'espace euro méditerranéen avec l'accord d'association de 2004. Je n'oublie pas en rappelant cet atout les ambitions que vous formez monsieur le Premier ministre pour faire de la zone portuaire de Suez un grand pôle commercial international. Plus que jamais la France vous soutient, plus que jamais la France croit dans la position exceptionnelle de l'Egypte, et elle croit dans sa mise en valeur. La situation géographique de votre pays, le dynamisme de sa société, l'ampleur de ses chantiers de réformes et d'équipements font de l'Egypte une référence pour toute action régionale. La France ne conçoit pas de projeter sur le Proche-Orient une vision raisonnée et positive de l'avenir sans que la puissance égyptienne en soit le pivot. Ainsi dans cet esprit monsieur le Premier ministre l'Agence Française de Développement apportera à l'Egypte une contribution de 100 à 150 millions d'euros par an sur les trois prochaines années. Cette contribution sera essentiellement destinée à soutenir des PME égyptiennes, à lutter contre les pollutions industrielles et à améliorer les conditions de vie de la population. Elle fera de la France un des trois principaux bailleurs de fonds bilatéraux du Caire. A l'importance des volumes, nos échanges joignent déjà la qualité puisque chaque jour confirme la pertinence des secteurs que nous avons choisie. D'abord le domaine de l'énergie. L'Egypte assure aujourd'hui près de 10% de l'approvisionnement français en gaz grâce au développement par GDF d'une filière nationale de gaz naturel liquéfié. Le domaine des transports ensuite, lancé il y a 30 ans avec le métro du Caire qui est sans doute l'exemple le plus français des métros creusés hors de l'hexagone. Les entreprises françaises qui ont travaillé à construire la première et la deuxième ligne, Vinci, Bouygues, Alstom, Colas Rail, Systra, Alcatel, Thales, avec leur partenaire égyptien Orascom, Arab Contractor construisent actuellement la première phase de la troisième ligne. Je sais que son projet d'achèvement recueille toute votre attention. Un protocole pour le financement de la phase deux de la ligne trois sera signé demain et permettra aux entreprises françaises de continuer à participer à ce projet. Il prolongera une coopération déjà exemplaire. Toutes aussi encourageantes sont nos synergies dans le domaine de l'environnement puisque le savoir-faire français répond très exactement aux besoins actuels de votre pays. Je pense au secteur de la gestion de l'eau et de l'assainissement avec les entreprises Degremont ou Veolia, mais aussi à la gestion des déchets. Je pense en particulier au projet de Veolia Propret?? à Alexandrie qui emploie à lui seul cinq mille personnes. Je pense encore à la lutte contre le changement climatique, et contre les émissions de gaz à effet de serre.
Enfin nous avons noué des partenariats très importants dans l'agroalimentaire où Danone, Lactalis ou Bel consolident encore une présence déjà très, très forte, mais aussi dans les services, le tourisme, la banque, la distribution qui font partie des grandes perspectives qui sont désormais ouvertes à nos travaux actuels.
Mesdames et messieurs, quatre thèmes prioritaires concentrent désormais les réflexions du Conseil présidentiel des Affaires franco-égyptien. Ces quatre thèmes doivent permettrent de susciter des nouvelles initiatives et des nouveaux projets conjoints. Le premier de ces termes, c'est le renforcement de l'attrait du marché égyptien. Il est d'autant plus essentiel que nous souhaitons encourager un nombre accru de petites et moyennes entreprises françaises dont d'ailleurs une trentaine m'ont accompagné dans ce déplacement à investir et à commercer en Egypte. Vous savez que pour ces petites entreprises, les questions de sécurité juridique et les questions de climat des affaires sont absolument déterminantes, et je voudrais saluer l'ampleur des progrès qui ont été accompli à commencer par la constitution d'instances de médiation qui sont capables d'apporter un règlement pragmatique à certains contentieux inévitables.
Le deuxième thème, c'est la formation professionnelle. C'est un sujet que je connais bien, ayant eu l'occasion de présenter moi-même la loi française relative à la formation professionnelle en 2003, lorsque j'avais la responsabilité du ministère des Affaires Sociales. Je mesure donc d'autant mieux l'ampleur de l'enjeu et je suis intimement convaincu de l'effet de levier considérable qu'un système performant de formation professionnelle peut exercer sur le développement de l'économie d'un pays. Evidemment dans ce domaine, les entreprises privées ont un rôle essentiel à jouer que le Conseil présidentiel des Affaires aura à coeur d'encourager, d'accompagner et de soutenir.
Le troisième thème, ce sont les partenariats publics privés. Si vous voulez maintenir et accélérer le rythme de la croissance économique, si vous voulez absorber une croissance démographique dynamique de plus de 2% par an, votre pays devra inévitablement prolonger un effort d'infrastructures qui a déjà été massif. Pour réussir cet effort d'infrastructures, vous avez besoin des partenariats public privé. C'est un outil très puissant que la France utilise largement, que ce soit pour la construction de son réseau autoroutier, ou dans le domaine de l'eau. C'est d'ailleurs un outil que nous cherchons nous-même à moderniser en permanence. Je sais que beaucoup d'entreprises françaises sont impatientes de pouvoir s'appuyer sur la loi spécifique que votre gouvernement doit présenter prochainement au parlement égyptien.
Enfin le dernier thème, c'est celui du développement durable. Je ne saurais trop redire l'importance du sujet et la mobilisation qu'il exige. C'est un devoir absolu vis à vis des générations futures, mais c'est aussi une formidable source de croissance, d'innovation, de création d'emplois et je plaide pour que cette croissance verte puisse devenir le thème fédérateur, ou en tous cas un des thèmes fédérateurs entre les peuples qui bâtissent, à l'initiative de nos deux présidents, l'Union pour la Méditerranée. Nous allons signer demain un accord franco-égyptien pour promouvoir notre coopération dans ce domaine.
L'Union pour la Méditerranée mesdames et messieurs est avant tout un projet collectif de paix, de développement et de solidarité. Le sommet de Paris du 13 juillet dernier a pour la première fois de l'histoire réuni autour d'un même objectif, sous la présidence de Nicolas Sarkozy et d'Hosni Moubarak, 43 pays qui représentent plus de huit cent millions d'habitants. Six mois après le lancement de cette initiative, le projet est désormais solidement engagé. Le cadre institutionnel de l'Union pour la Méditerranée a été tracé, et dès le début de l'année 2009, son secrétariat qui sera installé à Barcelone entrera en fonction. Ce secrétariat aura pour mission de labelliser les projets retenus dans le cadre de l'UPM, et d'en assurer la mise en oeuvre. Une conférence va se tenir ici Egypte au début de 2009 pour en assurer le financement. Six axes regroupent ou devraient regrouper au fond les initiatives qui seront labellisées. La dépollution de la Méditerranée, les autoroutes maritimes et terrestres, la protection civile, les énergies de substitution notamment à travers le plan solaire méditerranéen, l'enseignement supérieur et la recherche à travers l'université euro méditerranéenne et enfin l'initiative méditerranéenne de développement des entreprises. Nous sommes donc désormais à quelques semaines d'entrée dans la phase opérationnelle de l'Union pour la Méditerranée, c'est-à-dire celle des chantiers concrets. Je suis convaincu qu'ils vont offrir des opportunités majeures de collaboration aux entreprises de nos deux pays. Je sais que leur réalisation fera appel aux expertises de chacun d'entre nous, qu'elle nécessitera des partenariats innovants, réunissant les fournisseurs de technologie, les investisseurs privés, dans le cadre de montage financier qui pourront s'appuyer sur de nouvelles sources de financement, mobilisées par les institutions financières sur les deux rives de la Méditerranée. Vous savez, je suis convaincu que si nous sommes capables de démontrer qu'il n'y a pas de bureaucratie dans l'Union pour la Méditerranée, qu'on est là simplement pour financer des projets concrets dans les délais les plus courts possibles, dans l'intérêt des deux rives, alors il n'y aura pas de difficulté pour trouver des financements. Le Président Moubarak, la première fois que nous nous sommes rencontrés, et que j'évoquais devant lui l'Union pour la Méditerranée, les difficultés du processus de Barcelone, il m'avait dit le problème avec l'Europe, c'est que vous envoyez des experts qui dépensent tous les budgets nécessaires à la réalisation des projets. Désormais c'est fini. Avec l'Union pour la Méditerranée, les budgets seront utilisés pour permettre aux projets d'être mis en oeuvre. Il y aura enfin cette égalité entre les deux rives, cette égalité d'expertise, cette égalité dans le choix des thématiques, dans le choix des projets, dans la conduite de ces projets, qui permettra d'en finir avec des systèmes de coopération qui n'ont pas jusqu'à ces derniers jours démontré qu'ils étaient performants. En tous cas lorsqu'il s'agit des relations entre l'Europe et la Méditerranée.
Tout ceci vous le savez n'a été possible que grâce à la maturité et à la solidité égyptienne. Tout ceci n'a été possible que grâce à l'énergie de vos réformes et à la grandeur affirmée de votre pays. Monsieur le Premier ministre, je ne peux pas terminer sans l'évoquer, même si j'imagine que chaque Premier ministre français, et chaque ministre français venant en Egypte le fait, il y a bientôt 150 ans que Ferdinand de Lesseps entamait le creusement du Canal de Suez, et l'histoire a fait de ce projet l'emblème de la coopération franco-égyptienne. Honorer Ferdinand de Lesseps, c'est honorer finalement le pouvoir de l'imagination, c'est honorer le pouvoir de la conviction et de la collaboration internationale. Honorer Ferdinand de Lesseps, c'est s'atteler ensemble à réaliser ce qui justement semblait complètement impossible hier. Les entreprises françaises et les entreprises égyptiennes doivent s'inscrire dans la filiation de celui qui fut surnommé le grand Français, pour mener ensemble à nouveau des projets structurants. Je vais vous dire que j'appelle de mes voeux ces projets majeurs parce que je sais qu'ils renforceront les liens qui sont déjà exemplaires d'amitié et de confiance entre la France et l'Egypte. Je sais la capacité de l'Egypte à les conduire. La grandeur de nos deux nations est à la source de notre volontariat commun.
Vive l'Egypte, vive la France.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 29 décembre 2008