Allocution de M. Alain Richard, ministre de la défense, sur la situation au Kosovo, en Bosnie et en Macédoine et la responsabilité de la France dans ces régions, Paris, le 4 avril 2001.

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Circonstance : Réception avec les élève du 1er Séminaire interarmées des grandes écoles militaires à l'Assemblée nationale, Paris, le 4 avril 2001

Texte intégral

Je n'ajouterai à peu près rien, rassurez-vous, puisque cette séance n'a pas pour but de tester votre endurance physique et je crois que Raymond Forni et Ruldof Scharping ont déjà exprimé des points de vue importants auxquels je me rallie et puis vous m'avez entendu lundi. Simplement entre le moment où je vous ai parlé lundi et cette fin d'après-midi très intéressante, j'ai passé les deux journées entre temps au Kosovo hier, en Bosnie aujourd'hui. Et cela m'inspire simplement une réflexion : dans les responsabilités qui vont être les vôtres, vous aurez aussi l'action, la prise de décision immédiate au contact de situations perpétuellement mouvantes.
Dans ce que j'ai vu discuté, évalué, hier et aujourd'hui, il y a des facteurs de changement de situation que nous avons certes imaginé, mais que nous n'avions pas programmé ne serait-ce qu'il y a deux mois ou trois mois, la montée de confrontation militaire en Macédoine par exemple, la rupture qui vient de s'organiser au sein de la communauté croate de Bosnie, qui m'a valu une expérience encore nouvelle par rapport à celle que j'avais vécue, qui est de me trouver face à un collègue ministre de la Défense d'une partie, d'une des composantes de la République de Bosnie-Herzégovine aux prises avec une situation de coup d'Etat.
Et ce que je veux dire c'est que vous aurez, c'est l'intérêt de ce séminaire et des débats qu'il doit faire naître entre vous, vous aurez à tenir les deux bouts de la chaîne, c'est-à-dire être les mandataires, être les porteurs de missions fixées par la démocratie, dans les termes où l'a énoncé le Président de l'Assemblée tout à l'heure, dans un contexte de coalition et de solidarité internationale comme l'exposait Ruldof Scharping et en même temps avec un mandat et des nécessités d'action qui évoluent parfois heure par heure.
Et ceci je crois sera vrai non seulement pour ceux qui seront directement sur le terrain en position de commandement, mais aussi tous ceux qui auront des fonctions d'analyse, de soutien d'Etat-major et donc vous devez avoir dans la suite de la formation que vous allez suivre, cette état d'esprit qui est de prendre toutes les précautions, notamment de réflexion et de préparation pour pouvoir traduire en instruction d'action, et en réaction concrète et adaptée à des situations des mandats et des principes qui sont des valeurs supérieures.
Je crois que c'est, en très peu de mots, une illustration de la richesse et de l'intérêt des contacts que nous avons voulu programmer à travers ce séminaire et je me borne à vous souhaiter donc une bonne poursuite de travail pour les dix jours qui restent encore, et à vous remercier pour votre attention
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 13 avril 2001)