Texte intégral
J.-J. Bourdin.- Vous êtes l'homme de la situation ce matin, du moins l'homme qui doit répondre aux questions et aux dernières informations dont nous avons besoin. Des barrages en feu, en Guadeloupe, un magasin de fournitures de bateaux incendié, des voitures retournées... Est-ce que nous sommes dans une situation pré-insurrectionnelle ?
Je n'espère pas. Il y a eu une poussée de tension hier, c'est vrai. Il y a en coulisses un travail qui se fait, parce qu'il ne reste qu'un problème, c'est un problème lourd, c'est celui des salaires, mais tout le reste a été réglé et tout le reste fait l'objet d'un accord et d'un consensus. Et j'espère que nous aurons le temps voulu, pour que ce soit la négociation qui permette d'en sortir, et que ceux qui veulent instrumentaliser ce conflit...
Mais qui ? Qui veut instrumentaliser ce conflit ?
On voit bien quand monsieur Besancenot, nous annonce qu'il a pris un billet d'avion pour aller en Guadeloupe, c'est une volonté de le politiser. Alors que la crise guadeloupéenne, c'est évidemment, la crise sociale, c'est la crise économique mondiale. C'est une crise profonde, de société...
Il vous donne un sacré coup de main, Besancenot en partant là-bas ?
Je crois qu'il ne se grandit pas en jetant de l'huile sur le feu. Et qu'on voit bien ce qu'il cherche : il cherche à pousser à des situations de tensions qui ne sont pas bonnes, ni pour notre pays et encore moins pour les Antilles. Parce qu'il y a une crise de société profonde et ce n'est pas avec une stratégie du chaos qu'on pourra s'en sortir. Que fait le Gouvernement ? Il apporte des réponses sociales, c'est ce que j'ai fait...
On va entrer dans le détail...
Il conforte l'économie, et puis il essaie de faire aussi, de maintenir les libertés publiques, avec une difficulté, dans un territoire où effectivement au bout de 30 jours de grève - c'est le 30ème jour de grève ! -, les gens sont fatigués, les gens sont à bout, et que tout peut amener vers des dérives. Il faut essayer de trouver la réponse républicaine.
Poursuite et renforcement de la mobilisation, c'est ce qu'annonce le leader du collectif LKP - vous avez vu sa dernière déclaration -, si vous n'apportez pas de réponse. Alors quel la réponse de l'Etat aujourd'hui ?
Alors il y a deux réponses qui sont attendues. Il y a celle de l'Etat qui a été aujourd'hui largement engagée, et je veux dire un mot sur ce que nous sommes en train de faire pour la compléter. Et puis, il y a la réponse du patronat, qui est attendue par les syndicats, qui doit rentrer dans des négociations salariales avec des propositions...
Quand ?
Quand il le voudra, le patronat. Il faut maintenant qu'il formate des propositions les plus sérieuses possibles. Au début du conflit, le patronat disait : "pas d'augmentation", puis "2 %", puis "100 euros pour tout le monde", puis "200 euros pour tout le monde si l'Etat paie". Et puis, la semaine dernière, c'était 50 euros. Je sais que les patrons ont pris conscience qu'il fallait qu'ils travaillent différemment. Je sais que les médiateurs sont en relation...
Que sont-ils prêts à faire les patrons ?
Il faut leur poser la question.
Les médiateurs vous le disent, j'imagine, vous êtes en relation avec les médiateurs ?
Il faut leur poser la question. Et si on a voulu mettre en place des médiateurs, qu'il y ait un travail de coulisse, ce n'est sûrement pas pour que je vienne le porter sur la place publique. Par contre, que fait l'Etat ? L'Etat veut apporter une garantie au monde économique, parce que l'économie souffre. Vous avez vu dans les sondages ou plus exactement l'étude d'Eurostat, sortie ce matin sur l'Europe, les quatre dernières régions d'Europe pour le chômage, ce sont les départements d'Outremer français. C'est extrêmement inquiétant. Et si les augmentations...
On s'en aperçoit maintenant ?
Non, on ne s'en aperçoit pas. D'ailleurs, je travaille depuis un an, sur une loi qui arrive au Sénat le 10 mars, justement pour répondre à ça. Mais si les augmentations de salaires font qu'il y ait 8 ou 10.000 entreprises qui ferment - des petites j'entends -, parce qu'elles ne peuvent pas faire face et qu'on ait encore du chômage, je vous avouerai que c'est exactement le contraire de ce qu'on souhaite faire.
Quelles sont les garanties que l'Etat est prêt à apporter ?
Nous travaillons, le Premier ministre m'a donné mandat le 10 février, dans le cadre de la loi de développement économique, qui est la grande loi de N. Sarkozy sur l'économie outre-mer, pour apporter un soutien, notamment au secteur porteur d'activité, et pour sortir d'une logique où on transfert des moyens sans jamais créer de l'activité sur place en nombre suffisant. Il m'a donné mandat, le Premier ministre, de réviser les paramètres de cette loi, c'est-à-dire de faire un plus en matière de baisse de charges sociales et en matière de soutien à l'économie.
Vous êtes prêt à accorder des baisses de charges sociales aux entreprises qui augmenteront les plus bas salaires en Guadeloupe ?
On est prêt à apporter des baisses de charges sociales aux entreprises qui en ont besoin pour passer la crise économique, et la crise sociale. Pour leur donner de bonnes conditions de survie dans cette période. Charge pour elles, ensuite, les entreprises en globalité, de rentrer dans une bonne négociation.
Vous leur demandez, à ces entreprises, en contrepartie des baisses de charges, vous leur demandez d'augmenter les bas salaires ?
Je leur demande de rentrer dans la négociation. Ce que d'ailleurs les médiateurs font et ce en quoi, les entreprises sont d'accord. Elles ne disent pas qu'elles ne veulent pas entrer dans une négociation, elles disent simplement qu'elles ne peuvent accorder...
...200 euros pour les bas salaires, c'est impossible ?
Mais je n'en sais rien...
C'est ce qu'elles disent jusqu'à maintenant.
C'est ce que les entreprises disent jusqu'à maintenant, mais moi, je ne suis pas chef d'entreprise, pour savoir si à BFM TV, on peut augmenter les salaires de X ou Y. Ce que je peux garantir en tant que représentant de l'Etat, c'est de donner des conditions macroéconomiques, de vie économique de la Guadeloupe, qui soient les conditions les plus optimums, de soutenir les entreprises le plus fragiles pour qu'elles passent cette double crise : crise économique mondiale et crise sociale. A partir du moment, où elles vont connaître ce schéma, elles vont savoir le soutien que lui apporte l'Etat, le renforcement des moyens que nous allons mettre en place, eh bien, c'est à elle de savoir comment apporter des réponses à leurs salariés et ce n'est sûrement pas à l'Etat de décider d'un montant de salaire.
Alors est-ce que les négociations entre les chefs d'entreprise et le collectif reprennent aujourd'hui par exemple ?
Officiellement non, les contacts...
Officieusement oui ?
...Les contacts n'ont pas cessé et les médiateurs rencontrent chaque jour les uns et les autres.
Et ça avance ou pas ?
Et depuis hier, ça bouge. Il y a un certain nombre de signes très forts qui nous montre que le monde de l'entreprise se mobilise. Qu'il y a un mouvement qui est en train de se faire. J'espère que très vite, il y aura des propositions sur la table.
L. Parisot vous a donné des garanties ?
L. Parisot avec qui, je suis en contact, comme le président de la CGPME, m'ont donné des garanties qu'ils allaient faire en sorte que leurs représentants locaux puissent formater le plus vite possible, une proposition qui vienne se poser devant celle du Collectif et puis discuter. C'est ça le rôle des médiateurs. Il y a une proposition qui est celle du Collectif, il doit y avoir une proposition claire et la plus cohérente qui soit celle du patronat, et puis après on discute.
Pourquoi vous êtes-vous engagé ? Pourquoi avez-vous engagé la parole de l'Etat sur les 200 euros ?
Je n'ai jamais engagé la parole de l'Etat sur les 200 euros. J'ai engagé la parole de l'Etat sur des baisses de charges que nous sommes en train de faire. Vous ne trouverez pas, dans le document que vous avez sous les yeux...
Je l'ai le document, là, Y. Jégo !
Mais tout le monde l'a parce qu'il est sur mon blog depuis le 28 janvier !
Je le sais ! Et je lis : "afin de permettre l'augmentation immédiate des bas salaires, nous donnons l'assurance à toutes les entreprises de Guadeloupe, qu'elles ne payeront aucune charges sociales sur tous les salaires jusqu'à...
Eh bien, c'est ce que nous sommes en train de faire ! C'est ce que je vous explique !
Mais alors pourquoi ne l'avez-vous pas fait plutôt ? Pourquoi ?
Mais parce qu'il fallait d'abord vérifier...
Pourquoi être revenu à Paris ? Pourquoi...
Si vous me donnez un peu de temps, je vous réponds. Ce que je proposais le 28 janvier, c'était une vieille revendication du patronat : pas de charge sur tous les bas salaires. Quand j'ai expertisé cette revendication sur laquelle je me suis engagé, quand je l'ai expertisé avec le Collectif et avec tous les acteurs locaux, on a convenu d'une chose, c'est de se dire que de ne pas faire payer de charges sur les bas salaires aux banques, à la grande distribution, aux assurances et aux agents immobiliers, ce n'était pas exactement ce qu'on voulait faire. Et tout le monde a convenu qu'il fallait que ces moyens, cette somme d'argent soit re-dispatchée autrement, sur d'autres mesures de baisses de charges, pour d'autres entreprises. C'est ce que je suis en train de faire. C'est pour ça que je suis rentré. Quand je parle...
Est-ce que vous regrettez d'être parti si vite ? D'être parti sans trop prévenir ?
Quand on est secrétaire d'Etat et que le Premier ministre vous demande de rentrer, il y a une chose à faire, c'est de rentrer.
Vous avez été surpris ? Franchement ? Soyons francs : est-ce que vous avez été surpris ?
Surpris par quoi ?
Par son coup de téléphone, cette demande de revenir d'urgence à Paris...
Non. Vous savez, en onze mois, j'ai fait 500.000 kilomètres, j'ai fait beaucoup d'aller-retour, ils étaient moins médiatiques que celui-ci. Mais...
Non, mais attendez, la situation n'était pas la même aussi, pardon !
Mais je suis rentré pour fournir des explications, pour dire ce que nous avions formaté...
Mais vous auriez pu le faire par téléphone ou par fax ? Enfin, il y a des moyens modernes...
Il y a toujours des moyens modernes. Il y a des moments aussi, il faut aller physiquement donner un certain nombre d'explications, quand vous sentez que vous êtes incompris.
Mais est-ce que vous avez regretté d'être rentré ? Est-ce que vous vous êtes dit : "ma place c'est quand même en Guadeloupe, plutôt qu'à Paris" ?
Ma place c'est d'être à l'endroit où les problèmes peuvent se régler. Il s'avérait que le dernier problème qui restait, c'était à Paris, qu'il fallait obtenir l'accord politique nécessaire pour faire en sorte que ça se règle. Et puis, il s'avérait aussi, que mon retour a permis de réunir tous les ministres concernés par les promesses, où les négociations faites avec le Collectif sur les 131 points. Il y a eu beaucoup de choses et beaucoup d'avancées. Et que mes collègues ministres ont approuvé massivement la stratégie qui état la mienne.
Enfin vous n'avez pas convaincu l'UMP ? Pas un mot de soutien...
Vous savez, c'est dans ces moments qu'on compte ses amis.
Qu'on compte ses amis et ses ennemis quoi. Message lancé à X. Bertrand... Oui, disons les choses, Y. Jégo...
Moi, l'important c'est que ceux dont j'ai la charge, c'est-à-dire les Antillais, se disent : ce secrétaire d'Etat, il a mouillé sa chemise, ce secrétaire d'Etat, il a fait des promesses, il les a tenues, et ce secrétaire d'Etat, avec le Gouvernement, avec le président de la République et le Premier ministre, il nous a apporté des vraies réponses. Le reste...
Alors pour nous résumer, il y a des discussions qui sont en cours par l'intermédiaire de ces deux médiateurs, deux inspecteurs du travail...
...En souterrain.
En souterrain, vous espérez, vous avez bon espoir...
...J'ai bon espoir.
Pour les heures qui viennent...
Exactement. Le président de la République va recevoir jeudi tous les élus, les parlementaires et les présidents de collectivités de l'Outre-mer. Parce que ce que nous allons faire pour la Guadeloupe, nous le ferons pour les autres départements d'Outre-mer. J'espère que nous aurons à partir de là un nouveau paysage, c'est-à-dire les entreprises connaîtront l'aide de l'Etat, qui sera en augmentation. Que les contacts qui ont été pris par les médiateurs, permettront à chacun d'appréhender un peu ce qu'attend l'autre et qu'on va pouvoir entrer dans des discussions. Je dis "j'espère", parce que ce n'est pas moi qui ait le pouvoir sur ces 12 personnalités, les six organisations syndicales et les six organisations patronales. Et il n'y a qu'elles qui peuvent signer l'accord de sortie.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 17 février 2009
Je n'espère pas. Il y a eu une poussée de tension hier, c'est vrai. Il y a en coulisses un travail qui se fait, parce qu'il ne reste qu'un problème, c'est un problème lourd, c'est celui des salaires, mais tout le reste a été réglé et tout le reste fait l'objet d'un accord et d'un consensus. Et j'espère que nous aurons le temps voulu, pour que ce soit la négociation qui permette d'en sortir, et que ceux qui veulent instrumentaliser ce conflit...
Mais qui ? Qui veut instrumentaliser ce conflit ?
On voit bien quand monsieur Besancenot, nous annonce qu'il a pris un billet d'avion pour aller en Guadeloupe, c'est une volonté de le politiser. Alors que la crise guadeloupéenne, c'est évidemment, la crise sociale, c'est la crise économique mondiale. C'est une crise profonde, de société...
Il vous donne un sacré coup de main, Besancenot en partant là-bas ?
Je crois qu'il ne se grandit pas en jetant de l'huile sur le feu. Et qu'on voit bien ce qu'il cherche : il cherche à pousser à des situations de tensions qui ne sont pas bonnes, ni pour notre pays et encore moins pour les Antilles. Parce qu'il y a une crise de société profonde et ce n'est pas avec une stratégie du chaos qu'on pourra s'en sortir. Que fait le Gouvernement ? Il apporte des réponses sociales, c'est ce que j'ai fait...
On va entrer dans le détail...
Il conforte l'économie, et puis il essaie de faire aussi, de maintenir les libertés publiques, avec une difficulté, dans un territoire où effectivement au bout de 30 jours de grève - c'est le 30ème jour de grève ! -, les gens sont fatigués, les gens sont à bout, et que tout peut amener vers des dérives. Il faut essayer de trouver la réponse républicaine.
Poursuite et renforcement de la mobilisation, c'est ce qu'annonce le leader du collectif LKP - vous avez vu sa dernière déclaration -, si vous n'apportez pas de réponse. Alors quel la réponse de l'Etat aujourd'hui ?
Alors il y a deux réponses qui sont attendues. Il y a celle de l'Etat qui a été aujourd'hui largement engagée, et je veux dire un mot sur ce que nous sommes en train de faire pour la compléter. Et puis, il y a la réponse du patronat, qui est attendue par les syndicats, qui doit rentrer dans des négociations salariales avec des propositions...
Quand ?
Quand il le voudra, le patronat. Il faut maintenant qu'il formate des propositions les plus sérieuses possibles. Au début du conflit, le patronat disait : "pas d'augmentation", puis "2 %", puis "100 euros pour tout le monde", puis "200 euros pour tout le monde si l'Etat paie". Et puis, la semaine dernière, c'était 50 euros. Je sais que les patrons ont pris conscience qu'il fallait qu'ils travaillent différemment. Je sais que les médiateurs sont en relation...
Que sont-ils prêts à faire les patrons ?
Il faut leur poser la question.
Les médiateurs vous le disent, j'imagine, vous êtes en relation avec les médiateurs ?
Il faut leur poser la question. Et si on a voulu mettre en place des médiateurs, qu'il y ait un travail de coulisse, ce n'est sûrement pas pour que je vienne le porter sur la place publique. Par contre, que fait l'Etat ? L'Etat veut apporter une garantie au monde économique, parce que l'économie souffre. Vous avez vu dans les sondages ou plus exactement l'étude d'Eurostat, sortie ce matin sur l'Europe, les quatre dernières régions d'Europe pour le chômage, ce sont les départements d'Outremer français. C'est extrêmement inquiétant. Et si les augmentations...
On s'en aperçoit maintenant ?
Non, on ne s'en aperçoit pas. D'ailleurs, je travaille depuis un an, sur une loi qui arrive au Sénat le 10 mars, justement pour répondre à ça. Mais si les augmentations de salaires font qu'il y ait 8 ou 10.000 entreprises qui ferment - des petites j'entends -, parce qu'elles ne peuvent pas faire face et qu'on ait encore du chômage, je vous avouerai que c'est exactement le contraire de ce qu'on souhaite faire.
Quelles sont les garanties que l'Etat est prêt à apporter ?
Nous travaillons, le Premier ministre m'a donné mandat le 10 février, dans le cadre de la loi de développement économique, qui est la grande loi de N. Sarkozy sur l'économie outre-mer, pour apporter un soutien, notamment au secteur porteur d'activité, et pour sortir d'une logique où on transfert des moyens sans jamais créer de l'activité sur place en nombre suffisant. Il m'a donné mandat, le Premier ministre, de réviser les paramètres de cette loi, c'est-à-dire de faire un plus en matière de baisse de charges sociales et en matière de soutien à l'économie.
Vous êtes prêt à accorder des baisses de charges sociales aux entreprises qui augmenteront les plus bas salaires en Guadeloupe ?
On est prêt à apporter des baisses de charges sociales aux entreprises qui en ont besoin pour passer la crise économique, et la crise sociale. Pour leur donner de bonnes conditions de survie dans cette période. Charge pour elles, ensuite, les entreprises en globalité, de rentrer dans une bonne négociation.
Vous leur demandez, à ces entreprises, en contrepartie des baisses de charges, vous leur demandez d'augmenter les bas salaires ?
Je leur demande de rentrer dans la négociation. Ce que d'ailleurs les médiateurs font et ce en quoi, les entreprises sont d'accord. Elles ne disent pas qu'elles ne veulent pas entrer dans une négociation, elles disent simplement qu'elles ne peuvent accorder...
...200 euros pour les bas salaires, c'est impossible ?
Mais je n'en sais rien...
C'est ce qu'elles disent jusqu'à maintenant.
C'est ce que les entreprises disent jusqu'à maintenant, mais moi, je ne suis pas chef d'entreprise, pour savoir si à BFM TV, on peut augmenter les salaires de X ou Y. Ce que je peux garantir en tant que représentant de l'Etat, c'est de donner des conditions macroéconomiques, de vie économique de la Guadeloupe, qui soient les conditions les plus optimums, de soutenir les entreprises le plus fragiles pour qu'elles passent cette double crise : crise économique mondiale et crise sociale. A partir du moment, où elles vont connaître ce schéma, elles vont savoir le soutien que lui apporte l'Etat, le renforcement des moyens que nous allons mettre en place, eh bien, c'est à elle de savoir comment apporter des réponses à leurs salariés et ce n'est sûrement pas à l'Etat de décider d'un montant de salaire.
Alors est-ce que les négociations entre les chefs d'entreprise et le collectif reprennent aujourd'hui par exemple ?
Officiellement non, les contacts...
Officieusement oui ?
...Les contacts n'ont pas cessé et les médiateurs rencontrent chaque jour les uns et les autres.
Et ça avance ou pas ?
Et depuis hier, ça bouge. Il y a un certain nombre de signes très forts qui nous montre que le monde de l'entreprise se mobilise. Qu'il y a un mouvement qui est en train de se faire. J'espère que très vite, il y aura des propositions sur la table.
L. Parisot vous a donné des garanties ?
L. Parisot avec qui, je suis en contact, comme le président de la CGPME, m'ont donné des garanties qu'ils allaient faire en sorte que leurs représentants locaux puissent formater le plus vite possible, une proposition qui vienne se poser devant celle du Collectif et puis discuter. C'est ça le rôle des médiateurs. Il y a une proposition qui est celle du Collectif, il doit y avoir une proposition claire et la plus cohérente qui soit celle du patronat, et puis après on discute.
Pourquoi vous êtes-vous engagé ? Pourquoi avez-vous engagé la parole de l'Etat sur les 200 euros ?
Je n'ai jamais engagé la parole de l'Etat sur les 200 euros. J'ai engagé la parole de l'Etat sur des baisses de charges que nous sommes en train de faire. Vous ne trouverez pas, dans le document que vous avez sous les yeux...
Je l'ai le document, là, Y. Jégo !
Mais tout le monde l'a parce qu'il est sur mon blog depuis le 28 janvier !
Je le sais ! Et je lis : "afin de permettre l'augmentation immédiate des bas salaires, nous donnons l'assurance à toutes les entreprises de Guadeloupe, qu'elles ne payeront aucune charges sociales sur tous les salaires jusqu'à...
Eh bien, c'est ce que nous sommes en train de faire ! C'est ce que je vous explique !
Mais alors pourquoi ne l'avez-vous pas fait plutôt ? Pourquoi ?
Mais parce qu'il fallait d'abord vérifier...
Pourquoi être revenu à Paris ? Pourquoi...
Si vous me donnez un peu de temps, je vous réponds. Ce que je proposais le 28 janvier, c'était une vieille revendication du patronat : pas de charge sur tous les bas salaires. Quand j'ai expertisé cette revendication sur laquelle je me suis engagé, quand je l'ai expertisé avec le Collectif et avec tous les acteurs locaux, on a convenu d'une chose, c'est de se dire que de ne pas faire payer de charges sur les bas salaires aux banques, à la grande distribution, aux assurances et aux agents immobiliers, ce n'était pas exactement ce qu'on voulait faire. Et tout le monde a convenu qu'il fallait que ces moyens, cette somme d'argent soit re-dispatchée autrement, sur d'autres mesures de baisses de charges, pour d'autres entreprises. C'est ce que je suis en train de faire. C'est pour ça que je suis rentré. Quand je parle...
Est-ce que vous regrettez d'être parti si vite ? D'être parti sans trop prévenir ?
Quand on est secrétaire d'Etat et que le Premier ministre vous demande de rentrer, il y a une chose à faire, c'est de rentrer.
Vous avez été surpris ? Franchement ? Soyons francs : est-ce que vous avez été surpris ?
Surpris par quoi ?
Par son coup de téléphone, cette demande de revenir d'urgence à Paris...
Non. Vous savez, en onze mois, j'ai fait 500.000 kilomètres, j'ai fait beaucoup d'aller-retour, ils étaient moins médiatiques que celui-ci. Mais...
Non, mais attendez, la situation n'était pas la même aussi, pardon !
Mais je suis rentré pour fournir des explications, pour dire ce que nous avions formaté...
Mais vous auriez pu le faire par téléphone ou par fax ? Enfin, il y a des moyens modernes...
Il y a toujours des moyens modernes. Il y a des moments aussi, il faut aller physiquement donner un certain nombre d'explications, quand vous sentez que vous êtes incompris.
Mais est-ce que vous avez regretté d'être rentré ? Est-ce que vous vous êtes dit : "ma place c'est quand même en Guadeloupe, plutôt qu'à Paris" ?
Ma place c'est d'être à l'endroit où les problèmes peuvent se régler. Il s'avérait que le dernier problème qui restait, c'était à Paris, qu'il fallait obtenir l'accord politique nécessaire pour faire en sorte que ça se règle. Et puis, il s'avérait aussi, que mon retour a permis de réunir tous les ministres concernés par les promesses, où les négociations faites avec le Collectif sur les 131 points. Il y a eu beaucoup de choses et beaucoup d'avancées. Et que mes collègues ministres ont approuvé massivement la stratégie qui état la mienne.
Enfin vous n'avez pas convaincu l'UMP ? Pas un mot de soutien...
Vous savez, c'est dans ces moments qu'on compte ses amis.
Qu'on compte ses amis et ses ennemis quoi. Message lancé à X. Bertrand... Oui, disons les choses, Y. Jégo...
Moi, l'important c'est que ceux dont j'ai la charge, c'est-à-dire les Antillais, se disent : ce secrétaire d'Etat, il a mouillé sa chemise, ce secrétaire d'Etat, il a fait des promesses, il les a tenues, et ce secrétaire d'Etat, avec le Gouvernement, avec le président de la République et le Premier ministre, il nous a apporté des vraies réponses. Le reste...
Alors pour nous résumer, il y a des discussions qui sont en cours par l'intermédiaire de ces deux médiateurs, deux inspecteurs du travail...
...En souterrain.
En souterrain, vous espérez, vous avez bon espoir...
...J'ai bon espoir.
Pour les heures qui viennent...
Exactement. Le président de la République va recevoir jeudi tous les élus, les parlementaires et les présidents de collectivités de l'Outre-mer. Parce que ce que nous allons faire pour la Guadeloupe, nous le ferons pour les autres départements d'Outre-mer. J'espère que nous aurons à partir de là un nouveau paysage, c'est-à-dire les entreprises connaîtront l'aide de l'Etat, qui sera en augmentation. Que les contacts qui ont été pris par les médiateurs, permettront à chacun d'appréhender un peu ce qu'attend l'autre et qu'on va pouvoir entrer dans des discussions. Je dis "j'espère", parce que ce n'est pas moi qui ait le pouvoir sur ces 12 personnalités, les six organisations syndicales et les six organisations patronales. Et il n'y a qu'elles qui peuvent signer l'accord de sortie.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 17 février 2009