Entretien de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, avec "RFI Afrique" le 23 avril 2001 et sa conférence de presse, sur la question des réfugiés sierra-léonais, les sanctions décidées par le Conseil de sécurité contre le Libéria qui soutient les rebelles du RUF (Front révolutionnaire uni), l'attitude du Président guinéen Lansana Conté, la position de la Grande-Bretagne, la zone franc et le franc CFA, Paris, le 23 avril 2001.

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Circonstance : Déplacement conjoint de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, et Mme Clare Short, ministre britannique du développement international, en Guinée et en Sierra Leone, le 17 avril 2001

Média : Radio France Internationale

Texte intégral

Entretien avec "RFI Afrique"
Q - A l'issue de ce déplacement, les deux ministres sont tombés d'accord sur un point : laissons disent-ils les intéressés, c'est-à-dire les réfugiés, décider d'eux-mêmes.
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R - C'est-à-dire en réalité, nous sommes tous d'accord pour considérer que les réfugiés qui sont en Guinée et notamment dans ce que l'on appelle la langue de Guéckedou, sont en situation d'insécurité et peuvent représenter aussi une menace du point de vue guinéen, d'où le souhait des autorités guinéennes de les délocaliser. C'est aussi le souhait des associations qui s'occupent des réfugiés. On peut se demander si la bonne délocalisation c'est vers l'intérieur de la Guinée et si l'on doit offrir aussi aux réfugiés sierra-leonais qui le souhaitent, la possibilité de les accueillir dès à présent en Sierra Leone.
Même si les conditions ne sont pas réunies pour qu'ils puissent déjà rejoindre leur village car ce village peut être situé dans une zone qui, aujourd'hui, n'est pas encore sécurisée. Je crois que nous pouvons aisément trouver une motion de synthèse en quelque sorte entre la position britannique et la position française sur l'idée qu'il faut offrir le choix aux réfugiés.
Je dis : l'important c'est que le choix leur soit offert car sinon nous risquons de voir les réfugiés sierra-leonais partir avec leurs propres moyens à leurs risques - et il demeure grand- dans des conditions qui sont totalement difficiles à accepter sur le plan simplement humanitaire.
Q - Autre sujet de divergence : l'attitude à adopter face à Charles Taylor dont le soutien à la guérilla du Ruf est un secret de polichinelle. La Grande-Bretagne souhaiterait une attitude offensive, la France et certains pays de la CEDEAO sont partisans d'une riposte graduée. Là encore, Londres et Paris entendent mettre en sourdine cette querelle et les deux pays insistent sur l'importance des sanctions décidées par le Conseil de sécurité contre Monrovia.
(?)
R - La France - instruite par les précédents - sait que les sanctions peuvent représenter des souffrances en plus pour la population et être totalement indolores pour les dirigeants et, nous avons voulu que les sanctions désormais soient ciblées de façon à toucher les dirigeants là où cela fait mal. Elle a voulu aussi qu'on les limite dans le temps et ce sont ces principes qui ont été en quelque sorte acceptés par nos partenaires au sein du Conseil de sécurité ajoutant que les pays africains souhaitaient donner une chance de plus à Charles Taylor de faire amende honorable d'où le délai supplémentaire qui a été souhaité auquel finalement le Conseil de sécurité s'est rallié. Le délai arrive à échéance le 7 mai.
Il faut reconnaître que jusqu'à présent Charles Taylor n'a pas fait preuve d'une très grande bonne volonté.
Si le 7 mai, on est encore dans la même situation, alors il faudra que les sanctions s'appliquent. Notre objectif, je le répète, c'est d'arriver à une paix durable dans cette région, une paix durable. Les moyens militaires sont utiles, sont même indispensables, mais je pense que le dialogue préconisé par certains dirigeants africains, je pense au président Konare, mais je pense aussi au président Obasunjo qui préconise de conjuguer la solution diplomatique et la solution militaire. Cette attitude nous paraît plutôt appropriée, compte tenu de la situation en Sierra Leone.

(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 mai 2001)
Rencontre de M. Josselin avec des journalistes
Q - Y a-t-il des signes positifs de la part de Charles Taylor concernant la situation et le soutien au RUF ? Estimez-vous que M. Taylor donnera des signes positifs qui permettront que les sanctions n'interviennent pas ?
R - S'il y en a, ils sont discrets, mais c'est le Secrétaire général des Nations unies qui doit faire rapport devant le Conseil de sécurité et qui permettra à celui-ci d'apprécier s'il y a ou non progrès.
Q - Concernant le Liberia, avez-vous le sentiment que les Etats-Unis ont une action d'apaisement au Liberia dans lequel ils ont d'importants intérêts économiques ?
R - Non, je n'ai pas d'informations particulières sur ce point. Nous avons rencontré l'ambassadeur des Etats-Unis à Conakry mais la conversation a été brève et ne nous a pas permis d'en savoir plus sur les intentions des Etats-Unis concernant le Liberia. Je n'ai pas eu connaissance de médiation particulière auxquelles se livreraient les Etats-Unis.
Q - Que pensez-vous de l'attitude du président Conté ?
R - Je n'ai pas senti le président Conté très préoccupé par la solution diplomatique. Je l'ai dit tout à l'heure, il fait la guerre, il la conduit de manière brutale en utilisant les moyens qui sont les siens. Les orgues de Staline ne sont pas le meilleur instrument de chirurgie de précision, les bombardements non plus. Mais ceci a incontestablement contribué à affaiblir le RUF dans la zone en question. Mais les populations civiles en sont aussi victimes, je le répète.
Q - Etes-vous favorables au retour des réfugiés ou à leur relocalisation, quelle est la position de la France ? Quelle conséquence pourra-t-on en tirer s'il y a une position française ?
R - A la première question, il n'y a pas de réponse univoque. Les autorités sierra léonaises ont consolidé la position qui était la nôtre : il faut aussi, et dès maintenant, faciliter le retour des réfugiés en s'assurant bien entendu que les conditions d'accueil offrent à la fois sur les plans matériel et de la sécurité des conditions satisfaisantes. Je demanderai à Lubbers ce qu'il compte faire pour faciliter dès à présent, le retour progressif des réfugiés sierra léonais. Je pense que l'évolution de la situation sur le terrain permet d'espérer à la fois une sécurisation des transports routiers entre Forécariah et Kambia ; il faut apprécier dans le même temps, la possibilité d'un pont aérien entre Guéckédou et Kenema par exemple. Il faut que l'Union européenne soit mobilisée pour créer de nouveaux centres d'accueil pour les réfugiés sierra léonais qui veulent, dans leur très grande majorité, revenir au pays. Cela veut dire qu'il faut peut-être revoir à la baisse le programme de relocalisation en Guinée.
Q - Vous ne faites pas confiance aux responsables guinéens ?
R - La question n'est pas de faire confiance ou non aux responsables guinéens. Il faut reconnaître que sur la dernière période, les témoignages que nous avons recueillis font état d'une meilleure relation entre les réfugiés et les autorités guinéennes. Je suis convaincu que les contacts qui ont eu lieu entre M. Lubbers et les autorités guinéennes, le président Conté mais aussi le ministre Solano par exemple ont eu des effets positifs. Ceci nous a été confirmé sur le terrain. Je dis simplement que nous avons des réfugiés qui veulent rentrer chez eux. On nous dit qu'ils ne peuvent pas rentrer chez eux car leur village a été détruit. Très bien, la question reste ouverte : les fait-on rentrer chez eux pour les mettre dans un camp de transit en Sierra Leone ou les met-on dans un nouveau camp de transit en Guinée ?
Q - Sait-on de quelle région viennent les réfugiés ?
R - On sait assez bien d'où ils viennent, on sait que, pour beaucoup d'entre eux, leurs villages ne se trouvent pas encore dans les zones sécurisées ou qu'ils ont été détruits complètement. L'OIM et le HCR ont probablement des listes qui permettraient de répondre plus précisément à votre question. Les réfugiés veulent rentrer, les autorités sierra léonaises veulent qu'ils rentrent et nous disons, commençons dès à présent à organiser leur retour. Voilà notre position.
Q - Les Britanniques partageaient-ils cette position ?
R - Non, mais ce qui est intéressant, c'est qu'au terme du voyage, les positions se sont rapprochées et que sur cette conclusion, Clare Short est d'accord.
Les zones sous contrôle RUF sont, nous disent les autorités sierra léonaises et la MINUSIL en rétrécissement. Donc, la part du territoire sierra léonais mis en sécurité, réoccupé par la MINUSIL et abandonnée par le RUF, est en train de s'étendre. Les gens rentrent d'eux-mêmes et ils sont là en très grande insécurité. La position britannique n'est pas tenable si nous voulons éviter que les réfugiés en rentrant de leur propre initiative au plus droit, traversent la zone du RUF et y soient victimes de racket ou de violence. C'est pour cela que nous disons qu'il faut offrir le choix. Il faut surtout qu'ils soient informés de la réalité de la situation, c'est un problème important sur lequel nous nous sommes mis d'accord avec Clare Short car les gens qui sont en Guinée sont souvent mal informés de la réalité de la situation de leur propre région. Il y a un problème d'informations des réfugiés en Guinée sur la réalité de la situation en Sierra Leone. Nous avons plaidé pour que des efforts soient faits dans ce sens. Cela aussi, j'aurai l'occasion d'en parler avec M. Lubbers après-demain. Mais à partir du moment où, informés, les gens veulent rentrer, il faut les aider à le faire et c'est là que nous avons deux options : l'option aérienne qui évidemment renvoie à des moyens financiers plus importants, et l'autre solution, c'est que l'on contourne la Sierra Leone par la voie routière et à partir de Guéckédou pour passer par Forécariah-Kambia. Il y a ceux qui partent par bateau également, le jour même où nous étions sur place, il était prévu qu'un millier supplémentaire puisse entrer à Freetown.
Dès lors que le nord ouest est libéré du RUF, le retour des réfugiés par voie terrestre devient plus facile. On eut comprendre que les ONG aient le souci de la sécurité des réfugiés qui rentrent, mais on ne peut pas attendre. C'est la conclusion à laquelle nous sommes arrivés avec Claire Short, on ne peut pas attendre la fin du processus, c'est-à-dire la sécurisation de l'ensemble du territoire sierra léonais pour commencer à rapatrier les réfugiés. Les Guinéens ne souhaitent pas non plus garder ces réfugiés trop longtemps. Bref, c'est la solution de retour au pays qui nous semble devoir être privilégiée mais avec les précautions que j'évoquais à l'instant. Sur cette ligne, on peut considérer que le voyage que nous avons fait avec Mme Short aura permis de rapprocher considérablement les positions. C'est ce que nous allons faire savoir à nos collègues européens, à la commission et à la présidence suédoise.
Q - Rapatrier les réfugiés ou les mettre dans les camps de transit, cela coûte cher, la France s'engagera-t-elle plus avant financièrement pour aider le HCR ?
R - La France est l'un des bailleurs de fonds du HCR, elle n'est pas dans les premiers, c'est connu. Nous allons poursuivre l'effort engagé, au travers de l'Union européenne, nous allons surtout nous mobiliser davantage et là, la France est un bailleur important. Mais, je ne suis pas sûr, je le répète, que cela coûte plus cher de rapatrier en Sierra Leone que de relocaliser en Guinée. C'est ce qu'il faut vous dire. Je n'ai pas malheureusement les moyens de promettre à M. Lubbers de doubler la participation de la France au HCR. Pour autant, M. Lubbers sait que notre participation n'est pas négligeable et au travers des autres organisations dont il a besoin, je pense à l'Union européenne, la France y est également un acteur important.
Q - Compte tenu du passé, n'êtes-vous pas inquiet de revoir venir la CEDEAO et notamment les troupes nigérianes dans cette région ?
R - Je pense que l'armée nigériane, avec M. Obasanjo comme président me paraît présenter une image autrement plus positive que du temps d'Abacha, je le dis très clairement. J'ajoute que le déséquilibre qu'avait connu l'ECOMOG, il y a trois ans maintenant, lorsque le Nigeria était pratiquement seul, n'est plus la réalité d'aujourd'hui puisque, même si l'armée nigériane est importante, des Pakistanais et des Népalais arrivent.
Diversifier la présence de la CEDEAO apparaît comme un objectif important et la France pourrait éventuellement s'y employer, mais il faut que j'en discute avec le Premier ministre et singulièrement avec le ministre de la Défense parce qu'il s'agit du problème des moyens logistiques que la France pourrait apporter.
Q - Mais est-ce qu'il y a eu des massacres ou des tueries commises par l'armée guinéenne à l'égard des réfugiés ?
R - Non. On ne peut pas dire qu'il y a eu des tueries, qu'il y a eu des comportements parfois violents : oui ; mais des tueries exercées à l'encontre des réfugiés par l'armée guinéenne, on ne peut pas le dire, si cela n'a pas été évalué et, il n'y a pas eu d'enquête.
Par contre, de l'autre côté, - je vous l'ai dit tout à l'heure - les populations civiles ont évidemment subi le contrecoup des bombardements lancés par l'armée guinéenne contre le RUF. Cela est incontestable.
Quant aux suites, si vous voulez, pour tout cela, notre Ambassadeur est sur place. Cela fait déjà de longs mois que la France fait passer un certain nombre de messages aux autorités guinéennes qui concerne à la fois le souci qu'elles devraient avoir d'une recherche de solutions diplomatiques et pas seulement d'une solution militaire, le souci aussi qu'elles devraient avoir d'un dialogue intérieur différent. Il est vrai que la guerre peut parfois faire oublier les préoccupations de politique intérieure. Mais cette situation n'est pas satisfaisante. L'isolement dans lequel se trouve la Guinée par rapport à ses voisins africains, n'est pas non plus satisfaisant et nous le disons aux autorités guinéennes.
Q - Comme vous le dites, cela ne semble pas le souci du président Conté ?
R - On peut le dire sans être autant entendu que nous le voudrions, mais n'empêche que nous continuons à le dire, parce que cela nous paraît tout à fait important et je ne doute pas que dans l'entretien que j'aurai avec le président Konaré, cette question soit aussi évoquée, mais la question est : comment faire ? Sachant que la réalité des attaques du RUF est aussi incontestable. La frontière guinéenne subit ces attaques, on peut comprendre que les Guinéens et pas seulement Lansana Conté en soient émus. Mais là encore la proportionnalité de la réponse est posée. Notre conviction et celle des dirigeants africains est qu'il n'y aura pas de solution seulement militaire.
Q - Est-ce que la solution militaire en Sierra Leone semble être l'option de la Grande-Bretagne ? Est-ce que là aussi vos points de vue se sont rapprochés, est-ce qu'aujourd'hui la Grande-Bretagne estime comme la France qu'il n'y a pas de solution militaire ?
R - Je pense que les points de vue se sont rapprochés, notamment sur le rôle de la MINUSIL, sur le calendrier et sur le rôle de la CEDEAO.
Q - Une question sur la réaction de la rébellion à Goma, en République démocratique du Congo qui accuse la France d'avoir commandité les conclusions du rapport des Nations unies sur le pillage des ressources dans l'ex-Zaïre ?
R - Nous savons les liens très étroits qu'il y a entre le RCD Goma et le Rwanda et il est vrai que les Rwandais, mais l'on peut penser que c'est aussi le cas des Ougandais, vivent mal les conclusions d'un rapport qui les incrimine comme participants à l'exploitation - c'est une expression sympathique - des richesses du Congo. Mais, je veux simplement répondre, et encore j'ai eu l'occasion d'en parler avec Mme Short, ce n'est pas un secret de rappeler que les Britanniques et les Rwandais ont des relations proches.
Mais la réponse que je peux faire à ce sujet, c'est : que s'il est vrai que la France avait plaidé en faveur d'une telle enquête, d'un tel rapport, les cinq membres qui ont été choisis sont une présidente ivoirienne, un Camerounais, un Américain, un Suisse et un Sénégalais. Prétendre que c'est sous la dictée des Français en quelque sorte que ce rapport aurait été établi est totalement aberrant.
Ce qui semble-t-il est plus gênant dans ce rapport, c'est que la partie relative au Zimbabwe ou sur les responsabilités du Zimbabwe soient particulièrement faible, presque inexistante et on ne peut pas à priori disculper le Zimbabwe d'une part des responsabilités dans cette affaire.
Q - Comment expliquez-vous que l'on ne parle pas du Zimbabwe ?
R - Je ne sais pas. Je n'ai pas encore de réponse, c'est arrivé la semaine dernière, j'étais là-bas quand on a eu quelques précisions supplémentaires, je n'ai pas encore eu le temps moi-même de faire l'évaluation complète de ce rapport, mais je vous dis que c'est dans le cadre des conversations que j'ai pu avoir avec Clare Short que l'on a évoqué cette situation.
La réponse de Clare Short, c'est de dire : ce n'est pas le gouvernement rwandais, c'est parce que ce sont des sociétés établies au Rwanda qui ont procédé à cette exploitation. Je lui laisse la responsabilité de sa propre évaluation, mais je rappelle ce que m'avait dit Paul Kagamé, quand je l'avais rencontré à Kigali, à la question que je lui posais sur l'exploitation des ressources congolaises, il avait eu cette réponse magnifique en disant : "pourquoi faudrait-il que seuls les blancs soient autorisés à exploiter le Congo ?"
Q - Est ce que les discussions sont en cours à New York ? Est-ce que la discussion continue ?
R - Oui, les discussions continuent. Mais je ne suis pas surpris que ce rapport provoque quelques vagues. Il vient confirmer quand même ce que nous avions nous-mêmes pressenti ou identifié.
Q - Vous allez participer dans deux jours à la réunion des ministres de la zone franc à Abidjan. Je voudrais savoir s'il y a des dispositions particulières qui vont être prises pour la mise en circulation de l'euro et j'en profite pour vous poser l'éternelle question : est-ce que le CFA est en sursis ?
R - J'ai soulevé d'ailleurs en réunion de ministres, il y a presque deux mois, la question du passage à l'euro en zone franc, parce que tout le monde se préoccupe du passage à l'euro ici, mais il est clair, il va y avoir aussi quelques incidences sur le fonctionnement de la zone franc. Nous en parlerons à Abidjan après demain, et Laurent Fabius fera en particulier une information très précise sur le calendrier du passage à l'euro et notamment les modalités de mise en place de l'euro fiduciaire et scripturale. La réponse est donc oui : le passage à l'euro figure à l'agenda de la réunion des ministres de la zone franc d'Abidjan mercredi.
Je rappelle que nous rencontrerons demain soir le président Gbagbo, Laurent Fabius et moi.
Ce sera d'ailleurs l'occasion - je le dis puisque l'on parle de Côte d'Ivoire - de signer quatre conventions de coopération d'un montant total de 51 millions de francs permettant de relancer notre coopération civile dans les secteurs de la santé, de l'agriculture, et du développement social.
Pas besoin de vous dire que nous sommes très intéressés évidemment par cette occasion qui nous est donnée de faire le point avec le président Gbagbo de la situation aujourd'hui en Côte d'Ivoire. On y évoquera certainement aussi - j'en parlais ce matin avec les représentants des ONG - les Droits de l'Homme, l'état d'avancement des procédures d'enquête sur les événements que vous savez en observant que le premier résultat qui nous apparaît positif a été obtenu - je crois qu'il y a un juge d'instruction qui fait du bon travail -.
Q - Et la question subsidiaire par rapport à l'avenir du FCFA ?
R - On ne parle pas de dévaluation là ?
Q - Non, on ne parle pas de dévaluation, mais pas du tout....
R - Car à chaque fois, c'est pour me dire : à quand la prochaine dévaluation ? Elle n'est pas d'actualité en tous cas, elle n'est pas à l'ordre du jour.
Q - La question a été réglée en fait dès 1998, lorsqu'il y a eu l'ancrage du FCFA à l'euro, donc cela ne changera pas, il n'y a aucune raison maintenant que cela bouge par rapport à ce qui a été dit en 1998 ?
R - Non, non, on peut continuer à poser la même question, mais on apportera toujours la même réponse, parce que pour nous c'est clair. Mais il est vrai comme nous nous rapprochons du passage à l'euro, à Abidjan, il est possible que la même question nous soit à nouveau posée, mais le calage par rapport au franc, lui est ce qu'il est, le passage du franc à l'euro fait que la même référence est normalement préservée ; ce qui devrait du point de vue de l'Afrique, de la zone franc, représenter un avantage car c'est une sécurisation de plus par rapport aux investissements européens, ce qui est plutôt considéré comme une bonne chose.
Il y avait une question, mais elle vous intéresse peut-être moins parce que vous ne me la posez pas : c'est la relation sur le sida et l'actualité.
On a évidemment pris acte avec satisfaction de l'accord qui est intervenu entre les entreprises pharmaceutiques et le gouvernement d'Afrique du sud qui met un terme à l'action de justice qui avait été engagée.
Nous avons le sentiment qu'il s'agit là d'une étape importante dans la recherche de solutions susceptibles d'assurer un accès durable pour les malades du sida à des traitements abordables. Le gouvernement français a d'autant plus de raisons de s'en réjouir qu'il est de ceux qui se sont battus depuis de longs mois en faveur de cet accès aux traitements qui n'étaient pas forcément le cas de tous nos partenaires.
Vous savez que nous allons tenir, normalement, à Dakar, les 30 novembre et 1er décembre une réunion internationale, précisément sur l'accès aux soins des malades du sida et l'évolution que nous venons d'observer, je le répète, dans la relation aussi bien en Afrique du Sud, qu'au Brésil d'ailleurs, où la question s'est également posée, nous laisse augurer de bonnes dispositions de l'industrie pharmaceutique par rapport à ces questions, mais évidemment ceci mérite d'être vérifié.
Cette réunion de Dakar exige quelques conditions préalables évidemment à son succès, notamment la participation d'un nombre significatif de pays, elle est prévue sous l'égide des Nations Unies, vous le savez. Un comité préparatoire est en place que co-préside la France et ONUSIDA et nous sommes en train évidemment de regarder les prolongements que notre conférence de Dakar devrait donner à ces engagements qui ont été pris entre acteurs publics et privés du Nord et du Sud ; mais nous prendrons acte aussi des résultats de la conférence qui doit se tenir. C'est une session extraordinaire de l'Assemblée des Nations unies qui est prévue en juin consacrée également au sida et à laquelle j'ai l'intention de participer. Mais il n'est pas impossible qu'à l'occasion du voyage que nous allons faire à Washington en fin de semaine prochaine, on puisse aussi rencontrer M. Frist, sénateur républicain du Tennessee, qui est considéré comme un des hommes politiques influents à Washington et qui est lui-même un ardent promoteur du renforcement de la réponse américaine au défi que pose le sida dans les pays pauvres. J'aurai l'occasion de m'entretenir avec lui pour voir, et c'est important je crois, comment là encore faire en sorte que les points de vue américain et français soient en convergence pour faire avancer ce dossier qui nous paraît tout à fait important.